Chapitre 25 : épilogue
-COMMENT ?
La reine Lora se laissa tomber sur son trône et se prit la tête entre les mains. Elle respira un grand coup, releva la tête, et regarda avec incompréhension ceux qui se trouvaient devant elle.
Placidia, Rodrigue et Aria se lançaient des regards inquiets. Derrière eux, Adeline, Donan, Dacien, Sage, Fred et Gloria avaient le regard figé sur leurs chaussures. Quant à la sorcière d'Humalia, elle se tenait dans un coin de la salle et brossait les dents de son rat.
-Qu'est-ce que vous racontez ? fit Ameline avec grands yeux. C'est impossible !
Elle était assise avec Conan, Airy et Alix à côté de la reine. Henri et Magalie - les deux petits trouvés dans les cachots des drows lors de la libération d'Ismène et que la reine avait pris sous sa protection - étaient debout sur les accoudoirs du trône vide, bouche bée.
Alix et Airy sortirent de la salle en courant et claquèrent la porte. Adeline soupira et sortit à son tour pour aller les consoler, vite imitée par Donan.
-Quelle partie n'avez-vous pas compris ? soupira Placidia.
Elle était lasse de toute cette histoire. A peine venaient-ils d'arriver que la reine les avait fait demander. Le temps d'envoyer Ismène et Isaac - en vie mais très affaiblis - à l'infirmerie et de changer d'habits, ils étaient entrés l'air sombre et avaient dû tout raconter.
Tout commençait bien : le combat dans la montagne Vladord et la mort de tous les drows et de Diego.
Mais après, ça devenait moins joyeux : le combat de Diana, Luna et Max pour ramener Isaac et Ismène à la vie. Hermine leur avait expliqué un peu plus tard que, si la "masse" était entrée totalement en Diana, jamais ils n'auraient pu les sauver. Mais comme il en restait quelques filaments en travers de Max et que Diana l'avait repoussée, la manœuvre avait pu être effectuée. Après plus d'une demi-heure de concentration, Diana, Luna et Max avaient réussi et les deux mourants avaient recommencé à respirer, même s'ils étaient toujours inconscients.
Et enfin, le moment le plus délicat : juste après la réanimation d'Isaac et d'Ismène, Diana, Luna et Max avaient commencé à pâlir. Non, pas exactement "pâlir", ni "perdre des couleurs", mais plutôt "devenir de plus en plus transparents". Ils avaient semblé s'effacer. Luna avait tenté de se raccrocher à Aria, mais ses mains l'avaient simplement traversée. Ils étaient devenus aussi fantomatique qu'Hermine qui avait filé vers le ciel en voyant cet étrange phénomène. Finalement, Diana, Luna et Max avaient disparus, laissant derrière eux leurs amis sous le choc.
Quelques minutes plus tard, ils étaient toujours au même endroit. Hermine était revenue, pleurant de rire.
-C'était trop marrant ! avait-elle dit à Placidia, la seule consciente à pouvoir la voir. Je suis allée sur la plateforme des nouveaux morts qui attendaient d'être jugés. Ils y avaient tellement de drows que le personnel de la balance a dû l'agrandir ! J'ai vu Diego, qui râlait et jurait à plein poumons. D'après une souris qui est morte dans l'écroulement de la montagne et qui attendait elle aussi dans la queue, Isaac et Ismène étaient apparus juste à côté de Diego, comme une image un peu trouble. Et alors que Diego poussait un cri de victoire, ils ont disparus pour revenir chez les vivants ! Les morts et le personnel étaient bouche bée. Et ils l'étaient toujours quand je suis arrivée ! Vous auriez dû voir leur tête !
Et elle était reparti dans un fou rire. Placidia avait résumé les paroles d'Hermine pour les autres, puis lui avait demandé si elle savait ce qu'il s'était passé pour Diana, Luna et Max.
-Je ne sais pas, avait répondu la petite fille. Ils ne sont pas avec les morts, en tout cas.
Après cela, ils avaient jeté un coup d'œil sous la plateforme volante de Placidia et avait vu que la montagne s'était complètement écroulée sur elle-même. La survie de la montagne dépendait sans doute de celle des drows.
Puis ils étaient rentrés à la capitale.
-Je ne comprends pas ce qu'il est devenu de Diana et de Luna, dit Ameline, ramenant Placidia au présent.
-Et de Max, ajouta Conan.
-Evidemment, soupira sa sœur en levant les yeux au plafond.
Ameline semblait très troublée par ce qu'ils venaient d'apprendre. Elle, qui était habituellement si calme, n'arrêtait pas de croiser et décroiser ses doigts, de piétiner sur place et de jeter des coups d'œil tout autour d'elle.
-Ils ne sont pas apparus chez les morts donc ils ne le sont pas, dit Placidia. C'est une bonne nouvelle. À mon avis, le sauvetage d'Isaac et d'Ismène a déclenché à l'intérieur d'eux...comment dire...
Elle chercha ses mots mais ne trouva pas. Elle finit par soupirer et dit en haussant les épaules :
-Pour faire simple, vous savez qu'ils sont les incarnations des trois grandes puissances qui gouvernent le monde. Eh bien je pense que, puisque leur mission est terminée et qu'ils ont utilisé les pouvoirs qui les caractéristiques, ils sont tout simplement redevenu ce qu'ils étaient avant d'être incarnés dans le corps des trois bébés que j'ai récupéré à leur naissance.
-Pour faire simple, dis-tu? fit Dacien. Je n'ai rien compris.
-Tu veux dire qu'ils étaient les entités de la Vie, de l'Ombre et de la Guerre à l'origine ? demanda la reine Lora. Et qu'ils s'étaient incarnés eux-mêmes ? Et que maintenant ils sont redevenus des entités?
-C'est ça, dit Placidia.
Peut-être était-ce sa nature de voyante qui la rendait si sûre de cette vérité, elle n'en savait rien. En tout cas, ça ne l'empêchait pas d'être affligée par la nouvelle : elle aimait beaucoup ses deux nièces et Max, et elle aurait préféré pouvoir les avoir auprès d'elle. Ils auraient pu vivre encore plus longtemps qu'elle ! Mais peut-être était-ce pour cela qu'ils étaient redevenus des entités. Sous forme humaine la Vie, l'Ombre et la Guerre vivent éternellement. Déjà que l'idée de vivre plusieurs siècles de plus que ses amis et sa famille attristait Placidia, elle n'osait même pas imaginer ce que vivre pour toujours sur Terre pouvait bien signifier.
-Donc on ne va plus les revoir? fit la petite Magalie en allant grimper sur les genoux de la reine Lora.
-Rien n'est sûr, fit Hermine.
Placidia se tourna vers elle et l'interrogea du regard.
-Les entités peuvent faire ce qu'elles veulent. Rendre visite aux mortels sous n'importe quelle forme, envoyer des messages, prédire l'avenir - c'est d'ailleurs elles qui envoient les prophéties aux voyantes - et bien d'autres choses. Je me suis renseignée, les entités ont un espace à elle dans le même monde que les morts, dont la Guerre est la reine, et peuvent voir ce qu'il se passe à n'importe quel endroit du monde des vivants, le territoire de la Vie, en regardant à travers du verre. Tout comme ce qu'il se passe chez les morts, ou au niveau de la balance, le domaine de l'Ombre.
Placidia la remercia puis se tourna vers Magalie.
-Diana, Luna et Max pourront nous apparaître, nous parler et nous observer autant de fois qu'ils le voudront. Mais ils n'en n'abuseront pas non plus, je pense.
-Au pire vous pourrez aller les voir quand vous serez morts si vous devenez anges, démons ou fantômes! dit Hermine avec enthousiasme.
Placidia dispensa ceux qui ne pouvaient pas voir Hermine de ce commentaire.
Les heures qui suivirent furent plus reposantes. Ils prirent un repas bien mérité, passèrent voir Isaac et Ismène qui s'étaient réveillés, puis allèrent se coucher.
Et c'est là que Placidia se rappela que Rodrigue ronflait.
Mais elle était tellement fatiguée qu'elle s'endormit en quelques minutes.
*
Le lendemain ne fut pas de tout repos. La reine Lora devait remettre le gouvernement en place et, pour cela, il fallait qu'elle donne à de nouvelles personnes les titres de noblesse maintenant vide.
-Sachez que je refuse d'être la reine de ce Royaume! dit la reine Lora à peine les nobles réunis dans la salle du trône.
Tous se regardèrent avec incompréhension. Avait-elle perdu la tête?
-Je parle de Bloreil, précisa la reine en levant les yeux au ciel. Je ne gouvernerai que l'Algada, mon Royaume. Celui de Bloreil n'est pas le mien, je ne peux pas le garder.
-Mais bien sûr que si ! fit une dame en s'avançant vers le trône en fendant la foule.
Elle était d'une grande beauté, habillée d'une robe bleue et blanche assortie à la fleur en tissu qu'elle portait dans ses longs cheveux blonds. La duchesse de Lyron, seule survivante du trio de femmes ayant donné naissance aux enfants de la prophétie des éléments, était arrivée en carrosse le matin très tôt. Monsieur Marik, homme de confiance de la reine Lora, marchait derrière elle sans pouvoir s'empêcher de lancer des regards suspicieux tout autour de lui. Il avait trop longtemps été préoccupé par la sécurité de la duchesse pour se défaire de ses craintes aussi vite. S'il avait d'ailleurs eu son mot à dire, il aurait préféré que la mère de Max reprenne des forces avant de revenir à la cour. En effet, elle avait perdu beaucoup de poids et l'inquiétude avait marqué son visage de profonds cernes.
-Vous avez enduré de longues années de souffrances aux côtés de Vlorgue, continua la duchesse. Le Royaume d'Imline vous revient entièrement, vous l'avez mérité.
Elle se tourna vers le baron François de Yalisse qui l'avait hébergé durant plus de quinze ans.
-Vous en convenez tous, dit-elle aux nobles.
Les murmures approbateurs parcoururent aussitôt la foule.
-Va-t-il se passer ce que je pense ? glissa Rodrigue à Placidia.
-Je le crains, soupira-t-elle avec une grimace.
-Je suis touchée du soutient que vous m'apportez, dit la reine Lora. Mais, pour moi, mon Royaume est celui d'Algada. De plus, Imline était le royaume de Vlorgue. Un trop grand royaume qu'il avait conquis en trompant ceux qui pensaient pouvoir lui faire confiance. Ma première décision sera de détruire Imline, et avec, le travail de Vlorgue. Je vais remettre Bloreil et l'Algada comme ils auraient dû le rester. Je serais reine d'Algada, mais, pour moi, Bloreil ne m'appartient pas.
Des murmures parcoururent la foule, et ce fut la duchesse de Lyron qui pris la parole :
-Mais qui sera sur le trône de Bloreil? J'ai appris que vous aviez adoptés deux petits. L'un d'entre eux est-il destiné à ce trône?
-Non, dit la reine Lora. Il se trouve qu'il y a un héritier du trône de Bloreil qui ne peut être écarté.
-Où a-t-elle réussi à dénicher le papier? murmura Rodrigue à Placidia. Je pensais que tu l'avais fait brûler !
-Euh... fit la voyante en rougissant. Il se peut que j'ai égaré le papier en percutant un serviteur qui portait de nombreuses lettres pour les archives. Les lettres sont tombées par terre avec le papier. Je n'ai pas réussi à le retrouver et je ne pouvais pas expliquer au serviteur ce que j'avais fait tomber. Et je n'ai rien trouvé en allant aux archives le lendemain...
Rodrigue lâcha un soupir de désespoir.
-On est fichu... dit-il.
-Mais non, fit Placidia en levant les yeux au ciel. Il doit y avoir un malentendu...
Rodrigue avait du mal à s'en convaincre :
-Euh... dis-moi, Placidia, on nous regarde ou je me fais peur moi-même?
La voyante regarda autour d'elle et grimaça. Tout le monde s'était tourné vers eux.
En effet, il se trouve que Vlorgue n'aurai jamais dû accéder au trône. Le défunt roi n'était qu'un neveu éloigné du roi précédent qui l'avait recueillit et élevé comme son fils. Cet ancien roi n'avait eu aucun fils. Le trône devait donc revenir à son plus proche neveu, le fils de sa sœur : Rodrigue.
Le problème était que celui-ci n'avait aucune envie d'endosser le rôle de roi. Le titre de duc lui plaisait bien et c'était celui que son père lui léguait.
Au moment où l'ancien roi avait dû proclamer officiellement un héritier, Rodrigue avait négocié pour que Vlorgue (qui était alors son meilleur ami) soit choisi. Par contre, l'ancienne reine avait tenu à lui faire signer un contrat disant qu'il s'engageait à monter sur le trône s'il advenait que Vlorgue soit dans l'incapacité de régner.
Rodrigue avait signé, mais s'était empressé de dérober le papier et de confier à Placidia la mission de le brûler. Il n'avait aucune envie de devenir roi.
-Rodrigue, j'ai le contrat, dit la reine Lora avec un grand sourire en agitant une feuille.
-J'ai participé au meurtre de Vlorgue, s'indigna Rodrigue. Je ne devrai pas être autorisé à respecter ça!
-Eh bien, dit monsieur Marik, je crois bien que si, mon ami. Il n'est pas précisé que le meurtre de ton cousin te retire le droit d'héritage.
-Moi j'ai vraiment l'impression qu'on s'est moqué de nous, dit Conan. On ne nous a jamais raconté cette histoire d'héritage !
-Bref, laissez-moi vous présenter votre futur roi et votre future reine ! s'exclama la reine Lora en montrant Rodrigue et Placidia.
La voyante se figea un instant, ne semblant pas comprendre immédiatement ce que Lora venait de dire.
-Euh...moi ? fit Placidia en regardant autour d'elle, pour être sûre que c'était bien elle qui était désignée. Comme...moi, moi ? Mais j'ai jamais signé de papier, moi ! Je suis très bien en tant que duchesse.
-Mais tu es mariée à Rodrigue, fit remarquer la duchesse de Lyron.
-De mieux en mieux, fit Conan. On va être les neveux du roi et de la reine ! Je nage en plein délire...
Après multiples protestations venant de Placidia - Rodrigue ayant accepté son sort à contre-cœur - et commentaires de Conan, la reine Lora claqua des doigts et des gardes poussèrent le duc et la duchesse de Fayente à ses pieds.
-J'ai tout préparer pour le couronnement ! annonça-t-elle.
Placidia manqua s'étrangler : tout allait bien trop vite pour elle.
-Et après il y aura une fête, continua la reine Lora avec un sourire enthousiaste, et ensuite je file chez moi pour tout réorganiser !
Les nobles applaudirent avec des airs ravis.
Aria se positionna aux côtés de la reine Lora et lui tendit deux couronnes.
-Houlà ! fit Rodrigue. Mais un couronnement ne se passe pas du tout comme ça !
-C'est purement symbolique, dit la reine Lora en plaçant une couronne sur la tête de Rodrigue. Un vrai couronnement serait trop longs et de toute façon vous êtes déjà avec moi et Aria les commandants de cette rébellion. Tout le monde vous obéit depuis longtemps.
Elle plaça la deuxième couronne sur la tête de Placidia.
-Mais c'est super lourd ! dit la voyante. Vous ne voulez pas choisir quelqu'un d'autre? Tenez, la duchesse de Lyron !
-Je n'ai clairement pas les capacités pour gouverner un pays, rigola la femme.
-Et puis trop tard : vous êtes couronnés, dit Lora. Et les meilleurs souverains sont ceux qui ne voulaient pas du trône.
Elle recula de quelques pas avec Aria et clama haut et fort :
-Peuple de Bloreil, veillez acclamer vos souverains!
La salle applaudit chaleureusement tandis que Rodrigue et Placidia se tournaient vers Lora et Aria avec une grimace.
-Mais vous êtes ma maîtresse, se plaignit la voyante.
-Plus maintenant. Nous sommes de même rang et nos royaumes seront alliés pour le reste des temps, nous veillerons à créer des liens commerciaux et amicales forts, n'est ce pas?
-Euh...oui, dit Rodrigue. Bien évidemment.
-Et nous on devient quoi? s'exclama Alix.
-Rodrigue et Placidia vont maintenant attribuer les titres de noblesse vides à de nouvelles personnes, dit Lora avec un grand sourire. C'est leur tâche, plus la mienne !
-Mais nous n'avons pas eu le temps d'y réfléchir, s'indigna Placidia.
-Vous allez très bien vous débrouiller, assura Aria.
Un valet entra et s'installa devant le couple royal, un parchemin et une plume à la main, prêt à écrire leurs décisions.
-Bon, commença Rodrigue en essayant de se souvenir de comment agissait son oncle de son vivant, commençons par le titre de duc de Fayente. Je vais céder ma place à Adeline, ma nièce, car la région qui a vu naître notre révolte mérite une vraie guerrière à sa tête.
Dans la foule, Adeline eut un hoquet de surprise et Donan dut la tenir par le bras pour qu'elle ne tombe pas. Tout le monde se tourna vers elle avec des regards approbateurs.
Ameline conduisit sa sœur jusqu'à l'estrade où son oncle lui tendit une enveloppe prouvant son nouveau titre.
-Tu es encore bien jeune, dit Rodrigue, mais j'ai confiance en ta capacité à diriger et à prendre de bonnes décisions. Tu pourras trouver un bon conseiller, si tu en éprouve le besoin.
A coté de lui, la voyante semblait encore partagée entre l'idée de se révolter et d'accepter son nouveau titre. Elle finit par soupirer et haussa les épaules avant de se frotter les mains :
-Bon, quant à toi, Ameline, reste là, dit Placidia. Tu as joué le rôle d'une comtesse de Pelicia...eh bien tu es maintenant duchesse de Pelicia !
-Mais, et le duc et ses enfants? demanda Ameline.
-Le duc n'est plus là pour assurer le poste, vu qu'il était un grand fidèle de Vlorgue. Ses enfants ont les mêmes idées politiques que leur père, sauf le petit dernier qui est bien trop jeune pour avoir une idée sur quoi que ce soit. Arnolphe s'est proposé pour l'élever.
-Mais Arnolphe devrait être récompensé, dit Ameline. Pourquoi ne pas le faire duc de Pelicia?
Dans la foule, le comte éclata de rire :
-Tu sais, ce qui m'importe, c'est seulement ma brebis et mon fils malade. Celui-ci ne pourra jamais reprendre ma place, ce sera donc au petit de l'ancien duc de la prendre. Mais, de toute façon, je ne veux pas devenir duc : trop de responsabilité pour quelqu'un qui aime s'amuser comme moi. Je préfère un grand troupeau de moutons en récompense.
-Si c'est cela, on peut vous en procurer un, dit Placidia.
-Un grand merci à sa majesté! fit Arnolphe avec un grand sourire.
Rodrigue tandis une enveloppe à Ameline qui répartit ensuite avec sa sœur dans la foule.
En raison de sa proximité avec Diana, Alix hérita du titre de duchesse de Yalisse (que sa sœur aurait dû recevoir si elle était encore là ). Mais elle ne pourrait diriger qu'à partir de ses quatorze ans. En attendant, le premier comte de Yalisse allait s'occuper de la région et de l'éducation de la future duchesse.
Airy hérita du titre de duc de Flores qui aurait dû revenir à Luna. L'oncle de celle-ci promit de jouer le même rôle sur Airy que le premier comte de Yalisse sur Alix.
La duchesse de Lyron qui, après ces longues années de solitude, avaient envie d'être entourée d'enfants, adopta toutes les filles de l'ancien premier vicomte de Romèc, dont Vanille, ainsi que de nombreux autres nouveaux orphelins. Elle accueillit aussi les mères à présent sans rien et leurs enfants pour organiser un grand orphelinat dans son château. Mais elle se débrouilla pour devenir seulement première comtesse de Lyron pour pouvoir se reposer au calme des trop grandes responsabilités.
Conan, lui, hérita du titre de premier comte de Fayente, comme ses parents. Dacien devint duc de Romèc et Donan duc de Lyron.
Isaac et Ismène obtinrent des titres de comtes de Fayente, Gloria et ses frères devinrent des comtes de Pelicia, Foulque devint premier comte de Romèc et premier conseiller du roi et de la reine, la sorcière d'Humalia reçu une place au palais et un titre de baronne de Romèc, Marik devint chef de l'armée royale et comte de Lyron...
Des nobles montèrent en rangs, d'autres reçurent d'autres types de récompense. Cela dura plusieurs heures.
A la fin, tout le monde était fatigué. Heureusement que Lora était là pour organiser une fête, sinon ils seraient tous allé se reposer.
La foule migra jusqu'à la salle de bal où un buffet était déjà servi. Là, ils mangèrent, dansèrent, bavardèrent et firent de nouvelles connaissances. Finalement, personne n'était assez fatigué pour quitter la fête.
-Et qui sont vos héritiers ? demanda Aria au bout d'un moment.
-Moi j'ai les petits Henri et Magalie, dit la reine Lora. Et toi?
-J'ai encore un cousin, dit Aria. Il va avoir des enfants.
-Et vous, tante Placidia ? demanda Conan qui parlait avec eux.
-Nous avons sept magnifiques neveux! dit-elle avec un grand sourire.
-Houlà! Non!
-Au pire il y aura vos enfants, dit Rodrigue.
Conan grimaça.
-Mouais... Vous voulez pas plutôt avoir vous-mêmes des enfants pour éviter qu'on se retrouver avec une couronne sur la tête? C'est bien ça! On aimerait bien avoir des cousins, ce serait sympas, non?
-On est vieux, dit Placidia.
-Vous plaisantez? s'étrangla Conan. Vous avez l'air d'avoir à peine quarante ans, les voyantes peuvent vivre des centaines années et les animaux garous ont l'air de pouvoir vivre eux aussi plus longtemps que la moyenne. Comme la reine Lora, les elfes...
-Ceux qui ont des pouvoirs vivent plus longtemps, résuma Aria. Toi aussi tu vivras plus longtemps.
-D'accord, mais revenons à nos futurs cousins !
Et la soirée se déroula tranquillement.
La guerre était finie, les deux royaumes en paix. Tout annonçait un avenir paisible et tout le monde était heureux.
Enfin, pas encore tout le monde...
En effet, en haut, bien en haut, l'ambiance n'était pas exactement à la fête :
-Aaaahhh! criait Luna en tournant sur elle-même. Aaaaaahhhhh! Aaaaaahhhh!
-Tais-toi ! hurla Diana pour la énième fois, sans succès.
-Laisse-là, dit Max. Elle évacue, c'est tout.
-On s'est fait arnaquer ! cria Luna à l'oreille de sa sœur.
-C'est la millième fois que tu le dis, dit Diana.
-Je répète qu'on s'est arnaqués nous-mêmes, corrigea Max.
-Aaaaaaahhhh! reprit Luna. Aaaaahhhh!
-Tais-toi !
Max leva les yeux au ciel. Enfin... au truc au-dessus d'eux, plutôt, vu qu'ils étaient dans le ciel.
En fait, ils étaient plus exactement dans une salle blanche dont le sol était en verre. Ils pouvaient voir n'importe quel endroit et n'importe qui à travers rien qu'en le demandant. Eux, ils flottaient dans les airs.
Au fond de la salle se trouvait une porte qui menait au reste du bâtiment : un manoir de nuages dix fois plus grands que tous les châteaux d'Imline réunis. Là, ils se trouvaient dans la salle d'observation du monde des humains.
S'ils sortaient du manoir, ils arrivaient devant un ascenseur qui pouvait les emmener partout. Paradis, enfer, plateforme de la balance de jugement, monde des mortels, monde des anges...tout était possible. Ils étaient libres d'aller où ils voulaient : normal, tout était de leur création.
Sous forme humaine, ils ne s'en souvenaient plus. Mais maintenant, ils se rappelaient de tout. Ils n'étaient pas seulement des incarnations des trois grands puissances et des éléments, ils étaient la Vie, l'Amour, la Guerre et les éléments. Et leur rôle, c'était de veiller sur leur création : le monde des vivants et celui des morts. Tout avait été créé par eux. Les souvenirs étaient encore flous mais ils revenaient peu à peu.
-On a mener une rébellion et on disparaît au moment où on la gagne ! se plaignit Luna. C'est pas juste !
-Puis-je te rappeler que c'est toi qui a eu la sublime idée qu'on s'incarne nous-mêmes chez les humains pour rétablir l'équilibre bouleversé par cet imbécile de Vlorgue ? dit Diana.
-Ah bon? fit Luna en haussant les sourcils. Ah oui, ça me reviens. Mais c'est TOI qui a lancé un sort pour qu'on revienne dès que la guerre serait finie ! Tu voulais rester le moins longtemps possible et regagner notre palais au plus vite. Moi je voulais m'amuser !
-J'avais, disons, sous-estimé les pouvoirs de l'amitié et de l'amour familiale, marmonna Diana. Je le saurais pour la prochaine fois.
-Il y aura une prochaine fois? demanda Max.
-Qu'est-ce que j'en sais! s'exclama Diana. Luna peut à tout moment trouver un nouveau jeu ou une nouvelle façon de maintenir l'équilibre en place !
-J'ai déjà une idée, dit celle-ci.
-Oh non... soupirèrent ses amis en même temps.
-Mais pourquoi vous êtes jamais emballés par mes idées, se plaignit Luna.
Elle regarda la vitre, qui montrait la salle du bal de Bloreil, sous leurs pieds et poussa un soupir d'envie.
-On peut y retourner?
-On se repose un peu et on passera les voir bientôt, dit Diana.
-Avec toi, bientôt, c'est quelques siècles, fit remarquer Max.
-On ira les voir dans quelques semaines, rectifia Diana en levant les yeux au plafond. Laissons-les s'habituer à leurs nouvelles responsabilités.
-Placidia et Rodrigue sont roi et reine, dit Luna.
-On le sait, on l'a vue, fit remarquer Max.
-Oui, mais c'est trop marrant !
Diana et Max se regardèrent en soupirant : la joie de Luna était parfois très lourde.
-Vlorgue est enfin en enfer ! annonça Hermine en entrant.
Le trio sursauta en se tournant vers elle.
-C'est trop cool, ici ! continua la petite fantôme. Je suis contente de vous avoir trouvé !
-Tu as réussi à entrer ? s'étonna Max.
-Les gardes m'ont laissée passer, dit Hermine. Et puis je suis un fantôme, je peux aller partout ! Même des diables ne peuvent m'empêcher de venir vous voir.
-Si, ils le peuvent, corrigea Diana. Je leur ai juste dit que tu étais autorisée à venir.
-Ah...
Hermine eut l'air déçu.
-Et Diego? demanda Luna. Il est où?
-Il passait au jugement quand je suis partie : enfer aussi.
-Super ! s'exclama Diana. Que vais-je inventer comme travail pour eux... Nettoyer les trottoirs avec une brosse à dent ou laver l'eau du fleuve le plus pollué des enfers avec des passoires ?
-Je déteste ton travail, dit Luna en grimaçant. Moi je préfère m'occuper de veiller sur les vivants.
-C'est pour ça que tu es la Vie et moi la Guerre, ou autrement dit la Mort, répliqua Diana. Et Max est l'Ombre parce que veiller sur ceux qui viennent de mourir et attendent d'être jugés n'est pas trop compliqué.
-J'aime avoir du temps libre, dit Max.
-Bon, bah moi je vais à la fête de Placidia! s'exclama Hermine.
Et elle disparut.
-Moi aussi je veux y aller ! cria Luna.
-Non! dirent les deux autres en chœur.
-On se contente de les regarder pour ne pas leur faire peur, ajouta Diana.
-C'est pas juste... marmonna Luna.
Elle sautilla en serrant les poings et recommença à crier:
-Aaaaahhhh ! Aaaaaahhhhh! On s'est fait arnaquer ! Aaaaaaaahhhhh!
-Tais-toi!
-Laisse-là. Elle évacue, c'est tout.
-Aaaaahhhhhhh! Aaaaahhhh!
-Tu ne veux vraiment pas qu'on descende? marmonna Max à l'adresse de Diana en soupirant.
-On s'est fait arnaquer ! criait Luna
-Bon, dans une semaine, accorda Diana. Mais je ne baisserai pas davantage.
-Aaaaaahhhhhh!
-Eh bien ça va être une longue semaine... soupira Max.
Mais, après tout, une semaine n'était rien face à l'éternité. Et vivre l'éternité, ça permettait de pouvoir se permettre de perdre autant de temps qu'on en voulait.
Bien sûr, vivre l'éternité était très dure : voir les gens naître, grandir, mourir... C'est pour ça qu'ils étaient trois. Trois, comme les trois sommet d'un triangle, la forme géométrique la plus solide. Ensemble ils pouvaient tout supporter, même le fait de s'être arnaqué eux-mêmes.
C'est pour ça que Diana était sûre que Luna allait vite se remettre de sa déception, et qu'elle était sûre que tout allait bien se passer, malgré la tristesse qu'elle ressentait d'être séparée de ceux avec qui elle avait vécu durant plus de quinze ans. Quinze ans, c'était peu pour une entité. Mais pour un humain c'était beaucoup, et elle avait été humaine pendant ces quinze années. Mais ils allaient s'en remettre.
Tout s'était passé comme prévu, tout se passait comme prévu, et tout ce passerait comme prévu. Comme toujours, malgré les obstacles.
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Bon, bah voilà: c'est enfin la fin de Diana.
Merci beaucoup à ceux qui sont arrivés jusqu'ici, et j'espère que cette histoire vous aura plu !
Au revoir à tous !
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