13. Le voir sourire


I hate the way - Sofia Carson
End of beginning - Djo
I'm sorry - Besomorph

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Le chapitre est plus long que d'habitude, mais je n'ai pas eu le cœur à le couper en deux ! Bonne lecture à vous ❤️

*₊˚☕୧༉‧₊˚.

L'air est suffocant dans l'ascenseur, confiné et silencieux, seulement brisé par le bourdonnement sourd du mécanisme. Les néons froids de l'ascenseur jettent des reflets durs sur les parois de verre poli.

Jungkook, dos à Mingyu, ses mains glissées nonchalamment dans les poches de son pantalon ajusté, darde son regard incandescent sur les boutons de commande de l'ascenseur. Ses pupilles, virant lentement au rouge profond, trahissent la présence brûlante de son loup, prêt à déchirer la mince barrière de contrôle qu'il s'efforce de maintenir.

- Vous allez à quel étage ? demande Jungkook d'une voix basse, trop calme pour être innocente.

Mingyu, surpris, hausse un sourcil avant de répondre d'un ton détaché, ses yeux glissant brièvement sur la silhouette de Jungkook, qu'il reconnaît sans mal. Après tout, difficile d'ignorer l'assistant personnel de Park Jimin, celui qui ne le quitte jamais d'une semelle et dont la présence silencieuse est devenue presque emblématique lors des réunions et événements.

- Je descends au rez-de-chaussée. Je rentre chez moi.

Un sourire fuyant glisse sur les lèvres de Jungkook qui appuie sur 'RDC'.

- Chez vous ? Vraiment ? fait Jungkook en se retournant légèrement, laissant échapper ses phéromones. C'est bien à Nine One Hannam, et vous allez y retrouver votre charmante épouse Yoon Seulbi ?

Mingyu se fige. Ses doigts s'accrochent instinctivement au revers de son manteau de laine sombre, le froissant sous la pression de sa poigne. Un pli nerveux barre son front tandis qu'il tourne légèrement la tête, sans oser affronter pleinement le regard brûlant de Jungkook. Sa mâchoire se contracte, trahissant une tension qu'il tente maladroitement de dissimuler derrière un masque d'indifférence.

- De quoi vous mêlez-vous ? Le petit protégé oméga de Park Jimin, c'est bien ça ?

Jungkook s'éloigne des portes fermées, réduisant la distance entre eux après avoir pressé l'un des boutons pour arrêter l'ascenseur temporairement.

Son aura alpha s'étend, oppressante, emplissant l'espace restreint. L'air devient plus dense, plus lourd maintenant qu'ils ne bougent plus.

- J'aime juste m'assurer que les gens qui gravitent autour de Park Jimin ne sont pas des ordures. Je suis son assistant, je ferai tout pour lui. J'organise son emploi du temps et il n'est pas noté que dans les prochains jours, je doive le ramasser à la petite cuillère. Ou même prévoir un taxi parce qu'il veut se rendre à votre domicile et vérifier que vous êtes bien liés à une oméga qui vous attend sagement à la maison avec son ensemble en dentelle noire pour essayer de raviver la flamme que vous ne voyez même plus.

- Quoi ? crache l'autre avec indignation.

- Vous ne le connaissez pas, il a un cœur en or, il est perfectionniste et déteste l'injustice.

Mingyu ouvre la bouche pour répliquer, mais il n'en a pas le temps.

Jungkook se jette sur lui avec la rapidité d'un prédateur. Son avant-bras s'écrase contre la gorge de Mingyu, le plaquant brutalement contre la paroi froide de l'ascenseur. Le choc résonne dans la cabine, brisant le fragile équilibre de leur échange.

Mingyu tente de se débattre, mais la poigne de Jungkook est implacable. Son visage est à quelques centimètres du sien, ses yeux rougeoyants d'une lueur incendiaire.

- J'ai entendu des choses intéressantes sur toi, Mingyu. Ce que tu as fait à Félix, par exemple. Mordre un oméga pendant l'acte sans qu'il soit consentant, laisser des traces d'un lien censé être sacré... pour ensuite le jeter comme un vulgaire jouet ?

Les pupilles de Mingyu se dilatent.

- C-ce n'était qu'une histoire sans importance, marmonne-t-il apeuré. Je n'ai pas réussi à me retenir, c'est juste ça. Il n'y a jamais rien eu de plus entre nous, il le savait très bien !

- Ferme-la. Tu as perdu le droit de parler quand tu as laissé des marques sur Félix... et sur une autre. Tu n'es rien d'autre qu'un lâche. Tu aimerais qu'on te morde toi aussi jusqu'au sang ? Pour ressentir le manque, la trahison et la détresse ?

Sa voix est basse, grave, vibrante d'une colère à peine contenue, son regard rougeoyant s'enfonçant dans le sien. Le loup en lui gronde, résonnant dans l'étroitesse de l'ascenseur, faisant vibrer l'air et son parfum asphyxiant entre eux, autant que ses phéromones qui assaillent.

Mingyu déglutit difficilement, ses doigts agrippant l'avant-bras de Jungkook, sans parvenir à desserrer l'étau.

- Ne pas réussir à te retenir ? Sans importance ? Comme ce que tu as fait à Seo-Hana, il y a trois ans ? Elle travaille maintenant dans un café à Hongdae, et se retrouve maman solo du bâtard que tu n'as pas reconnu, avec cette cicatrice que tu lui as laissée à elle aussi, et qui ne guérit pas.

Un silence glacé s'abat. Le loup de Jungkook gronde en sourdine, résonnant presque physiquement entre les murs de l'ascenseur. L'odeur de Mingyu change, une pointe d'inquiétude alpha mêlée à l'acide de la terreur. Son visage pâlit brusquement, les traits tendus par une crispation qu'il ne parvient plus à masquer. La couleur quitte ses joues, laissant sa peau blafarde, tandis qu'une veine palpite discrètement à sa tempe. Ses lèvres se pincent, comme s'il tentait de retenir une réponse qui risquerait de le trahir davantage.

- Tu ne sais pas qui je suis, continue Jungkook, mais j'ai mené mon enquête. J'ai des relations qui ouvrent des portes. Et je peux enfoncer celles qui restent fermées.

- Qui es-tu réellement ? murmure Mingyu en faisant des va-et-vient entre ses yeux rouges.

Jungkook ne cille pas, sa voix est un murmure dangereux, légèrement teinté d'un sarcasme glacial, tandis que l'ascenseur repart.

- Je ne suis qu'un assistant, retiens ça. Mais toi... Ce que tu as fait à Félix et à Seo-Hana prouve quel genre de pourriture tu es. Et si tu oses faire la même chose à Jimin, à l'homme particulier qu'il est... si tu le vois comme un simple passe-temps, une distraction de plus... Alors, tu vas mentir. Tu n'iras pas à ce rendez-vous. Tu préféreras qu'il te déteste plutôt que de briser ce qu'il est.

Mingyu déglutit, essayant de reculer sous la pression.

- Et si j'y tiens vraiment ? Si je ressens quelque chose pour lui ?

Un ricanement bref s'échappe des lèvres de Jungkook, alors qu'il se recule enfin de lui, le regardant de haut en bas comme s'il était un vulgaire tas de merde.

- Alors devient un Alpha de valeur. Reconnais cet enfant et donne une pension à sa mère, divorce de ta femme avant de penser à inviter Jimin à dîner. Montre que tu vaux plus que ce que ton passé révèle.

L'ascenseur s'arrête. Les portes s'ouvrent sur le hall d'accueil, baignant la scène d'une lumière crue.

Jungkook ne bouge pas, ses yeux toujours plantés dans ceux de Mingyu.

- Fais le bon choix. Même si je sais très bien que tu ne mettras jamais fin à ton mariage arrangé. Mais si tu touches à Jimin... si tu lui fais du mal... je te retrouverai. Et crois-moi, je ne me contenterai pas de te menacer la prochaine fois, murmure-t-il avant de sortir, laissant Mingyu seul, suffoquant dans l'odeur de sa propre peur.

Quant à l'alpha aux yeux rouges, il sort fumer nonchalamment une cigarette devant l'immeuble de verre, attendant de remonter.

🔗

Un sourire étire ses lèvres.

Jimin espère passer une bonne soirée. Et c'est ce qui va se passer.

Contrastant avec la nuit au-dehors, le hall de l'immeuble est baigné dans une lumière dorée, reflet des décorations de Noël qui envahissent chaque recoin. Un immense sapin trône fièrement, ses branches chargées d'ornements clinquants, d'étoiles scintillantes et de guirlandes trop lumineuses pour ne pas être agressives. Jimin s'arrête un bref instant, son regard dédaigneux détaché sur le spectacle - Il pourrait presque en vomir, tant cette période l'écœure - mais affiche rapidement un sourire sincère envers San, le vigile, quand il le salue de la main pour lui dire au revoir.

Jimin déteste Noël.

Pas pour les raisons qu'on pourrait croire. Il y a des dates comme ça, enfouies quelque part dans sa mémoire, qu'il refuse de laisser remonter. Il préfère les ensevelir sous des couches d'indifférence. Même Jungkook a osé lui demander, avec son sourire de lapin et sa fausse innocence, s'il voulait des décorations dans son bureau lorsque les omégas de l'étage ont sorti les cartons de Noël pour orner le couloir. La simple idée l'a fait grincer des dents. Des guirlandes clignotantes dignes d'une crise d'épilepsie, de tragiques boules aussi vieilles que sa grand-mère qui pendent comme des testicules en détresse et des rennes défraîchis aux yeux plus vides que ceux de certains collègues... Franchement, si ça devait égayer son bureau, autant y foutre un sapin en feu.

Cette année, pourtant, le budget a été revu et validé pour permettre à Lisa, qui s'est portée volontaire, d'acheter quelques décorations plus tendance et "girly", comme elle le dit elle-même, afin d'égayer cette entreprise soi-disant jeune. Et c'est à San et son équipe de sécurité qu'elle a donné des directives pour décorer le grand hall d'entrée, bien plus attrayant à ce jour que les années précédentes, au temps du père d'Eunwoo. Oui, Jimin le reconnaît.

Ce soir, Jimin est déterminé à ce que rien n'ombrage sa soirée. Il s'est changé dans les toilettes de l'entreprise avant de sortir : une chemise en soie blanche, fluide, presque trop douce sur sa peau, contrastant avec son pantalon noir en satin impeccablement taillé et qui s'accorde merveilleusement avec le blond de ses cheveux. Son parfum alpha, artificiel, s'étiole lentement dans l'air, tandis que l'autre, celui qu'il cache, celui qu'il est réellement, ne demande qu'à s'échapper.

Mais il se l'interdit bien sûr.

Personne ne sait qui il est vraiment. Pas dans ce monde où il a bâti son armure de mensonges et de contrôle. Il ignore même comment Mingyu le perçoit : un alpha récessif ? Un dominant qui joue la discrétion ? Peut-être le voit-il comme un mystère à découvrir et c'est aussi grisant. Après tout, qu'est-ce qui attire un alpha chez un autre soi-disant alpha ? Les couples alpha-alpha sont une minorité, mais ils existent bel et bien. Ce n'est pas son odeur, puisque Jimin la dissimule soigneusement. Ce serait bien qu'il ose lui poser la question ce soir.

C'est la première fois qu'on l'invite officiellement au restaurant. Il a baissé sa garde. Il en est presque heureux. On s'intéresse à lui pour autre chose que son sous-genre spécial, sa capacité à enfanter ou l'attraction de la puissance de ses effluves.
Yoongi est au courant, même s'il l'a fortement déconseillé d'accepter. Mais Jimin veut tenter. Il n'y a aucune raison d'avoir peur.

Il veut profiter. Ressentir. Pourquoi n'aurait-il pas, lui aussi, le droit d'avoir un crush ou même une relation durable ? D'expérimenter quelque chose de simple, sans prise de tête ? De se permettre d'avoir une vie sexuelle à partir du moment où il fait confiance ? Il en est capable, n'est-ce pas ?

Il évite de penser à Jungkook. Son assistant. Seulement son assistant. Son loup, ce traître, chouine déjà à l'intérieur de lui, réclamant sa présence qu'il refuse de nommer. Ce n'est pas Mingyu qu'il lui demande. Il refuse même d'aller au restaurant et de se faire beau pour lui. Alors Jimin l'a grondé et lui a demandé de se calmer. Son loup se traîne en lui, la queue entre les jambes de frustration, et Jimin espère qu'il ne lui fera faire aucune bêtise.

Il se concentre sur la soirée. Sur Mingyu. Sur l'idée de ce qui pourrait se passer entre eux.

Le restaurant Jungsik, l'un des neufs restaurants étoilés 2* Michelin de Seoul, est un écrin de verre, de velours et de lumière, raffiné, sans être prétentieux. Il s'assoit à la table réservée par Mingyu, le cœur légèrement plus rapide qu'à l'accoutumée. Il observe les verres parfaitement alignés, les rangées de couverts, la nappe immaculée, la lumière douce qui caresse les murs. La vue imprenable sur le quartier de Gangnam et la ville illuminée.

Il est beau, propre, il s'est préparé pour l'occasion.

Il veut passer une bonne soirée.

Les minutes s'étirent, lentes et silencieuses, rythmées uniquement par le tintement discret des verres et le murmure feutré des conversations alentour, d'un couple d'amoureux qui s'embrassent, une famille discrète avec un bébé tout calme, et un peu plus loin quatre hommes certainement en repas d'affaires.

Jimin fixe l'entrée, puis son téléphone, puis l'entrée à nouveau. Rien. Pas de Mingyu. Juste l'écho d'une attente qui commence à peser un peu trop. Il n'aime pas attendre, mais il est prêt à faire des efforts, il est patient. C'est juste... Il se mord la lèvre inférieure, se demandant si le karma est contre lui, s'il ne mérite pas ce rendez-vous, s'il a mal compris l'heure ou le lieu pourtant réservé. Il tripote la base de l'un des verres à pied, l'un des serveurs lui demande s'il veut boire quelque chose en attendant, il refuse.

Son téléphone vibre soudain, brisant le silence oppressant de son esprit.

《Est-ce que le date se passe bien ?》

Un soupir lui échappe. Il pense à Yoongi. Évidemment. Qui d'autre que son meilleur ami pour vérifier s'il ne finit pas ligoté dans un coffre de voiture ?

Plutôt que de répondre par message, Jimin décroche, portant le téléphone à son oreille, sa voix basse pour ne pas déranger les autres convives.

- Hyung, t'es sérieux ? Quinze minutes de retard et tu paniques déjà ?

Silence à l'autre bout. Puis une voix, familière. Mais pas celle qu'il attendait.

- Hyung ? C'est nouveau, ça.

Jimin se fige. Sa main se crispe légèrement sur le téléphone. Ce n'est pas Yoongi. C'est Jungkook.

Oh.

Mince.

Jimin inspire légèrement, cherchant à reprendre contenance, mais il sait que Jungkook a déjà perçu son trouble à l'autre bout du fil. Il préfère ignorer la façon dont son cœur a raté un battement en réalisant qui lui a écrit.

- Oh. C'est toi, souffle-t-il en baissant d'un ton, comme s'il redoutait d'être entendu.

- Désolé. Vous pensiez que c'était quelqu'un d'autre ? demande Jungkook, amusé, sa voix légèrement essoufflée.

Jimin plisse les yeux, cherchant à masquer sa gêne derrière un soupir avenant.

- Je suis content d'entendre ta voix, ne sois pas désolé. C'est juste que... je suis tout seul et je chuchote pour ne pas déranger les autres convives.

Un silence.

- Oh, s'étonne faussement Jungkook.

Ce que Jimin ne sait pas, c'est que Jungkook, dissimulé sous sa capuche, le voit.

Sur le trottoir d'en face.

Il suffirait de quelques pas, seulement quelques pas.

Diriger nos pas là où notre cœur nous mène.

La large rue les sépare, autant que le bruit des passants même à cette heure-ci, les voitures, les klaxons, le bourdonnement incessant de Séoul qui ne dort jamais.

Jungkook lève les yeux. Ils ne rencontreront pas ceux de l'oméga, bien trop loin, mais il le distingue, assis élégamment à sa table, attendant celui qui ne viendra certainement jamais. Un parfum d'attente et de déception flotte certainement autour de lui, il le devine, invisible pour les autres, mais Jungkook le perçoit presque physiquement. Alors que c'est impossible d'ici.

Son loup grogne.

Il ne devrait pas être seul

Son regard scrute la silhouette impeccable de Jimin, son dos droit malgré la solitude qui pèse sur ses épaules. Il le voit tapoter doucement la table du bout des doigts, les flammes des petites bougies dansant à son rythme, illuminant ses traits délicats.

- Il a sûrement eu autre chose à faire, lâche Jimin d'un ton faussement détaché avec un sourire triste.

Jungkook perçoit l'infime note d'amertume dans sa voix. Il serre légèrement le poing dans la poche de son sweat large, une tension inexplicable lui serrant la poitrine.

- Vous êtes seul ?

- Ça en a tout l'air, oui.

Jungkook fronce les sourcils. Il n'aime pas ça.

Il déteste ça.

Allons le rejoindre

Bien sûr, il n'avouera jamais qu'il habite ce quartier huppé, à quelques pas d'ici, et qu'après le travail il est parti courir rejoindre le fleuve Han, comme il le fait régulièrement. Mais pas trop longtemps, ni trop loin, au cas où Jimin aurait besoin de lui. Au cas où il pourrait, comme maintenant, le regarder à son insu. Ou le surveiller pour savoir si Mingyu le fait pleurer.

- Vous voulez partir ?

- Bientôt, je pense. Je n'ai pas envie de manger seul, et honnêtement... (il pince les lèvres) je ne vais pas te mentir, je suis un peu gêné.

Il sent Jimin vulnérable. Honnête. Il sent l'oméga légèrement désemparé.

Jungkook pourrait sentir son odeur se modifier à distance, une touche de mélancolie qui s'y mêle, légère, subtile. Rien qu'il ne voudrait percevoir sur lui.

Son loup gronde plus fort.

Ça ne devrait pas être comme ça. Ça ne devrait pas sentir comme ça

Jungkook baisse les yeux vers ses baskets, hésite un instant.

- Ce serait dommage de gâcher une si belle table, dit-il enfin.

- Oh ? Tu suggères que je reste ici à contempler l'élégance des couverts ?

Jungkook ricane, mais son regard ne quitte pas l'homme au doux profil blond derrière la vitre.

- Non, je dis juste que vous méritez ce dîner. Ce genre de restaurant, ce n'est pas tous les jours, pas vrai ?

Jimin tique. Ce n'est pas une question anodine. Jungkook l'observe comme un voyeur dans l'ombre, scrutant, analysant, comprenant plus qu'il ne devrait. Il sait que Jimin n'a pas grandi dans l'opulence contrairement à lui. Certains signes, çà et là, lui ont prouvé.

Jimin est toujours impeccable, toujours parfaitement préparé avec goût et luxe. Mais dans les détails, dans la manière dont il évalue chaque dépense, dans sa façon de refuser certaines petites attentions qui semblent naturelles à d'autres... Jungkook a compris.

- Où es-tu ? demande Jimin après une courte pause. Je vous ai peut-être dérangé en vous appelant.

- Pas loin en fait, je courais le long de la rivière. Je suis en jogging, pas du tout présentable, mais je peux passer vous voir...

Une nouvelle onde de phéromones s'échappe de Jimin. Presque imperceptible. Légèrement plus chaude. Plus... douce, il le sent lui-même sur lui. Son loup, jusque-là recroquevillé dans un coin, se redresse.

Il veut venir, il faut l'inviter !

- Oh, oui viens ! Peu importe ta tenue, je serai heureux de te voir, répond Jimin de manière enjouée.

Jungkook sent une chaleur étrange le parcourir. Ce n'est pas grand-chose, juste une invitation banale. Mais quelque part, cela lui plaît plus que ça ne le devrait.

- C'est vous qui invitez ?

- Évidemment, répond Jimin en levant les yeux au ciel.

Jungkook secoue la tête, en souriant comme un idiot. Bien sûr qu'il ne laissera pas faire ça. Même si Jungkook y mange comme au fast food du coin ou comme sa cantine quotidienne, cela reste un restaurant hors de prix, que peu de gens peuvent se permettre.

- Je vous rejoins.

Il raccroche, traverse juste la rue au passage piéton, prend une inspiration profonde avant d'entrer dans le restaurant et monter au premier étage. Dès qu'il passe la porte de l'entrée, le maître d'hôtel le reconnaît immédiatement et s'incline légèrement.

L'odeur feutrée du lieu l'enveloppe instantanément : un mélange délicat de bois ciré, de vin vieilli et d'épices subtiles flottant dans l'air. La lumière tamisée glisse au loin sur les nappes immaculées, reflétant le luxe sobre et maîtrisé du lieu.

Jungkook ajuste machinalement son hoodie, conscient du contraste entre son allure décontractée et l'ambiance raffinée qui l'entoure. Bien qu'il sache pertinemment qu'il n'aura aucun regard de travers sur sa personne. Ils sont tellement habitués à le voir ainsi.

- Bonsoir, Monsieur Jeon. Comment allez-vous depuis la semaine dernière ? Je vous prépare votre table habituelle ?

Jungkook sourit légèrement, observant l'homme devant lui. Moon-Seok, le maître d'hôtel, est un bêta d'âge mûr à la prestance impeccable. Son costume noir est parfaitement taillé, son nœud papillon ajusté avec une précision chirurgicale. Son regard affûté trahit des années d'expérience à côtoyer une clientèle exigeante, et pourtant, il n'affiche qu'un respect courtois teinté d'une familiarité discrète en voyant Jungkook.

- Bonsoir, Moon-Seok. Pas cette fois. Je rejoins un ami ce soir, Park Jimin.

Le maître d'hôtel arque un sourcil, mais ne commente pas.

- Je vais vous installer à sa table dans ce cas.

- Attendez. J'aimerais faire le point avant. L'addition a-t-elle été déjà payée ou non ? Normalement cela devrait être le cas, mais...

- Non, monsieur Kim ne l'avait pas fait.

Bien sûr. Pourquoi Jungkook est-il étonné, alors que Mingyu n'a même pas prévenu qu'il ne venait pas ?

Jungkook grogne à moitié, se laissant emporter par son envie de détruire Mingyu pour de bon ou simplement appeler sa femme pour la prévenir que son mari radin, en plus d'être volage depuis le début de leur mariage, se permet des conneries de ce genre, quitte à laisser payer son invité.

- Oh Jungkook, nous te préparons quoi ce soir ? fait le chef Yim Jung-Sik qui s'approche vers lui pour le saluer et lui faire une accolade.

C'est un ami proche de Taehyung et ils se connaissent depuis le collège.

- Jung-Sik, j'aimerais ne pas être reconnu ce soir. L'addition devra être mise sur mon compte, comme d'habitude. Mon invité ne doit en aucun cas savoir que je paie la soirée, ni même le prix du menu. Prévoyez juste le menu prestige, ainsi que les meilleurs vins, sans vin blanc et si possible avec le moins de sulfites possible. Et si tu peux prévenir les serveurs qui me connaissent. Je dois passer incognito ce soir, une simple soirée avec mon ami sans que mon nom, mon père ou mon statut ne soit évoqué. Je veux qu'il profite du repas.

Jung-Sik esquisse un sourire entendu.

- Bien entendu Jungkook, c'est comme si c'était fait.

- Je vais vous installer à la table de Monsieur Park, suivez-moi, intervient le maître d'hôtel.

Jungkook hoche la tête, passe une main dans ses cheveux légèrement humides en y replaçant sa capuche, souffle un bon coup et s'avance vers la table où Jimin l'attend.

Il ne sait pas pourquoi il fait tout cela.

Mais son loup, lui, sait déjà.

🔗

Jungkook entre dans la salle du restaurant, son regard s'accrochant instinctivement à la silhouette de Jimin, scintillant dans son coin, presque à la manière d'un ange. Assis près de la baie vitrée, Jimin dégage une aura d'élégance délicate, sa chemise de soie blanche soulignant la ligne gracieuse de son cou. Il est beau.

Jungkook s'avance, ses baskets de running émettant un bruit discret sur le sol parfaitement ciré. Il s'arrête devant la table, le masque d'assurance parfaitement en place sous sa capuche, dans son ensemble de sport gris surdimensionné, même pour sa stature musclée.

- Tadam, je suis là, plaisante-t-il avec un sourire en coin.

Jimin le détaille du regard lorsque Jungkook repousse sa capuche avec nonchalance et qu'elle dévoile son visage. Plusieurs anneaux ornent ses oreilles sous la lumière tamisée, et un piercing à la lèvre attire son regard un peu trop longtemps. Il a dû les revêtir en rentrant du travail. Ses cheveux noirs, humides de sueur, tombent en mèches indisciplinées, accentuant sa beauté brute. Il n'a pas l'habitude de le voir ainsi - débarrassé de ses tenues impeccables d'assistant, de son air studieux et maîtrisé. Ce n'est plus le Jungkook en chemise ajustée, cravate tirée au millimètre près à sa demande, mais un homme à l'aura sauvage, trop vivant, trop... séduisant.

Un frisson traverse Jimin, une chaleur sourde remontant le long de sa colonne. Ses narines palpitent, il ne peut pas s'en empêcher, et il inspire, comme si son corps avait besoin de cette drogue.

L'odeur lui frappe les sens, lui transperce le crâne avant de s'infiltrer jusque dans sa chair. Un coup de tonnerre silencieux. Bois de santal, musc, un fond plus brut, animal, l'essence d'un Alpha dans toute sa splendeur. C'est la deuxième fois qu'il le sent ainsi, mais ce soir, privé de la barrière d'un patch, c'est comme un souffle brûlant directement dirigé dans ses veines. Ça pulse, ça l'étouffe et ça l'attire dans un même élan.

Son loup couine, un son grave, bas, presque implorant, alors qu'une vague de phéromones invisibles le frôle et l'enveloppe. C'est involontaire, incontrôlable, et son instinct lui crie de tendre le cou, de se soumettre, de respirer plus profondément.

Jimin serre les dents, lutte contre son propre corps qui veut basculer. Il baisse les yeux, se redresse légèrement sur son siège, agrippe la nappe du bout des doigts. Il ne peut pas faillir. Mais son loup s'accroche à lui, s'agite dans sa cage.

Jungkook, lui, voit tout. Chaque battement de cils un peu plus lent. La façon dont Jimin entrouvre légèrement les lèvres avant de les refermer, comme pris en faute. Le fléchissement minime de ses épaules, la tension dans sa mâchoire. Le rougissement imperceptible de ses joues.

Ses propres instincts grondent. Il se sait puissant, il se sait Alpha, et ce soir, il n'a même pas besoin de le prouver - son odeur parle pour lui sans qu'il ne la gère, imprègne chaque centimètre carré d'air autour d'eux. Mais voir Jimin réagir ainsi, le voir perdre une fraction de son contrôle sous son influence, ça l'électrise d'une manière qu'il n'aurait jamais imaginée.

Son loup hurle de joie à l'intérieur de lui.

Jimin resserre imperceptiblement ses cuisses sans comprendre pourquoi, s'efforçant de reprendre le contrôle de ses pensées. Ce n'est rien. Juste un changement de look. Un assistant hors de son uniforme qui n'a certainement pas de sueur qui coule le long de sa colonne vertébrale, ou qui ne sent pas la transpiration sous ses aisselles imberbes. Son loup couine, il semblerait qu'il ait un kink à vouloir fourrer sa truffe à ces endroits et s'y vautrer. Autant qu'il veut se vautrer dans ses phéromones et son parfum alpha lâché dans l'air sans retenue.

La honte. Il doit sûrement rougir rien qu'en essayant de contrôler les pensées de son loup.

Rien d'important. Calme et sérénité. "Maîtrise-toi" lui dicte-t-il.

Derrière ce visage angélique se cachent des envies diaboliques.

Il se redresse, feignant l'indifférence, lissant du bout des doigts une pliure inexistante sur sa chemise, comme pour repousser l'étrange tension qui s'insinue dans l'air.

- Ça te va bien la tenue de sport, commente-t-il sans réfléchir, juste pour essayer de masquer l'ébullition de son propre loup.

Jungkook finit par s'asseoir. Le serveur en tablier blanc impeccable arrive pour leur donner les menus, son sourire contrastant avec l'atmosphère subtilement nerveuse à la table. Jimin baisse les yeux vers son menu en cuir noir, fronçant les sourcils. Il le feuillette, ses doigts glissant sur la double page, avant de remarquer un détail.

- C'est... normal, ça qu'il n'y ait pas les prix ? Je pensais que c'était seulement pour les repas d'affaires, demande-t-il au jeune homme, la voix un peu plus rauque, en plissant les yeux.

Il tourne le menu vers Jungkook, pointant du doigt l'évidence : aucun prix affiché.

Jungkook hausse les épaules avec une désinvolture presque trop bien jouée. Son loup, lui, rugit de satisfaction, satisfait d'avoir orchestré cette petite manipulation et de le satisfaire. C'est lui qui tient les rênes.

Il retient un sourire.

- Peut-être une attention du restaurant, souffle-t-il, le regard fuyant une fraction de seconde.

Mais son loup, tout comme celui de Jimin, sait que c'est un mensonge. L'odeur subtile de faux-semblant flotte, masquée par le parfum léger de la salle, mais présente, comme une griffure invisible sur la surface lisse de l'air.

Le serveur intervient, poli et détaché.

- L'addition est déjà réglée, messieurs. Voici le menu Prestige, vous pourrez ainsi goûter à tous nos plats.

Jimin plisse davantage les yeux, son loup se hérissant légèrement alors qu'il regarde Jungkook avec étonnement. Il saisit son téléphone, tapote rapidement un message à Mingyu pour le remercier. À peine envoyé, la réponse arrive : brève, trop brève. Un simple "Désolé, j'ai dû annuler. Mais profites-en bien."

Pas d'explication. Aucune excuse véritable. Juste cette distance froide, presque méprisante.

Jimin fixe l'écran un instant de trop, ses doigts crispés sur le téléphone. Son loup gronde doucement, une vibration sourde sous sa peau, un mélange de frustration et d'un sentiment qu'il refuse de nommer. C'est une brûlure subtile, pas violente, mais assez tenace pour s'insinuer dans les fissures qu'il pensait scellées depuis longtemps.

On te l'avait dit

Ses phéromones, d'habitude si soigneusement contenues, vacillent imperceptiblement. Un souffle amer, presque imperceptible, qui trahit ce qu'il tente d'étouffer. Ce n'est pas de la colère. Pas vraiment. C'est ce vide, là, juste sous sa cage thoracique. Ce vide qu'il connaît trop bien.

Un rejet qui pèse plus qu'il ne l'admettrait.

Il inspire profondément, comme pour refouler ce goût désagréable dans sa gorge. Ce n'est qu'un message. Ce n'est qu'un homme parmi tant d'autres. Un de plus qui n'a aucune considération ni attache. Et pourtant, son loup couine faiblement à l'intérieur, blessé d'une manière qu'il n'avait pas anticipée. Parce qu'il l'avait prévenu, il avait essayé de lui dire, mais Jimin n'avait pas écouté. Ce n'était pas qu'un simple rendez-vous pour lui. Il avait laissé cette infime faille s'ouvrir, croyant qu'il pouvait être... peut-être plus qu'une distraction. Même son corps ne doit pas être si attrayant.

Bien sûr que si

Il pensait qu'il lui plaisait. Pas pour ses compétences, pas pour ses façades. Juste lui.

Et ce "Désolé" sec, sans explication, sans chaleur, s'incruste comme une écharde sous la peau. Il pince les lèvres, forçant un sourire qui n'atteint pas ses yeux, essayant de convaincre son loup que ce n'est pas grave. Que ça ne compte pas.

Mais ça compte.

Parce qu'au fond, il se demande encore s'il est suffisant. Si, même derrière ses masques, il y a quelque chose en lui qui mérite d'être choisi. Et cette fois-ci, pas lors d'enchères.

Jungkook observe la scène, ses mâchoires serrées, sa langue pressée contre une canine dans un geste presque animal. Ses dents s'enfoncent légèrement dans la chair tendre de sa lèvre inférieure, non pas par nervosité, mais pour retenir les mots acérés qui menacent de jaillir. Son loup, tapi sous la surface, gronde d'un mécontentement viscéral. Il le sent dans ses os, dans la tension de ses muscles, dans cette envie irrationnelle de bondir, de protéger. De revendiquer.

Mais il se retient. Ce n'est pas son droit.

Il détourne légèrement le regard, jouant distraitement avec la serviette en tissu sur ses genoux, essayant d'étouffer ce grondement interne en pliant le tissu avec une précision ridicule. Chaque fibre de son être hurle pourtant qu'il devrait dire quelque chose. Prévenir. Protéger. Briser la façade de politesse et cracher la vérité à la figure de Jimin : cet homme ne te mérite pas.

Mais il se tait.

Jimin referme son téléphone d'un geste las, inspirant un peu trop fort, une bouffée d'air qui trahit sa frustration contenue. Son regard se perd un instant dans le vide, avant de revenir se fixer sur Jungkook.

- Eh bien, murmure-t-il en relevant les yeux, un sourire crispé au coin des lèvres, au moins, je ne dînerai pas seul.

Son loup souffle avec soulagement, un frémissement presque audible dans la profondeur de son être. Il n'est pas seul.

Il est , c'est lui qu'on veut

Jungkook est là. Et ça, étrangement, c'est tout ce dont il a besoin. Pas de faux semblants, pas de promesses creuses. Juste lui.

Son cœur s'apaise. Ses doigts ne tremblent plus. Il a envie de sourire, de réaliser qu'il se sent plus en paix maintenant. En sécurité.

Comme si chaque infime partie de lui le reconnaissait. Comme si ce qu'ils vivaient ensemble en ce moment n'était pas une première fois.

Jungkook, lui, sent son cœur rater un battement, comme en écho.

C'est étrange, cette sensation.

Ce n'est qu'un simple dîner, sa main sur la nappe face à celle de Jimin, mais pour son loup, c'est bien plus profond. Une connexion, un fil invisible tissé entre eux, resserré un peu plus à chaque regard échangé.

Ce truc qui fait dire que rien ne l'apaise plus en ce monde que de sentir près de lui sa présence.

Ce truc qui fait penser à un lien sans morsure...

- Non, vous ne l'êtes pas, répond Jungkook doucement, sa voix légèrement plus grave, portée par quelque chose de plus profond que des mots.

Il laisse ses yeux s'accrocher à ceux de Jimin, un éclat d'intensité dans le regard, comme une vérité trop lourde à cacher.

- Vous ne l'êtes pas ce soir, et vous ne l'aurez jamais à être. Parce que je suis là maintenant. Ce soir, demain, après-demain... aussi longtemps que vous aurez besoin. Aussi longtemps que vous l'oublierez.

Il marque une pause, le cœur battant un peu trop fort, puis ajoute, sa voix baissant d'un ton, presque un murmure :

- Vous voyez, la beauté d'un ciel étoilé, ce n'est pas qu'il brille pour tout le monde. C'est juste qu'il est là, immuable, même quand personne ne le regarde. Je peux être ce ciel, si vous le permettez.

Jimin reste figé, son regard ancré dans celui de Jungkook, son parfum caché ancré dans celui à l'air libre de Jungkook. Ses phéromones vacillent, un souffle imperceptible dans l'air, trahissant le trouble qu'il tente désespérément de contenir.

Il ouvre la bouche, prêt à répondre, mais aucun mot ne vient. Comment répondre à cela ? À des mots qui semblent plus réels que tout ce qu'il a entendu depuis longtemps ?

Jungkook est si déroutant. Il peut être autant familier que charismatique, il a cette dualité que Jimin commence à déchiffrer, alors qu'il ignore tout de sa vie privée. Il détourne légèrement les yeux, cherchant refuge dans le décor raffiné du restaurant, mais rien n'arrête le battement sourd de son cœur, écho du vide qu'il ne savait même pas ressentir avant cet instant.

- Tu es... un phénomène Jeon Jungkook. Et vraiment doué pour les mots, arrive-t-il à murmurer.

Il pince ses lèvres, tente un sourire, mais ses yeux le trahissent. Il est touché. Plus qu'il ne devrait l'être. Parce que c'est la première fois qu'on lui parle ainsi.

Car à cet instant, plongé dans cet amas de galaxies que sont les yeux sombres de Jungkook, Jimin est certain qu'il pourrait voir briller ses yeux dans toutes les nuits du monde.

Le silence qui suit n'est pas gênant. Il est chargé, dense, rempli de choses non dites, de battements de cœur un peu trop rapides et de phéromones subtilement échappées, mélange d'épices douces et d'odeurs boisées, flottant dans l'air comme un secret partagé.

Son loup, lui, souffle avec soulagement. Il n'est pas seul. Jungkook est là.

Il y a ce lien entre eux qu'il ne peut plus nier et que son loup reconnaît, réclame, chérit comme une évidence gravée dans leur chair. Un fil invisible, un instinct primitif qui le pousse à se rapprocher, à respirer plus profondément, à s'imprégner encore et encore de cette présence qui le trouble autant qu'elle le rassure.

Son loup, tapi dans l'ombre, murmure une vérité qu'il refuse encore d'accepter : Il est là. Il sera toujours là.

- En tout cas, c'est un restaurant étoilé et on va s'en mettre plein le bide, glousse Jungkook avec un clin d'œil pour détendre l'atmosphère.

- Jungkook, ton langage ! ronchonne Jimin avec ce petit sourire qu'il retient et sa dent devant, légèrement de travers qui lui donne un air mignon. J'espère que tu sauras te tenir quand nous serons au séminaire et en voyage d'affaires ?

Tout ce que veut Jungkook, c'est le voir sourire.

Et là, dans ce moment d'entre-deux, il réalise.

Il mourrait pour l'un de ses sourires.

- Quoi patron ? Je serai le meilleur des omégas tout mignons !

Jimin éclate de rire en se cachant de ses petits doigts. Il n'y croit pas une seconde.

- Vraiment ? arrive-t-il à articuler.

- Bien sûr que oui, faites-moi confiance ! Bon, on le commence ce repas ? Il paraît que les bancham en entrée sont à damner.

Les premières bouchées sont une révélation. Jimin ferme brièvement les yeux, savourant la douceur du caviar qui fond sur sa langue, la légère salinité qui s'équilibre parfaitement avec la texture soyeuse.

- Bon sang, murmure-t-il en reposant sa cuillère. C'est...

- À damner, hein ? sourit Jungkook en s'attaquant à une coquille Saint-Jacques délicatement roulée en gimbap.

- Carrément.

Ils mangent en silence quelques instants, appréciant les saveurs qui se succèdent avec une fluidité parfaite, comme les huîtres frites aux algues dans une sauce à l'encre de seiche et à l'anchois ou ce sorbet composé de cornichons marinés et de pommes, permettant de préparer le palais pour l'entrée qui va suivre. La conversation, elle, glisse naturellement sur des anecdotes du travail.

- Vous avez entendu la dernière rumeur ? lance Jungkook en piochant dans la mini brioche toastée au yukhoe mariné à la truffe et au fromage.

Jimin lève un sourcil, curieux.

- Laquelle ?

- Apparemment, il y a une nouvelle liaison secrète dans l'entreprise.

Jimin repose lentement ses baguettes, croisant les bras avec une expression intriguée et sceptique.

- Et qui seraient les heureux élus ?

Jungkook tapote pensivement son menton, feignant une réflexion intense.

- Devinez.

Jimin soupire, roulant des yeux.

- Le grand patron Eunwoo et Hae-In ?

Jungkook se mord les lèvres. Alors, il n'y a pas que lui qui a remarqué leur jeu de regards ?

- Trop évident. Et je ne suis pas sûr que l'un des deux arrive un jour à se déclarer sans percer leur timidité et les convenances sociales.

- Hm... alors Lisa et Bradley ? essaie le plus âgé.

Jungkook éclate de rire.

- Lisa vendrait la mèche en un après-midi, mais elle n'est pas pressée, et en plus, je pense qu'elle vise plus haut. Niveau statut de l'alpha de ses rêves.

- Bon, alors crache le morceau, grogne Jimin en mordant dans son naengmyeon à la truffe.

Jungkook se penche légèrement vers lui, comme s'il s'apprêtait à dévoiler un secret d'État.

- Le vieux Jiho... et l'assistante du service informatique du deuxième étage.

Jimin s'immobilise. Son cerveau met une seconde de trop à assimiler l'information.

- Jiho... Han Jiho ?

- Le même.

- Et... Nari ? Nari, la copine de....

Jungkook hoche la tête, un sourire en coin.

- De "la moche" oui. Les deux vieilles filles qui sont toujours fourrées ensemble. Et à mon avis, ce n'est pas le genre à avoir vu beaucoup le loup dans sa vie. Et lui non plus. Au moins ils se sont bien trouvés...

- C'est bien celle qui a balancé son café sur Jiho en pleine réunion le mois dernier ?

- Celle-là même.

Jimin cligne des yeux, abasourdi.

- Mais... il pourrait être son père.

- Ah, mais apparemment c'est le coup de foudre, murmure Jungkook en haussant un sourcil suggestif. Et ça parle bague au doigt et mariage dans peu de temps...

Jimin manque de s'étouffer avec une gorgée d'eau, toussant légèrement avant de lever une main exaspérée.

- Tu es pire qu'un commérage d'open-space, Jeon.

Jungkook hausse innocemment les épaules, son sourire s'élargissant.

- Je préfère dire que j'ai mes entrées partout.

Jimin lève les yeux au ciel, incapable de réprimer un sourire amusé.

Ils continuent de manger dans une ambiance légère, les plats s'enchaînant avec une fluidité parfaite. Jimin découvre certains mets et il est certain qu'il n'arrivera pas à tout finir avant la fin du repas, lui qui n'a pas l'habitude de manger autant de choses différentes. Il découvre aussi un Jungkook détendu, loin du rôle qu'il joue en entreprise, et cela le perturbe presque. Il l'observe discrètement, et plus le repas avance, plus il réalise qu'il ne sait presque rien de lui.

À ce moment-là, le serveur approche de nouveau pour leur proposer l'association des vins. Jungkook, jusque-là détendu, redresse légèrement son dos, retrouvant un maintien impeccable. Ses phéromones se stabilisent instinctivement, prenant un ton plus profond, plus affirmé.

- Quel type de vin souhaitez-vous, messieurs cette fois-ci ? Nous pouvons continuer à servir au verre.

- Oui je sais, merci ! répond-il sans réfléchir avant de croiser les yeux surpris de Jimin. Enfin, je veux dire...je me doute, c'est comme ça dans tous les restos de bourges. Donc...

Jungkook survole la carte, posant ses avant-bras sur la table avec une aisance naturelle.

- Deux verres de Château Margaux 2010. Servez-le frais, mais pas trop. Et pour Monsieur Park, juste un fond.

Le serveur incline légèrement la tête.

- Un excellent choix.

Jimin papillonne des yeux, légèrement pris de court. Il sait reconnaître un grand cru juste par sa date, pour le reste, il est ignorant, mais il sait surtout qu'on ne choisit pas un vin au hasard.

- Tu t'y connais bien j'ai l'impression, commente-t-il, observant Jungkook avec un soupçon de curiosité.

- J'ai grandi avec un père amateur de grands vins, explique Jungkook en haussant légèrement les épaules. Il m'a appris à les apprécier.

Bien sûr, il ne dira pas que son père a une cave digne d'un château. Mais qu'en dehors de cette passion commune, ils n'ont franchement pas partagé grand-chose.

Jimin croise ses bras, l'observant en silence, n'ayant pas besoin d'en savoir plus.

Ce n'est pas qu'une question de goût.

Il y a une prestance naturelle dans la façon de parler de Jeon Jungkook, une aisance qui dépasse celle d'un simple amateur de bon vin. Même vêtu d'un simple jogging, il dégage quelque chose d'inexplicable, une sorte d'autorité innée qui force le respect.

Un Alpha d'élite.

Un loup forgé pour diriger.

Et que se passera-t-il quand Jimin découvrira la vérité ?


Les plats s'enchaînent : caviar fondant, coquilles Saint-Jacques façon gimbap, choix du couteau à steak pour savourer le bœuf exceptionnel, aubergines marinées et champignons pimentés. Jungkook commande le vin avec une autorité naturelle, expliquant à un deuxième serveur, japonais, et dans sa langue, de servir Jimin avec légèreté. Jimin l'observe, impressionné.

- Et en plus tu parles parfaitement le japonais ? Tu m'épates ce soir.

Jungkook esquisse un sourire, il ne voulait pas se vendre autant ce soir, mais ses instincts naturels reviennent vite au galop.

- J'apprends vite.

C'est toujours mieux que de dire que la gouvernante de la maison familiale était américano-japonaise et que son père lui demandait de parler à ses fils dans ses deux langues.

- Alors, vous devriez améliorer votre français et votre espagnol pour nos dossiers internationaux !

Ils rient ensemble, la conversation glissant sur des sujets plus légers. Jimin avoue avoir regardé la vidéo TikTok du challenge de Jungkook, les bras croisés, un sourcil levé, feignant l'indifférence. Mais son loup, lui, trahit son intérêt, curieux, frémissant sous sa peau.

Jungkook se fige une seconde avant d'éclater de rire, son odeur alpha vibrant autour d'eux, chaude et enveloppante, comme un instinct de fierté qui pulse dans l'air.

- Alors, qu'en avez-vous pensé, patron ? Vous me trouvez comment ?

Jimin pince les lèvres, mais son regard le trahit. Son loup a adoré.

- Tu danses bien.

- On devrait en faire une ensemble.

Jimin secoue la tête.

- Je n'ai pas trop l'habitude de tout ça et même des dernières chansons à la mode.

- Vous ne sortiez pas en boîte quand vous étiez plus jeune ?

- Je n'ai pas eu ce qu'on peut appeler une adolescence dans la norme...

Un parfum aigri flotte un instant entre eux, une ombre imperceptible qui assombrit le regard de Jimin. Ses doigts glissent distraitement sur la nappe immaculée, traçant des motifs invisibles, comme pour occuper ses mains et éloigner les souvenirs.

Jungkook perçoit le changement subtil dans son expression, dans la tension à peine perceptible de ses épaules. Son loup, lui, se tend aussi, curieux et frustré, sentant qu'il y a là quelque chose de plus profond, quelque chose qu'il ne comprend pas encore.

- Oh... parents hyper-rigides ? tente Jungkook, sa voix légère, mais son regard attentif.

Jimin esquisse un sourire sans joie, un de ces sourires qui ne touchent pas ses yeux.

- On peut dire ça comme ça.

Le regard de Jungkook se fait plus doux, son parfum s'épanouissant dans l'air comme une caresse invisible. Bois de santal et musc, une senteur profonde, rassurante, enveloppante. Une chaleur instinctive qui glisse sous la peau de Jimin, qui s'insinue là où il ne devrait pas, qui réchauffe quelque chose qu'il ne veut pas nommer.

- Alors, je vous montrerai, murmure Jungkook, un éclat de malice dans les yeux, comme une promesse légère portée par la nuit.

Le dessert arrive, déposé délicatement sur la table. Le célèbre dessert dolhareubang, succès du restaurant, est inspiré des statues de pierre typique de l'île de Jeju : la douceur d'un biscuit aux saveurs de sésame équilibrée par une belle mousse onctueuse au thé vert et une glace au lait.

Mais ce n'est pas le sucre qui laisse un goût addictif sur leurs lèvres. C'est la douceur de cet instant, la fluidité de leurs échanges, l'aisance avec laquelle les barrières tombent, une à une.

Jimin ose dire qu'il aimerait défaire davantage sa ceinture, mais qu'elle l'est déjà et Jungkook lui répond que dans ce cas il devrait enlever son pantalon et son caleçon. Jimin rit aux blagues de Jungkook, à ses taquineries, à son rire, plus sincère qu'il ne l'a été depuis longtemps. Ses joues, déjà réchauffées par l'alcool, s'empourprent davantage sous l'effet du vin et des regards qu'ils échangent.

Jungkook, absorbé, fasciné, laisse échapper un murmure.

- J'aime vous voir sourire.

Jimin s'immobilise, son souffle suspendu une fraction de seconde. Il rougit davantage, incapable de répondre autrement que par un regard fuyant, cherchant refuge dans la surface lisse de son assiette. Mais il ne peut pas fuir l'émotion qui danse dans l'air, qui s'entrelace avec leurs phéromones, qui fait frémir son loup.

S'ils étaient observés de l'extérieur, derrière la vitre embuée du restaurant, sans que leurs voix ne traversent la barrière du verre, on pourrait croire à un rendez-vous parfait. À l'instant figé d'un premier date, d'une rencontre entre deux hommes qui apprennent à se connaître.

C'est beau. C'est doux. C'est presque romantique.

Leurs gestes, lents, harmonieux, leurs sourires échangés comme des secrets silencieux, la lumière douce qui se reflète dans leurs pupilles. Jimin qui baisse les yeux, feignant l'indifférence, Jungkook, au contraire, qui ne lâche jamais son regard et s'impose avec douceur, mène la conversation, l'observe avec ce quelque chose d'inexplicable dans les yeux. Leurs pieds qui se frôlent parfois sous la table, sans préméditation, sans intention mal placée, juste une danse instinctive, une attirance inconsciente. Rien de calculé, rien de réfléchi.

Leurs loups, eux, ne s'embarrassent pas d'excuses ou de faux-semblants. Ils sentent. Ils savent.

Dans l'ombre de leur conscience, deux âmes animales s'observent, se jaugent, s'apprivoisent. L'un, doré et patient, le museau levé comme pour capter cette présence qui l'apaise. L'autre, noir et fier, veillant en silence, curieux et possessif.

Leurs battements de cœur s'accordent au rythme feutré du restaurant. Leur langage est silencieux, imperceptible à ceux qui ne peuvent entendre la façon dont leurs instincts s'appellent. Ce n'est qu'un dîner, une soirée comme une autre. Mais sous la table, leurs corps le contredisent.

Jimin s'humecte les lèvres, sent son loup se détendre dans son ombre, bercé par cette fausse tranquillité. C'est ce qu'il voulait, ce dont il avait besoin pour sa soirée.

Un moment hors du temps. Une illusion parfaite.

Il n'y aura rien à la clé.

Et pourtant, il ne sait pas comment il pourra lui dire que c'était exactement ce qu'il lui fallait. Ce dont il avait besoin.

- Votre loup est doré, non ? finit par dire Jungkook alors qu'ils finissent leur café.

Jimin acquiesce, le regard voilé. Alors, Jungkook l'avait entendu quand il lui avait dit, lors de ce fameux câlin... sur son bureau ?

- Mhm... fait Jimin en rougissant. Ça fait longtemps que je ne l'ai pas laissé courir d'ailleurs. Ça me manque...

- Vous aviez l'habitude ?

- Pas vraiment, mais une fois qu'on y a goûté, on apprécie la liberté, on est libre partout. Enfin je dis ça quand on est en extérieur, loin de la ville.

Jungkook sourit doucement.

- On aura peut-être l'occasion un jour de les faire courir ensemble. Parce que moi... je ne me souviens pas de la dernière fois; Mon loup noir fera la course avec le vôtre, c'est obligé ! Je ne sais... j'ai l'impression d'avoir déjà vécu ça...

Jimin l'observe avec ce regard impénétrable, laissant vaquer un silence qui s'installe. Jusqu'à ce qu'il le brise enfin :

- C'est pour cela que tu t'entraines en ville le long de la rivière ?

Jungkook éclate de rire. Il aime cette ambiance, il aime la douceur de leurs conversations et leurs regards échangés, leurs sourires entrecoupés de taquineries légères, comme si le temps avait suspendu ses griffes. Il aimerait poser sa paume sur sa main, mais ne se permettra pas.

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Alors qu'ils quittent leur table et le restaurant, l'air nocturne de Séoul caresse doucement leur peau, chargé d'humidité hivernale et du murmure lointain de la ville qui ne dort jamais.

Jimin relâche légèrement ses épaules, appréciant la fraîcheur qui contraste avec la chaleur du restaurant, tandis que Jungkook prend le temps de remercier le personnel dans l'entrée. L'esprit encore flottant entre le vin et cette étrange sensation de bien-être qu'il s'autorise à ressentir pour une fois, Jimin se sent bien.

Et puis, il le sent.

Ou croit le sentir.

Le parfum d'une silhouette imposante Alpha, d'un certain âge, emmitouflé sous un manteau d'hiver, une fragrance qui lui glace le sang, à côté d'une femme alpha dont il tient la main, son épouse certainement. L'une de ces ombres d'un passé laissé derrière lui. C'est la deuxième fois qu'il recroise un client, même s'il y en a eu très peu avant qu'il ne réussisse à fuir - ceux qui faisaient partis du Joyau Impérial n'étaient réservés qu'à l'élite. Mais dans ces cas-là, il rase les murs alors que le temps ralentit insidieusement en lui.

Foutue phénoménale mémoire olfactive.

Son souffle se coince dans sa gorge, et avant même de pouvoir réfléchir, il agit.

Ses doigts se referment autour de ceux de Jungkook alors que le couple s'avance vers eux pour entrer dans le restaurant à leur tour.

Un contact brûlant, électrique. Sa paume trouve la sienne, l'épouse avec une facilité déconcertante. Il serre. Fort. Comme si ce simple geste pouvait le camoufler, l'effacer. Effacer sa présence, diffuser le souffle qu'il retient dans sa cage thoracique. Comme si le parfum de l'Alpha de Jungkook pouvait masquer le sien, montrant qu'il lui appartient.

Jungkook se fige à son tour, son regard cherchant instinctivement une menace. Il n'y a que Jimin et ce couple qui passe, tels des fantômes aux phéromones Alpha. Pourtant, il y a Jimin et cette pression fébrile autour de sa main, cette tension dans ses épaules, cette respiration plus courte qu'il reconnaît maintenant. Un frisson remonte le long de son bras, se répand dans son loup qui réagit aussitôt, grondant dans sa poitrine, prêt à rugir s'il le faut, gonflant son parfum dans l'air autour d'eux.

Mais Jimin ne dit rien.

Jungkook ne pose pas de question.

Il serre simplement en retour, ses phéromones instinctivement relâchées, imposantes, protectrices, s'enroulant autour de Jimin comme un bouclier invisible. Comme pour lui dire "je suis là".

L'air devient plus dense, plus lourd.

Et dans ce contact, une chose change. Une chose qu'aucun des deux ne peut nommer sur l'instant.

Un battement plus fort.

Un vertige partagé.

Un feu diffus sous la peau de Jimin, une sensation trop profonde, trop sourde, trop intime pour être ignorée. Son loup inspire lentement, comme s'il se gorgeait d'un oxygène nouveau, d'une essence rare, précieuse, enivrante qui s'infiltre en lui. De sa drogue. Une chaleur insidieuse se propage dans ses veines, jusqu'à ses reins et son entrejambe, un frisson qu'il ne contrôle pas. Quelque chose d'inévitable.

Et son corps, lui, réagit.

Dans le secret de son être, une chaleur moite s'installe entre ses cuisses, rampante, irrépressible. La nappe se forme près de son entrée, s'agglutine avant qu'il ne la retienne, un appel instinctif et primal que son esprit refuse de comprendre, mais que son loup souhaite déjà avec une évidence troublante.

Pas maintenant.

Pas ici.

Son loup ne couine pas. Il s'épanouit. Il vibre sous l'appel silencieux de celui qui lui fait face. Il sait. Il a toujours su. Il entend même les battements de cœur de Jungkook qui s'accélèrent eux aussi.

Jimin rouvre les yeux. La silhouette de son passé a disparu en même temps que ce parfum qu'il avait déjà eu sur sa peau. Et tant mieux, il l'a déjà oublié. C'est l'odeur de Jungkook qui le métamorphose.

Son cœur bat fort.

Mais sa main... sa main est toujours là, dans celle de Jungkook.

Et il n'arrive pas à la lâcher.

Mais, alors que Jimin s'apprête à monter dans la voiture Uber que Jungkook a commandée pour lui, une vague subtile de chaleur en lui le frappe. Son cœur s'emballe. Sa peau picote. Un étau invisible se referme sur sa poitrine.

Jungkook le remarque immédiatement. L'odeur de Jimin change, ce n'est plus seulement cette fragrance contrôlée. Un parfum sucré, entêtant, perce à travers le patch. Pop-corn caramélisé. Fleurs de cerisier. Un mélange qui frappe Jungkook de plein fouet, comme une lame invisible et qui repart aussitôt.

Sa gorge se serre, ses pupilles se dilatent. Jungkook essaie de garder contenance.

- ...Jimin ? Vous allez bien ?

Jimin chancelle légèrement, son regard se brouille un instant. Il sent sa température monter en flèche puis redescendre immédiatement. Il serre la poignée de la portière, comme si elle pouvait le rattacher à la réalité. Il secoue la tête. Ce n'est rien.

- Je... je vais bien, répond-il d'une voix rauque. C'est l'hiver et... tu me l'avais déjà dit, je ne me couvre pas assez. J'ai attrapé froid, je vais prendre un doliprane avant de me coucher. Il nous reste une dizaine de jours avant les vacances de Noël, je vais tenir le coup !

Jungkook opine de la tête, en accord avec Jimin qui semble complètement convaincu de ses propres dires.

- Bonne nuit, je vais y aller ! reprend Jimin joyeusement.

- Bonne nuit Jimin. À demain.

La porte se referme en même temps que cette distance entre eux qui n'a jamais semblé aussi trouble, emportant avec elle une vérité qu'aucun des deux n'est prêt à affronter.

Emportant cette question qu'aucun d'eux n'osera poser.




La nuit porte conseil, mais quand Jimin sommeillera, ses rêves seront remplis d'impossibles envies.

Et peut-être que Jungkook, lui, n'arrivera pas à trouver le sommeil.


*₊˚☕୧༉‧₊˚.

Voilà pour ce chapitre 13. Qu'en avez-vous pensé ? J'ai hâte des deux, voir trois, prochains chapitres et d'un peu plus d'action, mais je ne vous en dis pas plus...

Je vous dis à samedi prochain, mais comme je suis en congé, ce sera peut-être mercredi (tout dépendra de mon avancée dans l'écriture d'un bonus pour une autre histoire), je vous tiendrai au courant.

Bon week-end à vous ❤️

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