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Rencontre nocturne
Livi fit un détour par le jardin, se risquant même à regarder à travers la forêt.
Bingo. Elle voyait l'ombre du prince marché. La jeune femme n'attendit pas plus longtemps , elle se mise à courir et par la même occasion s'éloigner du palais. Livi fini par le rejoindre et une nouvelle fois il leva un sourcil.
— Alors comme ça t'arrive à suivre... Tu n'es peut pas si inutile que ça.
— Et toi tu es plus bête que tu en as l'air.
Il lui adressa un regard noir et se dressa devant elle en croisant les bras sur sa poitrine.
— À bon, et pourquoi ça ?
— La serre de Guiseppe est par là.
— La petite serre se trouve par-là. Mais moi je vois plus grand. Toujours plus grand.
D'un mouvement de la tête il lui indiqua ce qu'il se trouvait à quelques centimètres deux. Les plantes ligneuses terrestres robustes et massives avaient dépeuplé cette partie du territoire. Entouré par quelques arbres maigrichon aux troncs biscornus et aux feuillages absents, une étendue d'eau se dessinait sous leur yeux et couvrait non plus de la terre mais des galets.
Au centre de ce lac, pas très profond à vue d'œil, se localisait un immense rocher parsemé de racine et dont un pin avait poussé au sommet.
Livi perçu le regard déterminer du russe.
Alors c'était ça la grande réserve de Guiseppe... Elle ne fut pas vraiment étonnée. En faite, depuis qu'elle côtoyait ce monde de vampire, beaucoup de choses ne la surprenait plus. Elle ne serait même pas étonnée de voir un parc d'attraction ici.
Subjuguée par le décor, elle ne remarqua pas le vampire qui avait reculé d'un pas en esquissant un sourire vicieux. Confortablement appuyer contre un arbre fin, il donna une grande tape dans le dos de la blonde qui avança, sans le vouloir, d'un grand pas. Elle porta alors un regard à ses pieds qui étaient maintenant en contact avec l'eau entourant l'îlot de pierre. Elle décerna un regard sombre vampire, qui lui souriait de toutes ses dents.
— À quoi tu joues ?!
— On n'est jamais mieux servi que par soi-même. C'est pour ça que je travaille seule. Mais puisque tu es là, tu vas me servir d'appât.
D'appât ?
Le cœur de Livi décida à cet instant de mener un marathon. Ses iris se dirigèrent vers ses pieds, toujours dans l'eau. Elle venait de sentir la terre vibrer. D'ailleurs, le mouvement de l'eau à la surface lui donna raison.
— Qu'est ce que tu as fait ? Questionna-t-elle subitement.
— La question est plutôt qu'est-ce que tu vas faire, chère Livi. Il paraît que tu as de bonnes jambes, c'est le moment de vérifier, non?
De bonnes jambes ? Qui avait pu lui dire une chose pareille ? Elle n'eut même pas le temps de lui poser la question, sa bouche s'était refermée et l'extrémité de son nez indiquait maintenant le ciel sombre. C'était inquiétant... Des oiseaux étaient perceptibles dessus de leur tête et volaient dans la direction opposée à la leur. À croire qu'ils fuyaient le lieu où ils se trouvaient.
Des frémissements de plus en plus puissants et cadencés se faisaient sentir sous ses orteils. Comme si la terre grelottait. L'îlot central tressaillit durant quelques secondes avant de se lever. Oui de se lever.
Livi n'avait pas besoin de se rendre chez l'ophtalmologiste, ses yeux ne la trompaient pas. Les roches emboîtèrent les unes aux autres et certaines s'écartèrent pour laisser apparaître un œil jaune. D'une lenteur presque trop rapide, Livi était témoin du réveil de la bête endormie depuis de bonnes années. Ce n'était pas un mais trois orifices oculaires qu'il la scrutait profondément. L'animal mystérieux fait de pierre, souleva lourdement une de ses pattes qui vint se déposer à l'endroit même où se trouvait la blonde. De justesse cette dernière c'était écartée de son chemin. Bien qu'un nuage de poussière s'était soulevé, il n'y avait aucune trace de l'empreinte de l'animal sur le sol. Pour cause, ce dernier semblait flotter. Il y avait bien une dizaine de centimètres entre le sol et son pied.
Livi ne perdit pas plus de temps et couru le plus loin possible de l'animal qui l'avait pris en chasse ; à croire qu'il n'avait pas remarqué la présence du vampire qui observait tranquillement la scène.
— Redresse le torse et lève bien les genoux ! S'exclama ce dernier.
L'ordure !
Alors que lui riait à gorge ouverte, elle avait attrapé le bas de sa robe et largué ses chaussures à talons pour courir. Dans ce genre d'occasion, Livi n'avait jamais su s'il était plus efficace de courir en ligne droite ou en diagonale. Et dans le cas présent tout ce qui importait était de donner le plus de distance entre elle et la créature de pierres et de racines. Pour un peu, elle avait l'impression de faire du 500 mètres haies, en sautant par-dessus des racines trop énormes pour être normales ou des rochers à moitiés fendus.
La jeune femme courrait aussi vite qu'elle ne pouvait, soufflant comme un bœuf. Au bout de chemin vaguement creusé par les pas dans le sol, une masse blanche était perceptible. Livi s'arrêta de courir pour observer cela tout en s'accrochant. Vue de plus près, cela ressemblait à des nuages... chose improbable et irrationnel.
Étrangement cela aussi lui rappelait vaguement quelque chose...
Soudainement, une main ferme lui attrapa le coude et l'attira derrière un bloc de pierre habilement sculpté.
Son corps collé contre le sien, l'individu la tenait fermement contre son torse. Son bras entourait le bas de son dos, et sa poitrine se levait au rythme de sa respiration bien plus lente que la sienne. De sa position elle ne pouvait pas voir son visage, mais elle observa tout de même la trace d'une cicatrisation sur sa mâchoire. Inconsciemment elle posa l'index dessus. L'inconnu sursauta et baissa les yeux en sa direction. Le regard vert que Livi rencontra, provoqua un long frisson qui remonta le long de sa colonne vertébrale.
Swam.
Mais que faisait t-il ici ?
Toujours essoufflée par sa course, elle lui dédia un regard interrogatif auquel il répondit par un sourire. Il dirigea son regard sur la bête de pierre qui venait dans leur direction. Le vampire aux yeux verts fouilla dans sa poche, attrapa de la poudre blanche qu'il lança dans sa direction. Le monstre recula et retourna dans son coin, bredouille. Livi pensa courtement au prince russe qui se trouvait là-bas. Il avait voulu faire les choses seules, alors il allait se débrouiller avec. Na.
— Je me demanda bien pourquoi la farine de maïs lui fait cet effet, souffla Swam. Tu n'as rien ?
— Non ça va, mais d'où est-ce que tu sors ? Tu étais où durant cette soirée ? Fit-elle en passant du coq à l'âne d'un regard accusateur.
Il nota qu'elle le tutoyait.
— Tu n'auras cas demander à cette andouille royale, râla-t-il.
Livi sourit un instant alors Swam apprécia la silhouette qui se trouvait devant lui. Il vit alors pour la première fois le vêtement qu'elle portait diablement bien.
Ses mèches bleues et blondes retombaient en cascade sur ses épaules et menait droit vers sa peau dorée qui brillait.
Appétissant, tout ça.... Swam se lécha les lèvres, mais sa vision s'estompa lorsqu'il vit le visage de la demi vampire pâlir.
Il regarda dans la même direction, c'est-à-dire dans son dos, et tilta. Une statue.
Une statue se trouvait dans son dos, et il savait mieux que personne que Livi était agalmatorémaphobe...
Elle avait une peur bleue des statues.
Terrorisée par le fait qu'elle puisse prendre vie où qu'elles se mettent à parler.
Dans son enfance, elle avait assisté avec son frère à un spectacle de magie. Le sorcier en question n'était déjà pas très beau et avait lancé un sortilège à une statue. Quoiqu'il en soit, elle en avait été traumatisée et, depuis, ne supportait pas la vue de ces êtres d'argile. Elle n'avait pas peur des mannequins des magasins et des poupées. Seulement des statues en pierre, de toutes tailles.
À la vue de ces sculptures, que ce soit en photo ou en vrai, la blondes avait de perfides sueurs froides, et devenait aussi pâle que Jagger.
— Zut... murmura Swam en voyant Livi se mordre la lèvre et reculer. Ne t'inquiète pas ce n'est rien, viens, on s'en va.
Livi l'avait ignoré et fixait l'homme de pierre à la bouche ouverte. Il posa sa main sur son épaule et la secoua doucement.
— Viens, reprit-il.
Sa main glissa dans la sienne et il la tira loin de cet endroit. Loin de cette statue.
Dans l'obscurité de cette nuit, les deux individus semblaient s'enfuir, comme deux amants interdits, destinés à se retrouver et qui fuyaient.
Mais à quelques mots près, la vérité était toute autre.
Ralentissant ces enjambées, Swam finit par la menée au pied d'un grand chêne. Son dos se posa contre le bois et il observa la jeune femme reprendre son souffle.
— Merci... Pour tout à l'heure, murmura-t-elle en reprenant ses esprits.
— Y a pas de quoi.
Livi hocha doucement la tête avant de lui donner son dos.
Elle essuya les larmes qui avaient commencé à perler ces yeux. Elle tapota aussi ses joues, ce n'était pas le moment de se laisser aller.
Elle devait se reprendre.
C'est ce qu'elle se disait avant de sentir deux bras l'enlacer.
D'abord surprise, elle se figea sur place. Petit à petit, ses muscles se détendirent et sans faire attention, ses mains frêles agrippèrent ses bras et elle laissa sa tête reposée contre son épaule.
Elle n'avait même pas eu besoin de lui demander s'il était le Swam dont lui avait parlé Rosario. Elle savait que c'était lui...
Ils restèrent ainsi, plongés dans la tranquillité du soir, sous les étoiles scintillantes.
Elle apprécia ce moment à sa juste valeur, pouvant presque entendre les battements de cœur du vampire brun. Swam lui savoura de pouvoir sentir de nouveau ce petit bout de femme dans ses bras.
Livi lui avait manqué....
— Plus on essaie de rentrer dans le moule, plus on ressemble à une tarte.
Sa phrase arracha un sourire à la blonde qui le regarda enfin.
— C'est ce que tu m'as dit quelque temps après qu'on se soit rencontrer. Et tu as raison. Je le fiche de faire bonne impression, je ne suis pas une imprimante.
Elle ne dit rien et le regarda juste en souriant encore.
— Tu ne t'en souviens pas, non ?
Elle hocha négativement la tête comme il s'y attendait.
Livi senti son souffle sur la courbure de son cou. Elle frissonna une nouvelle fois et resserra l'emprise de ses doigts sur son bras. Son cœur c'était serré de culpabilité, et elle avait presque envie de s'excuser.
Mais s'excuser pour quoi ?
— Je suis désolé, lâcha-t-il abruptement.
Elle fronça les sourcils d'incompréhension.
— J'aurais dû me mettre un instant à ta place, ne pas m'emporter et venir te chercher plutôt. Mais...
Il fit une pause où il en profita pour la tourner dans sa direction. Maintenant ils étaient face à face.
— Ce qui est fait est fait. Et je peux, non je ne dois, réparer mon erreur.
C'était bien plus que de simples mots. C'était une promesse.
— J'ai envie de te faire des choses inimaginables, ajouta-t-il dans un murmure interdit en lui caressant la joue de son pouce. Mais j'ai promis de me tenir à carreau. Enfin pour l'instant, reprit-il plus fort en souriant.
Il n'y a pas à dire, il avait une beau sourire.
— Je veux surtout que tu retrouves la mémoire. Mais je ne connais pas de sortilège pour ça.
— Alors comment ça marche ?
— Il faut un choc. Un choc émotionnel.
Livi avait perdu son sourire, et sans s'en rendre compte, il l'avait mené près de ce gaz blanc qui couvrait le sol un peu plus loin. Maintenant qu'elle y pensait elle en avait déjà vu.
C'était le jour du parhélie. En passant par le toit elle avait remarqué que ce gaz blanc entourait une bonne partie du territoire. Peut-être était-ce une limite magique...
— Tu me fais confiance pour ça ? Interrogea Swam.
Elle le dévisagea entièrement avant de lui répondre.
— Non.
Livi ne savait pas pourquoi, mais elle sentait que quelque chose allait arriver.
Swam sourit de toute ces dents.
— Et tu as raison.
En une fraction de seconde, il venait la pousser en direction du gaz. Livi fit quelques pas à travers la fumée blanche avant de se mettre à crier.
Rien. Il n'y avait rien sous cette masse blanche. Si bien que son corps tomba dans le vide.
Swam entendit son cri et la regarda tombée en souriant de plus belle.
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