La horde
Avertissement : Ce chapitre peut contenir des scènes violentes où à caractère sexuelle. Même si cela reste soft je préfère prévenir.
La pluie s'intensifia au-dessus de la ville de Kyoto, forçant les habitants à trouver un endroit pour se protéger de cette averse. Les nuages se multipliaient et annonçaient par leurs couleurs anthracite la venue d'un typhon important.
Cachée dans l'ombre depuis un certain temps, une jeune femme aux longs cheveux noirs regarda appuyer le dos contre le mur, la scène se jouant dans le café. Elle se mit à sourire de façon malsaine quand elle vit Naru partir en trombe, avant de la suivre en gardant une certaine distance pour ne pas se faire repérer.
Remontant son imperméable noir pour cacher à moitié son visage, elle continua de poursuivre son chemin quand Naru tourna pour monter les marches menant au temple. Ses talons claquèrent sur le sol pavé, à mesure qu'elle s'avança vers la forêt qui bordait le sanctuaire. Ses yeux émeraude scrutèrent le ciel qui grondait au-dessus d'elle, puis elle s'enfonça entre les arbres.
Les animaux peuplant la forêt se turent en la présence malveillante qui s'immisçait entre les arbres. L'ombre gagna du terrain au fur et à mesure que la femme s'avança, et au gré de ses pas, elle défit son imperméable et le glissa sur ses épaules, révélant son corps nu. Elle laissa le vêtement sur le sol avant de s'arrêter à quelques mètres de la lisière, le regard fixé sur le sanctuaire.
— Je sens que ce combat va être épique, ria-t-elle de façon moqueuse.
Ses mains partirent du haut de sa poitrine en descendant jusqu'à la naissance de ses cuisses. Un grognement sourd s'échappa de ses lèvres quand elle sentit ceux de son maître se joindre aux siennes, tandis qu'il posa son menton sur son épaule.
— Nakthye, je te savais puérile, mais pas à ce point, susurra-t-il en déposant des baisers dans le creux de son cou.
Un gémissement franchit les lèvres de Nakthye alors qu'elle passa son bras derrière elle pour attraper la nuque de l'homme avant de se retourner. Elle appuya prestement sa poitrine contre son torse et plissa les yeux.
— Que veux-tu, je me délecte toujours de la souffrance des autres, rétorqua-t-elle.
Son maître la souleva et la plaqua contre un arbre avant de l'embrasser avec violence. Elle enroula ses jambes autour de sa taille, accueillant les gestes brusques de l'homme et se perdit sous ses assauts. Ganossa savourait de pouvoir dominer sa protectrice, mais il porta son regard vers le sanctuaire, sentant la détresse de Naru. Il se lécha les lèvres quand il tendit la main, ordonnant à sa horde d'attaquer.
Tapis dans l'ombre, un troupeau de monstres se mirent à courir et dépassèrent le couple avant de plonger dans les ténèbres qui s'accumulaient autour du sanctuaire. Leurs cris stridents étaient étouffés par le tonnerre, leurs présences dissimulées par la pénombre des bâtiments alentour.
Accoudée sur les pierres du puits, Naru regarda son reflet onduler sur la surface de l'eau. Elle remarqua que la pluie s'intensifia quand un parapluie apparut au-dessus de sa tête. La jeune femme redressa la tête sur l'objet avant de la tourner vers l'homme qui souriait d'une manière triste à son égard.
— J'avais remarqué que vous avez perdu votre regard sur le sanctuaire et je me suis douté que vous soyez venu ici, indiqua Akira.
Naru ne s'attendait pas à le voir ici. Bien au contraire, elle pensait que soit Yahiro ou Akito la rejoindraient. Mais la surprise n'était que plus belle, surtout quand il lui tendit un gobelet cartonné fumant.
— Vous avez vu juste, sourit-elle en récupérant la tasse. Je comptais y faire un tour, et je me suis dit que c'était le meilleur endroit pour m'apaiser après la visite impromptue de ma vieille tante.
Akira afficha un fin sourire, soulagé de constater que la jeune femme aux origines anglophones comportait un respect pour ces lieux mythiques. Il invita Naru à se mettre à l'abri sous un porche, remarquant le ciel s'assombrir.
— J'ai réussi à tenir tête à votre tante, informa-t-il en se déplaçant. Elle a un sacré caractère. J'imagine que ce n'est pas votre oncle qui porte la...
Naru posa un doigt sur ses lèvres pour le stopper dans ses dires quand elle aperçut la matérialisation du sage de métal dans le dos de l'homme. Il ne put en rajouter plus qu'il sentit un coup sur la tête avant de s'effondrer dans la boue.
— Mais c'est quoi votre problème ? explosa Naru à l'encontre du sage.
— Les éléments se déchaînent, Naru, tu ne serais pas aussi accaparé par cet homme que tu remarquerais ce qu'il se trame, lui répondit Yahiro d'un ton froid et sec.
— Comment...
Elle se tut, ressentant la désagréable sensation d'être observé, puis porta son regard vers la forêt qui borda les jardins du sanctuaire.
— Garde ta colère pour le combat, Naru, ajouta-t-il dans l'empressement. Je ramène ton ami à ses appartements et vais vérifier les talismans avec Akito.
Naru hocha la tête, puis referma le parapluie qu'elle donna au sage avant de le voir disparaître avec l'antiquaire dans ses bras. Elle regarda autour d'elle pour vérifier si les lieux ont bien été désertés par les visiteurs avant de glisser son doigt sur son diamant noir. Kido apparut en bondissant devant elle, retroussant ses babines et baissant ses oreilles.
Tu aurais attendu plus longtemps pour m'appeler, j'aurais enfreint les règles et serait venu de mon propre chef Naru, grogna-t-il d'avertissement.
— Que veux-tu dire Kido ?
Une présence plus puissante est ici et t'observe.
— Hauwk, murmura-t-elle en plissant les yeux.
Kido hocha la gueule avant de hérisser le poil. Naru ressentit un frisson quand elle aperçut dans les arbres les monstres qu'elle avait combattus au temple d'Izumo. Elle ne leur laissa pas le temps de se jeter sur elle qu'elle projeta un faisceau lumineux sur eux, les faisant hurler de douleur.
— Va falloir mettre le paquet, Kido, ils ont été particulièrement pénibles à combattre la dernière fois.
Le Kitsune grogna de plus belle, se rappelant la défaite cuisante qu'il avait subie pour sauver la petite fille. Il bondit sur l'une des créatures qui sortirent de l'ombre d'un cornouiller. Ses yeux vides et blancs se confondaient avec les éclairs qui fendaient le ciel. Son corps enchevêtré de racine laissait apparaître ses côtes et ses membres squelettiques que Kido arracha grâce à sa puissante mâchoire.
Le monstre ayant reçu l'attaque préventive de Naru dégringola de son perchoir et s'écrasa dans un bruit sourd sur la terre humide. La jeune femme ne le laissa pas se relever en enchaînant plusieurs attaques à son encontre, l'atomisant en moins de deux. Le corps fumant de la créature suinta d'une matière visqueuse qui se répandit tout autour des racines. Kido se recula vers sa coéquipière, remarquant le même phénomène se produire sur le corps du monstre dont il s'était occupé.
Moins résistant que la dernière fois, mais cachant leurs véritables aspects sous des couches d'écorces, fulmina-t-il.
— Et encore, tu devrais regarder ce qu'il se passe tout autour, inspecta Naru en scrutant les recoins de la cour du temple.
Rampant sur les toits. Gisant de terre. Se matérialisant hors des ombres. La horde de créatures entoura la jeune femme et le renard. Ils tapèrent des poings sur le sol, provoquant un vacarme assourdissant, forçant la peur à se frayer un chemin vers l'héroïne qui ne se laissa pas intimider. Certes, des meutes, elle en a combattu, mais pas aussi imposante et nombreuse que ceux l'encerclant.
De longues dents pointues. Les corps suintants d'un liquide noirâtre. Des prunelles passant du rouge sang au vide abyssal. Des griffes acérées et des gabarits différents, les créatures poussèrent leurs cris stridents avant de s'écarter pour laisser passer la plus imposante, s'avancer vers elle.
Dans sa poigne difforme révélant des muscles à vif, une chevelure blonde dépassa de son poing. La bête grogna quand il sentit une main l'agripper à l'avant-bras. Il donna de l'élan dans celui-ci pour jeter comme une malpropre le corps d'une jeune femme écorché de part en part à force d'être traîné sur le sol. Elle atterrit à quelques mètres devant les yeux effarés de Naru, qui constata les nombreuses blessures que la demoiselle comportait sur ses membres. Elle serra ses poings tremblants de rage, quand la créature se moqua des gémissements plaintifs de sa proie.
— Kido, interpella-t-elle la mâchoire serrée, pas de pitié, on fonce dans le tas, mais le gros, tu me le laisses. Je vais lui faire sa fête.
Attention à toi, il est plus balèze que les autres, répondit-il, le poil hérissé de colère.
— Balèze ou non, il va goûter à la douleur qu'il a fait subir à cette jeune femme, cracha-t-elle en regardant la victime au sol.
Elle redressa la tête vers la créature, qui, le visage déformé par son rire guttural, ne se préoccupa aucunement de l'échange se passant entre ses adversaires. Ses compagnons accompagnèrent son euphorie, riants comme des hyènes et grognant autour de Naru et Kido. La jeune femme, recroquevillée au sol, leva la tête vers l'héroïne et dans un regard transpirant le désespoir, bafouilla quelques mots, la gorge enrouée :
— Ai... aidez... moi...
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