Chapitre 27: Demyan.
Cela faisait une semaine que je n'avais pas vu Keryna. Ce n'était pas dû à un manque d'envie, mais de temps. Bien que je désirais passer un instant avec elle, mon travail m'occupait beaucoup en ce moment et il fallait que je sois présent pour Hutys et Tinor. Ils étaient en sécurité avec Nouria, toutefois je ressentais le besoin d'être près d'eux. J'avais fini par leur avouer le décès de leur père et ils s'étaient un peu refermés depuis.
En cette fin de matinée, durant ma pause de midi, je partais donc vers la maison de Nouria. Sa demeure était modeste, coincée entre deux autres dans une petite ruelle. Après avoir frappé, j'entrai.
— Demyan! Je ne pensais pas que tu pourrais passer aujourd'hui, me dit-elle en m'embrassant sur les deux joues.
— J'ai réussi à changer mes horaires pour venir plus tôt.
Elle me débarrassa de ma veste puis les enfants vinrent me voir. Bien qu'ils ne me parlaient toujours pas, je voyais dans leur regard qu'ils étaient heureux de me voir; et cela était réciproque.
— Bonjour les enfants! Comment allez-vous? leur demandai-je en m'approchant vers eux.
Aucune réponse. Je n'en faisais plus de cas désormais, et Nouria m'avait incité à continuer de leur parler, comme si de rien n'était. Même avec elle, ils n'avaient pas prononcé un seul mot. Des fois, il leur arrivait de hocher la tête, mais cela restait rare. Toutefois, même si nous ne communiquions pas, j'aimais être avec eux. Je m'y étais attaché comme jamais je ne l'aurais cru possible.
Je leur offris alors des friandises que j'avais achetées la veille et leur sourire me réchauffa le cœur.
— Demyan, ne leur offre pas ce genre de chose tous les jours enfin! s'écria Nouria avec une grimace réprobatrice.
Je haussai les épaules. Tant que je leur faisais plaisir, cela me convenait.
— Tu restes pour le repas?
— Non, je suis désolé il faut que j'aille au palais. J'ai des choses à y récupérer, lui répondis-je à contrecœur.
Après les avoir pris dans mes bras et promis que je reviendrais bientôt, je partis donc. J'arrivai au château en moins de cinq minutes à pieds. Une fois dans ma chambre, je cherchai ce que j'avais oublié lors de ma dernière visite: mon arme. Ce n'était pas bien malin, mais j'étais assez étourdi de nature. Alors que je continuai de fouiller ma chambre de fond en comble, j'entendis ma porte s'ouvrir.
— C'est ça que tu cherches? me demanda mon père, mon arme à la main.
— Oui.
Je la pris et le contournai déjà afin de repartir.
— Reste là, je dois te parler. Assieds-toi.
Après une seconde d'hésitation, je m'assis sur mon lit.
— J'ai l'impression que tu es de plus en plus effronté en ce moment, et cela me déplait fortement. J'ai donc décidé, pour te remettre sur le droit chemin, de te marier. Je pense que tu seras plus docile avec une femme à tes côtés.
— Je n'ai que vint-et-un ans, père, je ne suis pas près à me marier, répliquai-je en fronçant les sourcils.
— Prêt ou pas, je n'en ai pas grand-chose à faire. Tu vas accepter, point. Je t'ai trouvé la femme parfaite. Tu la connais et t'entends bien avec elle, ce sera donc parfait.
— Qui est-ce?
— Pira. Belle, de bonne famille, une femme fort respectable. Elle est ce qui sera le mieux pour toi.
— Non. Je refuse. Vous ne pouvez pas me faire ça.
Il s'approcha alors de moi avec un rictus mauvais sur les lèvres et je m'éloignais un peu.
— Tu n'as toujours pas compris que tu ne peux pas me désobéir? Essaie un peu de refuser et tu verras ce que ton père est capable de faire. Si c'est à cause de cette petite paysanne, je peux la tuer dès ce soir. Qu'en dis-tu?
— C'est d'accord, pour le mariage avec Pira, acceptai-je en déglutissant avec difficulté, pensant à Keryna. Maintenant, laissez-moi.
— Très bien. J'organise un diner avec nos deux familles demain soir.
Il partit alors, me laissant seul. Allongé sur mon lit, j'avais la gorge nouée. Comment pouvait-il me faire cela? Je ne pouvais pas épouser Pira. Elle était mon amie, mais il n'y aurait rien de plus entre nous. Et puis il y avait Keryna. Sans vraiment savoir pourquoi, elle était devenue indispensable à ma vie. Je pensais à elle tout le temps. J'aurais préféré aimer Pira, mais je réalisais en cet instant que la seule que j'aimais était Keryna.
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