8
25 mars
J'ai couru sous la pluie battante, et me suis engouffré dans le centre commercial. J'ai secoué la tête et des milliers de gouttes de pluie perdues dans mes cheveux ont voleté autour de moi. Je détestais les giboulées de mars : c'était le mois du printemps, de la renaissance, des fleurs, et il pouvait pleuvoir à tout moment. Pourtant, le ciel était encore clair, il n'était que trois heures de l'après-midi.
Je suis entré dans le magasin de jouets, puis j'ai flâné dans les rayons, à la recherche de Diane.
"Je peux vous aider ?"
Je me suis tourné vers une dame, petite et brune, qui portait le t-shirt du magasin. Ça faisait une bonne demi-heure en effet que je marchais sans but précis dans son magasin et elle avait dû le remarquer.
"Eh bien, je cherche une de vos collègues. Elle s'appelle Diane."
Je me suis rendu compte que je ne connaissais pas son nom de famille. Pourtant, j'avais regardé des milliers de fois son compte Facebook.
"Oh, Diane. Elle ne travaille pas les derniers vendredis du mois."
"Ah, je ne savais pas... Merci."
Puis dix minutes plus tard, je me retrouvais devant la porte verte de son immeuble, dont le rez-de-chaussée était une boutique de vêtements hors de prix. J'ai sonné au numéro d'appartement de Diane - le cinq, j'avais retenu - et ça a sonné deux fois avant qu'on ne me réponde.
"Oui ?" a fait une voix masculine.
J'ai froncé les sourcils.
"Euh, je suis bien à l'appartement de Diane ?"
"Oui, c'est ça. Qu'est-ce que vous lui voulez ?"
Un homme était chez elle. Chez Diane. Chez ma Diane.
"Je... je voulais simplement la voir, mais si elle est occupée..."
"Vous êtes ?"
"Côme."
"Attendez un instant."
Alors j'ai attendu. Puis la porte de l'immeuble s'est déverrouillée.
Je suis alors monté au troisième étage, puis j'ai sonné à la porte. C'est Diane qui m'a ouvert, sourire aux lèvres.
"Je te manque déjà ?"
"Je ne te dérange pas ?"
"Bien sûr que non, entre."
Elle m'a invité à entrer dans le salon. Il y avait un homme dans le canapé, qui devait être au milieu de sa vingtaine, un ordinateur portable sur les genoux. Quand il m'a vu arriver, il s'est levé et m'a serré la main.
"Côme : un ami ; Olivier : un coloc'" a fait Diane. "Présentations faites."
J'avais beau être grand, Olivier me dépassait encore de quelques centimètres. Il était aussi beaucoup plus baraqué que moi, et même si je n'aimais pas mettre des étiquettes sur les gens, il aurait bien pu passer pour un vigile d'un grand magasin ou un videur de boite, la couleur noir de sa peau le rendant encore plus imposant.
"Elle déteste les présentations pompeuses" m'a-t-il soufflé en souriant.
Cependant, son sourire le rendait plutôt sympathique, ainsi que sa voix grave mais rassurante. Je lui ai souri et ai porté mon attention sur la quantité de papiers qui recouvraient la table basse.
"Diane est en train de trier ses cours" m'a expliqué Olivier. "Il était temps."
"Oli est ce genre de coloc' hyper maniaque carrément hypocondriaque" m'a lancé Diane depuis la cuisine. "Tu veux boire quelque chose ? On a du jus d'orange frais."
"Je ne suis pas maniaque, c'est toi qui es désordonnée" s'est défendu Olivier. "Et je ne suis pas le seul à le penser."
"Je sais, Paula m'en a déjà fait la remarque. Mais elle, elle ne va pas jusqu'à m'obliger à ranger mes cours, au moins."
"C'est pour toi que je dis ça, Diane : si tes cours sont désordonnés, tu ne passeras jamais tes partiels."
Diane est descendue de la cuisine et m'a rejoint pour me tendre un verre de jus d'orange.
"Oli est un futur comptable, c'est pour ça qu'il est comme ça."
Il a roulé des yeux, et a disparu dans le couloir.
"Excuse-le, il est un poil rabat-joie."
"Je n'en doute pas une seconde" ai-je dit en riant.
"Je t'en prie, mets-toi à l'aise. Tu peux même m'aider à trier mes cours, si tu veux."
Et c'est ainsi que, un vendredi après-midi, je me suis retrouvé à trier les cours de Diane, assis dans son canapé, elle sur le parquet.
"Tu fais quoi, comme licence ?" lui ai-je demandé en jetant un oeil à ses cours.
Diane avait une écriture cursive et mince, dessinait des petits carreaux sur le bord de ses feuilles et sur-lignait ses fiches de cours au feutre jaune.
"Un mélange de sociologie, d'art et de culture. Ça me correspond assez bien, les cours et les profs sont super intéressants."
"Et tu voudrais faire quoi, après ça ?"
Elle a haussé les épaules, et a répondu banalement :
"Changer le monde, si possible."
Elle a attrapé son verre de jus d'orange, et a ajouté :
"Et puis voir tous les épisodes de Friends, aussi."
"Tu es une personne étonnante, Diane."
"Et dire que tu osais encore en douter."
Elle m'a lancé un regard charmeur et un sourire en coin.
"Pourquoi tu es venu, au fait ?"
"Je voulais te voir. Je suis passé au magasin mais tu n'y étais pas."
"Effectivement, je trie mes cours."
J'ai ri, et puis elle a poussé un long soupir d'agacement en jetant ses cours sur la table.
"Ah, au diable les pratiques culturelles péruviennes. J'ai envie de faire l'amour. Pas toi ?"
J'ai tiqué, et ai levé mon regard droit vers elle. Elle s'est levée et a tendu sa main vers moi, un sourire aux lèvres.
"Tu n'es pas sérieuse ?"
"J'ai l'air de plaisanter ?"
Je continuais de la fixer, bouche bée.
"C'est vrai Côme : tu me plais et je sais que je te plais. Tu es indéniablement bon au lit et tu es irrésistiblement sexy avec tes cheveux encore humides et ton t-shirt encore mouillé. Puis j'ai envie de faire l'amour, de te faire l'amour, ça va faire un bon mois que toi et moi on n'a pas couché ensemble. Alors soit tu lâches ça et tu viens avec moi, soit on trie mes cours. Dans les deux cas, tu es gagnant de toute façon."
"Et pourquoi donc ?"
Elle a souri, s'est approchée du canapé, et s'est assise à califourchon sur moi. Elle a passé ses mains sous mon "t-shirt encore mouillé".
"Parce que dans tous les cas, tu me feras l'amour aujourd'hui. Que ce soit maintenant ou dans une heure, ou ce soir après diner, parce que tu auras accepté mon invitation, parce que ce soir c'est Olivier qui nous cuisine un risotto."
"Je vois" ai-je dit en souriant pendant qu'elle jouait avec mes cheveux en les entortillant entre ses doigts. "Mais j'ai une autre proposition à te faire."
"Laquelle ?"
J'ai pris ses mains et les ai rejointes derrière ma nuque, puis j'ai défait le nœud élastique du short de Diane. Je l'ai aperçue sourire.
"Disons que j'accepte ta proposition et que nous fassions sauvagement l'amour maintenant ; je te propose aussi de rester ce soir pour manger ce fameux risotto, qu'en dis-tu ?"
Diane a ri puis a approché son visage du mien.
"Seulement si je t'offre le dessert, alors."
"Génial" ai-je soufflé avant de l'embrasser.
Et ça m'avait manquait. Ses lèvres contre les miennes, ses doigts perdus dans mes cheveux. Mes mains sont venues lui caresser les joues et j'ai senti Diane sourire derrière nos baisers.
"Tu m'as manqué" m'a-t-elle murmuré.
"Toi aussi" ai-je soufflé.
Et alors qu'on s'embrassait - et qu'on commençait sérieusement les préliminaires, aussi - Olivier a fait irruption dans le séjour.
"Ne vous dérangez pas pour moi, je récupère juste un truc."
Pourtant, Diane comme moi étions gênés. Elle s'est assise directement à côté de moi sur le canapé, sans un mot. Il a ri, puis avant de partir à nouveau dans sa chambre, s'est tourné vers nous et m'a lancé :
"Tu es le fameux Côme du Nouvel An, c'est ça ?"
"Euh..."
J'ai directement tourné la tête vers Diane qui fusillait Olivier du regard, les joues rougies autant d'excitation que de honte.
"OK, c'est tout ce que je voulais savoir" a-t-il dit en riant. "Amusez-vous bien les enfants."
Quand il est enfin parti, Diane s'est prestement levée et a bu une gorgée de jus d'orange.
"Alors comme ça, tu parles de moi à tes colocataires ?" ai-je lâché tout sourire, un brin moqueur.
En réalité, j'étais flatté et autant gêné qu'elle. Diane a fait mine de pouffer, a coincé ses cheveux derrière ses oreilles, puis a soupiré avant de m'inviter à la suivre dans sa chambre.
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