14. Ça dépend, ça dépasse


Starboy - The Weeknd, Daft Punk
Maps - Yeah Yeah Yeahs
Daddy - Sakima, ylxr

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Il ne devait y avoir qu'un chapitre pour mercredi ou samedi soir, mais des scènes se sont rajoutées et sont plus détaillées que prévu, donc j'ai séparé le tout. Je poste donc déjà le chapitre 14 ce soir, et dès que le 15 est fini, il suivra dans la semaine avant samedi !
Je vous préviens d'or et déjà que ces prochains chapitres sont du grand n'importe quoi 😎🤸‍♀️ mais on est là pour ça, n'est-ce pas 😋 ? Bonne lecture à vous 😘


*₊˚☕୧༉‧₊˚.

- Alors, quelles informations m'apportes-tu ?

Le dernier étage du bâtiment Jeon Corp est un sanctuaire de verre, d'acier et de domination. Un bastion de luxe pour un Alpha de grande lignée.

À travers les immenses baies vitrées et le soleil méridien d'hiver, Séoul s'étend comme un empire miniature, reflet parfait du pouvoir que Jeon Suk-Yeol détient. Chaque détail du bureau respire l'autorité : le marbre noir qui tapisse le sol, les imposantes étagères d'acajou regorgeant de dossiers confidentiels, et surtout, l'odeur de cuir et de bois d'ébène du maître des lieux et qui imprègne l'air, rendant l'atmosphère aussi pesante que l'aura de l'homme qui y règne.

Jungkook, en pantalon et chemise cintrée, se tient debout face à l'immense mur de verre donnant sur la ville, le dos droit, le regard neutre. Il refuse de montrer le moindre signe de faiblesse devant son père qui se tient à son bureau. Ils viennent de finir leur rapide repas du midi dans le silence et Jungkook se doute que son père ne l'a pas invité sans contrepartie.

Jeon Suk-Yeol tire lentement sur son cigare, laissant une volute de fumée s'élever paresseusement vers le plafond.

- Donc ?

Pas de préambule. Juste un ordre déguisé en question.

Jungkook tourne son visage et soutient son regard sans ciller.

- Kang Minhyuk a été viré, commence-t-il, sa voix maîtrisée. Mais tu le sais certainement déjà. Ils ont découvert qu'il servait de taupe à une entreprise concurrente. La nôtre.

Son père hoche lentement la tête, un sourire à peine perceptible étirant ses lèvres.

- Tu ne m'apprends rien effectivement.

Il tapote la cendre de son cigare dans un cendrier en cristal.

- Et ton responsable, ce Park Jimin ? Nouveau directeur adjoint... Il marque une pause, scrutant son fils avec attention. D'où sort-il ?

Jungkook sent son loup gronder sourdement. Il déteste la façon dont son père parle de son patron avec ce ton condescendant, comme si lui seul était le tout puissant parmi les chaebols. Comme si Jimin n'était qu'un pion sur un échiquier qu'il fallait capturer, une variable à analyser puis à jeter.

- Il est... méthodique, perspicace et redoutablement efficace, se contente-t-il de répondre. Assez pour repérer une taupe avant qu'elle ne cause trop de dégâts.

Jeon Suk-Yeol souffle une longue bouffée de fumée, un rictus effleurant sa bouche.

- Hm. J'imagine que ce n'est pas un hasard s'il a su détecter cette faiblesse.

Il ne pose pas de questions inutiles. Il calcule, il déduit. Mais Jungkook sait que cette information ne suffit pas. Son père attend plus, une brèche dans laquelle s'engouffrer, un détail sur lequel appuyer pour jauger les forces et les failles de l'entreprise concurrente.

Jungkook croise les bras, comme pour masquer la tension qui monte en lui. Il sait qu'il doit donner quelque chose, assez pour satisfaire Jeon Suk-Yeol, mais pas au point de trahir Jimin.

- Il n'a pas choisi cette place par hasard, reprend-il, mesurant ses mots. C'est un homme qui sait où il va, et surtout, qui sait exactement ce qu'il veut. Ça fait cinq ans qu'il est dans l'entreprise. Il ne laisse aucune information lui échapper.

Son père hoche la tête lentement, analysant ses paroles, attendant une autre révélation.

- Que veux-tu savoir de plus, père ? Euh... leurs ingénieurs et médecins ont développé un service de diagnostic de peau vraiment très poussé. La séance coûtera dans les 100 000 wons, et c'est assez précurseur. Les différents écrans déterminent l'état de ta peau et prévoient l'emplacement des prochaines rides, leur évolution avec des dates précises et-

- Je vois. Nos services prévoient déjà des avancées similaires, mais leur algorithme de projection sur l'évolution de la peau... Ça pourrait leur donner un avantage marketing sur ce segment. Il faudra surveiller ça de près.

Suk-Yeol tapote du bout des doigts le rebord de son bureau en verre, réfléchissant à voix haute. Une lueur calculatrice brille dans son regard acéré.

- As-tu un autre scoop ?

Jungkook inspire lentement, cherchant une information qu'il pourrait livrer sans trop en dire, sans réellement trahir Jimin et l'entreprise. Et surtout pour ne plus avoir à parler de son supérieur. Alors il avoue, à contrecœur :

- Eunwoo est un Alpha... mais j'ai entendu des bruits de couloir, un secret bien gardé qu'il cache. Il serait insensible aux phéromones, ajoute Jungkook, changeant légèrement de sujet. C'est un genre de syndrome, une anomalie génétique qui affecte une infime partie des Alphas. Son système olfactif ne capte pas les phéromones, qu'elles soient oméga ou alpha.

Jeon Suk-Yeol arque un sourcil, intrigué.

- Intéressant. Ce genre d'exception est rare, mais stratégiquement parlant, c'est une immunité précieuse. Il ne peut pas être influencé par les instincts primaires... Ni manipulé par des Omégas en chaleur, ni poussé au rut par un adversaire.

Il tire une longue bouffée de son cigare avant d'expirer lentement la fumée.

- J'imagine que ça en fait un atout redoutable dans les hautes sphères. Un Alpha insensible aux pulsions biologiques... Voilà qui change la donne. C'est finalement un avantage dans un environnement de travail mixte. Et je comprends mieux pourquoi naturellement il se fait apprécier de tous ceux qui gravitent autour de lui.

Jungkook ne commente pas. Il ne sait pas s'il a bien fait de révéler cette information ou si un jour cela affectera l'entreprise dans laquelle il travaille. Son loup à l'intérieur de lui commence à lui en vouloir : Jungkook le reconnaît lui aussi, il commence à apprécier de travailler dans cette entreprise, auprès d'Eunwoo et Jimin, dans cet environnement plutôt sain. En tout cas, bien plus sain qu'ici.

- Bien. Et travailler comme sous-fifre te convient ? Supporter cette humiliation ne te pèse pas trop ?

Jungkook serre les dents, se contenant pour ne pas montrer son agacement.

- Non. Je sais m'imposer.

Un silence s'installe.

- Tu te doutes bien que je te fais suivre. Tu as arrêté de forniquer tous les deux jours avec n'importe qui et, étonnamment, tu sembles être un employé modèle. Tu as changé.

Jungkook relève la tête.

- Tu te plais là-bas.

Il ne répond pas. Il sait que son père n'attend pas de réponse.

- Mais n'oublie pas d'où tu viens et qui tu es, Jungkook.

Son nom claque dans l'air, un rappel, une chaîne invisible autour de son cou.

- Ce travail de larbin n'est qu'une étape, continue Jeon Suk-Yeol en écrasant son cigare dans le cendrier. Tu es un Jeon. Tu es destiné à bien plus grand, tu as cela dans les gènes. Si j'ai été aussi dur avec toi toutes ces années, c'est parce que je sais que tu pouvais endurer. Tu es promis à de grandes choses. Entre ton frère et toi, tu es celui qui me ressemble le plus.

Jungkook garde le silence, peut-être parce qu'il pourrait en vomir.

- D'ailleurs...

Son père se lève, contourne son bureau avec une lenteur calculée.

- J'ai arrangé un rendez-vous pour toi en janvier. La date est posée.

Jungkook fronce les sourcils.

- Un rendez-vous ?

- Avec Hanaé, la cadette héritière du groupe pharmaceutique Lee Enterprise. Elle me rappelle ta mère. Elle est plutôt très jolie tu as de la chance, et bien éduquée, ta sœur t'en avait parlé. Vous vous êtes déjà rencontrés quand vous étiez plus petits. Quoi d'autre ? Elle vient de passer le Suneung. Elle est plus jeune, donc plus malléable. Tu pourras la façonner comme bon te semble.

Jungkook ricane.

- Vous plaisantez père.

Son père lui lance un regard glacial.

- Non.

L'atmosphère se tend encore plus.

- Tu ne peux pas rester célibataire éternellement, Jungkook. Si tu veux accéder aux actionnaires et à la haute direction, tu dois te montrer irréprochable. Et tu sais très bien que le relationnel et l'image valent plus que tout. Un Alpha seul, c'est un Alpha instable. Tu es l'un des héritiers, tu dois te stabiliser et donner une bonne image pour le conglomérat.

- Et si je refuse ?

Jeon Suk-Yeol s'arrête à quelques centimètres de lui. Son regard d'Alpha est perçant, pesant.

- Tu ne refuseras pas.

Jungkook sent son loup se raidir, agité sous l'autorité paternelle. Les phéromones de Jeon Suk-Yeol emplissent la pièce, lourdes et oppressantes, ce mélange de bois d'ébène et de cuir qui cherche à imposer sa dominance. Une odeur qui a bercé son enfance, une empreinte alpha qu'il a appris à supporter sans jamais la contester ouvertement.

Mais son propre parfum, plus brut, plus sauvage, refuse cette soumission instinctive. Le musc et le bois de santal de Jungkook vibrent dans l'air, écho silencieux à son refus de plier. Il ne grogne pas, ne bronche pas. Pourtant, dans cette joute invisible, dans ce choc d'aura, son loup redresse la tête avec défi.

- Tout dépend de toi.

Son père pose une main lourde sur son épaule, un geste qui se veut paternaliste, mais qui ressemble davantage à une mise en garde.

- Il y a des choses que tu ignores encore sur notre empire, mais je t'expliquerai quand tu seras prêt à prouver ta fidélité absolue à notre famille. Montre-moi que tu es un vrai Jeon.

La pression est écrasante.

Jungkook sait qu'il ne pourra pas s'enfuir éternellement.

Mais il peut s'entraîner à affronter.

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Jungkook quitte l'entreprise Jeon, la mâchoire serrée, son loup grondant sourdement sous sa peau, agité par les relents d'autorité alpha qui imprègnent encore son corps. L'odeur persistante du cigare et des phéromones de son père semble s'accrocher à lui comme une marque invisible, un rappel constant de ce qu'il est censé être.

L'air froid de Séoul le frappe en plein visage dès qu'il passe les portes du bâtiment, malgré le soleil agréable, mais cela ne suffit pas à dissiper la tension qui s'accroche à sa poitrine. Il marche sans but précis, suivant les rues animées sans vraiment les voir. Son père a encore réussi à enfoncer ses griffes dans son esprit. Ce travail n'est qu'une étape. Ce rôle d'assistant, une mascarade. Et pourtant, Jungkook sent au plus profond de lui qu'il ne veut pas s'en détacher.

Il finit par s'arrêter, le regard perdu dans le flux incessant des passants. Là, tout ce qu'il aimerait, c'est conduire sa Lamborghini et partir sans but jusqu'à la mer. Peut-être jusqu'à Busan.

Le monde continue de tourner autour de lui, indifférent à ses luttes internes. Pourtant, une certitude s'ancre en lui : il n'a plus envie d'être un simple pion sur l'échiquier des Jeon. Pas quand, pour la première fois, il sent qu'il appartient vraiment à quelque chose.

Un soupir lui échappe alors qu'il jette un coup d'œil à l'heure. Il est déjà en retard après sa pause de midi. Jimin était déjà d'une humeur particulière ce matin, tout comme les précédents jours.

D'un pas plus assuré, il prend la direction de l'entreprise Cha. Et il ne le sait pas encore, mais les journées à venir vont tout compliquer pour eux deux.

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L'air glacé de décembre s'engouffre sous son manteau, mordant sa peau, mais Jimin ne bouge pas devant la vue qui s'offre à lui. Le soleil réchauffe sa peau et illumine un peu sa journée lassante.

Il inspire profondément, laissant le froid lui brûler les poumons comme une punition bien méritée. Il ne sait pas pourquoi il est monté sur le toit de l'entreprise ce midi. Il ne fait jamais cela. Ce n'est pas dans son habitude, pas dans son emploi du temps millimétré.

Et pourtant, le besoin de solitude s'est imposé à lui comme une évidence, comme une urgence. Et puis, c'est assez joli ici. Le père d'Eunwoo avait voulu faire de ce lieu un endroit accueillant et chaleureux pour tous, entre fauteuils de jardin, verdure et plan d'eau japonais avec un shishi-odoshi. Un lieu calme, où l'on peut venir seul ou accompagné, s'asseoir ou regarder la vue.

Il n'a pas faim. Ou peut-être que si. Son corps est en contradiction constante ces trois derniers jours. Il alterne entre des envies irrépressibles de nourriture qu'il s'interdit habituellement pour garder une ligne irréprochable, et des instants où tout l'écœure, où il n'arrive même plus à terminer son Latte du matin. Tout semble lui peser. Sa peau est ultrasensible, tendue sur ses muscles comme un signal d'alerte qu'il refuse d'écouter, il a l'impression d'être gonflé de partout.

Si ce n'était que ça...

Les derniers jours ont été étranges.

Tout le monde le voit comme d'habitude : professionnel, impeccable, intransigeant. Il joue son rôle à la perfection. Et pourtant, à l'intérieur, il sent que quelque chose cloche. Et il n'a qu'une envie, au fur et à mesure que la journée passe, rentrer chez lui et nidifier au chaud. Il est bien dans son univers et se rassure comme il peut. Bien sûr, il n'en parle pas à Yoongi. Il garde cela pour lui, prétextant un état fébrile propre à l'hiver.

Des vagues de fièvre viennent et repartent sans prévenir. Des élans d'énergie presque euphorisants, où il a envie de rire sans raison ou sourire comme un idiot à un truc qu'il trouve mignon, comme si son loup remuait la queue d'un enthousiasme absurde dès que Jungkook s'approche de lui ou qu'il entend sa voix spécialement douce pour lui. Puis, sans crier gare, une mélancolie brutale, comme une main invisible qui l'écrase, l'empêchant de respirer correctement, le convaincant de la présence d'une solitude à combler absolument.

Son loup n'aide pas.

Quelque chose ne va pas

- Non. Tout va bien, se convainc-t-il.

Tu nous mens

Il grogne intérieurement, passe une main lasse dans ses cheveux et s'appuie contre la rambarde du toit. Son regard embrasse la ville en contrebas, l'agitation de Séoul, les voitures qui filent, les passants trop pressés sous les guirlandes lumineuses, même à cette heure-ci, des décorations de Noël.

Les décorations...

Il grimace. Même ici, sur le toit, il en voit clignoter certaines fixées aux fenêtres. Des guirlandes ridicules, des Papas Noël fluorescents... Même Jungkook a osé lui redemander, avec son sourire de lapin et sa fausse innocence, s'il voulait participer à la décoration du sapin de Noël de leur étage - parce qu'il y a un sapin à tous les étages !

Il aurait voulu lui répondre qu'il préférerait encore se brûler la rétine avec une lampe UV qu'avoir cette horreur devant lui. Mais il s'est contenté d'un soupir, d'un regard blasé sur l'open-space et d'un "On dirait qu'un elfe sous ecstasy ou cocaïne a vomi sur tout l'étage !" adressé à Jungkook qui éclata de rire.

Jungkook n'est pas plus amoureux de Noël que lui, mais cette fête a au moins le mérite de réunir sa famille dans un semblant d'amour, autour d'échange de cadeaux et d'un repas chez Taehyung depuis plusieurs années. Peut-être sera-t-il compromis cette année avec l'arrivée imminente du bébé...

Et puis, le loup de Jimin ne le lâche jamais.

Tout le monde aime Noël. Mais pas nous

Tu te souviens pourquoi ?

Il ferme les yeux, son loup grondant doucement sous son crâne. Il ne répond pas. Il n'a pas envie de se souvenir. Il ne se souvient pas. C'est plus simple comme ça.

Un frisson le traverse, le rappelant brusquement à la réalité. Le vent se lève, mordant mais le soleil est là et cela fait du bien, et il se rend compte qu'il est resté là bien trop longtemps. Il sent les prémices d'un mal de tête poindre et décide qu'il est temps de redescendre.

Quelques minutes plus tard, il traverse les couloirs de l'entreprise, la chaleur soudaine du chauffage central le faisant légèrement suffoquer. L'air lui paraît épais, saturé. Ou peut-être est-ce lui qui se sent bizarre. À nouveau.

Son loup s'étire, mécontent.

Tu vas encore faire comme si de rien n'était ?

- Oui ?

Tu vas ignorer ce que tu ressens et ce qui se prépare ?

- Mhm...

Menteur

Jimin entre dans l'ascenseur, ses doigts crispés sur la rambarde. Il n'a pas besoin de ça aujourd'hui. Il n'a pas besoin de penser à quoi que ce soit d'autre qu'au travail.

Le signal sonore retentit. Les portes s'ouvrent.

Et c'est là qu'il croise Jungkook. Déjà là. Et parfait.

Des dossiers sous le bras, un sourire accroché aux lèvres, toujours trop éclatant, toujours trop ensoleillé pour un après-midi d'hiver.

Jimin soupire intérieurement.

Il faut y retourner.

🔗

La journée touche à sa fin, et l'entreprise est en effervescence. Les employés se rassemblent dans la grande salle de conférence, une pièce décorée avec un zèle festif qui frôle l'indigestion visuelle. Les phéromones flottent dans l'air, créant un cocktail olfactif digne d'une ménagerie en rut.

En tout cas, c'est ce que ressent Jimin.

Sacré "Secret Santa". Sacré Santa de merde, oui.

- Chers collègues, annonce Eunwoo avec son merveilleux sourire, ses lunettes cerclées de noir et sa prestance. Bienvenue à notre Secret Santa, un moment unique de partage et de joie qui illustre parfaitement l'esprit ouvert et bienveillant de Cha Industries. Ici, nous croyons fermement que notre force réside dans notre cohésion et notre capacité à créer des liens authentiques, au-delà de nos rôles et de nos responsabilités quotidiennes. Le Secret Santa n'est pas qu'un simple échange de cadeaux. C'est l'occasion de célébrer notre diversité et de montrer que chacun d'entre nous est précieux. En offrant un présent modeste, nous exprimons notre reconnaissance et renforçons notre esprit d'équipe. Aujourd'hui, en partageant ces instants de surprise et d'amitié, cela rappelle que, même dans un environnement exigeant, il est essentiel de prendre le temps d'apprécier nos réussites et de nous soutenir mutuellement. Merci à tous pour votre engagement et votre bonne humeur. Profitez de cet échange, laissez transparaître votre générosité et ensemble, faisons de ce moment une véritable célébration de notre famille Cha Industries. Bonne soirée à tous, et rentrez tous bien chez vous ensuite !

Jimin connaît si bien le discours qu'il aurait pu en citer chaque phrase. Eunwoo lui a demandé de le valider, il n'est pas toujours très bon en prose et demande souvent son aide, avec l'aval de son assistant Hae-In.

Cadeau de merde. Qui a eu l'idée d'amener cette nouvelle tradition dans l'entreprise depuis trois ans ? Jimin n'aurait jamais pu faire ce genre de discours devant tout le monde, mais Eunwoo doit être né pour cela. Avec son sourire légendaire et sa beauté digne d'un autre monde.

Considérant ces festivités comme une torture médiévale modernisée, Jimin s'avance à son tour avec la grâce d'un condamné vers la table des cadeaux. Il attrape celui qui porte son nom et que Chaerin lui montre du doigt : un paquet emballé avec une précision chirurgicale, et il retourne dans son coin en affichant un sourire figé qui se veut avenant.

Ou pas.

En déchirant le papier, il découvre une jolie boîte chic renfermant une broche argentée finement ciselée de faux brillants - qui brillent très fort d'ailleurs. Un accessoire élégant, certes, mais qui semble aussi utile pour un Alpha qu'un parapluie en plein désert. Pourtant, Jimin aime. C'est tout ce qu'il aime en secret. Ce qui brille et ce qui est élégant, qu'il ne peut porter rarement en tant qu'Alpha. Le loup de Jimin a envie de hurler de bonheur, flairant une odeur qu'il ne connaît que trop bien sur l'objet, heureux de bientôt la porter chez lui ou en soirée avec son groupe d'amis.

- Oh monsieur Jimin, c'est trop joli ce que vous avez reçu, fait Chaerin en scrutant la broche. Une étoile de mer en broche. Ce n'est pas le cas bien sûr, mais on dirait de vrais diamants, une très belle imitation Tiffany en tout cas !

Jimin observe l'objet d'un peu plus près alors que Chaerin l'aide à mettre la broche sur le revers de sa veste. Il n'y connaît rien en orfèvrerie et tous les cadeaux échangés ici entre collègues ne devaient pas dépasser les 45 000 wons [30 euros].

Par instinct, il lève les yeux et croise le regard de Jungkook, qui arbore un sourire en coin, comme un chat ayant avalé un canari. Une chaleur inattendue se répand en lui, son loup intérieur remuant, intrigué par cette attention particulière. Les grands yeux de Jungkook s'arrondissent encore plus, il mord sa lèvre où il n'y a plus de piercing, et opine de la tête. C'est donc Jungkook au tirage au sort qui a eu son nom ? Drôle de coïncidence.

Jimin lui est tombé sur l'un des bêta de l'open-space et le cadeau a été moins agréable à trouver, mais il ne s'est pas pris la tête : une écharpe toucher cachemire façon "faux Burberry" et le tour était joué. Et il semble d'ailleurs que le fameux Dae-Ho est sous le charme de son cadeau.

Jimin, quant à lui, murmure de loin un "merci" à l'encontre de son assistant, les joues sûrement rougissantes comme l'ado qu'il n'est pas. Pathétique, tout comme cette journée ou ces derniers jours. Il faut qu'il arrive à se calmer, calmer ses hormones qui jouent avec ses nerfs et calmer ses pulsions - parce que rêver érotiquement de son assistant entre ses cuisses n'était pas au programme à l'entretien d'embauche. Ni accepter un aussi joli cadeau qui le fait briller et vibrer à l'intérieur de lui. Sans vibro, bien sûr.

De son côté, Jungkook ouvre son cadeau et découvre, à sa grande surprise, un coffret des plus insolites... "Une cage de chasteté modèle Safari". Une cage à pénis rose, accompagnée d'un œuf vibro-massant rose lui aussi, clairement étiquetés comme des accessoires sexuels spécialement conçus pour les Omégas. Sur la boîte, une note manuscrite indique : "Amuse-toi bien pendant tes chaleurs mon petit lionceau, je t'imaginerai avec."

Plutôt que de rougir ou de montrer de l'embarras comme l'aurait certainement fait un mâle oméga, Jungkook reste impassible, se redresse même de toute sa hauteur, refusant de donner satisfaction à ce collègue au fantasme et à la plaisanterie douteux. Iel ne sait pas qui il est. Il balaie la salle du regard, tentant d'identifier quel Alpha ou Oméga pervers aurait pu lui offrir un tel présent, mais aucun visage ne trahit quoi que ce soit.

Jimin, ayant remarqué le cadeau de Jungkook, s'approche discrètement de lui. En lisant la note, il sent à nouveau une chaleur sur ses joues, rougissant à la place de Jungkook. Et sans discrétion.

- C'est... intéressant, fait-il en retournant la boîte dans tous les sens alors que ses phéromones s'intensifient sans qu'il n'y fasse attention. Modèle Safari avec une tête de lion, je n'avais pas encore vu ça, c'est un modèle Luxe... Nos deux cadeaux sont originaux !

Jungkook lève les yeux au ciel d'une réflexion aussi absurde. Son patron n'est définitivement pas lui-même depuis leur soirée au restaurant.

- Putain, s'énerve-t-il, ma broche n'a rien à voir avec cette merde. E-et... je ne suis pas une petite salope !

- Je ne sais pas si on peut dire qu'on est nécessairement une salope si on aime ce genre de jouet. Après ça dépend... ?

Jungkook s'immobilise un instant, son regard accrochant immédiatement celui de Jimin. Il s'attendait à une boutade, un air moqueur, mais il n'y a rien de ça. Jimin semble ailleurs, son regard légèrement brumeux, ses phéromones trop présentes, plus épaisses que d'ordinaire et ça ne va pas du tout, Jungkook le sait. Et pourtant, Jimin le fixe. Avec trop d'intensité. Mais c'est qu'il est sérieux ?

Jungkook avale difficilement, son loup gronde sous la peau, perturbé sans savoir pourquoi.

- Ça dépend, ça dépasse ? Mais qu'est-ce que ça change ? lâche-t-il, sa voix plus aiguë qu'il ne l'aurait voulu.

Jimin cligne lentement des yeux, puis esquisse un sourire flou.

- Tout dépend du partenaire et de qui est l'oméga, non ?

Un frisson furtif. Jungkook détourne aussitôt les yeux, une tension inconnue coincée dans sa gorge. Jimin le rend fébrile et c'est bien la première fois qu'il ressent cela avec un oméga tel que lui. La première fois tout court qu'il rencontre un oméga avec tant de charisme et de répondant, avec tout autant de tendresse et de vulnérabilité dissimulées. Il a envie de le protéger autant que Jimin a envie de prendre soin de lui.

Ils savent très bien l'un et l'autre, même sans en avoir parlé, quels sont leurs véritables rôles. Mais jusqu'à quand vont-ils réussir à les tenir sans se faire prendre ? Jusqu'à quand vont-ils se résister ?

Alors il brise le moment d'un ton agacé :

- Non, mais u-une cage à pénis ? Rentrer son engin là-dedans pour empêcher l'érection ? Déesse de la Lune ! Ok, quand c'est consenti ! Mais pendant les chaleurs, qu'est-ce qui est consenti de toute façon par l'oméga qui ne maîtrise plus rien ? Alors, si en plus il ne peut pas jouir, il lui reste quoi ? finit-il par dire en poussant sa langue de sa joue tout en continuant à lorgner ses collègues douteux pour trouver le pervers bdsm, l'habitué masqué des sex-shop de Hongdae.

- Ça me paraît bien trop petit pour toi, non ? répond Jimin fortement avec bien trop de sérieux, sans avoir réfléchi aux questionnements de son assistant.

Bordel.

La conversation dérape.

Il nous a observé, il sait que nous sommes très bien membré pour le satisfaire

Son loup veut hurler à la Lune.

Cette soirée part en couille, totalement. Jungkook ne réagit pas immédiatement, son corps restant figé alors que son regard accroche enfin celui de Jimin, qui, face à l'absence de réponse, daigne enfin le fixer.

Un silence lourd s'installe, étiré, chargé d'une tension presque palpable, alors que tout autour les conversations sont bruyantes. Dans les prunelles de Jimin, l'éclat soudain de la réalisation se mêle à une brève onde de stress, comme s'il venait de mesurer l'ampleur de sa propre question.

- Je....

- Parce que vous avez imaginé ma queue, patron ?

Des perles de sueur apparaissent sur le front de Jimin. Il desserre sa cravate, aurait envie d'ouvrir le col de sa chemise, cherchant désespérément à se rafraîchir.

Jimin cligne des yeux, son loup se fige sous le poids de la question, une onde électrique parcourant sa colonne vertébrale. Il ouvre la bouche pour répondre, mais comme souvent auprès de Jungkook, il est pris au dépourvu. C'est comme si les phéromones saturant l'air et leur extrême proximité, qui d'habitude ne le gênent pas, l'empêchaient de réfléchir correctement, le plongeant dans une torpeur aussi frustrante qu'excitante.

- Je... Je ne voulais pas dire ça, finit-il par murmurer en caressant sa broche, sa voix légèrement rauque sous l'effet du malaise et... d'autre chose.

Jungkook ne détourne pas les yeux, un éclat félin et prédateur dans le regard. Celui qui a choisi le thème Savane ou Safari, peu importe, n'a finalement pas tort sur son compte.

Une tension brûlante s'installe entre eux, un frisson langoureux, intime, qui ne devrait pas avoir sa place ici, au beau milieu de leurs collègues et des rires qui éclatent un peu partout dans la pièce.

Jimin inspire profondément, mais c'est une erreur. L'odeur de l'Alpha s'infiltre en lui, épaisse et enivrante malgré le patch qu'il a mis, il sent tout de lui, une promesse cachée sous des couches de défi et de provocation. Son loup ronronne dans sa poitrine, une envie soudaine et incontrôlable de se rapprocher, de s'agripper, de...

Non. Il doit se ressaisir.

- C'était déplacé, poursuit-il d'une petite voix fautive, tentant de garder une neutralité malgré l'échauffement de son corps.

Jungkook sourit, un rictus amusé qui cache autre chose, une lueur plus sombre, plus affamée. Il joue avec lui, il le sait et se permet toujours plus sans jamais aller trop loin. Il se penche légèrement, juste assez pour que Jimin ressente la chaleur irradiant de lui, et souffle, si bas que seul lui peut l'entendre :

- Mais vous y avez pensé... Et vous avez raison patron, comment voulez-vous que je rentre mon gros baobab là-dedans ?

Le loup de Jimin retient un petit cri d'effroi et ses poumons se bloquent. Un frisson violent le traverse. Son loup veut griffer, s'imposer, mais une autre part de lui veut plier et se soumettre de bien des façons sous ce regard trop intense. Ce n'est pas le moment. Ce n'est pas le lieu. Et pourtant...

- Tu es en train de tester ma patience, Jungkook, murmure-t-il d'une voix plus grondante en se redressant, sans réussir à masquer totalement l'effet qu'il lui fait.

- Je ne ferais jamais ça patron, murmure l'Alpha, l'amusement dans ses prunelles contrastant avec la tension ardente dans ses phéromones.

Ils restent là, immobiles, à se fixer dans une bulle privée que personne d'autre ne semble percevoir. Tout son corps le trahit, chaque muscle tendu vers son assistant, comme si un simple geste de plus pouvait suffire à tout faire basculer.

Un nouveau rire éclate quelque part dans la pièce et, brutalement, Jimin revient à la réalité. Il cligne des yeux, desserre la mâchoire, force ses doigts crispés à se détendre.

- On parlera de ça plus tard, tranche-t-il, sa voix plus ferme qu'il ne l'aurait cru possible.

Jungkook se redresse lentement, comme un prédateur qui accepte de relâcher sa proie.

- Hâte d'y être, répond-il avant de reculer, ses prunelles brûlantes ancrées dans les siennes une dernière seconde. Par contre patron, je n'ai peut-être pas un ouistiti entre les jambes pour ce cadeau pourri, mais faites-moi plaisir, prenez soin de mon bijou.

Et Jimin reste là, le souffle court, caressant la broche a défaut dautre chose, incapable d'oublier qu'encore une fois avec Jungkook, son loup n'a pas voulu dominer. Mais surtout céder.

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La petite fête continue d'être animée, bercée par les discussions légères des employés qui se détendent après une année bien remplie. Jimin observe la scène, les bras croisés, son loup légèrement agité sous sa peau. Avec les tintements de coupes de champagne, l'ambiance est légère, presque insouciante, mais Jimin a beau tenter de se détendre, jouant son rôle de supérieur parfait, son loup est toujours en alerte, incapable d'oublier le poids brûlant du regard de Jungkook sur lui. Il devrait partir et mettre fin à cette mascarade. Il a reçu son cadeau et donné le sien, il est temps de rentrer.

Il devrait garder ses distances, être au-dessus de tout ça. Mais son corps... Son corps le trahit.

D'abord, ce sont ses phéromones qui dérivent, subtiles mais perceptibles pour un Alpha attentif. Puis, il se laisse aller à de petites attitudes qu'il contrôle d'ordinaire à la perfection : une inclinaison de tête trop suave, une posture détendue, des gestes fluides qui le rendent... aguichant.

Il ne devrait pas être contrarié. Et devenir lui-même aguicheur.

Et pourtant.

Son regard ne cesse de dériver vers un coin précis de la pièce : là où Jungkook, son assistant, rit doucement avec un groupe d'Omégas.

Ils sont trop proches. Ils sont trop... souriants. Et surtout, Jungkook leur sourit en retour comme un dragueur, alors qu'il n'en a absolument pas l'allure. C'est comme ça que le loup de Jimin le voit.

Une vague chaude et désagréable grimpe le long de sa colonne vertébrale. Son loup gronde intérieurement, mécontent. Pourquoi est-ce qu'il plante là son patron pour aller papoter avec eux ? Pourquoi est-ce que son odeur Alpha se mélange aux omégas, alors que c'est lui qui était avec Jungkook toute la soirée ? Il n'est pas censé deviner le parfum de Jungkook sous son pansement diabolique, il n'est pas censé le sentir d'ici, mais ses sens et son odorat sont hyperdéveloppés en ce moment.

Son loup le sent même à plusieurs mètres de lui. Mélangé à l'odeur de ses amis omégas qui se dandinent à ses côtés.

Son Alpha discutant avec ses rivaux.

Oh.

Oh......

Est-ce que ce sont vraiment ses pensées ?

Non, bien sûr que le loup de Jungkook n'est pas son Alpha et qu'il n'a rien à lui devoir. Qu'il a le droit de discuter avec d'autres et même de coucher avec d'autres. Il ne doit pas se gêner d'ailleurs... Même si Jimin ne l'a jamais imaginé dans des positions scabreuses. Enfin, si... peut-être quelquefois ? Il penche la tête d'un côté, en même temps qu'il imagine Jungkook dans une position sexuelle explicite quand il fait l'amour avec affection - et pas de la baise. Un 69 ? Le tendre amant ? L'approche du tigre ?L'union de l'éléphant ? Voilà, on en revient encore et toujours à la savane...

C'est stupide.

Jimin le sait et secoue la tête de ses idées salaces.

Il n'a pas son mot à dire sur les fréquentations de son assistant ni sur son activité. Il n'a pas à gronder sur lui ou ronronner dès qu'il lui jette un œil pour savoir s'il est encore là et qu'il devrait partir. Avant la présence de Jungkook dans l'entreprise, Jimin se contentait de l'échange gentillet des cadeaux, de manger trois petits fours et fuir en saluant dignement ses subalternes, prétextant une grosse journée le lendemain.

Ce soir, il lui est impossible de s'en aller.

Une irritation sourde s'infiltre en lui, se transformant en une envie pressante d'attirer l'entière attention de Jungkook.

Son loup en lui veut imposer sa présence, veut attirer son attention. Rien que sur lui. C'est bien sûr égoïste et puéril, mais en ce moment il ne contrôle plus rien. Il le sait et son loup s'en complaît, remuant la queue comme un fou à l'intérieur de lui.

Et son loup veut beaucoup plus. Il veut séduire.

Jimin attrape un petit four sur le buffet d'un geste mécanique, l'effleure du bout des doigts avant de le porter à ses lèvres. Lentement.

Il sait qu'il exagère.

Il sait qu'il se comporte différemment, son corps relâché, sa gestuelle plus fluide, sa tête qui s'incline juste assez pour paraître... accessible. Laissant sa pomme d'Adam exposée mais aussi son cou, son jeu de langue explorer le sucré dans sa bouche, ses lèvres se mordant ensuite. On lui a appris à être séduisant pour un Alpha, à appâter, à faire monter le désir, alors il sait faire. Il pourrait tellement faire plus, ici et maintenant. Et cette fois-ci, c'est lui qui décide, on ne lui ordonne rien, c'en est fini avec ça.

Les phéromones de Jungkook réagissent avant lui.

Soudain, la conversation de l'Alpha s'interrompt.

Jimin sent son regard se poser sur lui. C'est subtil. Furtif.

Mais suffisant. Ses yeux se voilent pour lui, ses iris se rétrécissent et si Jimin y plongeait encore plus, il y verrait du vermillon s'y fondre.

Un sourire minuscule étire les lèvres de Jimin lorsqu'il bouche ses hanches légèrement, sa main se posant subrepticement sur la boucle de sa ceinture, son mouvement à peine perceptible mais délibéré, lorsqu'il lèche un deuxième petit four à la crème d'avocat et caviar.

Il teste. Il joue. Il veut voir jusqu'où il peut pousser Jungkook.

Et il ne tarde pas à avoir sa réponse.

Jungkook traverse la pièce.

Notre Alpha revient à nous

Il arrive à sa hauteur en moins de cinq secondes avec son sourire oméga et ses dents de lapin, ce déhanchement qu'il a développé ici et qui fait de lui l'oméga parfait et délicieux à ses côtés. Et avant que Jimin ne puisse savourer plus longtemps sa petite provocation, une main ferme glisse au creux de son dos, dans le creux de ses reins. Personne ne le voit, le dos de Jimin est tourné vers le mur.

Et il semble même qu'il n'y ait que le loup de Jungkook qui voit et renifle toutes les manigances du loup doré. Et tant mieux.

Un murmure grave glisse à son oreille, vibrant d'une autorité qui le traverse jusqu'aux os.

- C'est vous l'Alpha, Jimin. Ressaisissez-vous. On vous regarde.

Son corps réagit immédiatement.

Il frissonne. Il se fige.

Jimin relève le menton, adoptant un sourire à la limite de l'indécence avec ses yeux qui brillent et le souffle court.

- Je me sens bien, rétorque-t-il, faussement détendu.

Jungkook ne recule pas.

- Non. Je sais que non.

Sa voix gronde dans l'air, basse, implacable.

Jimin plisse les yeux, prenant un malin plaisir à tester les limites. Il se dandine légèrement entre ses doigts chauds dans le bas de son dos, il s'en cambre, il s'en délecte, et son sourire s'étire davantage.

- Ah oui ? Et pourquoi ?

Erreur.

Jungkook n'hésite pas.

Il s'impose.

D'un mouvement assuré, il se penche légèrement vers lui, son torse large frôlant son épaule. Son odeur Alpha se déploie enfin, dense et enivrante, couvrant instantanément celle des Omégas qu'il venait de côtoyer et qui s'accrochait à lui.

Un marquage invisible. Un avertissement silencieux.

Alpha aime nous sentir

Sa main au creux de son dos descend lentement, à peine un effleurement.

- Tiens-toi bien. J'ai besoin de toi pour continuer à faire ici l'oméga mignon. C'est notre deal. J'ai besoin de mon job et toi du tien.

Sa main descend, à peine un effleurement, avant qu'il ne claque discrètement les fesses de son patron oméga.

Bordel.

Jimin sursaute.

Son corps réagit trop vite. Son loup exulte et son odeur oméga s'infiltre en dehors de sa chemise et son patch, mais heureusement, à cette distance, il n'y a que Jungkook qui peut le sentir.

Sa respiration se bloque, et malgré lui, une lueur soumise traverse son visage lorsqu'il croise son regard.

- Et si tu es sage, Sakura, je t'achèterai demain un crunchy cookie avec ton Latte, murmure-t-il à son oreille, sa voix alpha vibrante d'une promesse implicite.

Le corps de Jimin sursaute avec bonheur, son loup veut de nouveau être fessé, et ses yeux s'illuminent, une expression presque enfantine traversant son visage.

- Oh...? C'est vrai ? souffle-t-il, surpris par cette proposition inattendue, aussi inattendue que la fessée.

Soudain, il se redresse, ses épaules s'élargissent.

- Je vais rentrer, je crois, ce sera préférable, souffle-t-il.

Jungkook opine de la tête.

- Voilà qui est raisonnable Alpha Park, ordonne Jungkook. N'oubliez pas de vous couvrir en partant et envoyez-moi un sms quand vous serez arrivé.

Jimin hoche la tête, incapable de mettre des mots sur leur relation inversée et dans laquelle il se vautre, salue son responsable et les quelques autres alphas haut placés qui discutent avec lui et se dirige vers la sortie.

Les conversations reprennent.

Mais pas pour eux deux.

Jungkook ne détourne pas les yeux.

Son regard ne lâche pas Jimin à son départ, analysant chaque détail, chaque nuance dans l'expression de son patron, chaque mouvement de ses muscles sous son pantalon.

Et Jimin le sait. Il sent tout.

Son loup ronronne de satisfaction.

Mais au fond de lui, il y a une autre certitude qui germe.

Jungkook n'a pas fini de le surveiller ou le tester.

Et il ne sait pas encore s'il est prêt à y résister.

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Le lendemain

L'après-midi touche à sa fin, et le bureau de Jimin est étrangement silencieux, alors même que sa porte est restée ouverte à sa demande.

Il n'y a que le bruit du clavier de Jungkook, rythmé, méthodique, alors qu'il reste concentré sur l'écran face à lui. Jimin lui a demandé de rester dans son bureau et travailler sur un ordinateur portable. Jungkook est donc installé, les jambes croisées sur le canapé en cuir taupe et l'outil informatique sur ses genoux.

Trop concentré.

Il fait tout pour éviter de regarder Jimin.

Il souffle intérieurement d'être aussi mal installé pour travailler, mais Jimin l'a tellement supplié de rester à ses côtés, comme une présence indispensable, simplement dans la même pièce sans parler, qu'il ne pouvait pas refuser.

Depuis ce matin, Jungkook s'est pourtant forcé à mettre de la distance. Plus de provocations, plus de remarques à double sens, plus de frôlements. Juste du professionnalisme.

Il le sent bien. Jimin est perturbé.

Et c'est exactement ce qu'il voulait sur le moment hier. Leur relation de travail est plutôt agréable et drôle et ils s'entendent plus que bien. Mais il a réalisé qu'il n'avait peut-être pas bien agi. L'état de Jimin ne semble plus franchement contrôlable et tout ce qu'il espère c'est qu'il ne lui arrive pas ce qu'il pense être que ce soit... Parce que Jimin ne semble pas du tout prendre en compte son état, et ici, dans ces lieux, cela pourrait lui porter vraiment préjudice pour sa carrière.

Alors, il s'est peut-être promis de le surveiller et ne jamais le laisser seul, mais Jimin peut être imprévisible, et ça, il en prend tout à fait conscience. Aucune hormone ou phéromone ne peut empêcher un loup oméga dicté par ses instincts, d'avoir ce qu'il souhaite.

Surtout que maintenant, c'est Jungkook qui lutte.

Parce que depuis une demi-heure, Jimin ne va pas bien.

Au tout début, depuis le restaurant, Jungkook croyait que c'était la fatigue ou un sale virus, mais c'est plus que cela.

Jimin transpire, son souffle est plus court, son loup est agité à l'intérieur. Il a retiré sa veste depuis longtemps, sa chemise collant à sa peau, dessinant les contours de ses muscles avec une indécence qui ne devrait pas être légale. Il n'arrête pas de passer sa main dans ses cheveux blonds qui retombent sur ses tempes, ou de tirer sur le col de sa chemise déjà ouvert. Il invoque un état grippal, le mouchoir à la main, le nez dans ses dossiers.

Jungkook serre les dents, ses doigts se crispant légèrement sur le clavier. Il serre même ses narines pour éviter de respirer le parfum sucré qui émane de son patron, tout en espérant que ses collègues ne le sentent pas.

Il ne veut pas le regarder.

Il ne veut pas réagir.

Sauf que Jimin lève soudainement les bras et défait sa chemise sans prévenir.

Putain.

Le tissu humide glisse le long de sa peau trop lentement, révélant chaque parcelle de chair en sueur sans qu'il ne semble en être conscient.

Il est fébrile. Il sent fort.

Mais son loup, tapi en lui, sait ce qu'il fait.

Jimin se change devant lui, sans gêne apparente, comme si ce n'était rien.

Mais Jungkook sait.

Il voit la tension dans ses épaules, la façon dont il s'attarde un peu trop sur chaque mouvement, dont ses doigts effleurent volontairement la peau de son torse, ou le bout de ses tétons qui pointent comme pour attirer l'attention.

Et bordel, ça marche.

Jungkook serre les mâchoires, sa respiration se faisant plus lourde malgré lui.

Il ne veut pas céder à toutes ses volontés.

Mais ses phéromones trahissent son combat, enveloppant insidieusement l'air autour d'eux.

Jimin se retourne vers lui.

- Baisse le chauffage, murmure-t-il, sa voix rauque.

Jungkook prend une inspiration contrôlée, refusant de croiser son regard.

- Non.

Un silence électrique s'installe.

Jimin cligne des yeux, visiblement surpris par le refus.

- Quoi, non ?

- Le chauffage est réglé sur la température idéale pour vous patron. C'est vous qui avez un problème. Si je baisse, vous allez frissonner de froid.

- Jungkook... Il fait beaucoup trop chaud ici.

L'Alpha se tend.

C'est une supplication. Une demande cachée derrière une excuse rationnelle.

Mais Jimin ne peut pas se permettre d'implorer. Ni de chouiner parce qu'il en serait capable, ou de faire la moue.

Alors, il essaie autre chose.

Il se rapproche.

Lentement.



Qu' a fait l'assistant Jungkook pour "mériter" cela ?


*₊˚☕୧༉‧₊˚.

Promis, la suite arrive rapidement (au maximum dans deux jours ? ), je vous tiens au courant ! J'adore ces chapitres !

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