Quarante-deuxième Chapitre - Réécrit

Nous venons à peine de sortir du bâtiment. L'entraînement a pris fin après trois bonnes heures intensives, et nous sommes tous aussi épuisés qu'affamés. Nous avons donc décidé de prendre un truc à manger dans la ville, et d'aller s'installer quelque part pour reprendre des forces calmement. Je regarde mes pieds, pensive. Je suis inquiète en permanence depuis mon retour hier, et ce malgré moi. Je sais que tout le monde sent comme moi que le danger est proche, et ce n'est qu'une dose de pression en plus. J'espère que nous parviendrons à battre les Bannis assez rapidement. Je dois également libérer ma mère des limbes, et j'ai bien trop ignoré cela dernièrement. J'étais censée le faire avant la guerre, devant lui permettre de nous aider, mais je crois bien que cela sera impossible. Je me demande aussi où peut être Molly, si elle est avec les Bannis où si elle a tout de même essayé de voir sa famille. Tout cela m'inquiète, et je sais que les choses s'accélèrent petit à petit.

Je suis seule, un peu derrière le groupe, alors Zac vient me rejoindre.

— Tout va bien ?

— Oui oui, je réfléchis. Tu penses que les Bannis vont bientôt attaquer, toi ?

— Je pense, oui. Mais c'est bien, tout le monde s'y attend. On est prêt à n'importe quelle éventualité.

J'acquiesce lentement. Alors, mon ami penche sa tête vers moi et secoue affectueusement mon épaule.

— Tu n'as pas à t'inquiéter, Heaven.

J'esquisse un sourire, et nous restons ensuite silencieux.

Peu de temps après, nous prenons des pizzas à emporter dans le centre-ville, et nous posons dans l'herbe fraîche d'un grand parc, sous un arbre. L'air est bon, la légère brise de début d'automne associée la douce chaleur persistante de l'été rend l'atmosphère très apaisante. Nous nous asseyons tous calmement, heureux de pouvoir se reposer, et commençons à dévorer nos pizzas avec appétit, avec un peu de musique. Alors que la conversation débute tranquillement, je me rapproche de Zac.

—  Dis moi, comment je pourrais avoir de l'argent d'ici ? J'ai pas envie que tu me payes tout, à chaque fois.

C'est une question que je me suis posée plusieurs fois. Ici, ma carte bancaire m'est totalement inutile, et je n'ai personnellement pas de pièces d'or cachées dans toutes mes poches.

— Ah oui, pouffe légèrement mon mentor. Tu as des distributeurs, ils te convertissent ta monnaie en or et c'est bon.

— Sérieux ? hoqueté-je.

Il hoche la tête en riant. Jamais je n'aurais imaginé ça possible.

Après avoir croqué un bout de pizza, j'entends mes amis parler du lycée, et décide d'intervenir.

— D'ailleurs, comment ça se passe les cours, ici ? Enfin, c'est comme sur Terre ?

Je vois Tyssia froncer les sourcils, avant de hocher la tête.

— Bah, c'est presque pareil, ouais. On a les mêmes niveaux d'école que vous, les mêmes cours - bon, sauf en Histoire, et on a aussi des cours de magie, quoi. Après, comme il y a moins de métiers ici - même si on a les mêmes que vous -, beaucoup de jeunes préfèrent faire leurs études sur Terre pour avoir plus de possibilités plus tard. Mais sinon, la scolarité est quasiment pareille - à part les vacances, elles sont pas au même moment. En vrai, on n'a pas beaucoup de différences avec la Terre si ce n'est la magie et la monarchie.

J'acquiesce lentement, intéressée.

— J'ai toujours du mal à me dire ça, c'est vrai.

— Tu vas t'habituer, fait Kaleb. Nous aussi, quand on va sur Terre, ça nous perturbe vachement.

Je souris, et la discussion s'enchaîne tranquillement. Nous comparons Nyplel à la Terre pendant quelques minutes, nous étonnant des fortes similitudes entre les deux. Ensuite, la discussion vire sur la musique, quelques rumeurs et autres sujets de conversation adolescentes un peu futiles.

Nous restons ainsi deux bonnes heures, et je pense un peu moins à tout ce qui me tracasse. Jake se glisse vers moi.

— On s'en va ? m'intime-t-il.

— Maintenant ? Que nous deux ?

— Ouais, t'as pas envie ?

— Ah, si, pas de problème.

Il me rend mon sourire, et nous nous levons en saluant les autres. Une fois que nous sommes sur le chemin du retour vers la maison, je me tourne vers Jake.

— Pourquoi t'as voulu qu'on parte ?

— Je sais pas, j'avais envie d'être seul avec toi, répond-il en haussant les épaules.

Je ne peux réprimer un petit sourire.

— Je suis super niais, depuis hier, soupire-t-il. J'aime pas ça.

— Moi j'aime bien, ris-je.

Il sourit, comme si ma réponse lui convenait parfaitement.

— Lâche prise, soufflé-je.

Il pose un regard attendrissant vers moi, et je lui souris gentiment. Nous continuons le chemin calmement. Nous discutons un peu des Bannis évidemment, de Molly également. Je lui fais part de mes peurs quant à la suite des événements.

— J'ai peur qu'ils attaquent pendant la pleine lune, demain, avoue-t-il.

— Vraiment ? Pourquoi ?

— C'est la nuit où la magie est plus intense que jamais, ce serait le moment parfait pour combattre.

Je déglutis, et fixe le sol à mes pieds, soudainement prise de court.

— Demain... soufflé-je d'une voix légèrement rauque.

— Après, ce ne sont que des hypothèses ! s'empresse d'ajouter le loup-garou. On ne sait jamais.

— Mais si tu penses que c'est demain, tu vas quand même aller dans la grotte ?

— Ouais... je suis obligé, tu le sais. Même si j'ai un mauvais pressentiment, je préfère y aller. Je n'aimerais pas blesser quelqu'un... encore.

Un frisson parcourt mon échine quand il ajoute ce dernier mot, et je lève un regard inquisiteur vers lui. Je sais de quoi il parle, et je n'aime pas qu'il l'évoque de cette manière.

— Tu ne m'as pas blessée, Jake.

— Bon...

— Non, vraiment. Je vais pas te le répéter trente fois, c'était de ma faute, et tu ne m'as pas fait mal. Tu veux que je te rappelle que je peux te mettre K.O en un claquement de doigts ?

Il hoquette en riant légèrement, et lève les yeux au ciel, sans répondre. Au moins, il ne tergiverse pas.

— Tu sais, ajouté-je, ils vont peut-être attaquer ce soir. On est vendredi treize, ce serait ironique.

Jake baisse des yeux brillants vers moi.

— C'est pas drôle du tout, Heaven.

Il a cependant l'air un peu amusé, alors je ne prends pas sa remarque au sérieux et ose l'esquisse d'un sourire, contente d'avoir un peu détendu l'atmosphère. Après quelques secondes de silence, Jake prend la parole.

— Kaleb m'a demandé de quelle espèce tu étais.

J'écarquille les yeux, hébétée.

— Tu lui as dit quoi ?

— Rien, je lui ai conseillé de te poser la question directement, je savais pas trop quoi dire d'autre.

Je soupire.

— Maintenant, j'ai les deux acolytes sur le dos. Tu penses que je devrais leur dire ?

— Aucune idée, répond Jake avec un haussement d'épaules. Mais je sais qu'ils ne réagiraient pas mal du tout, pas eux.

Je hoche lentement la tête, en pleine réflexion.

— Je leur dirai la vérité, finis-je par approuver.

Jake m'adresse un petit sourire chaleureux, que je lui rends quand il entoure mes épaules de ses bras. Nous marchons ainsi pendant quelques minutes supplémentaires, jusqu'à la maison de Zac.

— Bon, je vais prendre une douche, annonce Jake une fois que nous avons fermé la porte.

— OK.

— Tu veux venir ?

Je lâche un petit hoquet, et me racle la gorge, gênée face à son air rieur et ses yeux pétillants.

— Tu as déjà fait cette blague.

— J'aurais essayé, sourit-il en haussant les épaules.

Il s'éloigne et je le regarde se diriger vers la salle de bains, frissonnante. Je reste immobile pendant quelques secondes, avant de secouer la tête pour chasser toute pensée impudique de mon esprit.

Quelques minutes plus tard, je suis dans le canapé du salon, un livre ouvert sur les genoux, jetant quelques coups d'œil au ciel qui se couvre dehors. Zac et Joyce ne vont certainement pas tarder à rentrer. Je poursuis ma lecture, voulant ne penser à rien pendant un certain temps. Mais je ne parviens à me concentrer plus de quinze minutes, et ferme le livre d'un geste exaspéré. Je suis trop parasitée par mes angoisses pour me reposer. Alors, je décide d'entamer les recherches concernant les limbes. Si je ne peux pas me détendre, autant être productive.

Jake descend des escaliers au moment où je m'apprête à rentrer dans la bibliothèque. Mon souffle se coupe quand je m'abandonne à la contemplation de son corps athlétique et légèrement humide, seulement habillé d'une serviette. Je déglutis, et mon loup-garou de petit-ami passe la main dans ses cheveux trempés, et me sourit légèrement en passant devant moi, ne se souciant pas de mon air probablement complètement ahuri. Quand il entre dans la cuisine, je reprends une respiration normale. Il me met dans tous mes états, il est temps que je me canalise sérieusement.

* * *

— Bordel ! grogné-je d'un ton injurieux en fermant un gros livre d'un geste violent.

Cela fait à présent presque deux heures que je cherche une quelconque piste sur les limbes, mais je ne trouve rien de plus que des suppositions sur leur existence même, et je suis à bout de nerfs. Je tourne en rond sans rien trouver, et je ne supporte pas ça. J'ai entendu Zac et Joyce rentrer il y a une heure, puis repartir je ne sais où. Je suis donc seule, assise au milieu de dizaines de livres et autres grimoires tous plus exaspérants les uns que les autres. Je soupire en passant la main dans mes cheveux, et m'adosse à une des immenses étagères derrière moi.

— Tout va bien ? entends-je résonner à l'entrée de la bibliothèque.

— Oui, oui...

Quelques secondes plus tard, Jake passe sa tête dans la rangée où je me trouve.

— T'es sûre ? Je t'entends râler depuis tout à l'heure, fait-il.

— Ouais, ça va, soufflé-je en détachant mon regard du sien. C'est juste que je trouve que dalle sur les limbes, et ça m'énerve. Comment c'est possible que personne n'ait jamais eu la preuve qu'elles existaient ? Enfin, il y a forcément quelqu'un qui a pu rentrer en contact avec le monde des vivants, ma mère n'est pas la seule à savoir le faire, quand même !

Je pousse un autre soupir exaspéré, et Jake vient s'accroupir devant moi, après s'être frayé un chemins parmi les ouvrages éparpillés.

— Tu devrais peut-être faire une pause...

— Non, refusé-je catégoriquement. Je ferai pas de pause tant que j'aurais pas trouvé quelque chose, ne serait-ce qu'un minuscule indice. J'ai déjà pris trop de retard, j'étais censée libérer ma mère avant la guerre avec les Bannis, et je sais que ça ne va pas être possible, alors je dois au moins faire des efforts pour le faire juste après. En plus, je sais même pas ce qu'il va se passer pendant la guerre, ni si je... bref, je dois avoir un objectif pour ne plus penser à tout ça.

— OK, OK, souffle Jake en posant ses mains sur mes épaules. Respire, d'accord ? Tu te mets trop de pression, ça te rend forcément moins productive.

Il plante son regard dans le mien, et je le soutiens sans dire un mot. Je me concentre sur ses iris profondément sombres, calque ma respiration sur la sienne, et affaisse les épaules petit à petit.

— C'est bon, articulé-je une fois détendue. Merci.

— Y a pas de quoi, sourit mon petit-ami. Bon, je vais t'aider. Tu as trouvé quoi, pour l'instant ?

Je secoue la tête alors qu'il s'assied plus confortablement, et attache machinalement mes cheveux en une rapide demi-queue, avant de soupirer.

— Pas grand chose, déclaré-je finalement. Quelques livres parlent des limbes comme d'un monde parallèle entre celui des morts et celui des vivants, comme un entre-deux suspendu dans le temps, une sorte de purgatoire pour créatures célestes, donc les Anges, entre autres. D'autres exposent à peu près la même théorie, mais précisent que les limbes ont été créées par et pour les anges déchus, que ce serait une sorte de prison. Et j'ai trouvé aussi qu'elles auraient juste été créées par « erreur », comme une « interférence » dans la création de l'univers lui même, et qu'elles formeraient un simple monde inhabité. Mais bon, évidemment, ce ne sont que des hypothèses, et il n'y a aucune preuve qu'elles existent vraiment. Et ça ne mène à rien, puisqu'à chaque fois, ils disent que, si les limbes existent, il est impossible d'y entrer.

Je hausse les épaules après mon récit, sous les yeux intrigués de Jake.

— Les théories tiennent la route, je trouve, souffle-t-il après un instant de réflexion.

— Oui, je suis d'accord. Mais dans chacune d'elle, rien n'expliquerait pourquoi ma mère y est. Ce n'est ni une créature céleste, ni un ange déchu.

— Eh bien, vous descendez des Anges, peut-être que...

— Mais les autres Silencieux de Sang Pur n'y sont pas, eux, l'interromps-je. Ma mère est la seule.

Jake fronce les sourcils, aussi préoccupé que moi par la question. Il reste silencieux pendant un long moment, et j'entreprends de fermer tous les livres pour éclairer l'espace et mon esprit, avant qu'il ne m'interrompe d'un geste de la main.

— Toi aussi, tu y étais, lâche-t-il.

— Comment ça ?

— Tu étais dans les limbes. Si tu étais morte, tu y serais restée. Tu comprends ?

J'acquiesce lentement, ayant soudainement l'impression que nous avons mis le doigt sur quelque chose.

— Le sang de Sylphe. Tu penses que c'est ça ?

— Peut-être, répond Jake en haussant les épaules.

— Non, je ne pense pas, soupiré-je après une seconde. Zac m'a déjà dit qu'il n'avait pas trouvé de sang étranger chez ma mère, c'était une Silencieuse de Sang Pur normale...

— On ne sait jamais, c'est une piste. C'était il y a longtemps, peut-être qu'il n'a pas fait les bons tests, que les techniques n'étaient pas aussi précises qu'aujourd'hui. Je vois pas d'autre explication pour que, comme par hasard, toi et ta mère soyez les seules Silencieuses de Sang Pur a avoir pénétré les limbes.

Je fronce le nez, et ne dis rien pendant quelques instants. C'est vrai que c'est une piste intéressante, que je ferais bien de suivre, bien que je ne sache pas réellement quoi et où chercher.

— Tu as raison, c'est une bonne hypothèse, fais-je lentement. Merci, j'aurais jamais pensé à ça.

— Toujours là pour aider, sourit le beau brun en face de moi.

Je lui rends son sourire, et ferme brièvement les yeux pour reposer mes paupières lourdes. Heureusement que Jake a bien voulu m'aider, j'aurais littéralement envoyé tout voler sinon.

Je reste quelques secondes ainsi, les yeux clos, jusqu'à ce qu'un éclat de voix retentisse dans le couloir.

— Hé, les amoureux, on est revenu ! reconnais-je comme la voix de Zac. On était partis boire un verre, on vous a ramené des cafés.

— Salut ! lance Jake, assez fort pour que nos amis nous entendent.

— Vous êtes dans la bibliothèque ? Vous foutez quoi ? fait Joyce, alors que les bruits de leurs pas se font entendre rapidement.

Ils arrivent après quelques instants, et nous rejoignent en quelques foulées. Quand ils nous aperçoivent, assis dans d'innombrables bouquins, Jake et moi avons droit à de grands yeux écarquillés et un air interloqué. Le couple écarte délicatement les livres, et prend place près de nous en nous tendant deux gobelets chauds.

— Bon, vous pouvez expliquer ? fait Zac après que nous les ayons remerciés.

— On fait des recherches, expliqué-je en soufflant. Sur les limbes. Je cherchais des informations sur elles, qui auraient pu me guider vers le fameux point d'ancrage de la magie, mais je n'ai rien trouvé à par les quelques théories. Du coup, j'étais énervée parce que tout ça ne menait à rien, mais heureusement, Jake m'a rejoint et on a pu réfléchir à quelques trucs intéressants.

— C'est à dire ? questionne Joyce, intriguée.

Jake expose son hypothèse en quelques instants, et nous présentons ce a quoi nous avons pensé.

— C'est carrément possible, souffle Zac, après un instant.

Ses sourcils sont froncés à un tel point que son front se plisse légèrement, comme à chaque fois qu'il réfléchit sérieusement.

— Mais je ne comprends pas, fait soudainement Joyce. Qu'est-ce que le sang de Sylphe a de particulier, pour te permettre d'accéder aux limbes. Enfin, si elles sont en effet « réservées » aux créatures célestes et anges déchus, je ne vois pas trop le lien...

— Si, justement, répond son petit-ami d'un ton sec, visiblement perdu dans ses pensées. Les créatures célestes sont caractérisées par leur provenance directe du « ciel », donc la pureté extrême de leur magie. À ce jour, seuls les Anges ont reçu cette appellation. Mais peut-être que...

— Que quoi ? fais-je.

— Et bien, les Sylphes et les Silencieux de Sang Pur sont des descendants directs des Anges. Alors, en devenant les deux à la fois...

— Quoi ? souffle Joyce. Heaven est devenue un Ange ?

— Non, non, répond Zac, me faisant lâcher un soupir de soulagement. Mais, si on réfléchit, ses pouvoirs... (ils se tourne vers moi) tes pouvoirs, ont les qualités divines des deux espèces auxquelles tu appartiens.

— Comment ça ?

— Et bien... je pense que si Heaven est parvenue à pénétrer les limbes, c'est parce qu'en étant à la fois Sylphide et Silencieuse de Sang Pur, elle est devenue une sorte de créature céleste, tout simplement.

— Une créature céleste ? m'étranglé-je presque.

— Pas à proprement parler, puisque tu n'es pas née ainsi, donc ce n'est pas un don inné, mais oui, il semblerait que tu aies les caractéristiques des créatures célestes, du moins, d'un point de vue magique.

— C'était peut-être le but du roi, en fait, intervient de nouveau Joyce. Optimiser la parenté de Heaven aux Anges, créant ainsi ce qui se rapprocherait le plus d'une créature céleste de leur genre.

J'acquiesce lentement, Zac et Jake faisant de même. Je n'avais pas pensé à cela. Ce détail a dû resté dans l'esprit de Jorah sans qu'il le partage, puisque son frère le roi actuel ne me l'a pas révélé.

— En tout cas, ça explique tout, soupiré-je. Mais... ça veut dire que ma mère est aussi une créature céleste ?

— Je ne pense pas, répond Zac. Pour elle, c'est bizarre. Mais peut-être qu'il restait du sang de Sylphe dans ses veines, finalement. Mais bon, elle l'a toujours rejeté, alors il est peu probable qu'elle en ait toujours.

Je hoche la tête. Je comprends finalement un peu mieux ce mystère qui régnait autour des limbes. Il semblerait donc que la théorie des livres tienne la route jusque là. Dans les limbes, il y aurait donc d'autres créatures célestes, donc des Anges, et peut-être des Anges déchus ? C'est complètement inattendu, et je dois avouer être encore plus intriguée par cet endroit.

— Bon, dis-je. Maintenant qu'on a sûrement compris comment ça marchait, il faut que je sache comment y aller.

— Oui, et bah, pas aujourd'hui ! lance Joyce en commençant déjà à se lever pour ranger les livres.

— Non, arrête, attends !

— Non, elle a raison, renchérit Jake en l'imitant. Tu as fait assez de recherches pour aujourd'hui, tu dois te reposer.

Je soupire d'un air légèrement exaspéré, cependant soulagée malgré moi. Je reprendrai ma quête du point d'ancrage plus tard, il a raison, je suis trop fatiguée pour être productive. Alors, je me lève et aide mes amis à ranger tous livres, avant que nous ne quittions la bibliothèque. Finalement, mes recherches auront abouties à la découverte d'un élément tout de même important. Je suis une créature céleste, ou en tout cas, ce qui s'en rapproche le plus actuellement. Et bien, une nouvelle appellation sur la liste.

Le reste de la soirée passe à une vitesse folle. Après une bonne douche, nous allons d'abord nous reposer dans le salon, sans faire grand chose, et mangeons un plat de riz devant un film, confortablement installés dans la même pièce. Zac et Joyce se sont installés au sol, couverts d'un plaid. Quant à moi, je me suis assise sur le canapé, contre Jake, qui m'entoure de ses bras. Il est à présent aux alentours de neuf heures et demi du soir, et nous regardons le film en silence, tous épuisés. Je me sens m'assoupir petit à petit malgré ma lutte contre le sommeil, et sens ma tête basculer chaque seconde un peu plus.

— Tu peux dormir, si tu veux, je te réveillerai à la fin, me chuchote Jake avec un petit sourire.

J'opine lentement en baillant, et ne me fais pas prier, me laissant emporter par le sommeil à peine une minute plus tard, blottie contre Jake, ses bras brûlants autour de moi, son souffle contre mes cheveux. Je crois que je ne m'endors jamais aussi bien qu'en sa compagnie.

Je suis réveillée je ne sais combien de temps plus tard en sentant mon pieds heurter légèrement quelque chose.

— Merde, entends-je murmurer d'un air énervé, alors que j'ouvre lentement les yeux.

C'est Jake, qui vient de me faire cogner le mur. Il me porte fermement dans ses bras, les miens autour de son cou.

— Qu'est-ce que tu fais ? marmonné-je.

— Ah, désolé, je voulais pas te réveiller, répond Jake, tout aussi silencieusement. Le film est fini, je te ramène dans ta chambre, rendors toi.

Je referme donc les yeux, un peu dans les vapes, et attends de sentir mon dos contre les draps de mon lit. Je m'enfonce dans ceux ci, et laisse échapper un soupir de contentement. Je baille, et ouvre les yeux après une seconde. Je suis toujours à moitié endormie, mais je peux quand même voir le visage doux de Jake, m'observant d'un air légèrement attendri.

— Merci, souris-je.

— Y a pas de quoi. Bon, allez, bonne nuit, dors bien.

— Bonne nuit.

Je ferme les yeux une seconde plus tard, et sens les doigts de Jake effleurer ma joue pendant un instant, avant que je ne l'entende quitter la chambre sans un bruit. Je me tourne dans mon lit, frissonnante, et tombe dans les bras de Morphée avec plaisir.

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