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Des mots tranchants

— T'es vraiment un abruti fini. Je vais te buter, menaça Swam d'un air sombre.

— Bien entendu, fit-il sur le même ton. Et moi qui pensais que nous étions... Comment dis-tu déjà ? À oui : des frères de crocs.

La salive du prince s'étrangla dans sa gorge. Jagger avait quelque peu perdu de son sérieux. Enfaite il souriait. Pas une grande risette comme l'ont les mômes sur le visage lorsqu'on leur donne une sucette ou encore ceux qu'on les parents lorsqu'ils voient que les impôts diminuent ; mais plutôt le petit sourire en coin qui n'annonçait rien de bon. Un sourire bien trop sarcastique à son goût...

— Cesse de te moquer ! Nous étions jeunes, et tu avais une dette de sang envers moi !

— Que j'ai réglé depuis longtemps, articula durement Jagger pour mettre un terme à ce sujet, dont il ne voulait plus entendre parler. Cesse de bouder frangin, tu es moins mignon ainsi.

Jagger était devenu soudainement taquin, ce qui inquiéta quelque peu Swam.

— Ne me compare pas à l'un de tes amants, je ne te baise pas le cul, trancha le prince.

— "Plus" serait plutôt correcte.

— Ta gueule ! Ce n'est arrivé qu'une seule fois, alors tais-toi.

— Cela te ferait-il remonter des souvenirs nostalgique, Sweety ? Continua Jagger sur sa lancé.

Swam frissonna à l'entente de son surnom.

Lorsque Swam, Jagger et Lucan étaient à l'école, ils avaient chacun hérité d'un surnom. Surnom que Swam n'affectionnait pas particulièrement car il lui faisait penser à des évènements d'antan. Certains étaient agréables, d'autres moins drôles et quelque uns carrément gênants.

— Rêve toujours tête d'enclume ! C'était mon premier siècle, et avec ce que tu m'as fait, j'étais dans ... Ma période d'essaye, si on peut le dire ainsi...

Voir Swam hésité ainsi et chercher ces mots, fit jubiler Jagger. On aurait dit un enfant prit en flagrant délit, qui peinait à chercher ces mots.

— Tu m'as brisé la hanche la première fois, finit-il.

— Tu étais si farouche... et j'ai adoré te voir boiter le reste de la journée. Un des moments que je classe dans mon top 10.

Voilà... Il venait de retrouver le Jagger que tous vampires connaissaient. Confiant, imbu de sa personne, un poil taquin.

— Sans blague et j'ai quelle place ? Interrogea-t-il dédaigneusement.

— La troisième.

Swam ouvrit les yeux, ne s'attendant pas à ce que le roi lui réponde aussi sérieusement, mais le son de sa voix montrait qu'il attendait qu'il lui en demande d'avantage. Et c'est ce qu'il fit.

— Qui à la deuxième place ? Continua le prince.

— Joris, il est beaucoup plus câlin que toi, petit sauvageon.

— Et la première place ?

— Livi.

Ce prénom glaça sèchement le sang du prince et fit l'atmosphère s'électrifia. Jagger le cherchait ouvertement, et s'en léchait les doigts. Swam avait envie de l'étrangler.

— Au moment où je l'ai pénétré était au-delà des mots... Poursuivit le dynaste. Tu sais, bien profondément. Elle aussi sauvage que toi au lit, elle m'a même mordu une fois... Si tu avais vu ça, j'avais la petite trace de ces dents sur ma fesse, dommage que je cicatrice facilement je te l'aurais bien montré. Tant pis, tu ne sauras jamais... Je ne parle même pas de ces tétons rosés, ils pointent terriblement une fois que tu les as bien sucés. Si tu savais comme j'adore lorsqu'elle crie mon nom alors que nous jouissons...

Encore une fois, le poing de Swam s'envola. Seulement cette fois-ci, il s'encastra dans le mur derrière le roi. Celui-ci n'avait d'ailleurs même pas sursauter, malgré la brusquerie et la brutalité du coup.

— Je vais te buter, fit le prince sur le même ton. Je t'asphyxierais avec ta foutu couronne. Ensuite je décrocherai l'accoudoir de ton foutu trône, l'emballerai dans de l'eau bénite avec une branche d'aubépine ! Et devine où je te l'enfoncerai ? Bien pro...

Jagger avait pincé la bouche un peu trop déliée du prince qui commençait à oublier où se trouvait sa place face à sa personne. Il avait toujours aimé l'embêter, mais il avait tendance à oublier qu'il parlait trop facilement. Jagger acceptait qu'il lui parle avec autant de familiarité, après tous ce qu'ils avaient enduré, Swam en avait le droit, mais il y avait une ligne à ne pas franchir.

Sa place était à genou devant lui, ou à la limite juste derrière lui, comme Lucan et l'équipe 1. Et pas autre part. Bien que le roitelet aimait le pousser à bout, il y avait des fois où il devait clairement lui imposer des limites.

— Tu penses réellement que si j'avais su qui elle était, les choses se seraient passées de la même manière ? Siffla-t-il avant de lâcher sa bouche.

Swam le dévisagea.

— Autre fois j'aurais dit non, cracha-t-il.

Mais maintenant il n'était plus sûr de rien.

— Les vampires n'aiment pas qu'on marche sur leur plate-bande, ajouta Jagger. Alors je te mets en garde.

— Elle n'est pas du genre à multiplier les amants. Tu penses réellement que ça l'amuserait d'être lié à deux vampires ? Un plan à trois ?

— Il y a quelque temps elle était persuadée de ne jamais finir dans mon lit, vois les choses maintenant.

Swam sorti les crocs.

— Je n'aime vraiment pas la manière dont tu parles d'elle. Livi n'est pas un de tes trophées que tu peux exposer. C'est une femme incroyable et une personne à part entière qui mérite d'être respectée alors je t'interdis de parler d'elle ainsi !

Jagger sourit de plus belle, comme si le vampire aux yeux verts avait réagi exactement comme il l'espérait.

— Et moi j'apprécie de voir à quel point tu es irritable. Par mes canines, mon petit Sweety est amoureux se trouve en face de moi. Et ce n'est pas de n'importe qui.

— Tu me cherches ou quoi ? Les marques de tes canines sont ancrées dans sa nuque, mais je peux t'assurer que je les effacerai pour remplacer cette marque par la mienne, de manière indélébile cette fois ! Comme ça tu ne pourrais pas me dire que tu ne les avais pas vu.

Les deux surnaturels se dévisageaient, et sans le savoir Swam avait vu juste.

Il avait été le premier à mordre Livi, et plusieurs fois. Seulement le soir où Jagger l'avait rencontré et conduit dans la chambre, il avait planté les siennes dans sa nuque sans faire attention à la marque déjà présente. Plus Jagger mordait la nuque de la blonde, plus celle du prince s'effaçaient, jusqu'à ce qu'elle ne soit plus visible sur sa peau.

Lorsqu'un vampire mord, ces canines laissent des trous dans la peau d'une certaine forme et d'une certaine profondeur, dévoilant alors que la personne mordue était leur propriété. Lorsqu'un vampire mordait uniquement pour le plaisir ou pour se nourrir, cette marque disparaissait au bout de quelques jours ; mais si ce n'était pas le cas, celle-ci restaient bien plus longtemps imprimée sur la peau et encrée dans la chair.

— En fait tu es comme une sangsue increvable, continua néanmoins le prince. Tu te contentes d'envoyer Lucan régler tes problèmes, tu es pimpant comme il n'est pas permis, et tu fais ce que tu veux sous prétexte que tu es le roi. Tu soignes ton apparence, il n'y a que cela qui te préoccupe, ça et ton assouvissement sexuel ! Tu te fiches de savoir qui tu as dans ton lit ! Tant que cette personne te satisfait, petit con ! Sais-tu seulement faire autre chose que frotter ta bite et tes petites couilles sur tout le monde ?! Tu tues, tu baises, tu prends des nouvelles de ton peuple, voilà ton train quotidien ! Je ne passe pas mon temps à baisser moi ! Et encore moins avec les fiancés de tes supposés proches ! Déjà que tu n'en as pas beaucoup, on se demande pourquoi !

Un silence pesant fit suite à ces mots. En un jet, Jagger lui avait brisé une côte avant d'attraper son épaule qu'il déboita sèchement. Le vampire émit un cri alors son os se déboitait et qu'il sentait la chaleur de la main du roi. Celle-ci était devenue brûlante à cause du froid extrême qu'avait généré sa magie. Sur le moment son visage n'exprimait ni la peur, ni la surprise, juste la douleur de sa poigne ferme sur sa gorge, mais il n'a toujours pas perdu de sa ferveur. Swam s'agitait sous les doigts du roi en tenant de récupérer de l'air et de régénérer sa peau qui brûlait petit à petit sous les paumes du dynaste.

— Tu as de la chance que je me retient, sans quoi je t'aurai étranglé avec tes propres boyaux. Je te l'ai déjà dis : surveille ta langue. Il y a certaine chose que je n'aime pas entendre. Encore une remarque à se propos, une seule, et je te tue, fit Jagger en attrapant une de ces dagues secrètement coincées dans sa tenue. Il y a bien longtemps qu'elle se repose. Un peu de pratique lui ferait du bien, qu'en dis-tu ?

Le roi c'était complètement assis sur le corps du prince sur le sofa, qui gigotait sous ces royales fesses. Swam avait planté ces ongles dans sa peau mais, le roi ne ressentait rien, tellement la douleur était minime. Il se contentait d'admirer sa puissance sur lui. Personne ne lui arrivait à la cheville, ni les princes, ni les gardes, ni les monstres qui se cachaient dans le palais, ni l'équipe 1. Personne.

Le Jagger de la Bulle n'avait rien à voir avec le Jagger du palais.

Celui de la Bulle pouvait presque paraître gentil, sympathique, aimable ; celui du palais était tout simplement impitoyable, bien qu'il avait énormément de considérations pour les princes. Mais il n'oubliait jamais qu'il se devait de rester devant les autres. À la première place du podium. Inatteignable, intransigeant, impitoyable, invaincu, invincible.

Cependant le dynaste avait conscience qu'il avait certain point à améliorer, à commencer par les membres de la bulle. Il arriverait facilement à se séparer de ces amants, mais de ces concubins, c'était une autre histoire. Lucan lui en avait touché un mot une fois. Clairement, le sénéchal lui avait fait comprendre que s'il souhaitait un jour faire de Livi sa femme, il devrait se débarrasser de Joris, d'Alexane, de Mist, et de Rain.
Plus facile à dire qu'à faire.
Certes, ils restaient constamment entre les murs du palais, et quand bien même ils sortaient du palais, un membre de l'équipe 1 se chargeait de sa protection. Il n'en restait pas moins qu'ils restaient son talon d'Achille.
Ne parlons même pas de Livi...

— Parfois c'est sympa de la boucler. Tu devrais essayer, souffla le roi en faisant glisser la lame près de l'oeil Swam.

Alors qu'il se dandinait toujours sous ces fesses, la lame nautique du prince se matérialisa. Le vampire posa son doigt sur le bout de l'arme miniaturisé qui brilla à son contact. L'arme grossi et une fois devenu grandeur nature, il prit la chaîne et fit un mouvement. L'ancre magique suivit le mouvement et trancha la joue du roi qui c'était relevé.

Debout sur ses jambes alors que ses os se ressoudaient, le prince admirait la joue du roi. Le sang remontait à sa blessure qui disparut petit à petit.

Il l'avait cherché, alors il allait le trouver.

Des deux, c'était lui le plus énervé.

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