Diana s'étendit sur son lit et regarda le plafond.

-Je sens que je vais te suivre partout ! déclara Hermine. Ton avenir a l'air très intéressant !

-Avec de grandes chances de mourir, si mon destin est de combattre un roi aussi violent et meurtrier que Vlorgue.

-Oui. Mais moi je suis déjà morte ! Et puis, c'est pas si terrible de mourir.

Diana se redressa.

-Ah bon ?

-Bah non... Ce n'est pas la mort qui fait mal, c'est avant, si on te torture par exemple. Une fois que tu meurs, tu sens comme un choc. C'est bizarre à décrire, un peu comme si tu te réveillais en sursaut. Puis quand tu ouvres les yeux, tu vois le ciel... En fait tu te réveilles vraiment. Tu dois attendre quelques minutes avant d'avoir la force de te lever et puis tu peux enfin voir que tu es sur une plateforme de nuages dans le ciel. De temps en temps il y a d'autres personnes qui se relèvent aussi. A ce moment-là, tu sais que tu es morte et que les autres aussi. Au bout de la plateforme, il y a une sorte de comptoir avec des chaises et une table devant lui... Un peu à la manière d'un tribunal. Derrière le comptoir, il y a plusieurs tuyaux qui montent et on ne peut pas voir ou ils se terminent. Moi, j'étais avec une vieille dame, un homme, une femme et son bébé et il y avait aussi deux enfants : un garçon et une fille. On s'est installés sur les chaises sur ordre d'une femme en blanc qui se trouvait derrière le comptoir. Elle nous a annoncés qu'on était morts. On se souvenait de notre vie et certains étaient tristes... Mais pas moi, en tout cas ! Je suis morte dans d'atroces souffrances et là j'étais bien. Un par un, la dame en blanc nous a appelés. En premier c'était l'homme. Il s'est assis à la table et la dame lui a pris un cheveu. Elle a mis ce cheveu sur une balance bizarre : au lieu de contenir des chiffres il y avait marqué : anges, démon, enfer, paradis, fantôme, rêve et réincarnation. Anges c'est le mieux : tu as des ailes, tu peux voler, tu peux aller où tu veux... Démons c'est moins bien, mais super quand même : ils peuvent se téléporter, accomplir des missions, les anges aussi d'ailleurs. Mais ils ne peuvent pas aller partout : il faut qu'ils aient l'autorisation d'aller en dehors de chez eux. Le paradis, c'est un monde parfait, où tu vis et où tu peux faire ce que tu veux. Mais tu restes un simple humain et tu ne peux pas en sortir. De toute façon, une fois là-bas, tu ne veux plus partir et c'est tant mieux vu que tu y restes pour l'éternité. Le paradis c'est une sorte de récompense pour les gens biens mais qui n'ont pas fait grands choses durant leur vie. L'enfer, c'est la punition pour les gens mauvais : tu y travailles jusqu'à ce que toutes tes mauvaises intentions partent et que tu sois prêt à passer dans une catégorie meilleure. Fantôme, c'est comme moi ! Tu es invisible pour les vivants et tu peux aller dans le ciel et sur terre. C'est la liberté ! Tu peux suivre les personnes que tu aimes, voyager...

-Et la réincarnation ? demanda Diana en la voyant se perdre peu à peu dans ses pensées.

-Ça ? En fait, tu te réincarnes : tu oublies tout et attend ton tour pour renaître et avoir une nouvelle vie. Cette option est souvent choisie pour les bébés qui n'ont pas pu vivre. Personnellement, je n'aimerais pas ! Ah, et enfin, le rêve, c'est une catégorie où tu dors pour l'éternité. Tu rêves. Tu ne fais que ça. C'est une option pour les gens qui n'ont plus envie de réfléchir et de « vivre ». Tu peux aussi demander à aller dans la catégorie rêve après des siècles de vie dans la mort : c'est le vrai repos éternel. Mais bon, pour en revenir à ma mort, la femme a mis sur la balance le cheveu de l'homme et l'aiguille de la balance a montré enfer. Il a dû se diriger vers le tuyau enfer et y a été aspiré. La femme nous avait expliqué que la balance choisissait la catégorie des gens en fonction de leur passé, de leurs anciens choix, de leur caractère et de leurs envies. Après elle m'a appelée. J'ai été mise fantôme et je me suis dirigée vers le tuyau fantôme. J'ai été aspirée et je me suis retrouvée sur terre. J'ai d'abord eu peur en voyant que j'avais atterri devant des soldats armés, mais ils ne me voyaient pas et me traversaient. Je suis retournée où j'habitais, ici, mais toute ma famille était morte... Surement en train de se réveiller en haut alors que je venais de quitter le ciel. Alors j'ai un peu voyagé un peu partout puis je suis allé sur ma tombe vu que je ne voyais rien d'autre à faire et tu m'as trouvée trois siècles plus tard ! En attendant,j'ai vu la vie de tous les ducs de Fayente et leur famille qui sont passé par là donc je me suis pas trop ennuyée. Ils ont toujours eu une vie passionnante, c'est une lignée franchement spéciale, magique même.

Hermine avait l'air heureuse, Diana trouva cela bizarre vu qu'elles parlaient tout de même de la mort. Mais grâce à ce récit, la jeune fille n'avait plus aussi peur de mourir : il n'y aurait pas de vraie fin àson existence, ça la rassurait.

-Qui es-tu, Hermine ? fit alors Diana en la détaillant du regard. Pourquoi ta tombe est-elle ici ?

La fillette plissa les yeux, réfléchissant :

-D'après mes souvenirs, c'était l'époque de la chasse aux sorcières. Ma mère en était une et notre famille s'était réfugié chez le duc de Fayente. J'y ai passé la majorité de ma vie... Malheureusement, alors que notre protecteur était parti régler un problème ailleurs, un valet nous a dénoncé à la secte qui nous chassait, et elle a envoyé des soldats nous capturer, nous torturer et nous tuer, pour la simple et bonne raison que notre famille contenait une sorcière. En rentrant, le duc a dû trouver que nous méritions notre tombe dans le cimetière de sa famille, et j'en suis heureuse : j'avais un point de repère, ainsi, et un moyen de revenir rapidement à cet endroit, car un fantôme peut se matérialiser sur sa tombe dès qu'il le veut, ce qui lui évite de traverser tout le continent s'il est parti en voyage très loin.

Hermine s'envola vers le plafond et s'accrocha à un lustre.

-J'espère que tu n'as raconté toute cette histoire de monde après la mort à personne, lâcha pensivement Diana. Parce que sinon les gens n'auraient plus peur de mourir et ça serait dangereux pour nous...

-Tu es la première qui me voit et m'entend alors je ne pense pas que vos ennemis en aient entendu parler.

-Ah oui c'est vrai...

*

Diana attendait devant la porte que les nouveaux domestiques arrivent. Sa tante avait accepté de les laisser venir à la condition de ne rien leur dire de leur nature. Mais c'était évident que Diana n'allait rien leur dire : elle ne partageait pas sa vie avec n'importe qui !

Enfin, Diana vit six silhouettes arriver.

-Bonjour, Comtesse de Fayente.

Diana les salua poliment tandis que les six femmes faisaient une révérence, mais ne s'attarda pas et les invita à se redresser.

-Bonjour à vous. Madame Barnabette je vais vous montrer la cuisine et vous y trouverez les règles de cette maison. Mesdames, je vais vous conduire à vos chambres et vous trouverez aussi des indications et votre tâche.

Après leur avoir fait une courte visite du manoir et leur avoir montré leur chambre, Diana fit lever sa sœur jumelle et elles allèrent chez leur tante. Max y était déjà.

-Par où es-tu entré ? s'étonna Luna.

-Par la fenêtre, sous forme d'aigle, répondit Max le plus naturellement du monde.

Il fit une démonstration et après avoir retrouvé sa forme normale, il s'assit à côté des jumelles et de la voyante.

-J'espère que tes nouvelles employées sont discrètes et savent ne pas se mêler de ce qui ne les regarde pas, dit Placida à Diana en guise de bonjour. Vous vous demandiez pourquoi j'avais renvoyé le reste du personnel ? C'était pour éviter d'impliquer des gens dans mes affaires et de les mettre en danger : qu'ils réussissent à découvrir votre véritable nature ou non, Vlorgue pourrait très bien les enlever pour tenter de leur soutirer des informations. Il est fou, je vous rappelle.

-Je n'y avais pas pensé, avoua Diana, gênée.

-Tu ne pouvais pas le savoir quand tu les as demandés, de toute façon, soupira sa tante. Passons aux choses sérieuses, à présent : je peux vous aider à maîtriser vos pouvoirs, à vous montrer comment les utiliser. Cela ne devrait pas être bien compliqué, grâce à vos tatouages, mais concentrez vous tout de même.

Placidia commença alors à leur apprendre à se servir de leurs pouvoirs, ses élèves l'écoutant avec attention. Elle leur disait le principe, et ils appliquaient la méthode. Grâce à leurs tatouages, ils maîtrisaient en effet tout du premier coup, mais Diana n'aurait jamais su, par exemple, qu'il fallait expulser son énergie à travers ses pieds pour créer un champ de protection électrique.

Après trois heures, Placidia déclara qu'ils savaient se servir leurs pouvoirs correctement et qu'ils seraient plus puissants avec de l'entraînement. Elle leur précisa qu'elle-même ne connaissait malheureusement pas toute les façons de contrôler et d'utiliser leur magie, mais qu'ils trouveraient sûrement d'autres manières de faire avec le temps.

-C'est quand même bizarre, votre truc... soupira Max en s'affalant sur un fauteuil, épuisé.

-La vie est bizarre, répliqua la voyante en croisant les genoux.

Elle les regarda un à un, puis fronça les sourcils :

-Maintenant, il faut trouver un plan d'attaque, lâcha-t-elle.

-Quoi ? Un plan d'attaque? répéta Luna.

-Bah oui mes petits ! s'exclama sa tante avec un sourire ironique. Vous croyez quoi ? Qu'on va rester ici toute notre vie à attendre que le pays meure ? Que Vlorgue vienne se jeter dans vos bras pour vous présenter bien gentiment son cou dénudé ? Non, je ne pense pas. Nous sommes quatre des plus puissantes personne de cette planète : il faut profiter de notre union pour agir.

-Bon, alors on t'écoute... fit Diana avec un regard déterminé. Que proposes-tu ? Je suppose que défoncer la porte de la salle du trône et se jeter sur lui serait trop simple.

-C'est certain, s'amusa Placidia.

Puis elle redevint sérieuse et adressa un sourire rassurant à Luna qui ne semblait pas apprécier l'idée de se battre.

-Je propose de partir dans deux semaines, ajouta-t-elle. Ce sera les vacances et votre absence ne sera pas remarquée. On vous croira en voyage. Ensuite, première phase du plan : on délivre la reine. Elle nous sera indispensable. Ensuite, deuxième partie du plan : on tue le roi. Simple et efficace, non ?

-Euh... Ouais, fit Max.

-Mais ça ne répond pas au problème, dit Diana. Comment est-ce qu'on peut atteindre Vlorgue ?

Placidia réfléchit durant quelques secondes puis répondit :

-J'ai une idée, mais je dois encore y réfléchir. En attendant, il faut se concentrer sur la reine.

-Et... les petits ? Ameline, Conan, Alix, Airy... On ne peut pas les laisser ! dit Luna.

-Alors on les emmène ! s'écria Diana avec conviction. Dacien et Donan sont d'excellents escrimeurs, Conan a encore un peu à apprendre mais il est sur la bonne voie, Adeline et une combattante hors pair, Airy a un bon potentiel, Alix est petite mais peut vite apprendre...

-Et Ameline ? demanda Max.

-Elle vient aussi, déclara la tante. Elle sait se défendre et j'ai de toute façon besoin de toute la fratrie pour nous accompagner. Vous verrez, nous en aurons besoin.

Luna ne sembla pas convaincue, mais accepta en croisant le regard rassurant de sa jumelle.

-Très bien, conclut Diana. On te les envoie pour leur expliquer tout ça, tante Placidia. Tu sauras sûrement mieux le faire que nous. Et nous, on va se promener.

*

-C'est de plus en plus bizarre... fit remarquer Luna.

Ils marchaient tranquillement, dans le silence, jusqu'à son intervention.

-De quoi ? demanda Diana.

-Bah le ciel ! Avant, c'était toujours sombre, puis il y a eu une éclaircie, puis on ne savait jamais s'il faisait beau ou pas, et maintenant on dirait que le beau temps et le mauvais temps se disputent.

Diana regarda le ciel et vit qu'en effet, le ciel devenait clair, puis sombre, puis clair, ainsi de suite. De temps en temps un des deux gardait le dessus pendant quelques secondes, puis ça repartait en grésillement. Comment n'avait-elle pas pu le remarquer plus tôt ?

-C'est le bon et le mauvais, dit Max. La reine contre le roi.

Les jumelles le regardèrent, étonnées.

-Placidia m'a dit que la reine avait certains pouvoir, le plus grand est celui de pouvoir mettre des gens dans le même état qu'elle : si elle est malade, elle peut faire qu'une personne le soit aussi. Le roi la garde vivante et en bonne santé car si elle meurt, elle peut emporter qui elle veut avec elle dans la tombe. Et le roi sait qu'elle le fera mourir. Elle peut aussi diriger le ciel. Et le roi aussi a des pouvoirs... Un fort mental et il contrôle lui aussi le ciel. Ils sont en train de faire un combat de celui qui fera faire le temps qu'il veut...

-Si ça peut les amuser, se moqua Diana.

Mais Luna et Max ne semblaient pas amusés.

-Pourquoi est-ce que tu as l'air inquiet ? demanda la jeune fille à son ami.

-Placidia m'a dit que si un combat comme celui-là arrive, c'est un signe de la reine comme quoi il faut vite venir la délivrer...

Diana fit volte face vers Max et ouvrit de grans yeux.

-Donc on va partir bientôt ?

-Oui...

-Ô joie...

Ils marchèrent encore un peu et Diana reprit la parole.

-Eh bien, si on doit y aller, nous y irons dès demain matin !

Elle s'arrêta, l'air déterminé, et ferma les yeux. Une chouette blanche, un corbeau et un faucon arrivèrent en volant.

-Voici un oiseau pour chacun de nous. Si vous voulez envoyer un message, vous le donnez à votre oiseau et il ira le donner au destinataire et reviendra ensuite. Pour toi Max, c'est le faucon. Il s'appelle Eliome. Pour toi Luna, c'est la chouette. Elle s'appelle Soualle. Et moi c'est le corbeau qui s'appelle Misti.

-Oh, fut la seule chose que Luna réussit à dire en voyant la chouette se poser sur son bras tendu.

Max ne dit rien, mais il semblait admiratif devant le plumage du faucon.

-Maintenant on rentre, on prépare nos affaires, dit Diana. Max, je t'envoie mes domestiques, ils termineront leur mois chez tes parents.

-Alors là, pas de problèmes: je suis sûr qu'ils ne seront pas contre un peu d'aide !

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Salut!

J'aimerais savoir si mon histoire vous plait?

J'espère que vous ne vous ennuyez pas... c'est peut-être un peu lent comme début.

A bientôt! :)