Septième Chapitre 1/2 - Réécrit

Je reste ainsi, immobile et les jambes flageolantes, pendant quelques instants, avant d'entendre quelqu'un arriver. Je me tourne légèrement, et vois alors Jake courir vers moi... suivi de près par Joyce.

— Ah, bah t'es là ! On va être en retard, tu fais quoi ? me lance Jake.

Je ne lui réponds pas, et passe mes mains sur mon visage pour retrouver mes esprits.

— Hé, ça va ? hésite-t-il en approchant.

— T'as pleuré ? fait alors Joyce.

Jake me dévisage alors, l'inquiétude peignant soudain son visage.

— Ça va, soufflé-je.

— Qu'est-ce qu'il s'est passé ? s'enquiert Jake, pressant.

— Oh, euh... Ma mère était là.

— Hein ? s'étrangle-t-il, les yeux écarquillés.

Je hoche la tête en soupirant, et me racle la gorge.

— Elle m'a dit que mon rêve était en réalité une vision qu'elle m'a transmise. Mais le plus important, c'est qu'elle est dans les limbes, et elle veut que je l'aide à en sortir.

— Les limbes ? s'étonne Joyce. On ne sait même pas si elles existent vraiment.

— Eh bien, apparemment oui.

— Mais comment tu pourrais l'en sortir ? m'interroge Jake, le ton perturbé.

— J'en ai aucune idée, mais elle a dit que je pourrai le faire, que ma puissance et ma magie était incroyable, qu'elle n'avait jamais vu ça, j'avais du mal à suivre.

— Qu'elle n'avait jamais vu ça ? dit Joyce. Tu es aussi puissante que ça ?

— Non, ça m'étonnerait, mais elle l'a dit, alors j'en sais rien.

— Mais les Silencieux de Sang Pur sont déjà les plus puissants, alors ça veut dire que tu l'es encore plus ?

Je hausse les épaules, tout aussi décontenancée qu'elle. Je ne sais absolument pas ce que cela signifie, et je doute d'une telle « puissance ».

— Si c'est le cas, intervient Jake d'une voix rauque, alors tu dois être plus puissante que personne ne l'a jamais vu...

— Non, mais ça n'a aucun sens, soupiré-je. Arrêtez de paniquer, elle voulait juste dire que j'allais avoir assez de pouvoirs pour l'aider, je pense. C'est tout.

Jake souffle, peu convaincu, et je vois le même air perplexe sur le visage de Joyce. Je préfère m'en tenir à mes conclusions. Hors de question d'imaginer qu'en plus d'acquérir des pouvoirs magiques, ils seront aussi incroyables. Un silence pesant s'installe, et je secoue la tête.

— Elle m'a aussi dit d'aller voir... Zachariah Moran, je crois.

Joyce lâche un hoquet de surprise, et je vois son expression changer légèrement. Jake lui, acquiesce avec un petit sourire.

— Vous le connaissez ?

— Ah, ça, oui, ricane Jake en glissant un regard vers Joyce.

— Ferme la, râle celle-ci.

Je les considère sans comprendre, et Jake lève le menton.

— Oui, on le connaît. Et toi aussi.

Je fronce les sourcils. Parmi mon répertoire de rencontres masculines communes avec Jake, je ne trouve que le roi et...

— Le guérisseur, fais-je à mi-voix.

— Exactement.

— Et lui, il peut m'aider ?

— Sans aucun doute. En fait, c'est chez lui que je comptais bientôt t'emmener.

— Sérieux ? s'exclame alors Joyce. Jake, pourquoi tu me l'as pas dit ?

— À ton avis ? souffle-t-il.

La belle blonde baisse les yeux et fronce le nez. Apparemment, ce Zachariah n'est pas n'importe qui pour elle non plus. Je soupire légèrement, et attends qu'ils m'expliquent. Mais ils n'en font rien, et Jake déclare ensuite calmement :

— Bon, on va vite retourner à Érédia, il vaut mieux, je pense.

— Quand ça ? fais-je.

— Le plus tôt sera le mieux, on verra, peut-être demain.

Je hoche la tête, m'attendais déjà à être réveillée à cinq heures du matin par un Jake moqueur. Étrangement, je sens qu'à partir de maintenant, je vais passer beaucoup de temps à Érédia.

Joyce nous indique qu'il est temps de retourner en cours, et nous nous pressons jusqu'à nos salles de cours respectives. Joyce entre dans la sienne, et me laisse seule avec Jake pendant quelques instants. Je m'apprête à partir de mon côté, mais il m'en empêche d'un bref signe de la main.

— Ça va aller ? m'interroge-t-il alors.

Je ne peux réprimer un sourire amusé.

— Oui, ça va aller, Jake, je ne suis pas en sucre.

— Non, je sais, mais ça doit faire beaucoup, là, tout ça.

— Je pense que je commence à m'habituer, soupiré-je en tentant de prendre un air détaché.

Il penche la tête sur le côté, et esquisse un sourire à son tour.

— De toute façon, on est là au cas où, fait-il.

— Oui, je sais. Et Joyce a l'air très gentille.

— Elle l'est, confirme-t-il en hochant la tête.

J'inspire calmement, et m'éclaircis la voix avant d'enfin poser la question qui me trotte dans la tête depuis quelques temps maintenant :

— D'ailleurs, je me demandais, vous êtes ensemble ?

Jake me considère alors avec de gros yeux d'un air interloqué, avant de s'esclaffer franchement, et secoue vivement la tête.

— Ah non, non, jamais de la vie, rit-il. Je l'adore, mais c'est juste ma meilleure amie, rien de plus.

Je me sens rougir, alors gênée d'avoir posée une telle question. Ceci dit, je suis étrangement satisfaite par la réponse. Au moins, je n'aurais pas à tenir la chandelle.

— Ah, d'accord, désolée, je pensais, bafouillé-je.

— C'est pas grave, je peux comprendre pourquoi t'y as pensé, mais non.

J'acquiesce lentement, et il m'adresse un sourire railleur. Je me laisse de nouveau aller à la contemplation de son beau visage, si harmonieux que c'en est presque scandaleux, et me noie pendant un instant dans son regard sombre. J'entrouvre les lèvres pour briser le silence qui règne entre nous, mais je suis interrompue par le son d'une porte qui s'ouvre derrière Jake, puis par la voix de mon professeur de, m'ordonnant d'un ton réprobateur de rejoindre son cours. Je balbutie un « Oui », et me presse en quittant Jake rapidement. Je sens mon cœur s'emballer légèrement lorsqu'il m'adresse un clin d'œil amusé, et lui tourne finalement le dos pour entrer dans la salle de classe.

*  *  *

Il a plu tout l'après-midi, et l'averse ne semble pas sur le point de s'arrêter. Je suis dans mon lit, épuisée, prête à dormir dans peu de temps. Demain, il est probable que je retourne à Érédia. Je l'espère, du moins. Ici, je me sens comme en « pause », et je n'ai pas l'impression que cette sensation cessera.

Je m'endors sur ces pensées, exténuée.

Le lendemain matin, j'ouvre les yeux quelques minutes avant mon réveil, avec surprise, et me lève en baillant de mon lit. Je soupire, prête à me rendre dans la salle de bains. Mais c'est à ce moment que j'entends du bruit dans mon salon, et que je me paralyse.

— Heaven ? entends-je alors résonner.

C'était la voix de Joyce, et j'entends rapidement celle de Jake. Je souffle, soulagée, mais tout de même légèrement irritée. Il est sept heures du matin, je n'ai même pas encore pris ma douche, et ils ont évidemment décidé de débarquer à cette heure là pour repartir à Érédia. C'est comme s'ils le faisaient exprès.

— Oui ? marmonné-je, juste assez fort pour qu'ils m'entendent.

— Tu dors encore ? raille Jake.

Je ricane d'un ton sarcastique, et arrive enfin dans le salon. Ils m'attendent, debout au centre de la pièce. Je les salue d'un air légèrement fatigué, et comprends rapidement que je suis censée m'habiller et les rejoindre. Alors, rapidement, je fais demi-tour, et vais enfiler une épaisse robe en laine. Je lace mes chaussures d'un geste rapide, et passe par la salle de bains pour me débarbouiller tant bien que mal. J'ébouriffe légèrement mes cheveux, puis retourne enfin dans le salon. Jake et Joyce discutent, adossés au mur, et se redressent en me remarquant. Ils se placent de nouveau au milieu du salon, et je fais quelques pas pour atteindre leur niveau. Je me mets lentement entre eux, sous le regard de Jake, qui est déjà en train de sortir son pendentif de sa poche, comme à chaque fois. Je comprends mieux à présent. Chaque espèce a son propre symbole, son propre pendentif, et chaque collier détient un certain pouvoir, permettant la téléportation. J'imagine que le mien n'est pas prêt d'être en ma possession de nouveau. Je ne sais même pas où il est passé.

Je détourne les yeux de la griffe pendant au collier de Jake, et me tourne vers Joyce, qui sort à son tour le sien pour l'accrocher à son cou. C'est un minuscule renard. Je fronce les sourcils, et l'interroge alors :

— C'est le symbole de quelle espèce ?

Elle sourit à ma question, et agite légèrement son collier.

— Kitsune, déclare-t-elle alors.

Je reste pantoise, impressionnée une nouvelle fois qu'une telle créature existe réellement. D'après mes connaissances limitées sur le surnaturel, elle est censée être habitée par un puissant esprit renard, qui lui confère un instinct et une force incroyables. Je hoche lentement la tête, et Joyce me tend sa main, que je prends après un instant d'hésitation. J'inspire lentement, et sens alors les doigts de Jake se glisser dans les miens. Il a pris mon autre main. Je glisse un regard surpris vers lui, et il ne m'accorde qu'un bref coup d'œil pétillant. Je déglutis, et tente de ne pas faire attention à la chaleur qui afflue à mes joues, alors que nous fermons tous les yeux. Ils ne faut que quelques secondes pour que je sente le sol quitter mes pieds, et le vertige habituel faire vaciller ma tête. C'est parti. Érédia, me revoilà.

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