Prologue

La reine regardait par la fenêtre avec appréhension... Ça allait bientôt être le moment où tout se jouerait...

Elle pria pour que tout se passe comme elle l'avait prévu, puis se retourna quand on frappa cinq coups à la porte.

Elle se dépêcha d'ouvrir et trois servantes entrèrent précipitamment dans la chambre. Elles avaient chacune dans les bras un bébé. La reine ferma la porte et questionna du regard les trois femmes.

-Personne ne nous a vu Madame, commença la première.

-Le roi est dans ses appartements. Il prend son bain du Dimanche donc il n'y a rien à craindre de ce côté, continua la deuxième.

-Mr Marik nous a dit que toute l'aile a été évacuée en toute discrétion. Nous avons encore du temps... termina la troisième.

La reine fit un hochement de tête pour montrer qu'elle avait compris.

-Madame... Avez-vous eu des nouvelles des pères de ces enfants ?

-Je viens de recevoir la réponse du commandant Sleve. C'est bien la réponse que nous redoutions... répondit la reine en baissant la tête.

-Ils sont tous les trois morts ! s'étrangla une servante.

-Oui... D'après le commandant, c'est bien un meurtrier qui les a tués, pendant leur sommeil comme se doit de faire un lâche, sur ordre du roi. Je leur avais pourtant dit de faire attention. Mais c'était des hommes bons et nobles qui pensaient que le roi se souviendrait de leurs loyaux services et que cela les sauverait.

La reine se laissa tomber sur un fauteuil et regarda les servantes avec un air las.

-Marik a-t-il fait sa part du plan ?demanda-t-elle

-Oui Madame. Il a emmené les duchesses dans un endroit sûr et les conduira à l'aube vers l'ouest. Malheureusement la duchesse de flores est morte en accouchant. Elle a eu le temps de voir sa fille et puis elle s'est éteinte en douceur avec un sourire aux lèvres.

-Ainsi en voilà une qui est orpheline dès sa naissance... Pauvre Emilia, elle était tellement gentille. Mais Placidia nous avait prévenus que cette petite-là lui ferait surement perdre la vie.

-La vie est trop pour la force d'un seul être... Il lui fallait celle d'une autre personne en plus.

Les quatre femmes se retournèrent dans un sursaut et virent une femme élégante avec une longue chevelure brune sortir de la pénombre.

-Placidia ! dit la reine, soulagée. Tu es en retard, et tu m'as fait peur.

-Excusez-moi Madame... fit la dénommée Placidia en faisant une révérence avec un air ironique. J'ai dû affronter les mages du roi qui avaient découvert que je complotais quelque chose contre lui. Ils me sont tombés dessus alors que je venais au rendez-vous.

-Où sont-ils? demanda la reine avec inquiétude.

-Au Ciel en train de se faire juger, répondit Placidia avec un sourire moqueur. Sur Terre ils ne sont plus que des tas de poussières dans le jardin. De toute façon, le combat était inégal : six mages contre une voyante comme moi... Encore trois mages et ils auraient eu une petite chance de s'en sortir. Et comme leur chef est enfermé chez lui après l'humiliation que je lui ai faite la semaine dernière, il n'était pas là pour que je sois en danger.

La reine éclata de rire. Placidia était extrêmement douée et puissante, même pour une voyante, et c'était toujours amusant de voir l'impuissance des mages face à ses pouvoirs. Mais ils s'entêtaient à ne pas vouloir comprendre que Placidia était plus forte, et ça finissait toujours mal pour eux.

-Madame... murmura l'une des servantes. Nous n'avons pas fini notre rapport...

-Continuez mesdemoiselles.

-Le corps de la duchesse de flores a été emmené en toute discrétion dans un carrosse. Celui-ci est parti il y a quelques minutes en direction de votre domaine.

-C'est bien, je pourrai ainsi l'enterrer là-bas.

-Mais ce n'est pas le seul malheur Madame, continua la servante. La duchesse de Yalisse a perdu beaucoup de sang en accouchant et elle est très affaiblie. J'ai bien peur qu'elle ne succombe au voyage. Sa fille l'a fait beaucoup souffrir, même quand elle était encore dans son ventre, elle donnait des coups de poings sans arrêt. 

-Une guerrière est active dès le début, commenta Placidia.

La servante ne lui prêta pas attention et termina.

-Seule la duchesse de Lyron s'en est sorti indemne. Elle a dit n'avoir rien senti.

-L'ombre passe toujours inaperçue, fit Placidia avec un sourire mystérieux.

Les servantes se sentirent gênées. Cette voyante avait beau être la femme qui avait fait la prophétie qui leur promettait un monde meilleur, elle avait quand même un air de folle quand elle le voulait. Surtout quand elle commentait avec cet air mystérieux... La reine, qui avait l'habitude d'entendre Placidia, essaya de comprendre ce que voulait bien dire ses commentaires. Mais elle fut interrompue dans ses réflexions par la voyante.

-Laissez-moi m'occuper de ces enfants. Je sais déjà où ils seront bien.

-A qui vas-tu les confier ? demanda la reine en se levant pour regarder un par un les bébés.

-Je compte confier les deux filles à mon frère, le comte de fayante. Sa femme et lui en prendront soin et les éduqueront comme leurs propres filles.

-Elles seront donc élevées comme des jumelles ?

-Cela serait préférable, elles se complètent.

-Et pour le garçon ?

-Dans mon village, un maréchal ferrant et sa femme sont stériles. Ils sont très gentils et j'aimerais bien le leur confier. Ils sont intelligents, bienveillants et ils ont ma confiance. C'est chez eux que je fais ferrer mes chevaux et cet homme n'est pas pauvre, ça je peux vous le dire ! Ce garçon sera bien éduqué.

- Toi ? La duchesse de fayante ? Tu as toujours des chevaux ? dit la reine avec étonnement.

-Bien sûr ! répondit Placidia avec un air vexé. Mon défunt mari faisait son élevage pour la garde royale. J'ai continué son œuvre et la plupart de vos chevaux en sont toujours le fruit !

-Oh ! Excuse-moi... Je ne pensais pas que tu avais continué après ce qu'il s'était passé... Mais bon! Pour en revenir au sujet, je te fais confiance : mets les enfants là où tu penses qu'ils seront bien.

La duchesse fit un signe affirmatif de la tête, prit les bébés un par un et les mit dans un grand panier. La reine s'en approcha et les regarda une dernière fois. Les trois enfants étaient allongés côte à côte et recouvert d'une couverture. Le petit garçon dormait, mais les deux petites filles étaient réveillées. L'une était blonde et lui faisait un grand sourire. L'autre avait des cheveux noirs et la regardait avec méfiance. Elle donna un grand coup dans le panier et défia la reine du regard.

-Ma reine ! cria un soldat en entrant dans la pièce. Le roi a lancé une recherche dans tout le château et les environs pour retrouver les bébés, la duchesse de fayante et vous-même. Vous n'avez pas réussit à lui donner assez de potion pour qu'il soit embrouillé toute la journée et oublie les naissances! Il vient de s'en rappeler!

La reine entendit au loin des cris d'alerte, suivis par des bruits de combat.

-Placidia, vas-y ! ordonna-t-elle.

La voyante la serra dans ses bras, prit le panier, s'approcha de la fenêtre et s'envola.

-Madame ! Vous devez vous mettre à l'abri ! s'exclama l'une des servantes.

-Non. Le roi ne me fera rien. Il sait bien que s'il me tuait, la mort s'abattrait sur tout le royaume. Et comme il ne veut pas mourir...

-Ma reine ! cria une voix à l'extérieur de la pièce. Ils ont franchi la porte du couloir !

-Échappez-vous ! dit la reine aux servantes. Essayez de sortir par la fenêtre !

Les trois femmes ne se le firent pas dire deux fois. Et à peine avaient-elles atteint la pelouse que la garde royale entrait dans la chambre de la reine.

-Où sont-ils ? hurla le chef.

-Vous croyez que je vais vous le dire ? le défia la reine.

De rage, et de peur aussi, il s'approcha et assomma la reine du plat de son épée.

-Emmenez-là !

*

Il n'avait pas réussi, il savait ce qui l'attendait dans cette salle... Mais il y alla quand même...Comme ça, sa famille ne subirait pas le même sort.

-Alors ? dit le roi quand le capitaine de la garde se prosterna à ses pieds. As-tu tué les enfants et leurs mères ? As-tu capturé Placidia ?

-Mon seigneur... commença le capitaine. Ils s'étaient...

Il s'arrêta de parler et se mit à trembler.

-Ils s'étaient ? fit la voix glacial du roi.

Le capitaine avala sa salive et, après une prière, termina sa phrase.

-Ils s'étaient déjà enfuis.

Le roi poussa un cri de rage et, avant que le pauvre capitaine ne puisse se relever, trancha la tête de l'homme.

-Qu'on fouille le royaume! Cherchez dans les moindre recoin d' Imline où est-ce que cette minable maudite traitresse de voyante de pacotille a bien pu cacher ces enfants de malheur ! Et qu'on fasse exiler la reine dans la tour de son domaine! Prenez toutes les précautions pour qu'elle ne puisse s'échapper! hurla le roi aux gardes qui se trouvaient dans la salle.

*

Mr Marik était revenu au château le plus discrètement possible. Quand il entendit le roi donner ses ordres, il sourit. Le plan de la reine se déroulait à merveille.

Ne devant pas se faire attraper, Marik s'enfuit de l'enceinte du palais et alla retrouver les deux duchesses survivantes.

-Le plan se déroule comme prévu. La duchesse de fayante a emmené les bébés. Nous partirons à l'aube avec les trois servantes de la reine : le roi doit se douter que sa femme les a mises au courant et on ne peut pas les laisser ici.  

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Bien le bonjour à vous !
Ceci est l'une de mes 2 premières histoires postées sur wattpad, en 2017, donc autant dire que mon style a bien évolué depuis : si vous continuez de lire, j'espère donc que l'histoire en elle-même vous plaira et que le style ne sera pas trop simple à votre goût (je n'ai pas encore eu le temps de la réécrire)
Bonne lecture à tous !

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