Trente-neuvième Chapitre - Réécrit
— Ça va ? entends-je Jake me demander.
Je hoche frénétiquement la tête.
— Et toi ?
— Oui, bien sûr.
Je reste silencieuse, et me tourne vers lui. Il m'observe, les sourcils froncés. Il a bien vu que quelque chose me tracassait.
— Tu as vu sa tête après que j'ai montré mes yeux ? hésité-je finalement.
Jake répond d'un geste positif de la tête.
— Il avait presque l'air content. Tu n'aurais pas dû utiliser ta magie, c'était censé rester secret, surtout face aux Bannis, tu as même demandé à Molly de ne rien dire.
— J'ai pas fait exprès ! répliqué-je, tout aussi décontenancée que lui. C'était un réflexe, évidemment que je voulais pas l'utiliser, mais j'ai juste levé la main et ça a été automatique, j'y peux rien.
— OK, OK, pas besoin de t'emporter, se défend-il.
J'affaisse les épaules, et passe ma main sur mon front en baissant les yeux.
— Désolée. C'est juste que j'ai un mauvais pressentiment. Je sais pas... ça m'énerve.
Jake plisse les paupières, puis il esquisse un vague sourire.
— Hé, souffle-t-il. Ça va aller. T'inquiète pas.
Il plante son regard dans le mien, et je déglutis, avant de hocher lentement la tête. Il a toujours cette manière bien à lui de me rassurer, si simplement que je me sens à chaque fois ridicule. Quelques mots, un regard, et je me sens en sécurité. Malgré tout, je garde mes pensées méfiantes quant aux Bannis dans un coin de mon esprit. Je vais les revoir bientôt, très bientôt, j'en suis certaine.
— On devrait y aller, finis-je par lancer en me penchant déjà pour ramasser nos affaires.
Jake ne dit mot, et m'imite lentement, avant que nous ne nous mettions en route. Pour porter la couverture, je me contente de l'enrouler autour de moi. Jake insiste pour prendre les sacs, et marche à mes côtés, en silence. Je jette discrètement un dernier coup d'œil à l'endroit où nous étions, un léger sourire aux lèvres, avant de me retourner et poursuivre le chemin jusqu'à l'orée de la forêt.
— Merci encore, déclaré-je en me tournant vers Jake.
— Pour quoi ? J'ai fait beaucoup de choses pour lesquelles tu pourrais me remercier ce soir, répond-il, un sourire en coin railleur lui barrant le visage.
Je lui frappe gentiment l'épaule, et il sourit de toutes ses dents. Je lève les yeux au ciel, avant qu'il ne réponde vraiment.
— Non, en vrai, de rien. Ça m'a fait plaisir de te faire plaisir. Dans tous les sens du terme.
— Tais-toi, maintenant, ris-je en me sentant rougir légèrement.
Il rit à son tour, comme j'aime qu'il le fasse. Son rire chaud et honnête me plaît toujours autant. Je me demande ce qui lui plaît vraiment chez moi. Ce que je peux avoir de particulier, qui peut lui faire autant d'effet qu'un simple de ses sourires ne me le fait. Je me demande en réalité si j'ai quelque chose de particulier à apprécier.
— Qu'est-ce qu'on va dire aux autres ? évoque soudain Jake. Ils vont forcément poser des questions, surtout qu'ils étaient au courant de ce que je voulais faire.
— La vérité, non ?
— Qui est... ?
Je ne réponds pas, ne sachant pas quoi vraiment dire. J'imagine que la vérité est que nous nous sommes embrassés - plusieurs fois -, et avons passé un excellent moment ensemble. Seulement, je sais que ce n'est pas là où il veut en venir. Je ne sais pas si peux dire que nous sommes à présent en couple, que Jake est à présent mon petit-ami, et ne pas savoir complètement m'angoisse presque autant que de me dire que c'est le cas.
— Je ne sais pas, c'est quoi selon toi ? fais-je en haussant les épaules, lui renvoyant avec aisance sa question.
Il tourne la tête vers moi pendant une seconde, juste assez pour qu'il plonge ses yeux dans les miens comme il le fait si bien, me faisant frissonner de tous les membres. Il s'éclaircit la voix, et regarde droit devant lui.
— Eh bien, j'imagine qu'on peut leur dire qu'on est ensemble, maintenant.
Mon cœur fait un bond à en transpercer ma poitrine, et je sens mes tempes s'enflammer. Mes lèvres tremblent tant je m'empêche de sourire de toutes mes dents, et j'ai l'estomac en miettes, agressé par le surplus d'émotions de ce soir. Ces fameux papillons dans le ventre sont un gigantesque mensonge. On nous fait croire qu'avec l'amour, notre ventre va gentiment frissonner de bonheur. Foutaises. Il se tord et se retord à n'en plus pouvoir respirer, voilà la vérité. Je prends une profonde inspiration, et me tourne vers Jake, qui fixe la route, semblant cependant attendre une réponse quelconque de ma part.
— On peut leur dire ça, ouais.
Un sourire légèrement tremblotant se dessine sur les lèvres de celui que je peux aujourd'hui nommer petit-ami. Il semble lui aussi réellement heureux ce soir, et je ne peux que m'en réjouir. J'ai encore du mal à y croire. Je suis en couple avec Jake. Rien que le penser me donne des vertiges, alors qu'est-ce que ce sera quand je l'annoncerai officiellement. Joyce va être folle de joie. La connaissant, il ne serait même pas surprenant qu'elle me saute dans les bras en sautillant. Quant à Zac, j'imagine qu'il sera encore une fois très amusé, et aura une raison de plus de se foutre de nous.
— Demain, tu viens à la base d'entraînement ? l'interrogé-je pour changer de sujet.
— Oui, bien sûr. On va pouvoir bosser un peu. Toi aussi, ça fait longtemps que tu t'es pas exercée au combat.
Je hoche la tête. Ce sera sûrement très différent de tout ce que j'ai pu connaître dans le sous sol de Zac, bien qu'il soit spacieux.
— Je ne pourrai pas emmener mon arme, j'imagine, suggéré-je alors.
— Non, je ne pense pas. Ce serait risqué.
Je baisse les yeux, déçue malgré moi. Cette constante nécessité de me cacher commence à me fatiguer, même si je peux comprendre pourquoi je suis obligée de m'y soumettre.
— Tu penses vraiment que ce serait dangereux pour moi de dire qui je suis ? osé-je demander.
Mon petit-ami baisse les yeux vers moi, et me considère en silence pendant quelques secondes, avant de plisser légèrement le nez.
— Je ne sais pas vraiment, honnêtement, finit-il par répondre. Au début, je pensais vraiment que oui, parce que c'était choquant, et que tu prendrais des risques par rapport aux gens. Mais en même temps, je me dis que la mentalité a changé, alors peut-être que tu seras accueillie différemment. Je ne sais pas, répète-t-il.
J'acquiesce lentement, perplexe. Je pense qu'il me faut encore réfléchir, et en discuter peut-être avec d'autres personnes, pour imaginer quelles seraient réellement les réactions. J'ai peur de devenir le monstre de foire, et je ne veux vraiment pas de ça. Je sais que si je dévoile mon identité, je serai de nouveau différente sur cette planète. Je ne serai pas comme les autres. Et je ne veux pas être regardée différemment. Mais après tout, peut-être qu'accepter ma différence, c'est aussi accepter le regard des autres.
— Tu penses qu'il y a encore des gens de mon espèce en vie ? m'enquiers-je alors, hésitante.
Jake pose à nouveau ses yeux sur moi, et je peux cette fois y déceler une certaine tristesse, comme s'il n'osait pas répondre. Je connais déjà la réponse à ma question, mais la poser me procure un certain réconfort que je ne saurais expliquer. Je me sens à ma place ici, à Érédia près de mes amis, plus que je ne me le suis jamais sentie, mais imaginer retrouver des gens comme moi - à quelques détails près - serait la chose qui me comblerait, très certainement.
— Sincèrement, non, déclare alors le beau brun. Les Silencieux de Sang Pur étaient une race très rare, qui est née et a seulement existé à Érédia. Alors, il y en a peut-être qui vivent dans les alentours, ou qui se sont exilés, mais je pense qu'on le saurait si c'était le cas. Et, si je me rappelle bien, ils ont tous été localisés avant d'être tués, Heaven.
— Et les Bannis ? Il y en a peut-être, non ?
— Aucun Silencieux de Sang Pur n'a été banni depuis des centaines d'années. Heaven, répète-t-il, je suis désolé, mais il faut que tu oublies ça.
Je reste muette, et hoche lentement la tête, les lèvres pincées, tentant de ne pas trahir ma déception. Il a raison. Je ne devrais plus y penser. Je sens le regard de Jake peser sur moi, et je sais qu'il a une certaine peine pour moi. Je ne me sens pas vraiment à l'aise, j'ai l'impression d'avoir montré un peu trop de ce qu'il se passait en moi.
— Tu as déjà rencontré d'autres loups-garous ? demandé-je après quelques secondes.
— Non. Il n'y en a plus à Érédia, comme tu le sais, car ils ont soit été tués, ou sont soit partis. Et même s'il en a partout dans le reste du monde, ils ne s'approchent jamais d'ici. C'est un peu devenu maudit à leurs yeux, j'imagine.
Sa voix est légèrement hésitante, et je peux lire sur son visage que, comme pour moi, son espèce est un sujet de conversation un peu sensible.
— Tu aimerais en rencontrer ? fais-je.
— Je ne sais pas. Comme tu l'as dit il y a longtemps, je suis plus du genre loup solitaire, ajoute-t-il en haussant les épaules, feignant un ton léger.
J'esquisse un vague sourire, comprenant bien qu'il ne souhaite pas débattre sur le sujet. Je baisse la tête, à présent un peu démoralisée, et souffle lentement. Je regrette un peu d'avoir abordé tout ça, aussi bien pour moi que pour lui. Mais j'imagine que c'était une conversation nécessaire.
Alors que je broie silencieusement du noir, je sens Jake se rapprocher de moi et me donner un rapide coup d'épaule.
— Hé, ça va ? Faut pas déprimer pour ça, hein, sourit-il gentiment.
Je suis sur le coup tellement émue que je ne réponds pas tout de suite. J'ai bien vu qu'il n'était pas à l'aise pendant notre discussion, et que ça l'avait rendu un peu nostalgique, et pourtant, il tient quand même à me demander si je vais bien, et tente de me redonner le sourire. C'est absolument adorable, et je suis aussi touchée que je me sens coupable.
— T'inquiète, je vais très bien, assuré-je en m'agitant un peu pour le rassurer. Mais toi... toi ça va ?
— Mais oui, bien sûr que ça va. J'ai l'habitude de vivre comme ça, et ça me dérange pas du tout d'être le seul loup-garou ici. Tu verras, tu t'y feras aussi.
Il penche la tête pour que je le regarde un peu plus directement, et je lève donc les yeux vers lui, toujours légèrement embarrassée, avant qu'il ne m'adresse un petit sourire chaleureux.
— Allez, oublie ça, c'est rien. On arrive bientôt à la maison.
J'acquiesce en inspirant, et secoue légèrement la tête pour me remettre les idées en place. Il a raison. J'adresse alors un léger sourire reconnaissant à mon désormais petit-ami, auquel il répond d'un rapide baiser sur ma tempe. Et me revoilà à sourire intérieurement comme une idiote.
Aucun de nous ne dit un mot pendant que nous finissons notre chemin jusqu'à la maison de Zac, dans une Érédia encore peuplée. Je suis perdue dans mes pensées, songeant à cette soirée forte en émotions. Ce soir, ma vie a pris un nouveau tournant, et je ne pourrais en être plus heureuse.
Je pousse la porte de chez nous, et suis accueillie par un brouhaha surprenant, provenant du salon. Je me retourne vers Jake, qui lui non plus ne semble pas comprendre. Il dépose les sacs dans la cuisine, et je m'avance en sa compagnie jusqu'au salon.
— Ah, vous êtes revenus ! s'exclame une Joyce enjouée, qui se lève pour me rejoindre.
La pièce grouille de monde. Je reconnais le groupe d'amis que j'ai rencontré au restaurant la dernière fois. Ils sont tous là. Thaniel, Tyssia, Angie, Kaleb, et même Isis. Je crois reconnaître également quelques personnes croisées dans la rue, tous avoisinant notre âge. Il doit y avoir quinze personnes dans la pièce, et je suis là, emmitouflée dans une couverture, immobile, tandis que Jake, qui semble connaître tout ce beau petit monde, se réjouit de les voir et va les saluer. Je secoue la tête, et finis par l'imiter, tandis que Joyce pose sur moi un regard qui en dit long.
— On va bientôt partir en soirée, explique-t-elle alors en voyant mon air perplexe. On vous attendait pour savoir si vous vouliez venir.
— D'ailleurs, vous faisiez quoi dehors, que tous les deux comme ça ? raille Kaleb à l'intention de son ami Jake.
Jake et moi faisons tous deux mine de ne pas entendre sa question, ce qui fait plutôt rire le sorcier et les autres, avant que Joyce ne me demande de nouveau si je souhaite les accompagner.
— Euh, oui, pourquoi pas, finis-je par répondre en haussant les épaules. Mais c'est où ?
— À la salle de la grande place, explique alors Angie avec un léger sourire. Un ancien pote à nous fête son affectation au poste de garde royal, et il a invité tous ceux qui voudraient venir.
Je hoche lentement la tête. Il y aura sûrement beaucoup de monde. Une nouvelle occasion de rencontrer des gens.
— OK, bah je viens alors, approuvé-je avant de me retourner vers Jake. Toi aussi ?
Il acquiesce, et le groupe se lève, prêt à partir. Je ne sais pas quoi faire, voulant absolument parler à Joyce et Zac des Bannis, mais dans l'incapacité de le faire maintenant. Jake doit remarquer ma détresse, puisqu'il déclare après quelques secondes :
— Allez-y, on vous rejoint juste après.
Sa remarque est accueillie par quelques regards médusés, mais tout le monde acquiesce et finit par partir sans broncher. Une fois la porte d'entrée fermée, nous sommes enfin seuls, et je balance la couverture qui m'entourait sur le canapé.
— Alors, alors ? se presse Joyce, sans une once de retenue.
Je me sens rougir, et Jake se gratte la nuque avant de coller son épaule à la mienne.
— Ça s'est très bien passé, déclare-t-il.
Joyce nous offre un sourire éclatant, et frappe frénétiquement des mains. Je sais qu'elle se retient pour ne pas nous sauter dans les bras, et ça ne fait qu'augmenter mon hilarité intérieure. Elle est irrécupérable.
— J'espère que vous avez enfin mis les choses au clair, souffle le petit-ami de la Kistune, un sourire moqueur aux lèvres. Parce qu'on en a un peu marre de vous voir aussi désespérés.
Je pouffe nerveusement, et Jake fait de même, aussi gêné que moi.
— On a mis les choses au clair, oui, fais-je.
Joyce et Zac semblent ravis, et je souris une dernière fois avant d'agiter la main, voulant changer de sujet.
— Mais on doit vous parler d'un autre truc. Des Bannis ont débarqué à l'endroit où on était.
— Pardon ? s'étrangle Zac.
— Oui, ils partaient apparemment faire des « repérages ».
— Attends, je comprends pas, bafouille Joyce. Ils sont partis ? Vous vous êtes battus ?
— Justement, intervient Jake. On a pas voulu les laisser passer, donc ils ont commencé à nous menacer et ont voulu passer quand même. Mais Heaven a réussi à les faire fuir.
— Comment ? interroge mon mentor en croisant les bras.
Nous ne répondons pas tout de suite, sachant que ce que nous allons dire ne va pas plaire à Zac.
— J'ai repoussé le chef avec ma magie, finis-je par déclarer, une boule dans la gorge.
— Il a vu tes yeux ? demande Joyce.
Je confirme d'un signe de tête, faisant soupirer Zac.
— Heaven...
— Je sais, je suis désolée, mais c'était un réflexe, j'ai pas eu le temps de réfléchir. Mais c'est pas le plus grave. Enfin, ça l'est, mais justement, quand j'ai montré mes yeux, les Bannis ont complètement changé de comportement, et ils sont partis super vite. Surtout le chef. Il était presque content de ce qu'il venait de découvrir, comme satisfait, alors qu'il avait même pas pu aller à Érédia.
Mes amis écoutent attentivement, et les sourcils de Zac sont si froncés que son front se plisse également. Il secoue lentement la tête, et souffle légèrement.
— Tu n'as vraiment pas été douée sur ce coup, Heaven. Mais bon, c'est pas grave, on trouvera une solution. Même si j'aimerais bien comprendre ce qu'ils te veulent.
— Au moins, vous allez bien, c'est l'essentiel, ajoute Joyce pour détendre l'atmosphère.
— Ouais, c'est vrai, soupire son copain. Bon, par contre, tu devrais peut-être éviter la soirée, non ?
— Pardon ? s'exclame Joyce. Elle ne va pas se priver d'une soirée avec ses potes pour ça, ah non ! En plus, elle sera bien plus en sécurité avec tout le monde là bas, que toute seule dans une grande maison vide, Zac.
Ce dernier penche la tête et avoue qu'elle a raison au bout de quelques secondes. Puis Jake enchaîne sur ladite soirée, et propose qu'on s'y rende maintenant.
— Ouais, on y va, allez, s'enchante Joyce.
Nous voilà donc partis. À peine rentrée, je suis de nouveau dehors. Ce n'est pas plus mal. Je n'aurais ainsi pas besoin de ruminer toutes mes pensées et pressentiments.
Alors que nous dévalons les marches de l'escalier, mon amie Kistune fait signe aux garçons de s'éloigner un peu, et une fois qu'ils sont assez loin, elle sautille devant moi, les yeux pétillants. J'ai compris ce qu'elle attend, et je l'attendais aussi avec impatience.
— C'était génial, mais vraiment, lâché-je alors, tout aussi excitée et ravie qu'elle de pouvoir lui raconter. J'ai même pas les mots, je savais pas qu'il pouvait être aussi mignon.
— Bah moi non plus, rit-elle. Quand il m'a expliqué ce qu'il voulait faire, j'étais choquée. Mais il a géré, non ?
— C'est même plus gérer, c'est...
Je lève les bras et ferme les yeux, l'air aussi théâtral que possible.
— Je suis fière de lui, se marre Joyce. Mais raconte, raconte !
— C'est trop long, je te dirai en détails plus tard, mais en gros, quand on est arrivé, déjà j'étais complètement subjuguée par la beauté du truc, mais alors ensuite, quand il a commencé à parler, j'ai senti la crise cardiaque arriver. J'étais complètement sous le choc. Il vous a expliqué ce qu'il voulait me dire ?
— Non, juste qu'il prévoyait de te dire ce qu'il ressentait, et que s'il osait, il t'embrasserait.
— Ah bah je peux te dire qu'il a osé !
Elle pousse un petit cri, tout aussi hystérique que moi - peut-être même encore plus.
— Oui, oui, oui ! s'égosille-t-elle.
Je m'esclaffe, et nous nous calmons toutes deux rapidement quand nos petits-amis respectifs se retournent, dubitatifs. Ils ont deviné de quoi on parlait, et Jake m'adresse un bref clin d'œil avant de se retourner. Mon cœur fait un nouveau petit bond dans ma poitrine, et je dois fermer les yeux pour me reconcentrer sur Joyce.
— Vas-y, la suite ! enchaîne tout de suite mon amie.
— Je te jure que j'ai jamais vécu un baiser aussi incroyable de ma vie. J'avais l'impression d'imploser, j'arrivais plus à respirer, j'étais dans un de ces états...
Elle continue à sautiller, et passe son bras autour de mes épaules.
— Je suis tellement contente pour vous, t'as pas idée ! J'attendais ça depuis beaucoup trop longtemps, bordel !
Elle rit, et je fais de même, tandis que nous arrivons à la porte massive de la salle. Le fait qu'elle soit aussi heureuse pour moi me fait chaud au cœur. C'est dans ces moments là que je me dis qu'à présent, je pourrais faire face à n'importe qu'elle situation. J'ai des amis en or, un petit-ami adorable. J'ai une famille. Et aimer ainsi, comme je ne l'avais jamais fait, me donne l'inexplicable impression que je suis invincible.
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