Vingt-et-unième Chapitre 2/2 - Réécrit
À l'intérieur, la musique s'est intensifiée, et des gens commencent déjà à danser calmement. La musique est douce et belle, et les danses élégantes me transportent dans un temps que je pensais ne jamais connaître. Je reste pantoise un instant.
Zac attire déjà Joyce vers le centre de la pièce, et je les regarde en souriant avant de retourner vers le buffet. Si je n'ai personne avec qui danser, autant manger.
Je prends quelques pâtisseries et les engloutis en regardant la salle danser. Je dois avoir l'air un peu pitoyable.
— Heaven ! entends-je alors derrière moi.
— Thaniel, m'étonné-je.
— Décidément, on aime beaucoup le buffet tous les deux.
Je lui souris, amusée. Il se gratte la nuque et affiche un air légèrement gêné.
— Je voulais m'excuser pour tout à l'heure, je ne savais pas que tu avais un copain.
Je manque de m'étrangler avec un macaron.
— Ah non, non, on n'est pas ensemble.
— Oh, on aurait dit.
Je secoue vivement la tête en signe de négation.
— Alors j'imagine que je peux t'inviter à danser ? me propose ensuite le bel elfe.
Je souris et accepte. Après tout, le fameux Jake m'a promis une danse mais n'est absolument pas là. Alors je ne vais pas l'attendre.
Thaniel me prend la main et m'entraîne dans la foule. Il pose ses mains sur mes hanches et je mets les miennes sur ses épaules. Nous commençons à danser tranquillement. Nous nous regardons, je suis légèrement gênée mais il n'y a pas de quoi s'affoler. Les sensations que j'ai sont agréables, car je danse avec un très beau garçon, mais rien à voir avec ce que je pourrais ressentir avec un certain autre très beau garçon.
Alors que je tourne la tête un instant, les yeux perdus dans le vide, j'aperçois le visage du loup-garou auquel je pensais. Jake me fixe un moment, et lance un regard furtif à l'elfe à mes côtés, puis il reporte son attention sur moi, avant de froncer les sourcils et de disparaître. Il avait l'air surpris de me voir danser avec Thaniel. Mais c'est lui qui s'est éclipsé après m'avoir invitée à danser, pas moi. Je soupire légèrement et reporte mon regard vers Thaniel, qui me sourit chaleureusement.
— Tu habites où, normalement ?
— Sur Terre.
Après tout, une vie sur Terre est autorisée ici, alors ça ne devrait être choquant.
Et il ne paraît pas surpris. Il acquiesce lentement, et je repars dans mes pensées. J'hésite un moment à prétexter un besoin urgent pour partir, mais Jake apparaît à quelques mètres de nous, aux bras d'une belle fille totalement obnubilée par le visage du beau brun. Je pince instinctivement les lèvres et décide de ne finalement pas me défiler de Thaniel. Je me colle plus à lui tout en soutenant le regard de Jake, qui me dévisage lui aussi et m'imite en glissant ses mains dans le dos de sa cavalière. Je détourne les yeux, décidément agacée. Nous continuons de danser jusqu'à la fin du morceau, et Thaniel est interpellé par un jeune homme. Il s'excuse alors de ne pas pouvoir rester et me dit espérer me revoir dans la soirée. Je décide donc de sortir également, mais quelqu'un m'attrape le bras. Je sursaute et fais alors face à un Jake, arborant un sourire charmeur.
— Je t'ai dit qu'on danserait ensemble, tout à l'heure.
— Ah bah j'ai pensé que tu avais trouvé une autre cavalière, moi, soufflé-je.
— Quoi, tu es jalouse ? ricane-t-il
— Oui, bah oui, bien sûr.
— Mais toi aussi, tu avais trouvé quelqu'un d'autre, ajoute-t-il.
— Quoi, tu es jaloux ? répliqué-je.
Il rit, et me tire le bras pour me rapprocher de lui. J'entends alors la musique recommencer, et je sens les mains de Jake se poser sur mes hanches, me provoquant un frisson chaud dans tout le dos. Je pose les miennes sur ses épaules, et le fusille du regard lorsqu'il me sourit de toutes ses dents.
— T'as raison, fais le malin, raillé-je.
Nous commençons à danser tranquillement. Cette fois-ci, je ressens des choses folles à l'intérieur. Tout mon corps est parcouru de frissons et j'ai l'impression de brûler de l'intérieur au fur et à mesure que Jake me rapproche de lui. C'est bien différent de tout à l'heure.
— Ça va ? me demande mon cavalier.
— Oui, pourquoi ?
— T'as l'air ailleurs, sourit-il.
— Oh, je réfléchis à que j'ai appris.
Ce n'est pas totalement vrai. Je n'ai pas pensé à mes découvertes depuis que je suis dans ses bras. Mais je préfère dire ça plutôt que la vérité, qui est que je n'arrive plus à être près de lui sans avoir des réactions incontrôlables qui me font paniquer. Me rendre compte que je le considérais un peu plus que comme ami a en fait rendu la situation affreuse alors qu'elle ne l'était pas du tout.
— Tu t'en sortiras, souffle Jake. T'inquiète.
Je lève les yeux vers lui, et il plonge son regard dans le mien, me noyant complètement dans les reflets de ses iris. Je n'arrive pas à briser le contact visuel, et je sens les mains du beau brun serrer ma taille pour me rapprocher de lui. Nous ne cessons de nous fixer et j'ai l'impression que le temps s'arrête à plusieurs reprises. La musique qui se joue dans la salle semble lointaine, comme si j'étais dans une bulle. Mon cœur bat comme il a rarement battu, et j'ai l'impression de bouillir. C'est une sensation que je connais, mais ce soir, on dirait que c'est différent. Il y a une atmosphère plus étrange, plus perturbante. Je suis complètement désemparée, et mon esprit semble parfois hors de mon corps. C'est un moment spécial, que je ne saurais définir tant mon esprit est bousculé. Je suis déchirée entre l'envie de m'abandonner au contact grisant de Jake, et la nécessité de m'en éloigner par sécurité. C'est horrible. Ce qu'il me fait ressentir est horrible.
Jake penche légèrement sa tête vers moi, et il regarde au loin en posant doucement ses lèvres sur mon front. C'est un geste tendre, et la chaleur me monte à la tête. Il pose son menton sur le dessus de mon crâne, me forçant à me coller à lui. J'ai l'impression que je vais m'évanouir. Aucun de nous ne parle, mais la tension qu'il y a entre nous à ce moment est plus forte que jamais. Je suis paniquée, et j'ai du mal à respirer. Il ne faut pas. Il ne faut pas que je me laisse ainsi guider par mes émotions.
Lorsque la musique s'arrête, nous mettons quelques secondes à nous décoller, et je n'ose d'abord pas le regarder dans les yeux. Je vois que Jake est un peu gêné lui aussi, malgré l'essai de le cacher avec un sourire. Je sais que lui a remarqué cette tension, et m'imaginer qu'il a compris ce que je pensais m'affole affreusement.
Quand nous décidons tous les deux de rejoindre les autres, je m'applique à ne pas marcher trop près de lui. Nous finissons par trouver Joyce, qui, l'air ahuri, accourt vers nous.
— J'ai embrassé Zac ! Je l'ai embrassé, je crois qu'on est re-ensemble !
Jake s'esclaffe et tapote l'épaule de son amie en lui lançant un regard pétillant.
— Il en aura fallu, du temps.
Elle sautille un peu, et je crois qu'elle a rarement été aussi belle qu'avec ce sourire rayonnant. C'est fou ce que l'amour peut rendre les gens beaux.
La soirée se déroule tranquillement par la suite, et le roi décide de faire une apparition quand toute la salle commence à se calmer. Sans que personne ne l'ait vu arriver, il se met devant son trône, dominant la pièce avec prestance. En l'apercevant, je sens ma mâchoire se contracter de colère. Calmement, il élève la voix, et entame un bref discours.
— Merci à tous d'être venus ce soir. Je sais que c'est une période tendue, mais je tenais à vous montrer que rien ne pourra déstabiliser notre royaume. Cela fait aujourd'hui seize ans que je suis le roi d'Érédia, et rien ne pourrait me rendre plus fier que diriger le peuple prestigieux que vous êtes. J'apprécie que chacun d'entre vous participe activement à son fonctionnement, et vous remercie de cette fidélité. Et je sais qu'ensemble, nous pourrons faire face à tous les dangers. Merci, mon peuple, d'être venu ce soir, et de me faire confiance pour diriger en paix cette si grande patrie. Passez une bonne fin de soirée.
Il salue solennellement la salle, et s'assied sur son trône, ouvrant les demandes d'entretien pour ceux qui le souhaitent. Je reste muette face à cette manière qu'il a de dévoiler un dévouement qui semble si honnête qu'il m'en vient à en douter. Je n'ai aucun doute qu'il aime son peuple, car il le dirige, mais son attitude face à celui-ci est si différent de celle qu'il a en plus petit comité, que je me demande bien qui est la personne qui se cache derrière toutes ces apparences.
Durant tout le reste de la soirée, je reste avec mes amis, et fais la rencontre de certaines de leurs connaissances. Le groupe que Jake rejoignait souvent se joint à nous pendant quelques minutes, et il se révèle qu'ils sont également amis avec Zac. Je danse un peu quand tout le monde se réunit au centre de la pièce, et que la musique s'intensifie, mais n'ose pas trop me laisser aller, trop embrouillée par tant d'inconnus autour de moi. Pendant ces quelques heures, je me sens à la fois isolée et intégrée, j'ai à la fois envie de rentrer et de rester. Cette soirée est un moment privilégié, où je m'éloigne de ma routine et de mes questions pendant quelques temps, et me distraie en rencontrant, ne serait-ce que pendant une seconde, des personnes que je n'aurais jamais rencontré sur Terre.
Une fois que le bal touche à sa fin et que les gens disparaissent peu à peu, nous décidons de nous aussi sortir. Seuls à quatre depuis quelques minutes, nous descendons dans les rues. Avec l'événement, les commerçants ont laissé leurs magasins ouverts, et les enseigne illuminent la nuit, faisant un jeu de lumière incroyable avec les paillettes encore par terre.
— C'est quoi ? m'enquiers-je en laissant ma robe tomber sur ses dernières.
— De la poussière de fée, répond Zac.
Je hausse les sourcils, et quand je me baisse pour en ramasser délicatement, le bout de mon doigt est parcouru de fins rayons de lumière avant que la poussière ne s'évapore. Je lâche un soupir, et laisse mes yeux vagabonder. Cette soirée était riche et s'est plutôt bien passée, mais je garde une impression d'incertitude, une méfiance qui ne veut pas quitter ma tête. Peut-être que je suis juste paranoïaque.
Alors que nous passons devant une boutique de potions, je vois qu'elle est bondée, et demande à la visiter avec curiosité. À l'intérieur, se suivent des étagères remplies de centaines de flacons et fioles colorés, des pots, des chaudrons, des livres de recettes. J'aperçois une autre pièce derrière, qui semble encore vide.
Lorsque le gobelin s'arrête derrière son comptoir, il me regarde avec insistance.
— Je n'ai jamais vu ton visage auparavant.
— Oui, c'est normal.
— Tu permets que je te teste ? me propose-t-il.
Je fronce les sourcils.
— C'est juste pour savoir quelles potions pourraient t'aider, fait-il alors.
Pendant un instant, je me rappelle de ce jour où un autre gobelin m'avait préparé une « potion de clairvoyance » après m'avoir inspectée. Elle n'avait eu d'effet que de calmer mes migraines et de m'éblouir sans raison.
— Si vous voulez, réponds-je alors en haussant les épaules. Mais je n'ai pas besoin de potions...
— Parfois, on en a besoin sans le savoir, me coupe-t-il.
Je hoche la tête, et il lance un regard courroucé au monde qui se presse dans sa boutique, avant de s'isoler dans la pièce vide derrière, pour plus de calme. Mes amis ne me suivent pas, et restent devant la porte, amusés.
— Alors... marmonne le gobelin en plissant ses gros yeux.
Il lève les mains vers moi, et je me baisse un peu, avec hésitation, pour qu'il atteigne mes tempes. Aussitôt mes jambes flageolent et je tombe à genoux, les yeux fermés. J'ai l'impression d'être transportée, de ne pas être consciente complètement.
Les mains du vendeur s'enlèvent brutalement de ma tête et je sors de ma torpeur. J'ai l'impression d'avoir été vidée de toute énergie. Je me remets sur pieds avec difficulté, et le regarde me fixer avec perplexité.
— Quoi ? hésité-je en portant ma main à ma tête.
— Je n'ai rien pu voir...
Je fronce les sourcils, sachant qu'il va poursuivre.
— Je n'ai rien pu voir, mais j'ai senti des choses. Heaven, tu ne sais pas ce qui t'attend.
J'entrouvre les lèvres, et le gobelin me signifie de ne pas bouger, avant de quitter la pièce. Je reste clouée au sol, la tête embrumée.
Soudain une grosse détonation retentit, et la porte se ferme violemment. Je sursaute et me dirige vers elle, mais je vole à l'autre bout de la pièce en essayant de toucher la poignée. Je me cogne le dos sur le mur en béton, et pousse un grognement de douleur. Après un instant, j'entends Zac m'appeler.
— Heaven, ça va ?
— Oui oui, mais je n'arrive pas à ouvrir la porte, elle a l'air d'être protégée par une sorte de mur invisible, crié-je.
— C'est un mur de protection qui se déclenche en cas de danger. C'est pareil de notre côté. Mais n'essaie pas de passer à travers, c'est trop dangereux.
Je déglutis.
— Et c'était quoi ce bruit ?
Zac prend du temps à répondre.
— C'était quoi ? insisté-je, la gorge nouée.
— Les Bannis, d'après ce que les gens disent. Tout le monde est dehors.
J'inspire profondément.
— Je fais comment pour sortir ?
— Le vendeur cherche, mais...
Il est coupé en pleine phrase par une nouvelle explosion, et je hurle quand je vois une partie du plafond s'effondrer près de moi.
— Heaven ! fait alors Jake. Tu vas bien ?
— Où était la bombe ?
Il ne répond pas tout de suite.
— Mais qu'est-ce qui se passe encore ? Répondez moi, c'est flippant !
— Il y a du feu, lâche-t-il. La bombe a été jetée sur le toit.
— Quoi ?
Je sens que je commence à paniquer instinctivement, et m'éloigne de la porte pour emprunter le petit escalier en bois que j'ai remarqué dans un coin de la pièce. En grimpant les marches, je ne mets qu'une seconde à voir que le feu a déjà envahi tout l'étage. Je redescends, la respiration haletante. Je suis bloquée dans un bâtiment en feu.
— Et personne n'a d'eau dans cette ville ? m'étranglé-je, tentant d'ignorer le bruit du feu à quelques mètres de moi.
— Les feux ne sont pas pareils ici, Heaven. Ils sont magiques, et... celui là est difficile à arrêter.
Je ne sais pas quoi répondre, et prends une grande respiration. Je passe mes mains sur mon visage, commençant à faire les cent pas dans la pièce. Je jette un coup d'œil à l'escalier, et je vois déjà les flammes l'atteindre lentement. Le feu se propage à une vitesse ahurissante, et je peux déjà sentir la fumée piquer imperceptiblement mes yeux.
L'adrénaline vrillant mes tympans, je me lance de nouveau sur la porte pour l'ouvrir, et suis projetée sur le mur opposé, encore et encore. Je finis par abandonner cette idée, et sens ma gorge me brûler, sans savoir si c'est à cause du feu ou des sanglots. Je me plaque alors contre le mur, voyant l'air s'épaissir, et ne quitte pas des yeux les flammes qui descendent déjà dans la pièce. Je n'entends plus rien de ce que me disent mes amis, le sifflement dans mes oreilles s'intensifiant à chaque instant. Je tousse, me rendant bien compte que la fumée ne mettra pas longtemps à me faire perdre connaissance, et secoue la tête en réprimant un tremblement de peur. Je peux m'en sortir, je dois m'en sortir. J'ai des pouvoirs, dont celui du contrôle du feu, alors je dois essayer. Je doute que l'on viendra me sauver à temps, alors il va falloir que je me sauve seule.
— Heaven, c'est le moment de croire en toi, soufflé-je.
Je lève les mains, et me remercie intérieurement d'avoir travaillé tout l'après-midi à me mettre en condition le plus rapidement possible. Je sens que tout mon corps est à vif, et qu'il me suffit de me faire confiance. Alors je me concentre du mieux que je peux, mettant toute ma volonté, toute mon énergie à tenter de repousser les flammes avalant l'espace autour de moi. Mais savoir qu'on a de telles capacités est une chose, les appliquer en est une autre mille fois plus compliquée. Et actuellement, une terreur incontrôlable me noue la gorge, et je n'ai pas appris à contrôler mes émotions pour en faire une force dans de telles situations. Je ne peux pas contrôler un feu aussi puissant, pas dans un tel état.
Je laisse tomber mes bras le long de mon corps, et tousse encore, sentant la fumée entrer sérieusement dans mes poumons. Je suis dans un brouillard presque noir, et je suis obligée de me terrer dans un coin pour ne pas être atteinte par les flammes, pour ne pas brûler.
— Merde, merde, merde ! crié-je dans un souffle douloureux.
Je cours vers la porte, et appelle à l'aide, dans le pur instinct de survie qui pousse mes actions. Mais personne ne me répond.
Sentant que je vais m'épuiser à tousser, je prends une profonde inspiration qui me pique la gorge, et longe le mur pour éviter toujours plus le feu. Je retente d'utiliser la magie, gardant un semblant d'espoir, mais rien n'y fait, je suis trop inexpérimentée, trop incompétente. Alors, je serre les paupières, sentant de fines larmes rouler sur mes joues, causées plus par la fumée brûlante que par ma peur. Car, dans une telle sensation, j'ai l'impression que toutes mes émotions quittent mon corps, pour simplement m'abandonner à une profonde incompréhension. Si je ne sors pas dans quelques minutes, je vais mourir, que ce soit étouffée ou brûlée vive.
Je tente de me relever, mais j'ai l'impression qu'on me tire vers le sol. Je me rends alors compte que je suis véritablement en train de perdre toute ma force vitale, toutes mes sensations. Je m'empêche de reprendre mon souffle, sachant pertinemment qu'une nouvelle bouffée d'air toxique détruira mes poumons, et sens des larmes brûlantes couler de mes yeux fermés. Cette fois ci, ce sont mes émotions, qui reviennent en force. Car je n'ai jamais été désespérée, et découvrir un sentiment aussi dévastateur m'arrache les entrailles. Sentant que l'apnée va me faire perdre connaissance, je me laisse instinctivement respirer, et réprime un gémissement de douleur quand je sens l'air me donner plus envie de vomir qu'autre chose. Cette fois-ci, je laisse un sanglot me secouer, et me recroqueville sur moi-même. Je ne suis jamais sentie aussi seule, et je sais bien que je ne survivrai pas. Alors c'est maintenant, que je meurs ? Quelle ironie, moi qui commençais à peine à vivre.
Je m'effondre au sol, sentant l'épuisement m'arracher tout ce qui me restait encore, sentant que je quitte la réalité à chaque nouveau battement de mon cœur. Pendant une seconde, je me mets à prier pour mourir asphyxiée avant que le feu ne m'atteigne. Et, après une dernière inspiration destructrice, je sens toutes mes sensations me quitter, et le crépitement menaçant des flammes laisse place au silence.
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