Quand il fut sept heures du matin, Diana alla réveiller ses frères et sœurs. Puis elle descendit à la cuisine, Luna était en train de mettre la table du petit déjeuner.
-Bonjour ! dit-elle en levant la tête vers sa sœur. Est-ce que tante Placidia a trouvé un nouveau cuisinier et de nouvelles servantes ? J'en ai marre de toujours devoir faire à manger et de vivre dans un endroit tout poussiéreux.
-A mon avis elle n'a même pas cherché, répondit Diana en haussant les épaules. Elle a licencié toutes les servantes juste avant notre arrivée et vient à peine de renvoyer le cuisinier parce qu'il commençait à raconter plein d'histoires d'horreur à Alix et Airy. De toute façon elle cherchait juste un prétexte pour le renvoyer, et pour les servantes... On dirait qu'elle veut qu'on s'occupe nous-mêmes du ménage, et maintenant de la cuisine.
-Ou alors elle ne veut pas que des personnes nous approchent de trop près...
-Pourquoi? Elle a peur qu'on se fasse enlever?
Diana éclata de rire.
-En tout cas on va devoir se débrouiller toutes seules pour en trouver, reprit-elle en reprenant un visage neutre.
Diana s'installa à droite de Luna et commença à manger. Le restant de la famille arriva au compte-gouttes. D'abord, les triplets de quatorze ans : Ameline, Dacien et Donan. Puis Conan, âgé de treize ans, suivi de Adeline, âgée de douze ans, ainsi que Airy, âgé de neuf ans et enfin Alix, âgée de six ans.
Ameline était la plus belle des jeunes filles de la région et prenait très au sérieux les règles et le protocole. Même au milieu de la campagne. Elle avait de longs cheveux noirs qui lui arrivaient en bas du dos, des yeux verts émeraudes, une peau laiteuse et une taille très mince. Les jumelles avaient toujours été les chefs de la fratrie et, depuis la mort de leurs parents, elles étaient devenues comme des secondes mères. Ameline était celle que Diana et Luna avaient le moins besoin d'éduquer et elles lui confiaient souvent la garde des enfants quand elles partaient faire des courses.
Alors que Ameline était calme, Dacien et Donan étaient suractifs. Ils avaient des cheveux bruns et une taille imposante. Diana leur apprenait le maniement de l'épée et ils étaient très doués. Ils étaient aussi très protecteurs et n'hésitez pas à défendre leurs sœurs et leurs petits-frères.
Conan était blond vénitien, il avait des yeux bleus foncés et n'était pas aussi musclé que ses frères aînés. Il adorait observer les étoiles et il était le premier de sa classe. Le but de sa vie se résumait en cinq mots : apprendre toujours plus de choses.
Adeline,elle, était brune avec des cheveux bouclés ainsi que des yeux bleu clair. Elle était charmante, fière et aimait la couture. Mais contrairement à ce qu'on pourrait penser, elle était aussi une excellente combattante, que se soit à l'épée, à l'arc ou au corps à corps. Depuis ses sept ans, Diana l'entraînait, quelque fois aidée par Luna. Elle adorait les animaux et élevait dans sa chambre un renard et des souris.
Quant à Airy, il était un petit garçon aux cheveux noirs. Il avait toujours du mal à assimiler les nouvelles choses et était le plus têtu de la famille. En plus d'être capricieux, il était menteur et facilement jaloux. Le contraire total d'Ameline.
Enfin, la dernière, Alix, était la chouchoute. Avec ses cheveux noirs, ses yeux pétillants et sa petite taille, elle obtenait toujours ce qu'elle voulait. Elle en était absolument consciente et en profitait au maximum.
-Luna, dit Airy, il y a Conan qui dit que je suis trop petit pour aller à l'école ! Dis lui que c'est pas vrai!
-Dianaaaaa ! pleura la petite Alix. Je veux pas aller chez madame Toruuuuu !
Et comme chaque matin, les jumelles devaient résoudre les problèmes.
-Mais Airy, tu sais bien que pour aller à l'école il faut avoir onze ans, dit Luna.
-Pourquoi ? Moi je veux y aller!
-Parce qu'il faut être assez grand pour pouvoir apprendre et retenir l'histoire du royaume, les leçons de mathématique et de langues...
-Mais je suis grand!
-Mais Airy, Diana et Luna t'apprennent à manier l'épée. C'est déjà bien ! dit Adeline.
Le petit garçon allait répliquer mais il ne dit rien. Il eut l'air de réfléchir et finit par demander à la brune.
-Et toi ? demanda Airy. Tu as appris l'escrime ?
-Oui.
-Mais t'es une fille !
-Et alors ! Une fille qui ne sait pas se défendre c'est une fille soumise et vulnérable ! Même Ameline sais se défendre alors qu'elle serait parfaite pour faire le rôle de la petite princesse parfaite !
Ameline se racla la gorge, pas très heureuse qu'on la qualifie ainsi.
-Et puis tu trouves bien normal que Diana et Luna se battent, continua Adeline.
-Oui mais elles se sont les jumelles !
-Eh oui ! Les jumelles pas les jumeaux. Elles sont des filles !
Airy regarda les deux aînées en fronçant les sourcils. C'est vrai qu'elles portaient des robes de temps en temps. Mais les pantalons étaient plus souvent portés par les hommes et les jumelles s'habillaient très souvent avec des pantalons.
-T'as peut-être raison...
-Bien sûr que j'ai raison ! Tu croyais qu'elles étaient quoi ?
-Bah... Les jumelles !
-Ah bah oui ! dit Conan. Attention grande nouvelle ! Nous avons trouvé un autre sexe : en plus des hommes et des femmes, il y a les jumelles! Une catégorie complètement à part!
Alors qu'il éclatait de rire avec Adeline, Luna et les triplets, Airy alla bouder dans son coin.
De son côté, Diana essayait de calmer Alix.
-Tu y vas encore aujourd'hui avec Airy et je trouve une solution pour vous faire garder autre part demain. D'accord ?
-Pourquoi pas... Et je pourrais jouer à l'épée avec Airy ?
Elle lui fit un grand sourire qui ressemblait fortement à celui d'Hermine et fit ses yeux de chien battu : impossible de résister.
-Si tu veux, mais avec celle en bois !
*
Bien qu'elle soit d'une famille noble, Diana allait à l'école du village. Luna, Ameline, Dacien, Donan, Conan et Adeline aussi.
Après avoir déposé les deux derniers de la famille chez madame Toru, ils arrivèrent devant l'école. Ils laissèrent leurs chevaux à l'écurie et se dirigèrent vers le bâtiment. Les jumelles laissèrent les triplés et les deux autres aller de leur côté et se dirigèrent vers Max, le fils d'un forgeron mais avant tout leur meilleur ami.
Max était une personne assez étrange, quand on y faisait attention. Bien qu'il soit grand et beau, il passait souvent inaperçu. Quand il le voulait, il arrivait à faire en sorte que personne ne le remarque, ce qui avait toujours semblé exploit pour les jumelles. Ses cheveux châtains et ses yeux marron-orangé étaient peu ordinaire dans ce village de têtes brunes aux yeux marron foncé. Lui aussi avait été adopté et avait la même date de naissance que les jumelles. Il ne savait rien de sa vraie famille, comme elles.
Ses petites étrangetés étaient sans doute ce qui l'avaient rapproché des deux jeunes filles, car Luna et Diana aussi étaient peu ordinaires.
Luna était blonde aux yeux bleus et Diana avait des cheveux noirs et des yeux verts, ce qui n'étaient donc pas très courant ici. Et malheureusement pour lui, même si Max était discret, il était souvent le centre de l'attention à cause de ses amies :
Luna était si sociable et joyeuse que partout où elle passait, les gens était heureux. Son visage exprimait toujours son humeur : la joie de vivre. Et si par malheur quelqu'un l'énervait, son visage se décomposait et son regard pétrifiait le malheureux. Celui-ci avait alors toute joie qui le quittait et il s'empressait de s'excuser. Tout le monde l'aimait et venait lui parler.
Quant à Diana, elle n'était pas comme Luna : son visage n'exprimait aucun sentiment. Elle gardait tout pour elle, dans sa tête. Elle s'énervait très vite et les gens la craignaient un peu car, lors de ses crises de rage, personne ne pouvait la contrôler. Elle n'était pas sociable et seuls ses amis et sa famille l'avaient déjà vu rire.
Quand un professeur sonna la cloche, les élèves se dirigèrent en courant vers leur classe. Mathématique, c'était la première matière de la journée des trois amis. Le professeur les fit entrer et chaque élève s'installa à sa place. Le cours commença dans l'abattement et la mauvaise humeur des élèves.
Pendant que le prof parlait, comme à leur habitude, les trois garçons de sa table bavardaient, empêchant Diana d'entendre le cours.
-Non mais je t'assure ! disait l'un des garçons. Mon père m'a acheté un cheval pour mon anniv'. Et il est encore plus rapide que ceux des gardes royaux !
-Pff ! N'importe quoi. Si ce que tu racontes est vrai, ma mère est la fée carabosse !
-Quelle expression pourrie... marmonna Diana en levant les yeux au ciel.
-Mais je vous assure les gars ! Il est bai et c'est le plus beau !
-Moi je suis d'accord avec Mark, t'es qu'un menteur !
-Taisez-vous ! dit Diana aux trois bavards.
L'un des garçons, Mark, qui connaissait bien les colères de la jeune fille pour y avoir eu déjà affaire, s'arrêta et se retourna vers le prof. Mais les deux autres étaient nouveaux et ne lui prêtèrent pas attention. « Mais de quel droit elle nous donne des ordres celle-là ! Encore une de ces filles qui se croient tout permis. » pensa l'un des deux nouveaux. Il ne pouvait pas savoir que Diana lisait dans ses pensées, ainsi qu'à l'autre. « Mais c'est qui celle-là ? Je l'ai pas vu au village, sûrement une fille de paysan vu son pantalon. » pensa le deuxième nouveau. Et ils reprirent leur discussion sous le regard apeuré Mark. « Ils veulent jouer au plus fort avec moi ! pensa Diana. Eh bien ils vont voir ce qu'ils vont voir ! » Diana savait bien qu'elle ne pouvait pas leur crier dessus en classe. Elle opéra donc discrètement. Elle entra dans la tête de ses deux victimes et leur provoqua une vive douleur à la tête. Les deux nouveaux se turent et prirent leur tête dans les mains. Diana sourit et les libéra de la douleur. Elle recommença ainsi à chaque fois qu'ils ouvraient la bouche.
Ce n'était pas très sympa, mais si c'était la seule façon d'être tranquille elle l'utiliserait sans remord.
*
A la fin des cours, les jumelles retrouvèrent leurs frères et sœurs devant l'écurie.
-Rentrez ! dit Diana. Il faut que je trouve des personnes...
-Pour quoi faire ? demanda Adeline.
-Pour différentes choses.
Elle n'en rajouta pas plus et s'enfonça dans la foule.
Browi était un village campagnard. Néanmoins, il y avait quand même beaucoup de monde, et les rues étaient bondées. Surtout à cette heure-là, car, en plus des travailleurs habituels, tous les enfants et les élèves sortaient. La foule était bruyante et tout le monde se poussait.
Cependant, Diana n'avait plus besoin depuis longtemps de se frayer un passage à coup de coudes. Les personnes du village la connaissait et, depuis le jour où un homme l'avait poussé dans la boue, les villageois prenaient garde à ne pas la bousculer. Après l'avoir fait tombée, l'homme ne s'était pas excusé et avait continué son chemin. Diana s'était relevée et l'avait interpellé, lui demandant des excuses. L'homme s'était retourné avec un air méprisant, la foule s'était arrêtée pour regarder ce qui se passait et il avait dit :
-Pourquoi est-ce que je m'excuserais ? Espèce de garçon manqué !
C'est là que Max avait vraiment rencontré Diana. Ses parents lui avaient montré les nièces de la duchesse qui l'avait placé chez eux. Il s'était donc avancé et avait dit à l'homme qu'il s'adressait à la comtesse de fayente.
-Une comtesse ? Eh bien, moi, les comtesses en pantalon, je les respecte encore moins que si elle était paysanne ! avait-il dit en crachant par terre. Et les morveux de ton genre se taisent devant quelqu'un de plus riche qu'eux ! avait-il dit en frappant Max.
La foule avait protesté. Un étranger n'avait pas le droit de frapper un des leurs et encore moins de manquer de respect à une comtesse. Même si elle était en pantalon. Mais comme l'homme avait l'air fort, personne ne s'était interposé. Diana avait alors sorti son épée et s'était précipité sur l'homme. Elle l'avait jeté à terre et lui avait mis la lame contre la gorge.
-Si vous avez une opinion pareille sur les femmes vous devriez la changer ! Les filles armées et entraînées sont aussi dangereuses que les hommes... avait-elle dit avant de l'assommer du plat de son épée.
Elle s'était relevée et avait défié la foule du regard pour voir si quelqu'un allait la contredire. Mais voyant que personne ne faisait de commentaires, elle était repartie s'occuper de ses courses en abandonnant l'homme par terre. Max l'avait rattrapée et ils avaient fait connaissance.
Depuis cet épisode, les villageois faisaient attention à ne pas l'énerver. En deux mois, Diana avait gagné le respect des gens, que ce soit à l'école ou en dehors. En même temps, avec son pantalon noir, son pull de laine gris, ses bottes en cuirs, son épée sur le côté, son visage neutre et ses yeux verts qui viraient au noir quand elle s'énervait, elle ne donnait pas envie aux gens de l'embêter.
En arrivant devant la petite ambassade du village (Sa tante ne s'occupait plus vraiment de gérer le village et les villes de la région. Elle avait fait mettre des ambassades un peu partout qui s'occupaient des problèmes à sa place), Diana regarda autour d'elle. Elle avait senti, sur tout le chemin, qu'on la suivait. Mais personne à l'horizon. Elle sonda la place pour voir si une âme se trouvait par-là, mais il n'y avait qu'un rat qui se demandait ce qu'il lui arrivait.
« Bizarre... Les rats n'ont pas de pensées aussi précises d'habitude. » Elle rentra dans le bâtiment.
-Bien le bonjour mademoiselle, dit un homme à l'accueil. Que nous vaut cette visite ?
-J'ai besoin de trouver un cuisinier et des servantes, répondit Diana.
-Oui je vois... fit l'homme en fouillant dans son dossier.
Diana s'avança et pu voir son badge où il avait marqué son nom : Brénon.
-Voilà ! annonça Brénon. Voici les fiches des noms de toutes les personnes en recherche d'emploi.
Diana prit les fiches et alla les lire dans un fauteuil. Après un quart d'heure, elle avait trouvé les personnes dont elle avait besoin. Elle avait bien lu leurs demandes d'emploi, leurs motivations, leurs situations...
-Monsieur, voici les six personnes que je voudrais embaucher. Pourriez-vous leur dire d'être chez moi demain à six heures du matin ?
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