Chapitre 69: Keryna.
Après être restée quelques temps avec Demyan, je partis rejoindre mon frère dans la salle où demeurait Pol. Son état restait stable, mais il n'y avait aucun signe positif. Yla gardait espoir de le voir ouvrir de nouveau les yeux à chaque instant. Quant à moi, je me disais que je pouvais essayer de le sauver, comme je l'avais sans doute fait avec Demyan. Mais j'avais bien trop peur de ne pas y arriver ou d'empirer les choses. J'étais tiraillée entre l'envie de le sauver et mon angoisse de le tuer. Je n'en avais toujours pas parler aux autres membres de ma famille, et tant qu'ils ne le faisaient pas, je ne voulais pas le leur proposer.
Après que nous soyons restés quelques minutes silencieusement auprès de lui, Suran me fit signe de sortir. Il m'emenna dans la bibliothèque, où nous étions certains d'être tranquilles. Lorsque mon frère relu mon discours, je le vis hocher la tête favorablement au fur et à mesure. Il déposa ensuite la feuille sur la table de la chambre.
— C'est bien, vraiment, tu as dis ce qu'il fallait dire. Je vais demander aux techniciens de réactiver les ondes, et j'annoncerai aux Sans-Pouvoir que tu t'exprimeras sur les radios dans une heure et demi. Ca te va?
— Bien sûr. Je laisserai Rioz s'exprimer en premier, afin qu'il annonce sa capitulation. Je prendrai ensuite la parole.
Il acquieça puis me laissa seule. Je ne voulais pas penser à tout cela pour l'instant, alors je partis à la recherche d'Egna. Nous n'avions pas eu le temps de parler depuis la découverte des elfes, et je me doutais qu'elle n'allait pas bien.
Sans surprise, je la trouvais dans l'ancienne salle de reception avec tous les autres elfes. Elle était agenouillée à côté de sa soeur , le visage à moitié caché par ses long cheveux noirs. Je m'approchai d'elle et déposai une main sur son épaule pour lui faire part de ma venu. Elle releva la tête et me sourir tristement. Cela me fit un pinement au coeur de la voir ainsi, attristée si violement par l'état de sa soeur. Cette dernière était allongée sur un petit lit, le visage blanchâtre, la bouche entre-ouverte et les yeux dans le vide. J'avais l'impression que son âme avait disparu, qu'il ne restait plus que ce corps si fragile sur terre.
— Comment ont-ils bien pu leur faire ça? vociféra Egna. Tu ne peux même pas imaginer la haine que j'ai à leur égard. Ils les ont dépouillé de tout ce qui a une importance à nos yeux. Ils leur ont pris leurs ailes, leur essence même. Comment nos soeurs et frères vont pouvoir vivre maintenant? Ils sont tous traumatisé... La plupart ne réagissent même plus.
Elle laissa échapper un sanglot et son dernier mot mourrut sur ses lèvres. Je lui pris la main en signe de réconfort, ne sachant pas comment réagir. Que pouvais-je bien lui dire? Quels mots pourraient apaiser sa douleur? Aucun. Je restais donc silencieuse, la réconfortant du mieux que je le pouvais par ma présence. Dans ces moments là, les mots ne servaient à rien, mais l'on pouvait toujours compter sur la présence de nos proches.
Une heure plus tard, je pris congé afin de me rendre dans les cachots. Le dispositif radio était déjà là-bas, à côté de la cellule de Rioz. Tout était prêt. Lorsque j'arrivais sur le seuil, Suran, ainsi que de nombreux gardes m'attendaient. Je les saluais puis entrai. Rioz demeurait assis dans un coin, les mains sur ses genoux.
— Vous allez devoir lire ce que je vous ai écrit, lui dis-je sans préambule. Si vous modifier un seul mot, je peux vous jurer que notre entrevue de ce matin ne sera qu'une partie de plaisir à côté. J'espère que c'est clair.
— Bien sûr, Votre Altesse.
Son sourire sournois me donna envie de le gifler. Même dans cette situation, il continuait de me ridiculiser. Je gardais mon calme difficilement, mais je ne voulais pas céder à la tentation. La meilleure chose à faire était de l'ignorer et je le savais très bien.
— Peut-être que je pourrais vous montrer à nouveau ce dont je suis capable, non? Le souvenir de la douleur sera plus frais dans votre tête.
— Pour tout vous dire, je m'en passerai, me lança-t-il.
— Très bien, dans ce cas tout est dit. Ah, et au fait, je vous tue si vous ne dîte pas ce qu'il faut dire.
Son sourire s'abaissa et cela suffit à me satisfaire. Je tournai ensuite les talons et ouvrit la porte, le laissant réfléchir à mes paroles. Suran m'attendait toujours, entouré de deux femmes et un homme.
— Alors? Tu penses vraiment qu'il va le faire? Tu es certaine qu'il ne va pas préférer garder son honneur?
— Rioz est quelqu'un qui tient à son honneur, certes, mais bien moins qu'à sa vie. Mourir en héro pour ne pas avoir céder aux ordres de la rebelle Scintillante, ce n'est vraiment pas son genre. Alors oui, j'ai confiance.
Malgré mes paroles, je devais bien avouer que je n'étais pas seraine. Je commençais d'ailleurs à avoir les mains moites et tremblantes. Ce n'était qu'un discours, que des mots, je ne devais pas me laisser envahir par une quelqconque panique. Pourtant, je savais que celui-ci aurait des conséquences sur notre futur. Comment les Sans-Pouvoir allaient-ils réagir? Mal, forcément, mais peut-être que cela poserait des bases positives.
— Il faut y aller Kery. Je t'accompagne, me dit Suran. Demyan arrive dans cinq minutes.
Je hochai la tête et entrai une fois de plus dans cet endroit sombre et humide.
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