24☕
Rétablissement
Trois jours passèrent les choses n'empirèrent pas. Livi ne s'était pas réveillée depuis l'intervention de Guiseppe et récupérait lentement. Jagger restait au près d'elle durant ces jours-là, interrompant son travail de temps à autre pour mettre sa main froide sur son front, mais elle devenait aussi chaude 30 minutes après. Il savait que la fièvre signifiait qu'elle combattait le virus, mais ce n'était pas bon que sa température corporelle monte trop haut. S'il le pouvait il l'aurait guéri avec ces pouvoirs, mais il n'était pas un guérisseur.
Le souverain la réveillait toujours difficilement pour la faire s'assoir et boire la soupe d'Abigaël que Livi avalait difficilement avant de se rendormir dans l'immédiat. Elle était à bout, si bien que ce jour-là Jagger du la réveiller trois fois pour qu'elle puisse réellement finir son assiette.
La jeune femme sombrait ensuite dans un profond sommeil, toujours perturber au fil des heures par ses pensées tumultueuses sur le prince vampirique américain.
La fièvre commençait enfin à retomber le sixième jour, bien qu'une quinte de toux assez sauvage la prise d'assaut. Elle devint assez sévère pour réveiller totalement la malade, si bien que Jagger se demandait si elle ne s'étouffait pas. Rapidement le brun l'aida à s'assoir et attendit que cela passe en lui frottant circulairement le dos.
Une fois la toux calmer, Livi bu un verre d'eau, se rendormi et rien de plus n'arriva.
La soirée se passa tout aussi sagement, sans un faux pas des deux. Jagger, qui était resté au lit avec la blondinette, trouva cela même ennuyeux et alors qu'ils étaient allongés, il glissa sa main sous le haut de la concubine et caressa son ventre. Un frisson fit vibrer l'endormie. Il s'arrêta puis continua, allant à chaque fois un peu plus loin, jusqu'à ce qu'elle lui pince sauvagement le téton. Le vampire grogna et rencontra les pupilles coléreuses de Livi.
Il n'en ratait vraiment pas une celui-là. En même temps s'il avait continué à être aussi sage de la semaine, elle se serait demandé s'il n'était pas malade lui aussi.
Livi lui envoya un regard mécontent, qui élargit le sourire du surnaturel.
— J'en édais sûre, tu b'as bas denu drois jours. D'es pas possible, soupira-t-elle.
Jagger sourit à l'entente de ces syllabes et se pencha en direction de ses lèvres.
— Don, fit-elle en tournant la tête.
Jagger rencontra donc sa joue.
— Maintenant que tu lui as parlé, tu refuses de mes baisers c'est ça ?
La concubine se figea en le regardant. Évidemment il parlait de Swam.
Elle avait été surprise un instant mais cela n'avait rien d'étonnant. Jagger et Lucan veillaient en permanence sur les habitants de la bulle. Le roi avait sans doute du les entendre...
— Fais drès adendion à ce que tu dis je ne suis bas d'hubeur bour écoudé des bhrases ...
Elle finit sa phrase en se mouchant.
— Tu sais qu'on ne comprend quasiment rien à tes mots, pouffa-t-il.
— Ne te boque pas de boi, essaya-t-elle d'articuler.
Livi devint tout à coup morose. Sa tête retrouva l'oreiller et tout ce que vit Jagger fut son dos s'arrondir davantage. Il se pencha au-dessus de son corps et susurra son nom. Livi résista comme elle le pu, et finit par le repousser d'un revers de l'épaule. Il ne s'écarta que de quelque centimètre.
— Laisse-boi dranquille. Est-ce que je te demande qui est Diez, boi ? Nonb je ne crois bas. Alors lâche l'affaire.
Le regard du dynaste se voila et d'une main ferme, il plaqua ses deux épaules contre le matelas.
— Qui t'en as parlé ? Fit-il durement.
Il avait expressément ordonné aux vampires du palais de ne plus jamais en parler. Otis avait essayé une fois, et il avait faillit y perdre sa langue.
Livi n'eut pas besoin de lui répondre, il connaissait déjà la réponse.
— Cassia...
Jagger siffla le prénom de sa sœur, tel un perfide mamba noir. De tous les vampires pliés à sa suprématie, il n'y avait qu'elle pour en faire qu'à sa tête et dire à tout-va ce qu'il lui passait par l'esprit.
— Tu n'as rien à faire là, maugréa-t-il ensuite.
Livi le regarda avec incompréhension avant de suivre le regard du brun dirigé sur sa droite. Pour la première fois alors elle vit la fenêtre ouverte. Elle avait toujours pensé qu'elle était scellée mais elle s'était trompée. La preuve, Cassia se trouvait là, assise sur le rebord, une jambe contre sa poitrine, l'autre pendante dans le vide. Livi se demanda alors comment est ce qu'elle avait fait pour arriver là...
— Fiche le camps, cracha-t-il à son intention, son corps toujours au dessus de Livi.
— Bonne soirée à toi aussi frangin.
— Ne m'appelle pas comme ça.
Cassia n'en démordit pas, elle sauta de la bordure de la vitre et s'assit au pied du lit, devant Livi.
— Alors tu es vraiment tombée malade ?
Sa question rhétorique se dissipa dans la chambre alors que la vampire semblait réfléchir.
— Ah les gamins... Soupira-t-elle avant d'observer Jagger. Ils sont tous épuisants, même en les surveillants ils ne font que des bêtises, plus colossales les unes que les autres. On pourrait même inventer les jeux olympiques des âneries pour certain. Suivez mon regard...
Son sourire carnassier s'adressa au souverain irrité qui avait croisé les bras contre sa poitrine et grinçait des canines. Cassia caressa doucement le sommet de la tête de la blonde avant de se relever.
— Vous vous êtes bien trouvés tous les deux. Livi est canon et toi tu es un vrai boulet. Un bon gros boulet, mais c'est pour ça que je t'aime bien, hein mon frangin ? Tu me fais un câlin ?
Le vampire ouvrit les bras en sa direction, le roi relâcha une partie de sa puissance. Cassia baissa la tête sans frissonner, habituée à ce genre de regard.
— Qu'est ce que tu veux ? Questionna-t-il.
Il n'avait qu'une hâte, la virer d'ici.
— Il y a du mouvement en bas...
Alors que les êtres surnaturels de chair discutaient ouvertement devant elle, de l'enjouement se lisait sur le visage de la malade.
Les regards de Jagger faisaient sourire Cassia, et cela la fit penser à ses disputes avec son propre frère, Appolyon.
Devant la femme au crâne lisse, le souverain perdait sa crédibilité légendaire, sans doute parce que Cassia devait être la seule vampire à le connaître réellement. Après tout elle avait vu ces petites fesses roses en changeant ces couches, voler les tartes des cuisiniers Paullus et Walls en compagnie de Lucan, essuyer ces mains sanguines sur le papier qui venait d'être refait, pisser dans la poubelle du bureau de son père... C'était la bonne époque, celle où la désobéissance faisait partie de la quête de son autonomie. Tout cela avait été utile pour que Jagger puisse atteindre l'âge de la raison, bien que Cassia en doutait. Il faut dire que tester les limites avait toujours été son jeu préféré, et tout le monde le savait, il détestait perdre.
Depuis plus longtemps que Lucan ou n'importe qui d'autre, Cassia avait vu Jagger grandir, faire des erreurs, rager comme un bœuf, rebondir pour réussir...
Ce n'est pas parce qu'elle était loin de lui qu'elle ne veillait pas sur lui. Dans le monde des vampires c'était peut-être «chacun pour soi» mais pour elle c'était la famille avant tout.
En prenant du recul, Jagger avait bel et bien changé, mais il était le même au fond. Il restait son frère grognon jamais content qui s'occupait plus des autres que de lui même, contrairement à ce que l'on pourrait croire. Beaucoup se fiait à l'image que renvoyait le roi à travers ces actions décrites par les médias ainsi que les rumeurs ; et si cela convenait à quelque uns, d'autres creusaient pour mieux en savoir.
Il y avait alors deux types de cas : ceux qui se retrouvaient à nettoyer les cachots avec leur langue, tel Seth et Mike qui avaient bien compris la leçon, et ceux qui récoltaient un avertissement comme Swam et Joris.
Livi elle avait quelque peu creusée, mais rien de désarmant n'avait été révélé. Elle avait alors juste su qu'il avait une sœur, qu'elle connaissait maintenant, qu'il n'aimait pas les légumes verts et qu'il avait perdu le reste de sa famille.
Perdue dans ses pensées, Livi n'avait pas compris grand chose de leur conversation qui se déroulait bien trop vite. Ils mangeaient toujours la fin de leur phrase tout en se comprenant.
Elle se focalisa sur les deux vampires lorsque Jagger attrapa vigoureusement l'avant bras de sa sœur.
— N'y pense même pas, énonça-t-il.
— Je ne te demande pas ta permission.
— Et moi je ne te demande pas ton avis.
— Compris, articula Cassia.
Elle poussa un soupire de frustration avant de se diriger vers la fenêtre et de s'en aller. Un silence plana quelque seconde avant que le brun ne perçoive le regard de la blonde sur lui.
— Quoi ? Jasa-t-il.
— Tu l'aimes bien, prononça librement Livi.
— Elle est exaspérante.
— Bien sur...
— Te moquerais-tu de moi ?
— Je b'oserais bas bajesdé, ironisa-t-elle en ayant du mal à cacher son rire.
Il se pencha de nouveau, se retrouvant alors au moment où ils avaient été interrompu, et mordilla la courbure de son cou.
— Un tel affront se paye mon chaton.
— Je n'ai bas le droit à un joker ?
— Non.
— C'est injusde.
— Bienvenue chez les vampires. Nous ne faisons pas dans la dentelle tu le sais.
— Oui cabidaine.
Ils se taquinèrent encore un instant avant qu'elle ne finisse par se rendormir.
Quand Livi s'éveilla, sans même se rendre compte que deux jours étaient passés, elle se senti bien mieux qu'avant. Une faible lumière illuminait la pièce et le remarqua le dos de Jagger dessiner sous les courbes de son haut noir. Il était là, assis au pied du lit penché sur sa tablette, des feuilles en main, dans la demi obscurité qui ne le gênait nullement.
Elle ne dit rien et roula sur le matelas.
— Ne t'étale pas, c'est ma partie du lit fit-il sans la regarder.
Livi tira la langue puis fit valser la couverture. Jagger attrapa vivement sa cheville, la stoppant dans son élan.
— Où crois-tu aller de la sorte ?
— Je ne suis pas mourante, lui fit-elle remarquer.
— Ne fais pas ta forte tête, grogna-t-il.
— Je veux juste aller au toilette, soupira-t-elle lourdement.
Jagger lui accorda un regard un peu étonné. Il pensait qu'elle allait lui faire toute une scène, mais il oubliait qu'elle n'était pas une gamine. De par son âge, Livi savait être raisonnable. Dans un hochement de tête, il libéra sa cheville, puis l'observa se rendre à la salle de bain. Elle n'y reste pas longtemps et revint se coucher.
— C'est toi qui m'as changé ?
— Oui, tu transpirais dans tes vêtements.
Elle hocha la tête.
— Merci, murmura-t-elle tout de même.
Faisant remonter le drap jusqu'à son cou, ses pensées tumultueuses revenaient la narguer, mais se dispersèrent rapidement quand elle senti l'autre côté de la couche s'affaisser sous le poids du brun.
Il roula et vint l'écraser de tout son poids, lui arrachant un rire et une grimace.
— J'en connais un qui s'est lâché sur les petits gâteaux.
— Juste un ou deux.
Livi le détailla, elle le trouvait plutôt gentil ces temps-ci, et ça c'était bizarre. Le Jagger qu'elle avait connu jusqu'à maintenant et un imbécile de roi dans le baffomètre atteignait toujours 8/10 à chaque fois qu'elle le voyait. Mais pas cette fois.
Depuis la fête, il ne l'avait pas convoqué, et à sa plus grande surprise il ne traînait pas sur son dos dans le palais. En même temps il avait bien d'autres choses à faire, mais elle était étonnée de le voir de ne voir aucun vampire la suivre 24 heures sur 24. Enfin c'est ce qu'elle pensait.
— Donc tu te sens mieux.
— Oui.
Guiseppe avait donc raison. Son rhume était passager et mettait du temps à guérir à cause de son corps récemment transformé dont le système immunitaire ne s'était pas totalement adapter...
— Alors enfile ça. Je t'attends dehors.
Il se dégagea en lui laissant en main un vêtement convenablement plie. Elle le déplia et le regarda septique.
C'était un maillot de bain.
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