52 ➕
À l'infirmerie
Livi leva un sourcil de moquerie. Ainsi elle ne venait pas avec eux ? Le contraire aurait été plus qu'étonnant, et franchement, elle s'attendait à ce qu'il dise une chose pareille. Elle avait envie de s'infiltrer sur le bateau juste pour se foutre de sa belle gueule, mais bon, elle tenait quand même à sa vie.
Le calme dont faisait preuve Livi inquiéta Jagger.
— N'essaye même pas de t'incruster, ajouta-t-il en plissant les yeux, comme s'il essayait de deviner ces pensées.
— Je n'y pense même pas, fit-elle de manière désinvolte en haussant les épaules.
— Je suis sérieux, ajouta-t-il en haussant la voix.
— Moi aussi.
— Si jamais j'aperçois une mèche bleue parmi la troupe, je te punirais comme il le faut. Je n'ai pas besoin de te faire un dessin tu sais parfaitement de quoi je parle. Est-ce clair ?
— Limpide.
Un silence plana. Pourquoi est-ce qu'il avait l'impression qu'il se faisait sournoisement avoir ?
— De toutes les façons je chargerais quelqu'un de te surveiller, clôtura-t-il.
— Bonjour la confiance ! S'exclama cette dernière.
— La confiance ça se mérite, d'autre part je ne fais pas cela que pour toi, fit-il en se tournant vers Swam qui s'était relevé et frottait son torse ne plein cicatrisation.
Les deux vampires se fixèrent silencieusement, Swam cligna en premier des yeux et lorsque ses paupières s'ouvrir de nouveau, Jagger avait disparu de son champ de vision. Il retrouva la silhouette royale devant l'étagère entrain de fouiller dans une boite. Celui-ci attrapa un dossier et Swam l'attrapa au vol les secondes suivantes. Il grimaça en voyant le nom sur la pochette.
— Tu as du boulot je crois, alors hors de ma vue, ordonna-t-il.
Swam ne put s'empêcher de diriger son regard vers Livi, avant que Jagger ne coupe leur interaction visuelle.
— Dehors.
Swam ne bougea pas pour autant, c'est donc trainé pas le col de son haut qu'il se retrouva dans le couloir, devant la porte. Se mordant l'intérieur de la joue, il resta là planté devant la porte.
— Hey ! Je te cause je te signale ! S'écria Livi.
— Et je t'entends malheureusement, rétorqua Jagger d'un ton lasse.
Le prince entendit un reproche acide adressé par Livi à Jagger avant qu'il ne déploie son sortilège qui rendit la discussion inaudible à son oreille. Sur le coup il avait envie de pestiférer des paroles incohérentes juste pour l'emmerder.
— N'y pense même pas, fit-une voix dans son dos.
Swam se retourna et sourit en voyant le sénéchal, droit comme un « i », une sucette -encore- en bouche, les mains croisées contre sa poitrine.
— Lulu d'amour !
Le visage du blondinet se renferma.
— Ne m'appelle pas comme ça, je te l'ai déjà dit.
— J'ai pas d'autre surnom qui me vienne à l'esprit et puis ça te va bien. Donne m'en une tient.
— Non.
— Fait pas ton radin je sais que tu en as deux autres dans ta poche.
Le sénéchal sembla hésité mais fini par fouiller dans sa poche et lui tendre deux sucreries. Lucan avança celle de droite vers le prince qui tendit sa main en direction avant de se figer. C'était trop beau pour être vrai. Lucan n'était pas du genre à partager ces bonbons. Les biscuits à la limite oui, surtout quand il venait d'ouvrir le paquet ; mais quand il était à la fin du paquet ou lorsqu'il s'agissait de bonbons, ce n'était même pas la peine d'y penser. C'est donc intelligemment que Swam s'empara non pas de la première tendue dans sa direction, mais de la deuxième. Il arracha l'emballage qu'il mit dans sa poche et la fourra dans sa bouche. Sous le regard rieur du sénéchal, Swam retira la sucrerie de sa bouche ne toussant violemment.
— Oh putain ! Mais c'est dégueu !
Lucan sourit. Swam avait horreur du poivre, donc une sucette au poivre avait été l'idéale. Il l'avait glissé dans sa poche en sachant qu'il croisera le vampire à un moment ou un autre. Ils se croisaient tous les jours et à chaque fois Swam lui demandait une sucette. D'habitude Lucan filait pour ne pas avoir à lui répondre, mais cette fois-ci il c'était dit qu'il allait lui en passé une. C'était sa vengeance. Au repas de la vieil, Swam avait pris le dernier flan. Et Lucan adorait les flans... Surtout avec du caramel.
— Tu m'en veux encore pour ce flan, articula Swam entre deux toux.
— À peine, répondit Lucan.
— Juste pour savoir, elle était à quoi l'autre ?
— Parfum piment rouge.
Swam releva vivement les yeux vers Lucan qui avait gardé son attitude calme.
— Tu es diabolique Lulu, siffla Swam.
— Merci.
La simplicité de sa réponse fit sourire l'américain qui saisit le bâtonnet de la sucette présente dans la bouche du blond.
— Je vais prendre celle-ci, au moins je suis sûr de ne pas avoir de problème digestif avec ça.
— Lâche che bâton où che m'énerve, fit-il en serrant les dents.
— Allez Lulu ! Lâche le bâton pour tonton Swam. Je te donne un biscuit en échange.
Lucan le remballa avec son biscuit, et Swam s'en alla en rigolant. Il avait quelqu'un d'autre à embêter. Quelqu'un de bien plus susceptible que Lucan ce qu'il prenait un mal à plaisir à emmerder.
Pour cela il s'assit sur la barre et se laissa glisser jusqu'en bas. Swam se réceptionna sur ses pieds et marcha tranquillement jusqu'à la porte blanche qu'il ouvrit à la voler sans prendre la peine de frapper.
— Hey Guisou ! Cria-t-il.
Un vent lui répondit et il aborda une mine boudeuse. C'était bien plus drôle lorsque Guiseppe lui répondait. De nombreux bip sonores l'accueillir ainsi qu'une forte odeur d'antiseptique malgré les bougies parfumées allumées à chaque coin de la pièce. Swam trouva cela immédiatement suspect. Habituellement ces bougies, couvreuses d'abominables odeurs, annonçaient que le médecin était en plein intervention. La non-présence du vampire confirma ces pensées et Swam se rendit à l'arrière de la salle et ouvrit la trappe dissimulée derrière l'un des meubles. Il descendit silencieusement les escaliers puis se laissa guider par la mauvaise odeur. Swam traversa de grandes enjambées le couloir, il finit par entrevoir la chevelure marron clair du vampire penché sur une table.
— Hey ma poule ! Tu tailles une pipe au makabé en secret ?
— Dégage ! Vociféra-t-il d'un réflexe transcendant en entendant ce stupide surnom.
Il n'y avait que Swam pour l'appeler comme cela et Guiseppe détestait ça. Le médecin détestait l'avoir ici, en fait il détestait avoir du monde qui se promenait dans ses pattes, ils ne faisaient que le déranger dans son travail.
— Tu bosse sur quoi ? Fit l'américain en s'approchant avant d'avoir un haut le cœur. Oh putain vous vous êtes ligués pour me faire recracher mes boyaux ?! C'est quoi cette horreur ?
Comme lorsqu'il travaillait sur un cadavre, Guiseppe ne lui répondit pas. Visiblement le sujet du jour avait des organes extrêmement intéressants aux yeux du médecin qui plongeait cet main recouverte de gans dedans sans sourciller. Swam avait même l'impression que ça lui faisait sourire. Il grimaça en voyant les mains du châtain plongé et fouillé dans les entrailles au sang bien trop sombres pour être purs. Sans doute un empoisonnement. Guiseppe attrapa des ciseaux et divisa de nombreux organes et issus en deux. Les mouches qui volaient autour d'eux ne semblait nullement le gêner. Il quelque sortit une masse volumineuse et épaisse non descriptive. Swam y voyait des nerfs et la substance noire dans laquelle baignait les organes ne l'attirait vraiment pas. Il se demandait toujours comment est-ce que Guiseppe faisait pour supporter ça. Mais bon il aimait son travail c'était le principal.
— Mate ça ! Un rein ! S'enthousiasma le médecin.
— Je n'avais pas deviné ! Fit Swam sur le même ton avant de voir le regard noir que lui dédia le châtain. Non mais je suis sérieux ! Si tu ne me l'avais pas dit j'aurais opté pour un genre de poumon transgénique dopé à l'encre de seiche.
Guiseppe pencha la tête sur le côté, Swam en fit de même.
— Mais attend il est...
— Oui il est coupé en deux.
— Et il est où l'autre morceau ? Tu le gardes pour le gouter ?
— Non c'est juste qu'il n'y a pas le reste, fit sèchement Guiseppe en se remettant à fouiller dans le corps.
— T'avais si faim que ça ?
— T'es con où tu le fais exprès ?! Aboya Guiseppe en soulevant un pancréas avec son autre main.
— Je suis sérieux là : il est où le reste ? Et remet ce pancréas en place, tu veux ?
— C'est ce qu'Aubin essaye de découvrir. Tu sais Mike est sorti sans autorisation. Dans la boîte où il s'est rendu, un type a été retrouvé mort, il y a quelques heures.
— Et il est juste là, compléta Swam.
Guiseppe approuva de la tête.
— Et ce ne sont pas ses organes, continua l'américain.
Le médecin hocha une nouvelle fois la tête pour approuver.
— T'es moins con que je le pensais, remarqua Guiseppe.
— Merci.
— Il n'y a qu'une partie de ces organes, comme si quelqu'un avait pris ce dont il avait besoin avant de remplacer ce qui a été volé par des restes de boyaux de bœuf.
— Hum, émit Swam, les bras dans le dos.
Il fit le tour de la table avant d'apercevoir un autre cadavre sur une table voisine.
— Et celui-là c'est quoi ?
— Un démon, lâcha d'un seul coup Guiseppe comme s'il avait anticipé la question.
— Pourquoi est-ce qu'il te l'on amené ? Il n'a pas été trouvé ici...
— C'est moi qui m'en charge, ordre du roi. Celui-là a été retrouvé sur le territoire de Kazuo Huàng, c'est lui qui l'a tué, avec une de ces Geishas.
— Comment il a pu faire ça ?
— Avec ça, fit Guiseppe en pointant du doigt une chose posée sur un chariot métallique.
Swam s'approcha et leva un sourcils d'interrogation, une piètre branche reposait sur le chariot. « Kazuo n'aurait jamais pu le tuer avec une simple branche » pensa immédiatement l'américain avant de voir que le bois était recouvert à quelque endroit d'une mousse blanche et brillante.
— C'est quoi ?
— Des morceaux d'os d'ange.
Un silence raisonna tandis que Swam traita les informations qu'il venait de recevoir. Décidément, il y avait du mouvement chez les démons. D'abord l'enlèvement de Rosario, puis ça... Il trouvait que ça en faisait beaucoup. Et puis un ange avait été tué dans toute cette histoire... Ce n'était pas rien.
— Ouais, un ange et un démon tués au même endroit ça fait du bruit crois-moi.
— Qu'est-ce qu'il faisait là-bas ? Continua Swam en s'approchant du cadavre démoniaque.
— Selon Aubin, Il faisait passer des marchandises en douce en Coré du Sud. Marchandises qui venaient tout droit de chez toi.
Swam grimaça.
— Quoi comme marchandises ?
— Produits chimiques et drogues dissimulés dans un bateau et dans un camion de maquillage en plus des quelques sachets qu'il avait sur lui.
Swam fronça les sourcils en ayant du mal à imaginer le démon organiser ce genre de chose.
— Ça à l'air tiré par les cheveux tout ça.
— Otis et l'autre chieuse pense pareil, fit le médecin en se rappelant des mots acides craché par Callidora pendant une heure dans son laboratoire.
— Et la drogue ? Poursuivi Swam en inspectant le corps bien trop propre à son goût du démon.
— Aucune idée. Je n'ai pas demandé. Kazuo à tous réquisitionné et Aubin m'a ramené le corps.
— Tu vas voir, cette affaire va encore être pour ma gueule.
— Il y a des chances oui. À moins que sa majesté ne décide de vous faire travailler en équipe.
— Pas question je préfère encore me débrouiller seul qu'avec cette couille de têtard.
— Il en voit des vertes et des pas mures d'après ce que m'a dit Otis.
— Ouais j'en ai entendu aussi. Entre les réformes et le clan GX qui essaye de fermer les frontières, les chemins de fer, la voix maritime et aérienne n'ont jamais été aussi surveillés. Tous son système de surveillance est en alerte.
Swam hocha la tête avant de sourire et d'attraper une paire de gants en latex.
— Si tu touches à mon cadavre, je te plante, le menaça Guiseppe.
Swam ne l'écouta pas et attrapa le pied du mort. Les cadavres de démon était extrêmement rare et celui-là était plutôt intéressant. Comme les vampires, les corps de démons morts étaient quasiment impossibles à trouver, pour la bonne raison qu'ils explosaient ou tombaient en poussières dans la plupart des cas. Celui-ci avait été tué par une branche sur lequel de la mousse c'étaient mélangés à des morceaux d'os d'anges. Ça sentait le merdier à plein nez. En plus celui-là ne ressemblait pas vraiment aux autres démons qu'il avait aperçu.
— Qui flirte avec la mort épouse un cercueil, préviens Guiseppe, les yeux fixés sur Swam.
— Je ferais gaffe t'inquiète. Occupe-toi de ton mort au demi-organe.
— Maintenant que j'y pense en fait tu tombes bien. Tu veux savoir le plus drôle ?
— Entre Namasté et J-ai-tellement-rit-que-je-me-suis-brisé-les-côtes, ton niveau d'humour se situe à frôle le zéro absolu. Mais dis toujours.
— C'est une goule. Fit Guiseppe en pointant du doigt le cadavre sur lequel il travaillait.
Swam stoppa ses gestes et l'observa, mais Guiseppe n'ajouta rien de plus comme si ce qu'il sous entendait était d'une évidence flagrante.
— Et ? Finit par dire Swam.
— Elle est de chez nous.
— What ?!
— Je suis sûre que tu as entendu parler du jour où Livi est sortie du palais et est passée par le toit.
— Oui c'était le jour du Parhélie.
Il s'en souvenait parfaitement. A cet instant, lui se trouvait dans un des cachots des démons et se faisait fouetter. Il grimaça quelque peu à cette pensée.
— Et bien à cause d'elle, les goules se sont échappées et on fait une longue balade dans la ville.
— Qu'est-ce que je l'aime cette femme, murmura Swam.
Guiseppe lui lança un regard lasse.
— Quoi qu'il en soit-on les a toutes attrapé. Et comme tu le sais, le roi a un nombre précis de goules.
— Ba non, si celle-là viens de chez nous, rétorqua-t-il.
— Justement le problème est là. Guiseppe arrêta de trifouiller dans le ventre du cadavre et chuchota. Si celle-là est à nous....
— Il y en a une intruse parmi les autres, termina le prince.
Le médecin hocha la tête.
— Le roi m'a informé que tu cherchais quelqu'un, fit-il.
Swam comprit alors que Jagger lui avait parlé de la taupe qui sévissait dans l'enceinte du palais. Heureusement la salle dans laquelle ils se trouvaient avait des murs isolants aux oreilles des vampires. Pour divulguer les secrets, c'était l'un des meilleurs endroit.
— Ah... Il n'avait qu'un rein celui-là ... Émis Guiseppe.
— Pourquoi tu me dis tout ça ? Reprit Swam. T'es moins causant d'habitude...
— Le roi veut que tu ailles vérifier les goules et tu sais quoi aussi au passage.
— Putain il fait chier celui-là ... Tu plaisantes j'espère ?
— J'ai une tête à rigoler ?
— Plutôt une tête à faire peur.
Le vampire aux yeux verts émis un grognement profond en se mordant l'intérieur de la joue. Un long silence plana dans la pièce et Swam sentit le regard fixe de Guiseppe sur sa personne.
— Tu fais quoi ici au juste, je ne t'ai pas autorisé à descendre que je sache, se rendit-il compte.
— Je suis venu chercher ma potion Guiseppix ! S'exclama-t-il.
— Je l'ai mise exprès sur la table d'entrée et tu vas me faire croire que tu ne l'as pas vu ? Crétignius Swamix.
Swam se senti bien bête sur le coup.
— Tu es juste venu pour ça ? Continua Guiseppe.
— Ouais.
— Alors tu la prends et tu ne fais pas chier. J'ai du boulot moi, siffla-t-il.
Swam s'appuya sur la table où était posé le démon, prêt à répliquer, lorsque celle-ci bascula, entrainant un vacarme métallique. Guiseppe vit le corps du démon sans vie joncher le sol et rougit.
— Fou le camp ! Aboya-t-il.
— Sorry , lança Swam en s'en fuyant en direction des escaliers.
Le vampire attrapa la bouteille, bu le contenu d'une traite puis s'en alla. Il sortit le petit dossier que lui avait remis Jagger et jeta un petit coup d'œil. Après quelques secondes de réflexion tout en marchant, Swam recoinça le fichier dans sa ceinture sous son t-shirt et croisa Otis, Vasco et Callidora dans le couloir d'en face. Sans même l'apercevoir, ils filèrent tout droit, étalonnés par d'autres vampires. Il reconnu sans mal les membres des différents groupe de garde. Voir à la suit l'équipe 3,4 et 5 le surprit. Ces trois équipes là ne se supportait pas, c'était le moins qu'on pouvait dire. Tout ça à cause de leur stupide fierté vampirique qu'ils ne mettaient de côté qu'en présence de Jagger. Maintenant qu'il y pensait, Jagger avait donné rendez-vous à Vasco et Otis sur le terrain d'entrainement de l'équipe 1.
D'une même allure, il s'infiltrant à la fin du peloton et franchis la porte menant aux différents terrain d'entrainement. Swam sentait qu'il allait bien se marrer.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top