Chapitre 10 : le roi et sa cour
Cela faisait deux semaines que le groupe de Placidia était chez les elfes qui avaient insisté pour les garder avec eux le temps de remettre le système elfique en marche.
-Je dois venir avec vous pour mener cette guerre, ainsi que mon armée ! disait Aria. Mais il est hors de question de laisser mon royaume en désordre !
Les elfes qui avaient dormi pendant plus de quinze ans n'avaient pas grandi. La cité était donc de nouveau peuplée d'elfes de tous âges et les enfants couraient et jouaient dans les branches.
Les humains s'amusaient bien mais Diana et sa tante savaient bien qu'il fallait se dépêcher. C'est pour cela que, le soir où Isaac eut sa première vision, Diana décida qu'il était temps de partir : Isaac avait vu des soldats et la jeune fille était sûre que c'était un signe.
Placidia et Diana passèrent de longues heures à convaincre Aria de partir. Au final, la reine des elfes se rendit compte qu'elles avaient raison et que son système était de toute façon de nouveau en marche.
Le lendemain, les humains se regroupèrent à la sortie nord de la cité elfique et Aria les rejoignit avec un peu plus d'une centaine d'elfes en tenue de combat. Les autres elfes allaient rester dans la cité pour s'en occuper et garder les plus jeunes en sécurité. Aria, Placidia et Diana en tête, ils sortirent de la forêt et se dirigèrent vers le petit village où ils avaient laissé leurs chevaux. Puis ils firent marche vers la capitale d'Algada, Galienne, le point de rendez-vous pour tous les hommes et chevaliers voulant se battre.
*
Pendant ce temps, alors que les troupes de la reine Lora s'apprêtaient à entrer en Pélicia, le carrosse d'espions entra dans la cour du palais de royal. A l'intérieur, Adeline observait les gens à travers les rideaux.
-La ville est magnifique, mais trop riches ! fit-elle. Les gens sont, soit les plus grands du pays, ou soit des pauvres misérables...qui sont très nombreux. Je n'aime pas Royatec. J'ai l'impression que les pauvres sont des esclaves !
-Ce n'est pas étonnant, dit Mark. Vlorgue a réinstauré l'esclavage !
Le carrosse s'arrêta et Adeline s'écarta de la fenêtre.
-Rappelez-vous, chuchota Donan, il faut être très prudent ! Jouez votre rôle et ça se passera bien. Souvenez-vous des cours que nous a donnés Ameline durant le voyage sur tout ce dont on a besoin pour survivre à la cour.
-On a bien fait de nettoyer nos habits il y a deux jours... fit Ameline. Nous ne sentirons pas mauvais !
-Tu feras bonne impression avec ou sans mauvaise odeur, assura Adeline. Moi je m'inquiète surtout pour Olivier.
Le jeune homme était allé s'asseoir à côté de Gérard pour respirer de l'air frais alors elle n'avait pas peur de le vexer. En effet, Olivier parlait souvent brusquement et sans réfléchir, ce qui n'était pas une très bonne chose pour un espion...
-Je le surveillerai ! eut le temps de dire Mark avant que la porte ne s'ouvre sur Gérard.
Mark descendit à toute allure en prenant un air indéchiffrable, comme tous les valets se devaient d'avoir, et tint la porte alors que Donan descendait. Olivier était en train de décrocher les valises du toit et Gérard alla l'aider.
Alors que Mark tendait sa main à Ameline pour l'aider à descendre, un petit homme brun avec un gros ventre arriva à vive allure avec un grand sourire. Ils comprirent que c'était le comte Alphonse de Pélicia en se rappelant d'un dessin que Luna leur avait un jour montré dans un livre d'histoire. Il était connu pour son grand élevage de mouton, son animal préféré. D'ailleurs, sa légendaire amie à quatre pattes, la brebis Anette, le suivait en trottinant.
-Mon merveilleux fils ! s'exclama le comte en prenant Donan dans ses bras. Je suis rassuré de vous voir ici. Les temps ne sont plus sûrs en ce moment à cause de ces maudits rebels !
Donan sourit en voyant que le comte était un excellent comédien. Il lui prit le bras et le serra comme Ameline lui avait dit de faire :
-Je suis heureux, moi aussi, d'être ici. Que les dieux en soient remerciés, je ne suis plus souffrant depuis maintenant un mois !
-Et tu vas enfin pouvoir faire ton apparition à la cour, là où tu aurais dû être dès ton plus jeune âge, mon fils...fit le comte.
Ils savaient tous les deux que ces échanges étaient obligatoires : même si le roi n'était physiquement pas présent, il avait des espions partout et l'un d'eux était sûrement en train d'écouter leur retrouvaille pour aller donner à son maitre un premier aperçu de la famille du comte.
-Et voilà ma magnifique fille ! s'exclama le comte en prenant les mains d'Ameline. Tu es encore plus belle que la dernière fois où je t'ai vu.
-Je suis heureuse que vous nous ayez enfin fait venir, père...dit-elle avec un grand sourire. J'avais hâte de voir à quoi ressemblait ce merveilleux endroit. Allons-nous voir le roi ?
-Bien sûr ! Je vous y emmène de ce pas pour faire les présentations !
Ameline lui prit le bras et Donan les suivit, imité par Adeline car une demoiselle de compagnie devait rester avec sa maitresse. La chèvre ferma la marche et trotta la tête haute.
Mark et Olivier, eux, aidèrent Gérard à monter les valises dans les chambres qu'on avait préparé pour les enfants du comte et se firent guider à travers le château par un garde.
Quand Ameline, Donan, Adeline et le comte entrèrent dans la salle du trône, les adolescents furent horrifiés : les piliers qui soutenaient le toi étaient recouverts de crânes et les lustres étaient faits avec des os. Les murs rouges sang brillaient à la lueur des bougies qui étaient si nombreuses qu'il n'y avait pas besoin de fenêtre pour éclairer la salle, pourtant immense. Le tapis qui allait de l'entrée aux trônes était aussi rouge que les murs et les dalles qui recouvraient le sol reflétaient les desseins sanglants peints au plafond.
Malgré leur effroi, ils n'en montrèrent rien et avancèrent vers les trônes avec courage.
Une fois devant le roi, le comte s'agenouilla et les trois autres firent de-même, Adeline légèrement en retrait. Anette, elle, se contenta de se coucher en baillant. Mais, après tout, une chèvre n'était pas obligée de montrer du respect à un humain qui ne la regardait jamais.
-Relevez-vous...fit le roi d'une voix sifflante et lente.
Lorsqu'ils virent le roi, les adolescents durent lutter pour ne pas prendre leurs jambes à leur cou. Vlorgue n'était pas le même que celui qui avait été peint sur le tableau affiché dans la chambre de Placidia. Le roi avait changé, il avait l'air encore plus maléfique. Les trois jeunes gens n'en doutaient pas, Vlorgue avait dû changer légèrement de forme après avoir accepté qu'un diable l'habite.
Le roi avait des cheveux rouges et des yeux de la même couleur. Son visage était plus allongé. De plus, Vlorgue avait sans doute grandi et mincit. Il portait des vêtements riches mais noirs. Une épée était accrochée à sa ceinture rouge et la couronne posée sur la tête du roi paraissait lourde. Elle était noire et des rubis y étaient incrustés. Le roi était à la fois beau et effrayant.
-Voici mes enfants, dit le comte. Mon fils Camille et ma fille Violette !
-Bonjour Majesté... saluèrent Ameline et Donan en faisant une petite révérence.
-Bonjour et bienvenue à Royatec, fit le roi. J'espère que la ville vous plait.
-Tout est magnifique ! assura Donan.
-Oui... approuva Vlorgue. Evidemment...
Ses yeux se posèrent sur Adeline et se plissèrent.
-Et qui est celle-ci... demanda-t-il sans la quitter des yeux alors que la jeune fille soutenait son regard tant bien que mal.
-C'est la demoiselle de compagnie de ma fille, expliqua le comte. Elle se nomme Lola, c'est une orpheline.
Le regard du roi quitta celui d'Adeline et alla se poser sur Ameline.
-Amusez-vous bien chez moi...fit-il après quelques minutes de silence. Vous êtes en sécurité...
-Merci, Majesté...dit le comte.
-Vous pouvez vous retirer... Mais restez, comte ! Je dois vous parler de la guerre.
Donan, Ameline et Adeline sortirent en marche arrière pour ne pas tourner le dos au roi et se firent conduire par un garde jusqu'à leurs chambres. Là, les filles entrèrent dans la leur et Donan alla dans la sienne qui se trouvait juste en face.
-Que faisons-nous à présent ? demanda Adeline.
-Nous allons nous amuser ! répondit sa grande sœur avec un sourire espiègle en se frottant les mains.
Adeline sourit à son tour en comprenant ce que sa sœur voulait dire et sautilla d'impatience.
-Quand est-ce qu'on commence ? demanda-t-elle.
-Demain... répondit Ameline.
Les deux sœurs se regardèrent et éclatèrent de rire.
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