Chapitre 7 : avant le départ



-Un message pour la reine ! Un message pour la reine !

Diana sortit dans la cour et ouvrit le portail. Un jeune homme tendit une lettre et dit :

-Je suis Claude ! Je travaille au service de poste et d'envoi de lettre !

-Oui, je me souviens vous avoir mis à ce rôle avec trois autres hommes et deux femmes...dit Diana.

-On vient de recevoir une lettre du roi à l'intention de la reine ! Un soldat de la garde royale l'avait accroché à un serpent qui est entré dans la région. Le village de Buffet qui surveille cette partie de la frontière a pris la lettre et nous l'a transféré !

-Bien... Tu peux repartir.

-Au revoir !

Et il repartit en courant.

Diana retourna à l'intérieur et entra dans un petit salon où la reine Lora, Placidia et deux hommes entouraient une grande carte du pays.

-Une lettre pour vous de la part du roi, dit Diana en tendant la lettre à la reine.

Celle-ci la prit et l'ouvrit. Après l'avoir lu, elle soupira.

-Vlorgue est fou de rage qu'on ait réussit à libérer Ismène. Il promet qu'il se vengera et que nous allons être écrasés. Il y a aussi quelques phrases pour toi, Placidia...

-Comme c'est gentils à lui de penser à moi... marmonna la voyante.

-Il te dit que tu ne t'en tireras pas comme ça et que tu regretteras de l'avoir défier. Il t'en veut beaucoup.

-Pauvre petit roi qui ne sait pas tenir les petites duchesses imbéciles à leur place... soupira Placidia en levant les yeux au ciel.

-Vous avez encore besoin de moi ici ? demanda Diana.

-Non, c'est bon, répondit la reine. Va donc superviser les entrainements. J'ai bien l'impression que tu n'y seras pas inutile.

-Bien.

Elle se retira et sortit du manoir.

Cela faisait trois semaines que les gens s'entrainaient et elle constatait plusieurs améliorations. Certes, ils ne seraient pas d'aussi bons combattants que les soldats du roi... Mais ils n'étaient là que pour occuper ceux-ci, après tout. Ils n'auraient cas se contenter de se défendre et d'attaquer s'il n'y avait aucun danger à le faire.

Ils allaient bientôt tous partir à la guerre car le roi avait fini de rassembler ses troupes et les avaient déjà envoyé en Yalisse, en Violati et en Colanne. Les drows avaient commencé à attaquer la Flores et les trolls avaient fait de même en Sémence. Mais les régions tenaient bons et les armées du roi, de Diego et du roi des trolls ne réussissaient pas à avancer. D'ailleurs, le roi des trolls avait fait son apparition quelques jours auparavant. Il avait pris la tête de son armée et avait massacré un petit village reculé. Le roi n'avait laissé s'enfuir qu'un vieil homme pour qu'il aille raconter cela aux autres villes. La nouvelle était arrivée par lettre la veille et ils savaient désormais le nom de ce roi : Acimasiz Salak. C'était un troll gigantesque aussi bête que cruel.

Diana arriva sur le terrain d'entrainement où des hommes et certaines femmes s'entrainaient à l'escrime ou au tir à l'arc. Elle s'assit à côté de Dacien, Donan, Adeline et un homme, nommé Durc, qui était réputé pour être un excellent chasseur. Il avait été nommé capitaine de l'armée de la reine vu que c'était l'un des seul à savoir se battre depuis plus d'une dizaine d'années.

-Des nouvelles ? demanda Donan.

-Vlorgue déteste toujours tante Placidia...

-Ce n'est pas nouveau, fit remarquer Adeline. Tu n'as pas quelque chose de plus récent ?

-Dans trois jours on commence la marche vers Romèc.

-Hein ? s'exclamèrent-ils en chœurs.

-Mais personne n'est prêt ! dit Durc.

-Les gens qui se font attaquer en ce moment même non plus. Nous devons faire cesser cette guerre avant qu'elle ne fasse trop de morts.

-Quel est le plan ? demanda Dacien.

-Nos armées marcheront vers la Pélicia pour la conquerir en première. Nous, nous irons chez les trolls pour en tuer le maximum. On ira ensuite rassembler les armées d'Algada et ont marchera vers Romèc. On devrait arriver à la frontière par l'ouest au même moment que nos armées de Bloreil arrivent aux frontières est, nord et sud de Romèc après avoir conquis la Pélicia. On attaquera tous au même moment. L'armée royale cèdera bien quelque part et nous en profiterons pour nous infiltrer et nous iront jusqu'à la capital où on livrera un dernier combat face au roi et au reste de son armée. Ah oui ! Et les soldats de Flores encercleront la montagne des drows pour les empêcher de porter secours au roi, bien que je pense que Diego n'essayera même pas de lever le petit doigt pour Vlorgue. Il a plus intérêt à nous laisser s'entretuer pour ensuite nous achever tous.

-Qui ira chez les trolls ? demanda Adeline.

-Moi, Dacien, Conan, Airy, Alix, Max, Placidia, Isaac, Ismène, les elfes et quelques autres hommes.

-Et moi ? fit Donan. Et Adeline ? Et Ameline ?

Diana grimaça avant de répondre.

-Vous serez envoyés chez le roi en tant qu'enfants du comte Alphonse de Pélicia. Le comte est de notre côté mais reste au côté du roi pour espionner. Il vit dans un endroit reculé. Il a toujours cherché à garder sa vie privé pour lui. On sait juste qu'il a un fils. Alphonse va dire au roi qu'il va faire venir son fils et sa fille car il a peur pour leur sécurité. Ameline sera la fille, toi, Donan, tu seras le fils, et toi, Adeline, tu seras une demoiselle de compagnie.

-Mais quelqu'un a forcément déjà vu le fils ! dit Dacien.

-Non, il est toujours resté chez lui car il souffre d'une maladie rare. Mais le comte racontera que son fils va mieux. Vous pourrez espionner vous aussi de votre côté. Quatre paires d'oreilles valent mieux qu'une seule paire d'oreille.

-Au moins ce n'est pas moi qui jouera la fille de comte ! s'exclama Adeline avec un grand sourire. Ce doit être épuisant !

-Tu es fille de comte, rappela Donan.

-Ah oui... Mais à la cour ce doit être épuisant.

-Ameline sera parfaite ! dit Dacien. C'est sûr !

-Oui, approuva Diana avant de se lever pour aller corriger la position de deux femmes qui s'entrainaient au tir à l'arc.

*

Lorsqu'Adeline entra dans le petit salon où elle était habituée à lire après son entrainement, elle faillit percuter un porte manteau où pendaient de magnifiques manteaux. Elle fronça les sourcils et le contourna avant de s'arrêter, pétrifiée par le spectacle qui s'offrait à ses yeux.

Mathilde et Rebecca, deux couturières, étaient en train de plier des robes et des costumes et de les ranger dans les placards vides qui n'avaient jamais servi. Des machines à coudre étaient disposées sur le bureau et des dizaines de rouleaux de tissus étaient empilés dans un coin. Sur le canapé où Adeline lisait ordinairement, un tableau était posé. Plusieurs croquis de silhouette et de robe y étaient accrochés.

Adeline s'en approcha et regarda avec horreur le croquis d'une personne qui lui ressemblait étrangement. Mais c'était la robe dessinée qu'elle regardait. La robe était vraiment magnifique, Adeline ne pouvait le nier, mais elle détestait les robes par principe.

-Vous admirez les croquis de nos œuvres ! s'exclama Rebecca en s'approchant. Nous avons déjà réalisé les robes, ils ne manquent plus que les habits de Donan ! Et puisque vous êtes là, on va vous faire essayer !

-Attendez, fit Adeline en se tournant vers elle. Vous voulez dire que c'est nos habits ? Et que je vais devoir porter ça !

Elle posa le doigt sur le tableau pour montrer le dessein qu'elle regardait avant que la couturière ne l'interrompt.

-Exactement ! déclara Rebecca avec un grand sourire. Vous allez être magnifique dans cette belle robe bleue !

-Mais...je dois juste jouer le rôle d'une demoiselle de compagnie ! Pas celui d'une comtesse !

-Vous serez la demoiselle de compagnie de la fille d'un des comtes les plus puissants du pays ! Vous aurez donc un minimum de sang noble et, par conséquent, un minimum de richesse ! Donc cette robe sera parfaite ! Et contrairement à ce que vous pensez, cette robe n'est pas un modèle exceptionnelle. Si vous saviez ce que sont des robes de duchesses et même de princesses ou de reines ! 

-Nous allons tout de même ajouter une ceinture de fils d'or que votre tante créait lorsqu'elle était jeune, ajouta Mathilde.

-Ma tante ?

-Oui, elle créait des pelotes de fils d'or à partir de pépites et allait les échanger contre des plantes pour ses potions, expliqua Rebecca. Les couturières du village les ont achetés et on ne les utilise que pour des habits spéciaux !

-Et en quoi ma robe est spéciale ? demanda Adeline alors que la couturière l'entrainait au centre de la pièce.

-Parce que vous allez être, et êtes de toute façon, d'une famille riche et noble ! dit Mathilde. Et vous serez à la cour du roi ! C'est là-bas qu'on montre tout ce qu'on a !

-Vous y êtes déjà allées ?

-Moi oui, répondit Rebecca en attachant les cheveux de la jeune fille en chignon. Mais juste une fois ! Votre tante avait besoin d'une couturière le jour de sa présentation à la reine et au roi. Elle m'a emmenée avec elle pour retoucher sa robe au dernier moment.

-Vous étiez donc connue pour avoir été choisi par ma tante, supposa Adeline en enfilant avec regret la robe bleue que Mathilde lui tendait.

-J'étais une couturière de la comtesse de Fayente à ce moment-là, expliqua Rebecca. Celle-ci faisait aussi partie du voyage, votre père n'était pas encore né donc elle n'était pas coincée chez elle.

-Pourquoi ma tante est-elle allée au château ?

-Etant d'une bonne famille, elle pouvait devenir demoiselle de compagnie de la princesse, sœur de Vlorgue. Placidia avait alors neuf ans, mais c'était suffisant. Dix-sept ans plus tard, la princesse est morte, ainsi que ses parents et ceux de la reine Lora qui venait juste de se marier à Vlorgue. Placidia est donc devenue la dame de compagnie de la reine.

Mathilde réajusta le bas de la robe tandis que Rebecca serrait d'avantage au niveau de la taille.

-Vous avez maigri ! dit-elle à Adeline. Votre tante m'avait pourtant dit que vos mesures n'avaient pas changé !

-La taille n'a pas changé depuis la fin de notre absence, assura Adeline. Mais je suppose que chevaucher tous les jours et manger moins bien que d'habitude fait maigrir.

-Ce n'est pas bon du tout ! fit Mathilde. Vous êtes trop mince pour maigrir !

-Désolée... Je ne le fais pas exprès.

-Pas la peine de vous excuser, dit Rebecca en sortant une ceinture dorée d'un coffre. Levez les bras, mademoiselle !

Adeline obéit et soupira.

-On ne peut pas attendre un autre jour pour essayer tout ça ? demanda-t-elle.

-Hors de question ! Vous partez dans trois jours et tout doit être prêt pour demain dernier délai ! s'exclama Mathilde en saisissant une brosse pour coiffer Adeline.

-Pourquoi me coiffer ? demanda celle-ci. J'essaie juste une robe !

-Il faut vous trouver des coiffures, voyons ! fit Mathilde en enlevant l'élastique qui retenait accrochés les cheveux de la jeune fille. Et voir si elles vont bien avec la robe !

-Et avec les autres que nous avons faites, compléta Rebecca en montrant une pile de robe plus loin.

-Je vais devoir essayer tout ça ! s'exclama Adeline en manquant s'étrangler.

-Evidemment ! dirent les deux couturières en chœur.

Onze robes et trente coiffures plus tard, Adeline remit ses vêtements et sortit de la pièce avec hâte. Elle traversa le hall où Alix, Airy, Magalie et Henri jouaient à chat et monta les escaliers à toute vitesse. Arrivée au deuxième étage, elle percuta Ameline au détour d'un virage et tomba par terre.

-Adeline ! s'écria Ameline. Fais donc attention !

-Pardon...

Elle se releva et remarqua Conan et Isaac derrière sa sœur.

-Je viens de passer trois heures avec des couturières qui me faisaient essayer des robes et des coiffures alors que je pensais que j'allais pouvoir me reposer tranquillement, dit-elle. C'était horrible ! J'ai cru que j'allais tout casser !

-Pauvre Adeline... fit Conan.

-Mais non ! s'exclama Ameline. Cela devait être très amusant !

-Pour toi ça le sera sans aucun doute ! fit Adeline. D'ailleurs tu devrais y aller, elles ont fait tes robes.

-Vraiment ? Alors j'y vais !

Et elle s'en alla, laissant Adeline avec les deux garçons.

-J'aurai préféré aller chez les trolls avec vous...soupira-t-elle.

-T'en fais pas, on te racontera tout ! lui dit Conan avec un grand sourire.

-Et puis t'auras aussi plein de choses à raconter ! ajouta Isaac. Ça doit être trop drôle de jouer les espions à la cour du roi ! Si on me l'avait proposé, j'aurai été super content !

-Tu t'amuseras bien, assura Conan. Et ce sera aussi dangereux que d'affronter les trolls, si ce n'est plus !

-C'est sûr que, vu de ce côté, cette mission parait beaucoup plus amusante, admit Adeline.

-Exactement ! s'exclama Conan. Tu viens aider Luna et Max chez le forgeron avec nous ou tu restes te reposer ?

-Je viens avec vous !

Et ils descendirent les escaliers l'un derrière l'autre, bien qu'il soit assez grand pour les laisser descendre côte à côte.

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