21❤

Le goût de ces baisers 

— Enrhumée ?!

La discrétion n'était pas le point fort d'Abigaël qui avait prononcé ces mots bien trop fort au goût de Livi. D'ailleurs les vampires dans la salle l'observaient maintenant.

— Mais comment est-ce possible ? Ne t'inquiète pas ma puce, je vais te concocter une bonne soupe à l'ail. Tu verras ça va te décaper les sinus !

En une fraction de seconde, la cuisinière avait balancé le plateau repas qui lui était destiné et avait filé vers la cuisine.

— Et l'haleine aussi, ajouta Livi d'une voix feutrée à cause de son nez bouché.

En seulement quelques heures, ces canailles avaient réussi à exploser les limites de sa patience, à la faire galoper comme une autruche dans le dédale de couloirs du palais, et à mettre son système immunitaire hors d'usage.

Ces gosses devaient être hyperactifs, elle ne voyait pas d'autre explication plausible. Il n'y avait pas un pour rattraper l'autre, Jessen avait définitivement lâché son portable pour entraîner Ginger dans les plus grosses âneries qui lui venait à l'esprit. Et avec l'imagination de la petite, il avait atteint des records. Elle en avait rencontré des enfants turbulents, mais ces deux là étaient à un niveau au-dessus.

Tombant sur l'atelier métallique de Mike, Livi n'avait pas résisté longtemps et lui avait proposé son l'aide. Les gamins avaient fini par se calmer en remarquant qu'elle ne leur criait plus après et c'étaient rapprochés. Au bout du compte, ils avaient tous fini par prendre un siège pour commencer à enlever les salissures des pièces détachées de récupération. Les choses avaient commencé à se calmer jusqu'à que Ginger veuille récupérer une pièce trop en hauteur. La petite n'avait pas écouter les avertissements de Livi et avez fait une belle chute. La blonde, elle, avait frôlé l'arrêt cardiaque. Finalement aucun mal ne lui avait été fait, si ce n'est qu'elle avait perdu sa dent de lait.

La fillette était contente car elle allait pouvoir installer un piège pour «étaler» la petite souris et le revendre au marché de la plume, contre des dizaines de bonbon.

— Des bonbons nuages ou des bonbons arc-en-ciel, je n'ai pas encore choisi....

Livi avait soufflé longuement, elle était bien la fille d'Aramis.

Et puis il avait fallu que Jessen touche à la pompe reliée au système de refroidissement pour qu'ils se retrouvent tous immergés. Le niveau monta jusqu'au cuisse de Livi avant que le système d'évacuation ne s'enclenche. Ce n'était pas grande chose mais cette simple mise à l'eau avait suffi à enrhumer Livi qui récupérait maintenant son bol de soupe à la cantine de la bulle.

Dieu merci, il ne restait plus assez d'ail à Abigaël qui lui avait finalement fait une soupe au giraumon.

Livi avala à la hâte sa soupe tandis qu'Aramis s'amusait à faire de nombreuses allusions à ce qu'il s'est passé aujourd'hui. L'acajou resta très vague sur ces propos et choisissait ces mots avec soin. Elle n'évoquait jamais Ginger, en tout cas pas ici, dans l'enceinte de la bulle. Livi serait même prête à parier que personne ne savait qu'elle avait une fille.

Durant un instant elle se demandait même si Jagger n'était pas le père. Aramis l'avait devancé en secouant négativement la tête et Livi se demanda vraiment si Aramis n'était pas télépathe.
La sorcière ne la quitta pas d'une semelles les quelques minutes suivantes, jusqu'à ce que Livi emprunte les escaliers menant à l'étage des concubins. Là, elle lui fit un clin d'œil avant de s'en aller, après un bref salut de la main.

De grandes enjambées, elle traversa le petit salon et le couloir avant de claquer la porte de sa chambre. Livi expira longuement n'ayant qu'une hâte : retrouver son lit.

Ce qui se ferait seulement lorsqu'il s'en irait.

Assis dans la demi obscurité de la pièce, le vampire se trouvait là au coin, les fesses au sol, une jambe repliée contre sa poitrine, l'autre tendue, les yeux fermés.
Livi observa son visage pas tout à fait serein.

— Laisse-moi deviner, tu te demandes comment j'ai fait pour entrer dans la bulle et en particulier dans ta chambre, articula-t-il en premier en ouvrant les paupières.

D'ici, elle pouvait voir les premiers rayons solaires faire briller ces iris verts. Livi ne fermait jamais totalement les rideaux de sa chambre. Exposée côté est, elle appréciait de s'endormir, chauffée par les rayons de l'aurore. Ces rayons ne semblaient d'ailleurs pas le déranger.

— En partie oui. Je me demande surtout comment tu as pu t'échapper de ta cellule.

Il se figea puis tourna sèchement sa tête en sa direction.

— Comment le sais-tu ?

— J'ai mes sources.

Un silence éclatant s'empara de la pièce, tandis que chacun examinait les traits de l'autre. Ni l'un ni l'autre n'était décidé à prendre la parole et pourtant il le fallait bien.

— Je t'ai promis quelque chose la dernière fois, murmura Swam.

— Oui, de tout me dire.

Sa voix neutre le fit soupirer. Le vampire semblait anxieux et évitait son regard.
Livi, elle, c'était tendue. La blonde se sentait mal à l'aise. Pourtant leur dernière rencontre, bien qu'un peu mouvementée, s'était plutôt bien passée.

Mais aujourd'hui, c'était autre chose. Une atmosphère lourde surplombait la chambre.

— Et je le ferais, fit-il doucement en se levant.

De pas lent, il réduisit la courte distance qui les séparait et se plaça devant elle. De par sa taille, Livi du relever la tête pour apercevoir l'amusement qui c'était emparé de son visage.

— Des paillettes, prononça-t-il en attrapant une mèche de ces cheveux.

Livi sourit maladroitement.

— Ginger aime les paillettes.

Swam hocha la tête. Il connaissait bien la petite.
Le prince laissa sa main embrasser la courbure de son cou puis remonta jusqu'à sa joue échauffée, tandis qu'un nœud se forma dans son estomac.

Livi était à la fois impatiente de tout entendre et en même temps non...
Ses iris observèrent discrètement les bandages présents sur toute la longueur de ces bras. Il avait du être pas mal amoché, cependant elle ne dit rien. Ce n'était pas le moment.

Elle apprécia de sentir son pouce caresser la joue. Elle se délecta courtement avant que son cœur ne se serre. Il semblait vouloir éviter, même oublier, ce contact.

— Je pense que tu te souviens de ce qu'il s'est passé. Seulement, tu fais un blocage. Laisse-moi t'aider à te souvenir, chuchota-t-il.

Portant ces deux mains à sa mâchoire à la sienne, il posa son front contre le sien et commença à répéter un mot en boucle.

— Désolé.

Comme un murmure qu'articulait un vent froid et où de la peine s'y décelait. De la peine, de l'amertume, et un profond regret. Elle commençait à stresser quelque chose allait mal tourner, elle le sentait.

— Ça peut être brutale, mais reste consciente.

Maintenant elle pouvait sentir son souffle contre son nez. Lui esquissa un petit sourire et ancra ces yeux verts au sien.

— Je t'aime, fit-il d'une certitude sans nom.

Le cœur de la jeune fille s'accéléra.
Ces mots avaient à peine vibré à l'intérieur de ces timpants, que ces lèvres c'étaient déjà déposées sur les siennes.

Swam l'embrassait.

Le stresse de Livi s'était évaporé en une fraction de seconde, sa fréquence cardiaque s'accrut drastiquement, et les éléments chimiques de son cerveau bouillonnèrent.

Caressant, dévorant, possessifs, les baiser parlent souvent mieux que les mots. Leur simplicité faisait leur mystère, et permettait d'atteindre l'intimité de l'autre car il nécessitait un laissé aller des deux parties.
Il y avait d'abord quelque chose d'émotionnel dans cet échange, comme si l'on donnait un fragment de son âme, tandis que l'autre venait y puiser avec sa langue.

Livi en eût la chair de poule. Swam lui, appréciait aussi ce baiser dont il avait longtemps rêvé, jusqu'à ce qu'elle gémisse contre la porte.

La jeune femme commençait à se rappeler de toutes leur embrassades, des lieux, des circonstances, des sensations, et durant un bref instant plus rien n'existait.

Sombrant petit à petit dans l'inconscience, l'obscurité finie par l'envelopper et les titillements des goutes de pluie finirent par s'entendre. De l'eau tombait. Seulement elle ne provenait pas du ciel comme elle le pensait, mais d'un objet circulaire percé. La scène s'éclaira et Livi aperçu alors un pommeau de douche.

Un souvenir...

Elle regardait celui-ci de son propre point de vue, si bien qu'elle s'étonna de voir son reflet plus jeune dans le miroir brumeux. Son corps c'était dirigé vers le lavabo pour attraper un savon qu'elle fit mousser dans ses mains en sifflotant. Petit à petit sa voix s'éleva. Livi avait toujours aimé chanter dans cette salle d'eau, qui n'était d'autre que les douche de la base militaire, à l'acoustique particulière.
De ce fait, afin de ne déranger personne, elle prenait sa douche et chantait en fin de journée, quand tout le monde était rentré chez soi.

Ce jour-là, elle avait entamé une chanson dont elle avait oublié les paroles. Elle fut surprise d'entendre une voix masculine, qui provenait de l'autre côté du mur, continuer la chanson. Ils avaient terminé la chanson en duo, puis avait sourit, chacun de leur côté.

Aucun d'eux n'avait oublié ce moment au fond de leur cœur, car c'était ainsi que Livi et Swam c'étaient rencontrés, pour la première fois

Tel une bobine de cinéma, des images s'accélérèrent devant ses yeux, et un autre son raisonna à une fréquence donné. Mais celui-ci fut plus facilement reconnaissable.

C'était celui de l'infirmerie. Livi s'y trouvait alors assise sur un brancard, les pieds se balançant dans le vide. Elle releva la tête et une nouvelle fois elle aperçu son reflet dans une glace. Cette fois-ci des cernes se dessinaient sous ces yeux et son corps faible frissonnait au contact de la climatisation.
Ses yeux se redirigèrent vers le bout de plastique que tenait ces mains. Aucun mot ne franchit ses lèvres car Livi se rappela, malheureusement, trop bien de ce jour. Ce jour où elle avait appris qu'elle l'avait perdu.

Lui. Cet être cher qu'elle aurait voulu embrasser, câliner, choyer. Mais le sort en avait décidé autrement. La vie était une garce, cette pensée était restée gravée dans son esprit en jour funeste parce qu'elle avait perdu son enfant.

Leur enfant. À Swam et à elle.

Quand ce dernier lui avait demandé l'épouser, elle avait été charmée quelques jours plus tard de lui annoncer sa grossesse. Trois mois étaient passés depuis et Livi avait à peine eu le temps de choisir la couleur de la chambre du bambin que celui-ci s'en était déjà aller, à la suite d'une chute qui avait failli lui couter la vie. Hospitalisée, la jeune femme avait échappé au pire, néanmoins elle avait perdu l'enfant. Et le pire dans tout cela c'est que Swam n'était pas là. Il ne répondait ni à ces mails, ni à ces coups de fils.

Cloîtrée dans leur chambre, enveloppée dans leur draps, elle y était restée recluse, silencieuse et surtout seule. Coupée du monde. La remise de ce choc avait été une longue agonie qui ne semblait pas s'atténuer au court du temps mais s'enrichir. Elle mangeait un minimum sous l'œil du cuisinier et retournait aussitôt s'envelopper dans ces draps pour y laisser tomber ces larmes.

Les jours passèrent ressemblant tous les uns aux autres. Ce n'est pas une mais deux interminables semaines entières où elle n'avait pas pu le contacter, et où personne ne l'avait aidé à y parvenir.  Et le jour même où il revenait, Swam ne l'avait même pas prévenu. Elle l'avait appris par cette satanée presse.

Livi s'était trainée dans les couloirs, tel un pantin désarticulé guidé par des fils de lamentations, à la recherche du vampire. Swam était rentré et il n'était ni passé à la chambre, ni été la voir. Comme s'il s'en fichait d'elle et de l'enfant qui n'était plus même. Ça ne lui ressemblait pas... À chaque fois qu'il rentrait de mission il passait la voir en premier. Toujours.

Un brin d'espoir avait germé dans son cœur décomposé lorsqu'elle entendu le son de sa voix. L'une des portes du couloirs s'était ouverte, et effectivement le vampire en était sorti. La tête basse, il tenait toujours la poignée de la porte. Il lâcha un juron, ainsi que la poignée maintenant détériorée. Les marques de ces doigts avaient déformé le matériau plutôt résistant. Le vampire avait ensuite marché en sa direction, mais ne semblait toujours pas l'avoir remarqué.

— Swam, avait-elle articuler.

Il ne cilla même pas. Ce fut uniquement lorsqu'il la percuta brutalement de l'épaule qu'il l'aperçu. Son regard sévère l'avait dévisagé avant qu'il ne crache ces mots.

— Pas maintenant!

Et il était parti, la laissant là, toute seule, bouche bée. Livi avait arpenté le reste du bâtiment telle une âme errante, et l'avait croisé a la bibliothèque, entouré de livres éparpillés, le regard haineux...

— Dégage Livi ! Tu me déranges

Le souvenir s'arrêta là. De toute les façons il n'y avait rien de plus à voir.
Le baisser avait cessé et Swam c'était reculé de quelque pas. Son regard incroyablement abasourdi et déconcerté le trahissait. Lui aussi avait vu les souvenir de la blonde. Il savait et ressentait maintenant ce qu'elle avait vécu et attendait sa réaction.

Respirant péniblement, la lèvre de la jeune femme tremblotait et elle se rendit compte qu'elle pleurait.

À ce moment-là, Livi su qu'il ne lui restait que ce larmes pour pleurer et le gouts de ces baisers devenus cruellement amères.

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