Chapitre 33: Keryna.
Lorsque je revins voir Suran ce jour-là, je n'arrivais plus à m'empêcher de sourire. J'étais sur un petit nuage. Et vu le regard que me lança mon frère, il le comprit immédiatement. Je m'installais alors dans le dirigeable sans un mot.
— Tu ne veux pas juste lui soutirer des informations, n'est-ce pas? me lança-t-il en démarrant.
— Pourquoi tu dis ça?
— Je te connais mieux que personne Kery, et je ne t'ai jamais vu comme ça. Ce garçon est forcément quelqu'un d'important pour toi.
Fixant le paysage devant moi, je me demandais si je devais le lui dire. Il avait toujours été au courant de tous, étant donné notre relation fusionnelle, mais là je ne savais pas comment le lui annoncer. J'avais peur qu'il ne comprenne pas.
— Je pense que j'ai fait une connerie. Pourtant je ne n'ai rien contrôlé, avouai-je après réflexion.
Ce n'était en rien un mensonge. Encore maintenant, je me demandais comment j'avais autant pu baisser la garde. Tomber amoureuse du chef des legios était bien la pire chose qui pouvait m'arriver.
— Tu lui a dit qui tu es? C'est ça? me demanda Suran avec une grimace.
— Oui, et je suis certaine qu'il ne dira rien, je lui fait confiance. Il n'est pas comme son père tu sais, il ne nous déteste pas, il pourrait même nous aider. Mais je m'en veux tout de même. J'ai l'impression de trahir les miens en fréquentant un Sans-Pouvoir.
— Ne dis pas n'importe quoi. S'il t'aime et réciproquement, quel est le problème? Vous vous aimez, point. Ce que vous êtes ne pouvait rien empêcher.
— N'empêche que j'ai toujours dit qu'il fallait s'éloigner des Sans-Pouvoir. Et voilà que je suis en couple avec l'un d'eux! m'exclamai-je en prenant conscience de ma contradiction.
— Arrête de te flageller, tu te fais du mal pour rien. Vraiment Keryna, je t'ai rarement vu aussi bien que depuis que tu le vois. Je te trouve plus ouverte, plus épanouie. C'est pour ça que je lui fais confiance, s'il arrive à te rendre ainsi, il a tout mon respect.
Je souris alors, un peu convaincu par ce qu'il me racontait. Nous arrivions ensuite à la chaumière et je me rendis avec lui dans sa chambre.
— Il va falloir que l'on parle de quelque chose, me dit-il en s'installant. Tu dois trouver ton Oiseau.
Je levais les yeux au ciel, ne voulant pas en entendre parler. Lorsqu'un membre de la famille royale naissait, un Oiseau sortait de son œuf. C'était une sorte d'aigle géant, aux plumes d'un bleu azur et d'or. Puis aux dix-huit ans de l'enfant, l'Oiseau sortait de la grotte où il s'était développé, en hibernation durant tout ce temps. Etant donné que j'avais eu mes dix-huit ans, le mien devait être sorti neuf mois auparavant.
Mais je n'avais aucune envie d'aller le chercher. J'étais bien souvent occupée avec les Roses, alors je ne disposais pas d'assez de temps afin de chercher mon Oiseau dans la nature. Même si le lien devenait fort entre le souverain et l'animal, celui-ci s'actionnait seulement après la première rencontre. Donc pour l'instant, il ne pouvait pas savoir où je me trouvais et inversement.
— Tu n'as pas le choix Keryna, tu nous mets en danger en refusant d'aller le chercher. Si les Sans-Pouvoir le trouvent avant toi, ils sauront qu'une personne de la famille royale est encore en vie. C'est aussi dangereux pour l'Oiseau que pour nous.
— Je le sais bien, mais nous avons tellement d'autres choses à faire!
— Délègue à quelqu'un autre, donne ce que tu as à faire à un autre Rose, me dit-il.
Je haussais les épaules, me demandant à qui je pourrais bien confier cette si lourde tâche. Tout organiser était épuisant. Mais le pire était que cela me prendrait du temps sur mes entrainements avec Suran.
— Hox. Je vais demander à Hox d'organiser l'attaque avec toi. J'ai beau ne pas particulièrement le porter dans mon cœur, il est le plus sérieux et le plus motivé d'entre nous, annonçai-je.
Mon frère hocha la tête, bien d'accord avec moi.
— Je partirais donc demain, il faut que je prépare mes affaires, lui dis-je en partant dans ma chambre.
Une fois arrivé là-bas, je pris un de mes sacs à dos rapiécé. Je mis dedans des affaires de rechanges, une dague et une boîte de secours. Mieux valait être prudent. Si je ne trouvais pas mon Oiseau dès la première journée, il me faudrait dormir dehors, je pris donc plusieurs couvertures.
Le lendemain matin, j'étais fin prête. Je pris encore quelques provisions, fit mes aux revoirs à ma famille, puis partis. C'était la première fois qu'Yla me laissait partir seule et j'avais été étonnée qu'elle accepte aussi facilement. Elle savait sûrement que je n'avais pas le choix. Personne n'aurait pu m'accompagner, l'Oiseau ne se montrait pas si la personne n'était pas seule.
Je pris alors le chemin sous le vent frais de cette matinée, priant pour trouver l'animal le plus tôt possible.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top