6. SON patron

Holy - King Princess
That's what i like - Bruno Mars

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N'oubliez pas de lire le chapitre 5 que j'ai posté par surprise mercredi soir. Voici le chapitre 6, je l'aime beaucoup aussi. Bonne lecture ♡


*₊˚☕୧༉‧₊˚.

Les jours passent, et avec eux, Jungkook tente tant bien que mal de s'adapter à ce nouvel univers. À l'entreprise, à ses routines, à ce patron intransigeant qui semble avoir complètement effacé ce moment suspendu entre eux et leurs regards, comme si cela n'avait jamais existé. Bien sûr, il continue à le tutoyer, mais les familiarités se sont arrêtées là.

Le réveil est une épreuve. Toujours.

Le tintement strident de l'alarme à 6h00 lui vrille les tympans. Jungkook grogne, repousse la couverture d'un geste brusque, mais reste allongé, fixant le plafond. Son corps refuse de bouger. Chaque matin, la même bataille, et chaque matin, il se demande combien de temps il tiendra.

Un soupir profond le secoue avant qu'il ne se lève enfin, traînant les pieds jusqu'à la salle de bain. Devant le miroir, il affronte son reflet : cheveux noirs hérissés, cernes sous les yeux. Il passe une main dans ses mèches désordonnées, mais rien ne bouge. Dix minutes plus tard, il abandonne, les épis refusant de céder, avant d'enfiler sa tenue.

Le patch. Toujours le patch. D'un geste mécanique, il presse la base de son cou pour vérifier qu'il le fixe bien. C'est devenu une habitude, un automatisme. Il doit masquer son odeur coûte que coûte. Dans cet environnement saturé de phéromones, il n'a pas le choix.

Puis c'est c'est un repas consistant pour affronter la matinée, et à 6h30, il quitte enfin son appartement, la mâchoire serrée. C'est encore l'automne et pourtant ce mois de novembre est déjà hivernal. Le froid mordant du matin l'accueille brutalement, mais ce n'est rien comparé à l'épreuve qui l'attend.

Le métro.

Entrer dans une rame bondée, s'écraser contre des inconnus aux parfums mêlés d'épuisement, de stress et d'impatience... Cela l'écœure presque autant que cela l'humilie. "Un bon oméga de classe moyenne prend le métro", se répète-t-il, comme une prière, avant d'être interpellé par Chaerin qui le rejoint sur la même ligne et commence presque toujours à jacasser, sa bonne humeur aidant.

Mais chaque matin, il vacille. Ses doigts effleurent son téléphone dans sa poche. Un simple appel, un mot, et son chauffeur fidèle, le majordome de la famille qu'il connaît depuis son enfance, pourrait venir le chercher pour le conduire au travail, le ramenant à son confort d'avant, à sa réalité.

Mais il ne cède pas.

À 7h00 précises, il arrive enfin à l'entreprise, le souffle court et les épaules tendues. San, le vigile Alpha posté à l'entrée, l'accueille comme chaque jour avec un sourire éclatant, un geste de la main, et un mot gentil.

- Salut, Jungkook. Tu as l'air encore plus en forme aujourd'hui.

Jungkook essaie de sourire, il lui doit bien ça. En forme ? La blague. Il ressemble plus à un mort-vivant ressuscité qu'à un employé modèle.

San est toujours là, parfait dans son rôle. Muscles tendus sous sa chemise d'uniforme, mâchoire carrée, sourire désarmant. Un alpha dans toute sa splendeur. Il dégage cette aura de confiance naturelle, celle qui devrait être la sienne, mais qu'il doit cacher sous une façade fabriquée.

"Pourquoi est-ce que lui peut être alpha ouvertement, et moi je dois jouer à l'oméga docile et imbécile ?" Y trouvera-t-il même un jour du contentement ?

Il serre les dents, se redressant un peu plus, comme pour se rappeler qu'il est toujours un Jeon malgré tout. Mais l'ironie de sa situation lui colle à la peau.

Après avoir passé son badge, il tente de chasser cette irritation. Il monte ensuite par les ascenseurs bondés, où il croise souvent des femelles oméga en tailleurs parfaitement ajustés, leurs jupes moulantes libérant dès le matin une cascade de phéromones qu'elles ne semblent même pas chercher à contenir. Ici, on leur laisse tout faire, pense-t-il en détournant les yeux, essayant de ne pas froncer le nez.

Une fois arrivé à son étage, sa routine commence. Il vérifie d'abord son bureau, s'assurant que rien ne traîne. Jimin lui a déjà fait des remarques sur son "désordre", un mot élégant pour dire qu'il était un bordélique sans espoir.

Ensuite, il passe au bureau de Park Jimin. Tout y est méthodique, presque cérémonial. La température doit être réglée à 22 degrés exactement. Il jette un coup d'œil dans les angles des murs, au-dessus des fenêtres sous les meubles, à la recherche d'araignées - une tâche qu'il accomplit avec un sourire narquois, en se souvenant de la promesse qu'il s'est faite d'un jour de tester les limites de cette phobie.

Il inspecte également les plantes. L'humidité de la terre semble correcte, mais il sait qu'il devra aller chercher de l'eau de pluie sur le rooftop d'ici deux jours. La première fois qu'il a effectué cette tâche, il en avait profité pour explorer la terrasse aménagée, un lieu paisible pour le moment de la pause, idéal pour boire un café ou manger un encas.

"L'entreprise sait comment chouchouter ses employés" avait-il pensé ce jour-là, un sourire en coin alors qu'il s'autorisait une cigarette rapide. Ce n'est pas qu'il fume vraiment, mais... parfois, ça aide. Tout comme ces soirées où il avait cédé à d'autres tentations bien plus dures. Mais son frère - et/ou ses chiens de garde - avaient des yeux partout. "Touche encore à cette poudre, et je m'occupe personnellement de toi pour te couper les couilles" lui avait-il dit avec une froideur qui ne laissait aucune place à la discussion, ni au fait qu'un Jeon doit penser à sa descendance.

De retour dans le bureau de Jimin, il lance la playlist classique de son patron, laissant la musique s'élever doucement dans la pièce. Ce n'est pas son style. Lui, il est plutôt rock ou rap, des trucs plus sauvages. Mais il s'habitue. À tout, même à cela. Mais quelque chose reste là, niché au fond de son esprit. Une irritation, une envie de rugir, et pourtant il se soumet. Malgré lui.

Enfin, il s'installe à son poste et commence à trier les mails, à organiser les priorités et à préparer son rapport quotidien sur les concurrents, dont sa propre entreprise. Pour l'instant, il n'a pas eu l'occasion de révéler de gros secrets à son frère sur l'entreprise de Cha Eunwoo. Son contrat stipule bien une clause de confidentialité qu'il s'empressera de toute façon de violer si besoin est. Comme lui a suggéré Taehyung, pour l'instant il observe, écoute les potins dans les couloirs ou quand il mange avec ses collègues et prend note des conflits et des lancements.
L'apprentissage des tableurs n'a par contre pas été une partie de plaisir. Son frère, en bon tyran affectueux, lui a trouvé un professeur privé qui a failli finir dans son lit avant que Jungkook ne coupe court. Il préfère éviter les complications inutiles.

Et puis, il y a lui.

À 7h30, lui, Park Jimin, arrive, toujours parfaitement ponctuel. Son humeur varie, selon s'il fredonne, avec les yeux rêveurs, la dernière chanson kpop à la mode ou s'il rage, laissant ses pupilles fulminantes lancer des éclairs. Son entrée est toujours marquante.

Lorsqu'il sort de l'ascenseur, Jungkook et ses collègues sont immédiatement avertis. Chaerin, "l'oméga de l'accueil de l'étage face à l'ascenseur", envoie son message habituel sur leur messagerie instantanée : "Le prince William arrive au château". Quelques mots qui suffisent à mettre tout l'étage en état d'alerte.

En quelques secondes, tout bascule. Les chaises se redressent brusquement dans l'open space qu'il traversera pour arriver à Jungkook, des dossiers qui traînaient sur des bureaux disparaissent comme par magie, le cliquetis nerveux des claviers s'accélère, les regards s'évitent, et une tension électrique s'installe dans l'air.

Les employés jouent leur rôle à la perfection. Même ceux qui d'habitude traînent dans les couloirs filent à leur poste, leur café à moitié terminé encore fumant à la main.

Et puis, il fait son entrée.

Park Jimin, avec sa classe et l'un de ses manteaux soigneusement plié sur son bras, avance d'un pas mesuré, dans son costume éternellement impeccable. Pas un mot. Pas un sourire. Il n'a pas besoin de parler pour que son autorité s'impose. Et même s'il a une stature fine et pas aussi musclée que tous les alphas condescendants ici, son regard, froid et perçant, balaie les lieux comme un scanner qui détecterait la moindre faille.

Il hoche légèrement la tête, un geste presque imperceptible, mais qui fait frémir plusieurs omégas derrière leurs écrans et qui lui répondent tout autant silencieusement, heureux d'avoir été remarqués. Mais c'est tout. Ce n'est pas un geste chaleureux, juste une formalité polie qui, étrangement, semble suffire à donner le signal que tout peut reprendre normalement.

Jimin savoure. Il ne sourit pas, mais tout dans sa posture trahit une fierté discrète. Il est chez lui ici, et tout le monde le sait. Pour Jungkook, c'est presque risible. Pendant une seconde, il se demande si cet étage fonctionne grâce à l'électricité ou si la peur respectueuse qu'inspire Park Jimin suffit à alimenter l'ensemble du système.

Parfois, il balance son long manteau en laine Burberry sur le bureau de Jungkook, accompagné de son attaché-case qui glisse bruyamment sur le bois. D'autres jours, il se contente d'un hochement de tête discret avant de rentrer dans son bureau et s'y installer.

Et puis, il y a la première heure et enfin sa petite promenade matinale hebdomadaire pour aller chercher les boissons chaudes.

La première fois fut épique. Parce que oui, Jungkook aime prendre l'air pour s'évader de ce bourbier.


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- C'est bientôt l'heure d'y aller, dit Jungkook en jetant un coup d'œil à sa montre.

Jimin, occupé à trier des documents pour le prochain lancement, lève à peine les yeux vers lui.

- Ah, oui. Coffee Heaven, en face.

Il marque une pause, son regard glissant brièvement vers Jungkook, comme s'il évaluait quelque chose.

— Je prendrai un... Americano. Grand format, bien corsé...Un Long Black glacé, prenez-moi ça, ajoute-t-il les yeux dans le vague.

Jungkook hoche la tête, prêt à partir, mais Jimin continue.

— Et toi... Je te conseille leur Latte Caramel, c'est leur spécialité. Avec une montagne de chantilly. Ils ajoutent un filet de caramel en zigzag dessus, mais aussi des petits toppings si tu le souhaites : des cristaux de sucre ou des pépites de caramel... Les omégas adorent ça, tu vas voir, c'est presque un dessert à boire.

Il marque une pause avant d'ajouter avec une légère chaleur dans la voix, comme si l'évocation de la boisson lui faisait déjà envie :

— Je te conseille le Caramel Heaven, leur signature. Fais-moi confiance, c'est un coup de cœur garanti.

Jungkook se fige, ses doigts crispant légèrement la poignée de la porte.

"Les omégas adorent ça ?" Il ravale un grognement, esquissant un sourire forcé. Et en plus, il a l'air d'y prendre plaisir, cet insupportable donneur de leçons.

— Très bien, monsieur.

Jungkook quitte le bureau en silence, mais à l'intérieur, il bouillonne. Park Jimin se croit malin en plus, à avoir appris la carte par cœur alors qu'il veut un americano ?

Il traverse la rue, la fraîcheur matinale lui fouettant légèrement le visage. Coffee Heaven est un coffee lounge, moderne et chaleureux, avec une devanture en bois clair et une grande vitrine fleurie qui laissent entrevoir l'intérieur animé. Le comptoir est garni de pâtisseries fraîches et maison, et l'odeur du café fraîchement moulu flotte dans l'air.

Jungkook remarque le barista bêta derrière le comptoir, un jeune homme souriant qui semble tout droit sorti d'une publicité. Il évite de croiser son regard, bien qu'une partie de lui se demande combien de sourires et de petites phrases charmeuses suffiraient pour décrocher une réduction.

Il commande l'Americano bien corsé et le Latte, observant d'un œil distrait les clients autour de lui. Le caramel préparé avec soin, la chantilly débordant légèrement de la tasse décorée de petites pépites et d'un filet de caramel. C'est dégoûtant à souhait. Si avec ça, il ne s'étouffe pas... Il est sûr qu'il pourrait se retrouver à l'hôpital d 'une overdose de sucre, tellement il n'est pas habitué.

Il semble apprécier, alors sois gentil, le gronde son loup qu'il a envie de faire taire.

Jungkook quitte le café avec un soupir exagéré et traverse la rue à grandes enjambées avec le froid, son regard glissant rapidement sur les passants pressés. Pourtant, une idée germe dans son esprit, une petite étincelle malicieuse qui commence à le faire sourire.

Et s'il se vengeait, juste un peu ?

Ce Latte caramel débordant de sucre et de chantilly est l'image même de ce que Jungkook exècre. Alors, pourquoi ne pas transformer cette première mission matinale en une petite revanche personnelle ? Après tout, il en a assez de jouer les parfaits petits employés et il est là pour ça.

Dans l'ascenseur, il décide d'improviser. Il place le porte-gobelet sur la barre métallique, l'inclinant juste assez pour que le café de Jimin "accidentellement" glisse. Il pousse un petit cri en même temps qu'un haussement d'épaules qui a le don de faire se retourner l'alpha et le bêta présents dans l'ascenseur avec lui. Ils regardent tous les trois le liquide sombre se répandre doucement sur le carton et le sol.

— Oups, fait-il d'une manière si désolée que les autres échangent des regards perplexes, clairement sceptiques devant son ton surjoué et son expression trop dramatique pour être honnête.

Quand il arrive devant le bureau de Jimin, il pousse la porte, feignant un essoufflement et une expression peinée.

— Monsieur... Je suis désolé, souffle-t-il, la voix tremblante de fausse contrition.

Jimin lève les yeux de son écran, un sourcil arqué.

— Je... Dans l'ascenseur, j'ai...

Il désigne le porte-gobelet d'un geste dramatique. L'Americano est vide, un mince filet de café tachant encore le fond du carton.

— Je l'ai fait tomber dans l'ascenseur. Tout est par terre. J'ai honte, j'ai prévenu l'équipe de nettoyage mais du coup... il vous reste le Latte...

Il s'attend à ce que Jimin explose, ou qu'il lui lance un regard glacial.

Mais rien.

À la place, Jimin se penche légèrement lorsque Jungkook se présente devant à quelques centimètres avec l'objet de sa bêtise, récupère le café au caramel et montagne de chantilly intact, et esquisse un visage soucieux en fronçant les sourcils.

— Ce n'est pas grave, dit-il simplement. Je vais prendre ce qui reste.

Jungkook reste figé, les mots coincés dans sa gorge.

— Je suis désolé, ça ne va pas vous plaire du tout. Vous êtes allergique au truc du vin, mais peut-être aussi au sucre, et je ne voudrais pas-

— Allez, retourne au café et prends-toi ce que tu veux. Ça arrive Jungkook, mais fais plus attention la prochaine fois. Car je serai capable de t'ordonner de te mettre à genoux pour nettoyer tes salissures toi-même, lâche Jimin, avec un calme déconcertant. L'équipe de nettoyage a bien d'autres choses à faire.

Jungkook cligne des yeux. Pas de remontrances, pas d'agacement. Juste Jimin, savourant une gorgée de Latte caramel, les yeux fermés, comme si le monde venait de s'arrêter et imaginant Jungkook, le cul en l'air avec la serpillère à la main.

C'est Jimin que Jungkook aimerait mettre à genoux, rage-t-il à l'intérieur tout en ne laissant rien transparaître de son envie passagère de le tuer.

Et c'est là que Jungkook le remarque.

Ce n'est pas le café corsé qui apaise Jimin.

Non.

Non, c'est ce Latte débordant de sucre, de crème et de caramel, que Jimin sirote tranquillement, ses traits légèrement adoucis. Et qui lui vont si bien. Autant que l'odeur qui se répand dans son bureau et surpasse les deux leurs. Et cette fois, ce n'est pas seulement la boisson qui trouble Jungkook, mais les gestes de son patron, inconscients et terriblement captivants.

Jimin tient le gobelet entre ses petits doigts, jouant distraitement avec la paille. Il la fait tourner légèrement, l'effleurant du bout des lèvres avant de l'aspirer doucement. Ses paupières se ferment à moitié, et un soupir discret s'échappe de sa gorge, comme s'il savourait chaque goutte avec une intensité troublante.

Il retire ensuite la paille, du bout des doigts, puis lentement lèche le bout, laissant une traînée de chantilly sur sa lèvre supérieure. Sans y prêter attention, il approche le gobelet de ses lèvres, buvant directement au bord. Mais lorsqu'il se redresse, une fine moustache de chantilly est restée accrochée à son sourire tranquille, le rendant presque... attendrissant. Bordel, c'est inadmissible.

Jungkook ne sait plus où poser ses yeux. Il hésite, son regard vacillant entre le gobelet, les doigts bagués de Jimin qui le tiennent avec une élégance déconcertante, et cette ridicule moustache sucrée qui lui donne un air enfantin.

— Vous... Vous avez de l-la...

Sa voix déraille légèrement - et tant mieux il est un oméga après tout - et il lève une main pour désigner maladroitement ses propres lèvres.

Jimin fronce les sourcils un instant avant de comprendre. Il passe rapidement le bout de sa langue sur sa lèvre, cherchant la trace de chantilly. Jimin se laisse aller devant le plaisir ultime qu'il ressent et se cache la bouche en riant. C'est mignon, c'est la première fois que Jungkook le voit sourire et rire en faisant disparaître ses yeux, et il en a des foutus papillons dans le ventre. Et c'est impossible. Il ne peut pas ressentir ça.

— Oh, merci, dit-il en se reprenant, avec un sourire sincère, essuyant finalement le reste d'un mouvement léger et gracieux.

Mais c'est trop tard. L'image est gravée dans l'esprit de Jungkook, et son loup grogne doucement à l'intérieur, un grondement presque satisfait, comme s'il savourait cet instant.

Nous l'avons fait sourire, c'est la première fois

Jungkook, lui, serre les dents, agacé, luttant contre une chaleur inexplicable qui monte en lui. Park Jimin est en fait un vrai pervers. Soit il sait exactement ce qu'il fait. Soit - et c'est encore pire - il ne s'en rend absolument pas compte. Cette dernière pensée frappe de plein fouet l'alpha-oméga, ajoutant à sa frustration. Comment quelqu'un peut-il ignorer son sex-appeal dans un moment de vulnérabilité pareille, comme si ses gestes n'étaient pas une arme de destruction massive pour son entourage ?

Dans l'ascenseur, sur le chemin du retour au café, Jungkook gronde intérieurement. Il s'est lui-même pris un Americano corsé glacé, exactement comme il les aime et qu'il pourrait boire toute la journée. "Je voulais me venger. Et au final, je lui ai fait plaisir. Génial."

Lorsqu'il revient, Jimin déguste encore son Latte avec une lenteur déconcertante. Jungkook est convaincu qu'il empêche son loup de ronronner, juste pour ne pas éveiller les soupçons. Il est même persuadé que ce genre de café n'est pas une nouveauté pour Jimin. Il doit se commander ça régulièrement, caché des regards d'autres Alphas intransigeants et méprisants de cette entreprise.

Un Alpha doit être fort. Combien de fois Jungkook a entendu cette phrase durant son adolescence. Combien de fois cette image s'est imposée à lui-même. Il est un Alpha dominant, naturellement sûr de lui, n'ayant jamais eu à se forcer pour apprécier l'adrénaline qui court dans ses veines et les sensations fortes dont il a besoin pour apaiser son loup. Mais il sait aussi que certains Alphas, sous leurs façades, cachent une douceur qu'ils ne peuvent montrer.

Est-ce que Jimin fait partie de ceux-là ? Ou est-ce autre chose ?

Jungkook glisse un dernier regard à travers l'entrebâillement de la porte de son bureau. Son loup grogne de nouveau doucement, tiraillé par une envie inexplicable : aller flairer cet Alpha blond, se vautrer dans ce parfum qu'il cache, et lui murmurer qu'il est mignon dans cet instant suspendu. Il se demande même, avec une pointe de curiosité qu'il n'arrive pas à étouffer, si Jimin prend le temps de manger quelque chose au lever avant de venir travailler.

Dorénavant, chaque matin, Jungkook commande un café fort pour lui, et un Latte Caramel chantilly supplément toppings pour Jimin.

Aucun des deux ne commente ce fait. Aucun des deux n'en parle.

Mais ils le savent, à leur manière.

Jungkook refuse de comprendre pourquoi il agit ainsi. Mais chaque fois ces derniers jours, sans même y penser, il ajoute une pâtisserie légère en supplément. Une viennoiserie, un gâteau, parfois un biscuit délicatement emballé qu'il choisit selon la carte du jour. Il dépose le tout sur un joli plateau qu'il a trouvé dans la salle de repos à leur étage, et le pose sur le bureau de son patron sans un mot. Il quitte la pièce après un doux "merci" plus que sincère, laissant Jimin à ses propres pensées et sa dégustation.

Tout au fond de lui, il le ressent.

Le loup de Jimin, ce loup qu'il ne connaît pas encore, mais qu'il sent rôder autour du sien en reconnaissance et dont il se réjouit, savoure silencieusement ces petites attentions.


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So what - Pink

— Bonjour Patron, conférence téléphonique dans trente secondes, fait Jungkook à l'arrivée de Jimin un matin.

— Avec Steve McCarthy, notre bureau de New York, je me souviens, fait Jimin sans un bonjour, en passant devant lui pour aller s'asseoir à son bureau.

— Réunion du personnel à 9h00...

— Tu as appelé cette pouffiasse désagréable, comment s'appelle-t-elle déjà ? Charlène Mercier ! Comme si elle était la seule à Paris à pouvoir nous conseiller en parfumerie.

— J'ai eu sa secrétaire, j'ai essayé de me débrouiller en anglais parce que je n'y connais rien en français et-

— Il va falloir t'y mettre Jungkook ! Prends des cours avec l'entreprise, bon sang ! l'interrompt Jimin avec froideur alors qu'il consulte le rapport hebdomadaire de son assistant sur les dernières news. Comme si elle était la seule à Paris à pouvoir nous conseiller en parfumerie ! Il nous faut quelqu'un de compétent directement à Grasse. Appelle mon contact chez Dior, c'est un ami, il me doit un service. Et repousse la conférence dans deux heures. Dis aussi au service marketing de prévoir un communiqué de presse, je t'en dirai plus tout à l'heure. Je mange ce midi dans mon bureau avec l'un de nos associés et ami Kim Mingyu, et personne ne doit nous déranger. Même pas toi. Le repas est à commander.

Jungkook devient de plus en plus confiant dans son "métier". S'il peut appeler cela ainsi. Il n'y connaissait rien avant d'entrer chez Cha Enterprise, même s'il observait les petites secrétaires de son père ou son frère et le personnel de Jeon Corp. Cela n'a rien à voir avec l'effervescence qu'il vit lui-même. Il y a des matins comme ceux-ci durant lesquels Jungkook a envie de meurtre ou tout simplement laisser son loup hurler à la mort prochaine. Mais il se retient, retient son sourire pervers en imaginant ce qu'il pourrait faire à Park Jimin ou à celui ou celle qui l'a mise dans cet état d'irritation. Il préfère de loin le voir retenir son sourire ou le voir calme. Comme à l'instant lorsqu'il évoque ce... Mingyu ?

Jungkook serre déjà les dents. Jimin mange avec un homme dont il n'a pas encore entendu parler, et en plus il faudrait ne pas les déranger ? Qui est ce connard qui le fait sourire ?

Le brun n'a pas le temps de plus réfléchir et décaler la conférence Call que le téléphone se fait entendre dans le bureau de Jimin. Jungkook décroche pour entendre la voix de Kang Minhyuk.

— Bonjour, bureau de Park Jimin, j'écoute. Oui Minhyuk ? Euh... dans votre bureau ?

Jimin hoche la tête pour lui signifier que tout cela était prévu.

— Absolument...oui.

Jungkook raccroche son téléphone, mais Park Jimin est déjà debout, son regard dur fixé sur la porte. Sans dire un mot, il quitte son bureau, la démarche rapide et déterminée. Jungkook se lève à son tour, ajustant sa chemise en quelques gestes nerveux, avant de le suivre de près. Ils descendent d'un étage, longeant l'open space où des regards curieux et prudents se tournent vers eux. Jimin avance comme une tempête maîtrisée et à deux, Jungkook se sent comme s'ils étaient des rock star avançant devant leurs fans. Ses mots tombent d'un ton bas, presque murmurés, mais assez clairs pour atteindre Jungkook :

— Comporte-toi comme un accessoire.

Jungkook hausse un sourcil, mais ne dit rien. Un accessoire ? C'est bien plus que cela, et Jimin le sait, il ne peut plus se passer de son second. Jungkook commence à être habitué et les autres employés aussi, vu le nombre de réunions ou de déplacements qu'ils font ensemble, comme s'ils étaient l'ombre de l'autre. Il y a cet accord tacite entre eux, dont ni l'un ni l'autre n'ont parlé, la présence imposante de Jungkook à ses côtés et qu'il ne retient pas vraiment - et qui impressionne même si personne n'ose l'avouer - et le charisme de Jimin qui complète leur duo.

— Je ne dirai pas un mot, je sais, marmonne-t-il, sa mâchoire se crispant.

Ils atteignent enfin le bureau de Kang Minhyuk. À peine la porte ouverte, une odeur forte et invasive frappe immédiatement Jungkook. Les phéromones d'alpha saturent l'air, lourdes, agressives, presque suffocantes. Son loup gronde intérieurement, agacé par cette démonstration de dominance inutile.

— Notre roi et son vassal, lance Kang avec un sourire mauvais, accoudé à son bureau. Ou devrais-je dire, les inséparables ? Vous savez, comme ce couple d'oiseaux qui...

— On avait compris, le coupe Jungkook d'un ton glacial, incapable de retenir son intervention.

Kang se redresse, son sourire s'élargissant.

— Grggh, hargneux dès le matin, notre petit oméga ? J'aime ça. Et donc Jimin, je t'ai fait venir-

Jungkook serre les poings, mais un léger mouvement de Jimin, un simple geste de la main, suffit à le calmer. Son patron avance, son regard acéré se posant sur un meuble ancien dans le coin de la pièce.

— C'est nouveau ? le coupe Jimin d'un ton neutre, presque désintéressé, en désignant un meuble bas, d'un léger mouvement de tête.

Jungkook observe silencieusement, son attention divisée entre les mots de Jimin et les phéromones de Kang, toujours omniprésentes. Ces effluves suffocantes, agressives, le rendent mal à l'aise, mais il reste droit, refusant de montrer la moindre faiblesse.

— Oh, ça ? Oui, répond Kang avec un mélange de nonchalance et de fierté, s'approchant du meuble. C'est un authentique cabinet de l'époque Joseon. Une rareté. Je me suis dit qu'un responsable marketing de mon calibre méritait un peu de raffinement. Ça donne de la stature, non ?

Jimin incline légèrement la tête, comme s'il pesait ses mots.

— De la stature, répète-t-il, un sourire glacial effleurant ses lèvres. Non. Ça donne surtout une impression d'encombrement. C'est inutile, et ça prend de la place pour rien. Tu aurais pu investir dans quelque chose de plus... fonctionnel.

Kang ricane, croisant les bras, mais Jungkook capte un instant d'hésitation dans ses mouvements, comme si la remarque de Jimin l'avait touché plus qu'il ne voulait l'admettre.

— Fonctionnel ? C'est un meuble historique, pas un Schtomeul de chez Ikea, rétorque Kang avec une moquerie évidente. Tu n'as vraiment aucun goût, Park.

Jungkook serre un peu plus les poings. Comment ce type osait-il parler à Jimin de cette manière ? Mais son patron, imperturbable, avance d'un pas, croisant les bras avec une élégance froide.

— Le goût, Kang, ce n'est pas de remplir ton bureau de pièces tape-à-l'œil pour compenser autre chose. Peut-être devrais-tu concentrer tes efforts sur ton travail, réplique Jimin calmement.

Jungkook sent son loup vibrer d'approbation. Chaque mot de Jimin est une lame bien placée, et même si Kang ne veut pas le montrer, son aura vacille légèrement.

— D'ailleurs, je ne suis pas venu pour critiquer ta décoration, continue Jimin. Je suis ici pour te demander ta démission.

Un silence lourd s'installe, et Jungkook peut presque entendre le battement accéléré de son propre cœur.

— Ma démission ? s'étrangle Kang, éclatant de rire. Tu rêves. Eunwoo sait très bien à quel point je suis indispensable ici.

Jimin esquisse un sourire, glacial et menaçant, un sourire que Jungkook n'a jamais vu auparavant.

— Indispensable, vraiment ? Dis-moi, Kang, combien de dîners "professionnels" as-tu eus récemment avec des cadres de chez Jeon Corp. ?

Jungkook écarquille légèrement les yeux. Ce n'est pas une simple confrontation. C'est une mise à mort professionnelle. Qu'est-ce que viennent faire les cadres de l'entreprise de son père dans l'histoire ? Aurait-il aussi rencontré Taehyung ? C'est quoi ce bordel ?

Kang se fige, son ricanement s'éteignant aussitôt. Une tension palpable s'installe, et ses phéromones d'alpha saturent davantage l'air.

— Je... je ne vois pas de quoi tu parles, finit-il par balbutier, son ton moins assuré.

Jimin hausse un sourcil, son expression trahissant une exaspération calculée.

— Tu ne vois pas ? répète-t-il, ses mots coupant l'air comme un fouet. Curieux, pourtant. Leur médicament a été annoncé à peine deux semaines avant notre lancement d'Equilibra. Un timing étonnamment précis, surtout pour un produit presque identique à ce que notre équipe développait en interne depuis un an.

Kang serre les dents, ses mâchoires se crispant, mais il feint encore l'indignation.

— Tu insinues que j'ai vendu des informations ? C'est absurde !

Jimin s'avance d'un pas, son ton devenant plus bas, presque menaçant, mais toujours maîtrisé.

— Oh, je ne fais pas qu'insinuer, murmure-t-il, sa voix glaciale. J'ai des preuves. Tes rendez-vous, tes appels, des relevés et mes sources. Je pourrais en parler à Eunwoo, mais je préfère te laisser une porte de sortie digne. Dépose ta démission, et je n'en dirai pas plus.

Kang se redresse brusquement, ses phéromones d'alpha explosant dans l'air comme une vague oppressante. Jungkook, toujours debout près de la porte, redresse les épaules, refusant de le laisser les intimider.

— Tu n'as rien, Park. Tu bluffes ! gronde Kang, sa voix vibrante de colère.

Mais Jimin ne bouge pas d'un millimètre.

— Alors prends le risque, lâche-t-il doucement. Je suis sûr qu'Eunwoo trouvera ça... fascinant. Ou alors cherche un autre job et on dira que tu as démissionné ?

Un silence lourd s'installe, et Jungkook retient son souffle, admirant malgré lui la maîtrise glaciale de son patron. Finalement, Jimin pivote sur ses talons et quitte la pièce sans un mot de plus, son dos droit et fier. Jungkook le suit immédiatement, laissant la porte ouverte derrière lui.

Alors qu'ils avancent dans le couloir, Jimin se penche légèrement vers lui, chuchotant entre ses dents, son visage et son odeur bien trop près de celui de son assistant. Mais même si Jimin n'y fait absolument plus attention depuis la scène des chemises, le loup de Jungkook vacille toujours un peu :

— Qu'est-ce qu'il fait ?

Jungkook jette un rapide coup d'œil derrière lui à travers le bureau vitré, avant de murmurer :

— Il marche derrière son bureau... il n'a pas l'air content. Il arrive, je crois.

Et comme s'il avait invoqué une tempête, la voix venimeuse de Kang retentit, perçant le calme feutré du couloir :

— Toi, espèce de petite salope arrogante... Avec ta mini taille et tes costumes slim, tu ferais mieux de te trouver une vraie utilité au lieu de jouer les tyrans ! Sache qu'on ne me vire pas, moi ! Tu crois que je ne vois pas clair dans ton jeu ? Tu veux me faire porter le chapeau pour te mettre en avant parce que tu penses que je suis une menace pour toi ? J'aurais pu l'avoir, ton poste ! Tu n'es rien d'autre qu'un monstre, Park Jimin !

Jimin s'arrête, ses mains glissant doucement dans ses poches, un sourire presque imperceptible naissant sur ses lèvres. Il se retourne lentement, son expression impassible, mais ses yeux brûlent d'une froide détermination.

— Ça suffit, Kang, lâche-t-il d'un ton tranchant, sa voix résonnant avec une autorité qui fait reculer même les employés les plus curieux de l'open space.

Mais Kang ne s'arrête pas, s'avançant légèrement dans le couloir, ses phéromones d'alpha envahissant à nouveau l'air.

— Parce que tu n'as jamais su à quoi pouvait bien ressembler la vie en dehors de ce bureau ! Tu t'imagines que tu peux tous nous traiter comme ça, alors que je suis hyper sympathique ? Mais au fond, Park, tu n'es qu'un jaloux solitaire. J'éprouve presque de la tristesse pour toi parce qu'il ne te restera rien sur ton lit de mort. Personne pour te pleurer.

Jungkook, qui s'était appuyé sur un bureau adjacent dans l'open space, observe la scène avec un mélange d'exaspération et de curiosité amusée. Il pince légèrement ses lèvres, un sourire en coin apparaissant malgré lui. Cette situation, bien qu'intense, a un aspect presque comique dans sa manière de tourner au ridicule.

— Écoute-moi attentivement, Kang, reprend Jimin avec les yeux pétillants, perçant le brouhaha des employés alentour. Je ne veux pas te virer parce que je me sens menacé par toi. Mais parce que tu es nul, arrogant, dragueur, incompétent, et parce que tu passes plus de temps à tromper ta femme ici qu'à travailler réellement dans ce bureau.

Un murmure choqué parcourt l'open space.

— Et si tu ajoutes un mot, Jungkook te met dans l'ascenseur avec un coup de pied au cul, c'est clair ? Encore un mot de plus, et j'appelle San et l'équipe de sécurité pour te sortir de là au rez-de-chaussée.

Kang semble vaciller sous le poids des mots, ses phéromones s'amenuisant légèrement dans l'air. Mais Jimin n'a pas fini.

— Ah, j'oubliais, continue-t-il, sa voix retrouvant une note de sarcasme mordant. Quand ils te jetteront comme un sac poubelle, Jungkook te filmera avec son téléphone et mettra la vidéo en ligne sur ces applis... comment déjà ?

Jungkook, qui n'a pas perdu une miette de la scène, croise les bras sur son torse et répond avec un aplomb parfait :

— X ? Tiktok ?

— Exactement, acquiesce Jimin en hochant légèrement la tête. C'est ce que tu veux Kang ? Une célébrité instantanée ?

Minkyu ouvre la bouche pour répondre, mais aucun son n'en sort. Il reste figé, ses yeux s'élargissant sous la pression silencieuse de Jimin.

— J'en étais sûr, conclut Jimin avec suffisance, son regard glacial s'attardant une dernière fois sur Kang. Je te laisse. J'ai du travail.

Il se détourne, son dos droit et élégant, avant de s'éloigner avec une grâce que même sa "petite taille", rehaussée par des talons, ne peut diminuer.

Jungkook jette un dernier regard à Kang, qui semble prêt à exploser, puis suit son patron, un sourire amusé flottant sur ses lèvres.

.

Ce n'est que vers midi que Jungkook pense souffler.

Le bruit des chaussures cirées résonne dans le couloir, mais cette fois, une autre présence attire son attention. Kim Mingyu, un alpha au physique de mannequin qu'il n'a encore jamais vu ici, se dirige vers le bureau de Jimin avec une démarche confiante mais nonchalante.

Jungkook le fixe, son regard aiguisé captant chaque détail. Il n'y a ni arrogance ni orgueil dans la manière dont Mingyu se présente. Étonnamment, son parfum, une fragrance chaude et épicée de cannelle, dégage une certaine gentillesse. Pourtant, Jungkook, qui connaît si bien les alphas de son genre, ne peut s'empêcher de penser qu'il cache bien son jeu.

Le sourire de Jimin, lorsqu'il accueille Mingyu, frappe Jungkook de plein fouet. Un sourire qu'il ne lui a jamais vu. Il semble... sincère, peut-être même ravi. Pire encore, Jimin se dandine légèrement en avançant, ses hanches décrivant un mouvement subtil mais visible, alors qu'il replace une mèche de cheveux derrière son oreille. Comme ces omégas qu'on traite de garces lorsqu'iels veulent mettre dans leur filet des alphas comme Jungkook. C'est comme ça que son père et ses oncles les décrivent.

— Mingyu, content que tu sois là, dit Jimin avec une douceur presque déconcertante.

L'alpha lui offre une accolade amicale, mais le geste a l'effet d'une décharge sur Jungkook. Son loup gronde de façon incontrôlable, à cette vue.

Peut-être bien plus fortement qu'il ne l'aurait pensé.

Jimin, refermant doucement la porte derrière eux, capte son regard chargé et lourd, et, bien sûr, ce grognement.

— Ça va aller, Jungkook, dit-il d'un ton apaisant et ferme, ses yeux ancrés dans les siens un bref instant. Ne nous dérange pas avant 13h00. À tout à l'heure.

Il marque une pause avant d'ajouter, presque distraitement :

— N'oublie pas d'aller manger.

La porte se referme, et avec elle, quelque chose éclate en Jungkook. Une frustration brute, animale, irrépressible. Il serre les poings, ses ongles s'enfonçant dans ses paumes, tandis que son loup hurle intérieurement.

Il veut entrer dans ce bureau. Il veut s'imposer, faire comprendre à Jimin qu'il est là, qu'il existe. Que c'est lui, et lui seul qui devrait recevoir ces sourires, ces compliments, ces attentions. Que c'est lui, son assistant, son alpha qui s'inquiète de savoir si Jimin s'alimente correctement, vu le nombre de fois où il a compris que Jimin le faisait mal, de savoir si le soir il ne s'est pas endormi dans son bureau comme il lui est arrivé une fois, de s'inquiéter qu'ils aient bien un parapluie si jamais un orage éclate avant un rendez-vous en extérieur.

Il se mord la lèvre avec force, presque à se faire saigner, essayant de retrouver contenance, mais son loup ne le laisse pas en paix. L'image de Mingyu, cet alpha parfait enfermé dans le bureau de son patron, lui retourne l'estomac.

Une notification pop soudain sur son écran d'ordinateur, tirant Jungkook de ses pensées tumultueuses.

Chaerin (Message interne) : Jungkook, tu dois absolument nous prévenir avant chaque rendez-vous de Monsieur Jimin avec Kim Mingyu ! Il ne faut surtout pas que Félix le croise à son départ dans les couloirs ! C'est son connard d'ex ! Heureusement que ce soir on se voit pour notre soirée omégas, ça lui changera les idées. C'est toujours ok pour toi ?

Toujours ok ? Jungkook se frotte les tempes. Il avait complètement oublié cette soirée qu'il a déjà repoussée deux fois avec des excuses bidons. Foutus omégas, toujours trop gentils et envahissants ! Il voulait simplement rentrer voir son frère et Jennie, dont l'accouchement est dans moins d'un mois, et s'effondrer sur leur canapé avec un verre pour apaiser ses nerfs.

Mais l'idée de Chaerin lui rappelant Félix et sa morsure d'accouplement difficile à cicatriser et ce salop de Mingyu qui rôde actuellement dans le bureau de Jimin le met encore plus en rogne.

Son loup gronde à nouveau, incapable d'accepter que cet alpha puisse rester en tête à tête avec son... quoi, au juste ? Patron ? Son....

Son patron. Dans son esprit, il ne doit être que "son patron".


Car dans son coeur de loup, il en est tout autre.


*₊˚☕୧༉‧₊˚.

Voilà pour ce chapitre que j'aime beaucoup. Dans le prochain, Jungkook va essayer de survivre à cette soirée oméga, j'ai trop hâte. Et promis, bientôt vous en saurez plus sur Jimin, je sais que vous avez hâte aussi 😌

À samedi ❤️!!!!!!!!!!!!!!!!

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