Chapitre 43: Demyan.
Le soir même, Keryna me rejoignit comme prévu dans la coure arrière de la caserne. Personne ne risquait de nous trouver dans cet endroit exigüe. Je lui ouvrit la porte lorsqu'elle arriva et son joyeux sourire me réchauffa le cœur. Etant donné les odeurs nauséabondes qui nous parvenait, je lui proposais d'entrer pour nous retrouver dans le placard à balai. C'était, certes, aussi peu glamour, mais je préférais cela. Elle acquiesça en pouffant.
Mais arrivée là-bas, coincée entre deux balais et une serpillière, je la vis pâlir.
— Tu vas bien? m'inquiétai-je.
— Je suis claustrophobe. Je suis désolée, je pensais que ce serait plus grand ici, suffoqua-t-elle.
Elle s'adossa contre le mur et glissa jusqu'au sol, la tête entre les mains. Son souffle était saccadé et ses lèvres tremblantes. Je ne savais pas comment réagir.
— Viens, on sort, lui dis-je en la prenant par le bras.
— Non, c'est bon. Je vais prendre sur moi.
Sa réponse était sèche et je devinais que cela ne lui plaisait pas que je la vois en position de faiblesse. Elle mit ensuite sa tête entre ses bras.
— Tout le monde a peur de quelque chose, murmurai-je. Tu as beau être Keryna d'Ivraska, tu n'es pas obligée de paraître aussi fière.
Elle releva alors la tête et je vis des larmes commencer à couler sur ses joues. Elle les essuya le plus vite possible.
— Allez, viens, ça ne sert à rien de rester ici.
Je lui pris le bras pour l'aider à se lever et elle me suivit sans protester. Une fois dans la coure, je vis qu'elle était gêné de ce qui venait se passer. Je levais les yeux au ciel face à tant de fierté.
— Vraiment Keryna, tu n'es pas digne de moi en tant que claustrophobe. Je pense que nous devrions arrêter de nous voir, ironisai-je avec un sourire en coin.
Elle se mit à rire et me donna une tape sur l'épaule.
— Je n'aime pas que l'on me voit ainsi. Je veux toujours tout planifier, tout contrôler, et cela est impossible. J'ai beau vouloir résister à cette peur qui me prend aux tripes, je n'y arrive pas et je me sens affreusement faible, me confia-t-elle en n'osant pas me regarder dans les yeux.
Je savais ce que lui coutait cet aveux alors je ne pouvais pas m'empêcher de sourire qu'elle accepte de m'en parler. Je lui pris les mains et les pressais.
— Tu es une des femmes les plus courageuse que je connaisse. Tu n'as rien besoin de prouver, à qui que ce soit d'ailleurs.
Je voulus ajouter, c'est pour cela que je t'aime, mais ces mots moururent une fois de plus avant de franchir mes lèvres. Pourquoi donc était-ce si difficile de dire la vérité? Quelques mots que je ne parvenais pas à dire malgré mon cœur qui battait chaque fois que je la voyais. Voyant que ma gêne allait être perçue si je ne disais rien, je préférais passer à autre chose.
— Alors, cette réunion avec les Scintillants?
— Ils n'acceptent pas vraiment ma décision de t'inclure, même s'ils ont compris qu'ils n'avaient pas le choix, soupira-t-elle. Ils ne te font pas confiance, évidemment.
— Et toi? Tu me fais vraiment confiance?
J'appréhendais sa réponse. Et lorsqu'elle baissa les yeux, je compris que mes doutes étaient fondés. Ma mâchoire se crispa instinctivement.
— J'aurais aimé te dire oui. Mais je ne peux pas m'empêcher d'avoir des craintes, de me demander si tu vas continuer de mentir à tes proches. Chaque fois que je viens te voir, j'angoisse à l'idée que tu ai prévenu les legios que je suis une Scintillante. Au fond, je sais que tu ne le feras pas, pourtant je ne peux pas m'en empêcher.
Sa déclaration fut suivie d'un long silence. Nous n'osions pas nous regarder et je ne voyais pas quoi lui répondre.
— Je suis désolée Demyan, murmura-t-elle ensuite, effleurant mes mains du bout de ses doigts.
Je balayai ses excuses d'un geste.
— Tu n'as pas à t'excuser, tu n'y es pour rien. C'est normal que tu angoisses étant donné ce que vous a fait mon peuple.
Je tentais de sourire, mais je ne pouvais pas ignorer que ses paroles m'avaient blessé.
— Bon, Yla m'attend, me dit-elle finalement en m'embrassant sur la joue. Et je t'ai mis le nom de son ami sur un papier, j'espère que tu pourras le retrouver.
Elle me glissa ensuite papier dans la main puis s'éloigna, et je ne pus pas m'empêcher de me dire que c'est ma question qui l'avait fait fuir. Avec un long soupir, je pris donc la direction de ma chambre.
Lorsque j'arrivais, je trouvais une lettre coincée dans la porte. Après l'avoir récupéré, je m'installai sur mon lit, puis l'ouvrit. A la vue de l'écriture penchée, je sus de suite qu'il s'agissait de Nouria. Mes yeux balayèrent les lignes et je fus ravi de constater qu'elle allait bien. Elle m'informait simplement que Tinor et Hutys se portaient bien, et qu'ils lui parlaient de plus en plus. Cela faisait longtemps que je ne les avaient pas vu, alors je me promis de leur rendre visite dès que possible.
Je posais ensuite la lettre sur ma table de chevet puis fermais les yeux. Je ne voulais pas penser à ma discussion avec Keryna, donc je m'efforçais de diriger mes pensées vers mon prochain voyage sur Eytidy. Je m'endormis quelques temps plus tard, bercé par les images enneigées de l'île
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