Chapitre 14: le duel

-Pensé à quoi ? demanda Luna.

-On s'est totalement trompé. Isaac est peut-être curieux mais c'est un pauvre innocent qui n'a rien à faire dans l'histoire. Un innocent qui, sans mon don, aurait été cru coupable si la traîtrise avait eu lieu et échoué cette nuit.

-Alors ? Et Foulque ?

-Eh bah, Foulque est tout le contraire de ce que l'on pensait. Il écoute toutes les conversations, très discrètement... Il a en effet le souhait de nous tuer ce soir, en empoisonnant la tisane qu'Isaac distribue à tout le monde pour mieux dormir.

-Mais pourquoi est-ce qu'il veut nous tuer ?

-C'est un mage au service du roi.

-Un mage ? Il a un pouvoir mental puissant, c'est ça ?

-Oui, mais pas que ça ! Tante Placidia m'a dit que les mages étaient des sortes de Merlin malveillant. Ils peuvent faire voler les objets et hypnotiser, ça tu le sais, mais ils peuvent aussi s'infiltrer dans le corps des gens et en prendre possession.

-Et donc ?

-Et donc la personne qui parle avec Isaac est bien son grand-père, mais juste la forme. Il est contrôlé par le mage du roi Vlorgue !

-Moi qui croyais que les mages étaient gentils...

-La réalité n'est pas une histoire pour enfants.

-Comment il a pu savoir que c'était nous ?

-Il savait notre nombre, combien de filles et de garçons, qu'il y avait une femme âgée et deux petits... Et puis il a écouté nos conversations.

-Jamais je n'aurais cru que c'était lui. Isaac était le plus suspect. Il aurait pu trimbaler son vieux grand-père pour paraitre innocent. Et se donner un air souriant et presque niais pour attirer la sympathie.

-En fait c'est le contraire, je t'explique l'histoire. Le mage a rencontré un vieil homme, Foulque, et a pris possession de son corps. Il est retourné où Foulque habitait et a proposé à Isaac de venir avec lui pour devenir chevalier. Un vieil homme est moins suspect avec un garçon. Et vice versa. De plus, Isaac était curieux et donc le mage n'avait pas besoin de poser des questions. Il était donc insuspectable.

-Se servir de quelqu'un est horrible ! Je le déteste !

Et elle partit en grommelant des injures envers le mage. Diana alla tout raconter à sa tante.

-Oh ! dit celle-ci à la fin du récit, très intéressée. Dis-moi, comment s'appelle-t-il ?

Diana sonda une fois encore l'esprit de l'homme assis à côté d'Isaac.

-C'est le mage Catéhors. Tu le connais ?

-Oui. C'est le plus puissant des mages. J'ai déjà eu à faire à lui. Mais heureusement pour moi, les voyantes sont plus fortes que les mages. Dommage qu'elles soient plus rares, sinon on les aurait déjà exterminés !

-Comment va-t-on faire ? On ne peut pas le tuer avant qu'il ne sorte du corps de Foulque.

-Ma chérie, sache que dans le monde de la magie, certaines règles sont toujours respectées. Sinon le fautif meurt.

-Et qu'elle est la règle que tu veux utiliser ? demanda Diana en souriant.

-Un duel magique !

-Je sens que je vais adorer. Mais un duel, c'est un contre un ?

-Exact, Diana !

-Ne me dis pas que tu veux te battre contre lui ! Tu n'es pas un peu trop vieille pour cela ? C'est toi-même qui n'arrêtes de le dire !

-Ne t'en fais pas. Je ne suis peut-être plus très jeune, mais mes pouvoirs sont puissants. Au moins autant que ce crétin de mage...

*

-Tout le monde vient manger ! cria la voyante en tapant sur une marmite vide à l'aide d'une louche. Le repas est prêt !

Chacun s'assit autour du feu et attendit d'être servit.

-Bien ! déclara Placidia à la fin du repas. J'ai une annonce à faire !

Tout le monde se tut. Les de Fayente étaient déjà au courant mais Isaac et le mage ne savait pas qu'il se tramait.

-Cher Isaac, je suis désolée de t'annoncer cela, mais l'homme assis à côté de toi n'est autre que le mage Catéhors, au service du roi ! Il a pris possession du corps de ton grand-père.

-Pardon ?

Isaac regarda celui qui était censé être son grand-père avec de grands yeux, puis la voyante. Il se rapprocha un peu de Conan.

-C'est vrai ?

Le visage de Foulque avait une expression agacée sur le visage, mécontent d'être découvert. Mais avant qu'il ne puisse lancer un sort, Placidia lança :

-Catéhors ! Je te défis au duel magique !

Foulque, d'abord surpris, sourit d'un air moqueur et une fumée sortit par ses narines. Il s'effondra au sol, inconscient.

-C'est bon, murmura Adeline à Isaac. Ton grand-père est libéré.

Isaac se précipita vers Foulque et le tira vers un arbre pour l'écarter de la fumée qui laissait la place à un homme sans rides aux cheveux gris et aux yeux noirs sans pupilles. Il portait une longue robe bleue foncée, une cape de la même couleur avec des motifs dessinés dessus, et un chapeau pointu. Il avait des babouches en guise de chaussures.

-Alors comment on se retrouve très chère Placidia, duchesse de Fayente, fille du comte de Fayente, dame de confiance de la reine Lora, troisième voyante depuis plus de cinq cent ans et la seule toujours en vie. Contente de me revoir ?

Isaac avait écarquillé les yeux en entendant qui était la femme qui se trouvait avec lui pendant plus d'une semaine. Puis il lança un regard où perlait un soupçon de fierté à Diana : il avait eu raison de ne pas la croire.

-Pas forcément, dit franchement Placidia. Comme à chaque fois que tu te trouves à moins d'un kilomètre de moi, j'ai une très forte envie de vomir. Je ne sais pas comment j'ai fait pour supporter ton odeur pendant ces vingt ans communs au château. Déjà adolescent tu étais aussi orgueilleux et sombre que tes maîtres, et ça n'a fait qu'empirer avec l'âge.

Le visage du mage se décomposa.

-Dommage, moi je suis content de te revoir.

Un sourire malveillant se dessina de nouveau sur son visage.

-Je vais pouvoir te détruire enfin, reprit-il. Je n'ai pas oublié tout ce que tu m'as fait. Et les quinze ans qui nous ont éloignés n'ont rien changé à ma fureur.

-Ah ! Maintenant que tu en parles, je pense que c'est la première fois que je suis heureuse d'être face à toi. C'est moi qui vais t'écraser. Mais là, tu ne seras même plus vivant pour te sentir humilier par ta défaite, comme l'autre fois.

Et elle éclata de rire.

-J'étais jeune à l'époque !

-Je trouve que moi aussi. Tu avais trente-quatre ans, et j'en avais quarante-neuf. Maintenant tu n'as que quinze ans de plus, l'âge que j'avais à l'époque.

-Mais toi, tu es vieille désormais ! Tu as peut-être l'air d'avoir la quarantaine, tu as soixante-quatre ans !

-Mes pouvoirs sont supérieurs aux tiens, et mon intelligence aussi, rétorqua la duchesse. Et soixante-quatre est jeune pour les voyantes.

-Eh bien en garde ! s'écria le mage en enlevant sa cape et son chapeau.

Placidia remonta ses manches.

-Diana sera l'arbitre, déclara-t-elle.

-Cela ne me pose aucun problème ! dit-il avant de se retourner vers Diana. Sais-tu que tu devras prendre sa place quand je l'aurais tuée ?

-Aucun problème...

-Chut ! s'écria la voyante. Arbitre, fais ton travail !

Diana se plaça entre les deux adversaires.

-En garde ! cria-t-elle.

Elle recula de quatre pas et annonça :

-Que le duel commence !

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