70♟️
Diez
— C'est par ici, fit Nyx en pointant du doigt un des tableaux.
Dans la pièce éclairée par quatre malheureuses bougies, plusieurs tableaux étaient accrochés sur des murs cristallins. Chacun d'eux représentait un enfer différent. Celui que Livi observait montrait un dédale de chemins menant à différents endroits. Irrégulières, coupées par de brusques virages ou des portes de feu, de nombreux monstres se trouvaient au bout des chemins sans issus, prêts à dévorer les âmes indignes. Pour les plus chanceuses qui avaient pris le bon chemin, elles devaient faire ensuite face à la pesée du cœur ainsi qu'au jugement des quarante-deux juges des enfers devant Osiris,Thot, Horus et Anubis.
Ça devait être stressant de voir que sort était scellé para une simple balance ...
Sous l'interpellation de Nyx, la jeune femme délaissa la peinture de l'enfer égyptien et s'avança vers un autre tableau. Celui-ci était plus sombre et découpé en plusieurs étages.
— Avez-vous une destination précise, interrogea la déesse en passant son doigt sur certain relief du cadre.
— Le second étage, juste en dessous des limbes, répondit vivement Swam.
Livi, lui adressa un regard interrogatif. Avait-il prévenu quelqu'un de sa venue ? Il semblerait puisqu'il pointa précisément l'endroit où Nyx devait les envoyer.
La déesse tapota deux fois sur la surface du tableau qui vibra. Comme si une goutte d'eau avait perturbé la surface lisse d'un lac, les ondulations provoquées par celle-ci s'étalèrent jusqu'au cadre de la toile. Les personnes matérialisées par la gouache se mirent à bouger tandis que le cadre devint blanc.
Remerciant d'un geste de la tête Nyx, Livi fut la dernière à entrer dans le tableau. Lorsqu'elle ouvrit les yeux, un vent sec lui fouetta le visage et une odeur chaleureuse lui chatouilla les narines. L'atmosphère lourde mais pas étouffante nage dans la pièce silencieuse.
Juste...
Livi n'arrivait pas vraiment à mettre le doigts dessus. Il y avait quelque chose de louche. Les lampes au dessus de leur tête ensoleillait le grand salon colonisé par des dizaines de cartons. Les meubles aux formes allongées étaient plaqués contre les murs blancs. Seule le vaisselier n'avait pas à subir le poids des boîtes. Certains étaient fermés par un grand morceau de ruban adhésif, d'autres avaient été sauvagement éventré. Les petites boules de coton, qui gisaient aux pieds d'un carton posé sur une chaise, avaient piqué la curiosité de Livi alors que les autres observaient le salon.
Livi n'a pas le temps d'y jeter un coup d'œil d'un bruit se fait entendre dans une autre pièce.
— Il est avec moi arrête !
Le cri avait ostensiblement stoppé le geste de l'individu qui avait plaqué Joris au sol. Un nouveau silence les entoura tandis que l'autre se relevait. Cette personne n'avait rien d'humain. Même s'il fixait Swam, la queue qui sortait de son vêtement s'agitait toujours sous le nez de Joris de manière hostile. Sans émettre de son, la bouche du vampire articula des mots qui rendirent l'intrus perplexe. La queue de ce dernier se figea avant de s'agiter joyeusement dans l'air.
— J'avais oublié que tu étais si lourd, souffla Joris en attrapant la main qui lui était tendu.
— Tu aurais pu prévenir, répliqua ce dernier avec un accent latin avant de l'enlacer. Ta frimousse m'avait manqué. Assoyez-vous, on sera plus tranquille.
Alors qu'il tirait une chaise, Aldric sentit le regard de l'homme à la peau légèrement dorée sur lui.
— Salut Al', ça fait un bail, fit-t-il poliment.
— Oui c'est vrai.
Aldric n'avait pas plus développer la discussion puisque Swam avait présenté aux autres le propriétaire de la maison aux nombreuses boites de carton.
Il s'appelait Diez.
La première fois qu'elle avait entendu parlé de lui, c'était de la bouche de Cassia. Au détour d'une conversation, la sœur de Jagger lui avait parlé d'un garçon qui avait aidé Jagger, Swam et les autres à récupérer le Palais ; mais ce dernier avait périt à cause de Jagger. Il avait été la première personne à être mordu par le roi, par ailleurs son sang d'incube avait été ingéré par son organisme, accroissant par la même occasion sa libido.
Néanmoins Livi se demandait si c'était lui, ou juste un autre ...
Il y avait beaucoup de livres qui traitaient de ce genre de démon, mais leur description n'était pas toujours clair. Chez certains auteurs on racontait que cette espèce n'avait pas de sexe propre, se métamorphosant à tour de bras en femme ou en homme lorsqu'elle en jugeait bon de le faire. En contraste, d'autres leur donnaient une forme propre.
La ligne entre l'imaginaire et la réalité était toujours floue. Plus besoin d'imaginer, de deviner, de penser, il suffisait de se fier à ce qui se trouvait devant soi.
Et le jeune homme qui leur faisait face n'était pas très habillé. Diez nageait dans un pull bien trop grand pour lui et un simple caleçon noir faisait office de bas de vêtement. A l'arrière du bout de tissus élastique, un trou avait été créé pour permettre le passage de sa queue.
On dit que la succube débauche les hommes. Lui en tant qu'incube, débauchent les femmes. Ce serait la phrase la plus plausible qui expliquerait pourquoi est-ce qu'il venait de claquer la cuisse de Livi pour la quatrième fois. Elle se décala un peu plus vers Alexane, mais cela ne désorienta nullement l'incube qui lui fit un grand sourire en serrant d'avantage le bras de Swam à lui.
Le libre arbitre du démon semblait être régit par la morale du plaisir.
Livi ne savait pas trop quoi pensé de Diez. Il n'avait pas l'air méchant mais un peu égoïste. Il n'arrêtait pas de se coller à Swam depuis tout à l'heure et ses petits gestes envers elle la rendait mal à l'aise.
A son arrivée dans la bulle, les pincements que lui faisait Aramis à son bras ne la dérangeaient pas excessivement, puisque la sorcière ne faisait ça que pour l'embêter et arrêtait à sa demande. Mais ce n'était pas pareille avec lui...
Il avait les mains moites et un peu trop baladeuse à son goût. Même s'il était très câlin par nature (en tout cas c'était ce qu'elle avait deviné en voyant les balancements de sa queue devenir plus amples après que Swam lui ait massé la nuque), Livi ne le connaissait pas et trouvait ça déplacé.
La blondinette s'interrogeait franchement sur l'âge qu'il avait parce que, même s'il était une connaissance de Swam, elle se demandait s'il était le mieux placé pour les aider...
— Il va falloir vous changer, articula Diez en quittant la table. Vous serez trop suspects avec vos vêtements ici. Chaque étage à sa façon de faire alors je vais vous passer quelques vêtements qui pourraient faire passe partout.
L'incube les invita à le suivre dans une pièce annexe. Une chambre, simple, dans laquelle ne trainait aucun carton. Il leur tendit un parfum ainsi que des vêtements lorsque quelqu'un frappa à la porte en hurlant le prénom du démon.
Une femmes, à en juger par sa voix.
— C'est qui ? Chuchota Alexane.
— Lilith.
Mère du péché de Luxure, les légendes racontaient qu'elle avait fait de son palais un bordel accueillant les âmes possédées par les plaisirs de la chair. Les légendes contaient également qu'elle était considérée comme la reine des succubes.
— Je m'en occupe, finissez de vous habiller, fit-il en sortant.
À peine eut-il fermé la porte qu'il agit naturellement. Il enlaça donc Lilith et lui baisa la joue en s'accrochant à son cou. Il referma ses jambes contre ses hanches et elle le soutint en posant ses mains sous ses fesses. Comme un gros bébé. Elle lui retourna la bise et en se faisant des bisous esquimaux, ils chuchotèrent entre eux. Diez pointa une direction et Lilith s'en alla en roulant des hanches. Il attendit de ne plus voir sa silhouette avant de rejoindre les autres. En revenant dans la chambre, il vit les garçons qui patientaient dehors tandis que les filles se changeaient.
— Ça va ? Interrogea Swam
— Nickel.
— On a des choses à savoir ? Fit Joris.
Diez se mit à triturer son haut en réfléchissant puis attendit que les filles sortent pour leur parler du territoire. Ou plutôt des territoires. Inversement au terrain d'Hadès, ces enfers là étaient composés de neuf cercles superposés.
Un cercle représentait un étage et ces derniers étaient reliés entre eux par différents passages. Plus on dévalait les étages, plus les personnes qui s'y trouvaient avaient commis des péchés graves qui désenracinaient l'âme.
Les damnés recevaient un sort qui correspondait à la nature profonde de leurs actes. Les âmes souillés du deuxième étage, les pécheurs de luxure, se faisaient interminablement dévorer le sexe par des crapauds et des serpents.
Ouille.
— De tous les étages, celui des incubes est le plus tranquille, mais ce n'est pas pour autant qu'il faut baisser sa garde, avoua Diez.
— C'est-à-dire ? Insista Joris en face de lui.
Diez ne se gêna absolument pas pour le plaquer contre le mur.
— C'est-à-dire que dans ce genre de situation, fit-il en lui pinçant la joue, que tu dois t'attendre à ce qu'on te touche.
Le succube illustra ses propos en tirant gentiment la peau de son cou. Le vampire, lui, rata un battement de cœur à cause de leur proximité. Il était trop proche.
— Certains sont calmes et se contenteront d'une caresse, d'autres sont plus farouches et ne se gêneront pas pour te donner une fessée.
Joris hocha la tête et souffla de soulagement lorsque Diez recula.
— Ça veut dire aussi que les filles doivent aller se laver.
— Comment ça ?
— Certaine espèce d'incube libère des phéromones sexuelles qui pollinisent vos petites fleurs. Donc à moins de vouloir mettre bas dans 5 mois, il serait plus sage de vous lavez...
— Il fait quoi au juste ton lavage ?
— Ne vous inquiétez pas, ça sera juste un peu rafraichissant. Le dispositif déposera un gel sur vos parois internes pour empêcher la pollinisation.
— Juste ça ? Fit Aldric.
— Oui. Ne vous inquiétez pas vous pourrez toujours avoir des enfants après. Je peux même vous donnez un produit pour que la fécondation ait plus de succès.
— Ce n'est pas le moment pour ça Diez, on verra ça après, coupa Swam. Là on veut juste...
— Donc tu voudras bien que je t'en passe ? Interrompit Diez alors que sa queue pointue fouettait vivement l'air. Je savais pas que t'étais avec quelqu'un, tu me caches des choses Swamy ?
Le dit Swamy lui frappa le front avec le dos de la main avant de croiser les bras contre sa poitrine.
— Diez on se reconcentre, ce n'est pas le moment.
— Oui pardon. Qu'est-ce qu'on disait déjà ?
—Le programme de lavage ne concerne que les filles n'est-ce pas ? Relança Joris
— Tous ceux qui ont une matrice capable de recevoir et de développer un enfant. Pourquoi c'est ton cas ? Demanda Diez avec une franchise déconcertante.
Joris s'était figé. C'était quoi ce genre de question?
— Non il n'en a pas, répondit Swam à sa place tandis que Diez rigolait.
L'incube laissa les garçons en bas et invita les filles à l'étage. Il leur présenta alors le système hygiénique installé dans les toilettes de la deuxième chambre.
C'était une petite pièce aux carrelages noirs et au mur blanc. Diez appuya sur un bouton, et un bruit électronique raisonna pendant que le soufflement d'une pompe se fit entendre.
— Je reste ici au cas où vous aurez des problèmes, mais normalement tout devrait bien aller. Ça ne sera pas long vous verrez. Il y a un cycle de lavage puis le gèle est déposée, fit Diez en ajustant les paramètres de réglage.
Maintenant elles n'avaient plus qu'à s'assoir sur le trône.
Livi laissa, avec plaisir, Alexane y aller en première.
La vampire ferma la porte des toilettes à clef, Diez en fit de même avec la porte de la chambre. Il plaça ensuite son indexe contre sa bouche pour lui indiquer de se taire.
Sans comprendre elle le vit se mettre dans son dos puis grimper sur son dos et encercler ses bras à ses épaules, comme un koala.
A quoi il jouait ?
Joris avait dit tout à l'heure qu'il état lourd, mais elle, le trouvait incroyablement léger. Il devait être aussi lourd qu'un pot de confiture.
— Qu'est-ce que tu fais ? Descends de là !
— Ne t'inquiète pas, je ne verrais rien et les murs sont insonorisés ici, répliqua-t-il en plaquant sa main contre sa bouche. Je veille juste à ce qu'elle n'aille pas trop loin.
Qui ça elle ?
Il n'en fallu pas plus longtemps pour savoir de qui est-ce qu'il parlait. Diez avait pointé son lit et en un battement de cil une femme s'était retrouvée assise dessus.
La robe noire qu'elle avait enfilée moulait impeccablement les courbes de son corps. Comme Diez, elle lui tourna autour en l'observant avant de lui attrapé les joues. Elle observa ses traits avant de pencher la tête sur les côtés et d'ancrer son regard au sien.
À dater de ce moment, c'était comme si le reste du monde comptait pour des prunes. Personne ne l'avait fixée d'une façon aussi persistante. Le doré hypnotique de ses iris faisait redoubler les palpitations de son cœur.
Sous de multiples apparences, à la fois séductrice et envoûtante, vampire ou succube, mais toujours effrayante, on montre souvent Lilith sous les traits d'une superbe femme nue, parée d'une longue chevelure ondoyante.
Au moins cette représentation là était vraie. Ses longs cheveux noirs, qui encadraient son fin visage, comme les deux cornes qui avaient poussés sur son front, faisait que les gens s'intéressaient d'avantage à elle.
Dans toute cette liste, on ne pouvait pas la décrire sans évoquer toute cette luxure qui transpirait de son corps. Son outrageux roulement de hanche n'avait pas échapper à Livi, tout comme cette mèche de cheveux qu'elle ne cessait de tortiller autour de son doigt.
Livi n'avait jamais vraiment connu ce sentiment. C'était pour elle une mystérieuse expérience dont elle se serait bien passée. Elle se sentait bien, honnêtement, comme si une simple caresse lui avait permis de s'acquitter de toute pression, mais elle sentait tout de même son cœur battre sous un stress croissant. Le ressentiment d'un tel panel d'émotions, lui avait noué l'estomac.
Elle sentit ses joues s'empourprer alors que sa main lui caressait la joue. Ce fut la pichenette que lui mit Diez sur le nez qui la réveilla.
— Ne te fais pas avoir aussi facilement, souffla Lilith en reprenant place sur le lit. Tu dois être Livi, je suis Lilith,la reine des incubes. C'est moi qui dirige ce territoire.
Sa timbre était incroyablement affectueux. Il n'y avait aucune malveillance, juste une douce voix ensorcelante.
— On nous avait prévenu que vous viendriez. Mais je ne pensais que vous serez déjà là.
À ce moment-ci, Alexane sortit, un air toujours neutre sur le visage, et regarda dans la même direction que Livi. Elle aperçut la démone assise sur le lit et sortit ses crocs.
D'un geste de la main Livi arrêta Alexane qui avait fait un pas dans sa direction.
— Ne me dit pas qu'elle est aussi avec nous.
Livi jeta un regard à la succube qui hocha la tête.
— Si, elle l'est, fit Livi.
— Ça commence à faire beaucoup je trouve.
Lilith pouffa.
— Vous ne pensiez quand même pas que vous étiez les seuls à fourrer votre nez dans cette histoire.
— Qu'est-ce qu'on doit comprendre ?
— Ça fait quelque temps que j'avais des doutes sur Léviathan. Lors des réunions il était plutôt étrange et ne cessait de remettre un veux sujet sur la table. Mais mes soupçons se sont confirmer lorsque Swam a été enfermé ici, puis lorsqu'ils ont capturé les autres.
— Tu les as vu ?
— Rapidement, mais je ne pourrais pas te dire où est-ce qu'ils sont précisément.
Diez descendit des épaules de Livi et lui fit signe d'entrer dansa les toilettes. Les autres allaient finir par se poser des questions s'ils prenaient trop de temps.
C'était au tour de Livi d'y entrer mais elle eut juste le temps d'entendre la réponse de Lilith à la question d'Alexane.
— Swam n'aurait pas du vous le dire, on doit rester discret.
— Je t'arrête tout de suite. Ce n'est pas lui qui nous à prévenue. C'est Cassia.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top