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La loi de Murphy
Lorsque les sirènes d'alarme se déclenchèrent dans le secteur B, Jagger ne cilla pas d'un cil. Il resta de marbre, assis sur son siège, le regard toujours porté sur Bélial, tandis que Mike et son apprenti s'en était allé rejoindre le point de rassemblement. Les bruits des pas dans le couloir décrivaient les mouvements alentour et pourtant le roi ne bougeait pas.
— Vous ne sortez pas ? Chuchota un des démons.
Un sourire étira le coin des lèvres d'Asmodée avant qu'il ne croque sa tartine au bacon. Ce môme n'apprenait jamais ces leçons. Heureusement, il était le moins pire de la bande. Pour tout dire, il ne savait même pas pourquoi le roi l'avait embauché. Lorsque l'on voyait les autres démons, il était facile de deviner leur potentiel, mais celui-là... Il était paresseux, flemmard et chuchotait tout le temps. Ce qui avait tendance à l'agacer.
— Quelle est la première chose que Genekis t'a dit en arrivant ? Fit Cambion debout devant lui.
— De sortir du chemin, chuchota encore Païmon.
— Et ensuite ?
— De ne pas poser de question stupide.
— Alors pourquoi te tiens-tu sur mon chemin en posant une question stupide ?
Le démon chômeur se ratatina et alla s'asseoir sur sa chaise en mordillant sa fourchette. Il regarda tout de même d'un œil discret Cambion qui se dirigeait vers Bélial. Ce dernier déposa sa pomme sur les cheveux gris du nécromancien avant de s'éloigner en ricanant silencieusement.
Jagger lui ne prononça toujours aucun mot. Il regardait toujours le nécromancien tremblotant qui tentait d'accomplir sa 113 ième pompe.
Le plan était simple : il ne devait rien savoir et surtout ne pas intervenir.
Peut importe ce qu'il se passe, n'intervenez pas. Rester avec vos démons. Seul si possible, avait insisté Vasco en laissant le sort de son Chaton entre ses mains.
Il lui faisait totalement confiance, sans quoi il ne lui aurait jamais demandé de se charger de cette affaire, mais il avait inconsciemment peur qu'il ne lui brise les os dans ce sauvetage et lui rachète, un vrai, chaton pour le consoler. Il serait capable de le faire. C'était pourquoi il espérait que Swam le freine.
Swam et son Chaton... En couple...
Il avait cru à une énième mauvaise blague du brun juste avant qu'il ne lui mette son poing au visage. Certains éléments s'étaient alors emboîtés telles les pièces d'un puzzle et il avait compris que, depuis son réveil, les souvenirs de Swam que Livi avaient refaisaient surface. Bon sang, elle avait même crié son nom au lit au lieu du sien ! Comment avait-il fait pour ne pas le deviner plutôt ? De l'autre côté, il y avait Swam qui lui disait le strict minimum. Il ne lui disait rien de sa vie privée, mais maintenant qu'il le savait, il se souvint des nombreuses fois qu'il avait mentionné Livi. "De ma femme", avait-il répondu lorsqu'il lui avait demandé comment avait-il fait pour obtenir un objet rare. "Voir ma femme" avait-il lâché plus d'une fois quand il lui avait demandé où il allait. Vasco avait râlé pendant une bonne minute à l'entente de sa réponse insolente, sans savoir que c'était la vérité. Il partait voir Livi, plus souvent qu'il ne le pensait, si bien que Jagger avait lui-même essayé de décoder la partie cryptée du dossier de son Chaton. Aucune des clefs de décryptage qu'ils avaient essayé, n'avait fonctionné et il n'avait pas eu plus de chance avec Livi lorsqu'il lui avait posé certaines questions. C'était le trou noir. Elle ne se souvenait de rien, pourtant, il y avait un endroit, autre que la base naval où ces deux-là se voyaient. Loin des regards indiscrets et à l'abri des murs qui avaient des oreilles. C'était bien ce qui l'embêtait.
Jagger soupira. Il détestait n'avoir rien à faire. Il aurait pu aller clôturer des dossiers ou remplir des archives, mais Vasco avait été très précis : il ne devait rien faire. Jagger se doutait bien que son conseiller lui expliquerait tout en temps voulu, en entendant, il avait mal au crâne en pensant aux nombres de réunions qu'il avait repoussé et prenait son mal en patience en observant son nécromancien. Il était pitoyable. Il tremblait comme une feuille près à lâcher d'un instant à l'autre et à s'écraser au sol.
Il regrettait de ne pas pouvoir bouger ; comme Mike qui de nature curieuse, mourrait d'envie demander ce qu'il se passait, mais qui se tenait à carreau à la vue du mauvais œil que lui portait les gardes.
Appuyé sur un muret de pierre, le vampire avait rejoint d'autre confrère au point de rassemblement et essayait d'intercepter une conversation juteuse quand un reflet de lumière l'aveugla. Quelques rayons de soleil rebondissaient contre la vitre de la montre d'un type qui semblait perdu.
— Vous cherchez quelque chose ? L'apostropha Mike.
— Et bien oui. J'ai un dîner important au Moulin Fou, pourriez-vous m'indiquer la direction ? Fit l'étranger dans un parfait anglais new-yorkais.
Le Moulin Fou ? N'était-ce pas ce luxueux restaurant situé à New York où l'on faisait flamber les scorpions au Whisky avant d'en faire un flan ? Aurélia lui en avait parlé pour être sûre qu'il l'écoute, ses oreilles étaient attentives dès qu'on parlait d'alcool, avant qu'elle ne lui parle de mariage et qu'il ne s'enfuit par la fenêtre.
— On m'a dit que les quartiers de cette ville étaient différents les uns des autres, mais tout de même, c'est un comble : ils ont installé un soleil artificiel, l'entendit-il râler.
Maintenant, qu'il avait ouvert la bouche, il avait un air de monsieur je sais tout, celui-là, et il avait mis tellement de parfum que Mike ne parvenait pas à savoir quel type de surnaturel il était.
— Artificiel ?
— Oui ou magique si vous préférez. Quoi qu'il en soit cette lumière n'est pas naturel.
— Ce soleil est naturel.
— Non très cher, pas à 1h30 à du matin, fit-il en lui montrant sa montre.
D'où est-ce qu'il sortait celui-là ? Mike s'apprêtait à répondre quand un garde les interrompus et conduisit l'étranger dans une salle.
Depuis son poste, Livi observait les vampires interloqués de se faire abordés par des inconnus demandant leur chemin ou le nom de l'endroit où ils se trouvaient. Les choses se mettaient en place comme elle l'avait imaginé.
— Ça a été ? Demanda-t-elle en sentant une présence dans son dos.
— Oui, il n'y avait personne à l'intérieur de la salle, répondit sa complice aux cheveux rose. J'ai trafiqué les valises sans problèmes. Mais...
— Quoi ?
— Il ne risque pas d'y avoir trop de monde ?
— C'est le but.
Livi reprit son chemin les mains dans les poches, les oreilles bercées par les discussions des étrangers.
— J'y crois pas, on est au Palais ! Winni prend des photos ! Il faut absolument que ça apparaisse dans le prochain Vamp'Mag ! S'exclama une jeune vampire.
— Excusez-moi ? L'aéroport est dans quelle direction ? Dit une femme en coréen.
— Je ne comprends pas ? Où sont les toilettes ? Fit un autre en langue elfique.
Elle avait toujours entendu dire que l'ampleur d'une catastrophe était proportionnelle au nombre de personnes qui regardaient. Alors elle allait bien voir ce qu'il se passerait quand ils devaient faire face à ce type particulier d'opposant : des civils. Tout ce qu'elles avaient eu à faire était de trafiquer les valises de la salle aux valises et la magie faisait le reste.
— Tu as trouvé le puits ? Questionna soudainement Livi.
— Non et toi ?
Livi ne lui répondit pas. Elle tira sa comparse dans une salle dont la porte ne s'était pas verrouillée.
En contrebas, dans la foule d'inconnus et de vampires qui grossissait, se distingua une femme aux cheveux rouges qui apparut en un coup de vent devant elles. Les deux filles sursautèrent et se cognèrent contre le rebord d'un fauteuil. Leur premier réflexe fut de repérer les potentielles issues de secours. Il n'y en avait qu'une seule, la porte d'entrée, bloquée par la sorcière. Son visage était fermé et son regard s'attardait davantage sur l'individu aux cheveux roses que sur Livi.
— Boucle d'or ? Appela-t-elle en s'attardant de nouveau sur Livi.
Aramis était à l'aise avec le changement de plan que lui avait soufflé Vasco quand elle était partie retrouver Joris. Certains aspects de cette nouvelle organisation la stimulaient à vrai dire, mais elle s'inquiétait pour Livi. La mine un peu pâlotte, elle avait l'air de tenir le coup bien que la dissociation d'esprit ait atteint la limite. Elle se demandait seulement à quel moment est-ce qu'elle allait s'écrouler. Évidemment, la personne à qui elle s'adressait ne lui répondit pas.
— Une psychopompe, chuchota l'individu aux cheveux roses à Livi en observant ce qui se tenait sur ses épaules.
Aramis était accompagné d'un atout de taille, affalé sur ses épaules, la queue arrondi autour de sa nuque. Il était petit, plutôt poilu et surtout, il avait été placé sur l'échiquier par Vasco. Le conseiller avait eu une nouvelle idée et ce félin en faisait partie.
Coconut se laissa tomber gracieusement au pied d'Aramis et s'étira sous le regard des deux filles. Elles n'avaient pas ce genre d'animal aux enfers. Son poil était lisse, propre, pire encore, il ne leur avait pas encore craché à la figure. Qu'est-ce que c'était que ce truc ?
— Il appelle ça un chat, lui enseigna la rose. Mais celui-ci est un totem.
— Comme l'oiseau que tu as eu.
— Pareil, mais en plus costaud.
— Elles sont fragiles ces petites bêtes.
Cette discussion n'était pas tombée dans l'oreille d'une sourde. Au contraire. Une pulsation de veine servit au niveau de son cou. Elle avait tué l'oiseau de Swam ?
Aramis frappa deux fois du pied contre le sol. Un craquement se fit entendre et le sol s'écroula. Livi eut le temps de reculer mais son amie fut emportée vers le bas et s'étala au sol avec le reste des décombres sous l'œil de Mars qui l'attendait en dessous. Ce dernier lui fit un grand sourire avant qu'elle ne se fasse avaler par une motte de terre.
Swam était dans le coin, comme l'avait prédit Vasco.
Go, articula-t-elle à son mari qui disparut dans un nuage de fumée.
Coconut lui avait déjà sauté vers Livi. Il montra l'arrière de sa patte à la sorcière puis poursuivit la blonde dans la petite pièce.
Aramis observa cette scène en retenant un rire. Cette enfant n'avait aucune idée de ce qu'elle cherchait. Ce puits était inaccessible de puits des années. Personne ne l'avait trouvé car personne ne savait qu'il ne s'agissait pas d'un lieu, mais d'un objet à trouver. Le puits n'était rien d'autre qu'un présent, qui tenait dans la paume de la main, qu'offrait Aramis selon son humeur. Il s'activait avec sa magie et malheur à celui y jetterait une pièce en échange d'un vœu. Les puits à souhait étaient très rares et extrêmement puissants. C'était principalement la raison pour laquelle elle en était la gardienne sans compter que sa puissante magie faisait d'elle un adversaire de taille que beaucoup préféraient ne pas affronter.
Pourtant, lorsqu'Henryk déboula dans le bureau Cirrus, il retrouva la sorcière au sol et le chat enfermé dans une cage en verre.
— Qu'est-ce que tu as fait ? S'affola Henryk en se ruant vers la sorcière.
Son pouls était légèrement plus bas que la normale et elle ne semblait pas blesser. Il adressa un regard lourd de questions à son acolyte, regrettant un bref instant de l'avoir fait entrer ici.
À l'instant même où Vaena et elle avaient passé le portail de sécurité, Henryk les avait conduites jusqu'à l'entrée de la zone B, où ils s'étaient séparés en deux groupes. Vaena s'était envolée vers le toit, tandis qu'il conduisit sa collègue vers le bureau Cirrus. "Suis l'odeur" lui avait répondu Swam un peu plutôt après un rapide échange par message. Le prince avait pris ces dispositions pour lui tracer un chemin clair qu'il ne pouvait rater. Il avait juste été étonné de voir autant de vampires, mais pas que. Il avait aussi aperçu son père dans la foule qui hurlait contre un pauvre garde qui ne pouvait fournir aucune réponse aux questions qui lui posaient. Henryk avait accéléré le pas, s'était arrêté 30 secondes pour refixer l'attache de sa chaussure et quand il avait rejoint sa collègue, il retrouva Aramis au sol, des marques de doigts sur sa gorge.
Elle l'avait étranglé ?
— Je l'ai juste endormi ne t'en fais pas, répondit sa collègue.
— Je le sais. Je me demande surtout avec quoi l'as-tu endormi.
Elle rangea quelque chose dans sa poche, mais il reconnut l'emballage.
— Si Jagger essaie de te tuer, je ne l'en empêcherai pas, grogna-t-il atterré par sa bêtise.
— Je m'excuserai plus tard. Maintenant on doit s'occuper de Mousseline.
— N'étais-tu pas sensé t'occuper de Livi ?
— Si on attrape Mousseline, on attrape Livi.
— Et pour Livi ?
— Ils vont s'en charger.
— Tu en es sûre ?
— Jusqu'à ce que j'en finisse avec ce démon-là, il va falloir qu'ils tiennent. Ça ne devrait pas prendre trop de temps. Viens.
Henryk suivit sa collègue non sans continuer à lui faire part de ses ressentiments. Certains de ces gestes étaient plus que discutables étant donné qu'il se trouvait dans la cité du roi des vampires. Il y avait de nombreuses manières qu'elle allait devoir mettre de côté, à moins qu'elle ne veuille visiter les cachots ou rencontrer les membres du tribunal dans un procès à son désavantage. La jeune femme l'écoutait d'une oreille légère, d'accord avec ce que disait le dragon, mais concentrée à renifler la trace de Mousseline.
Depuis quelques mois, elle était sur les traces de divinité qui s'étaient échappées de chez elle, mais elle n'aurait jamais pensé que l'un des rubans déités qui avaient disparu était là, dissimulé derrière une jeune démone qui s'était associé à ce qu'elle appelait le fissureur. Ce démon mineur avait la particularité de créer des fissures, sur presque tout type de surfaces, à travers lesquelles se déplaçait Livi grâce au ruban déité.
Pas de fissures, pas de déplacement.
C'était pour cela qu'elle devait séparer les deux filles, chose faite grâce à Swam et au sorcier, puis s'occuper de Mousseline. La jeune fille s'était retrouvée prise au piège entre trois hommes, loin de toutes surfaces affermies et propres. Le sol poreux de l'énorme forêt la fit grimacer. Les branches craquantes, les troncs élancés et les arbustes désordonnés lui bouchaient la vue. Au-dessus de sa tête, un mélange de sons bestiaux, causés par des oiseaux invisibles, résonnaient, soutenus par les gazouillements des insectes aventureux. Elle n'aimait pas la forêt. Elle n'aimait pas ne pas savoir où elle allait. C'était inconfortable, agaçant même. Elle voulait retourner vers la civilisation, là où le sol se fendillait sous ses doigts et où elle pouvait vraiment être utile à son amie.
— Où est ta boucle ? Souffla Henryk à Swam alors que la rose cherchait à escalader sa prison de racines.
— T'occupes. Vous avez tous ?
Henryk opina tandis que sa collègue dévisagea l'autre homme qui se tenait là. Un hybride, devina-t-elle aisément.
— C'est qui celui-là ? Demanda-t-elle à Swam.
— Un ami, répondit-il en resserrant les lianes qui encerclaient Mousseline.
Le prince n'avait pas l'intention de lui en dire plus. Il était même étonné de voir que Jagger leur avait envoyé un de ces démons. Swam n'avait pas vu l'arrivé de Moloch d'un mauvais œil, autant combattre le feu par le feu.
— Qu'est-ce qu'on fait ?
— Connaissez-vous, le sortilège elixgé ? Demanda le démon de perversion.
Un sortilège de lumière ? Ce n'étaient pas ces sortilèges préférés, mais ils restaient dans son domaine d'action. Il allait juste devoir redoubler de prudence en visant.
— Avec ou sans de détections de vestiges ?
— Sans.
Mars leva un sourcil.
— On y va, s'engagea Swam.
Les extrémités du son pouce et de son majeur s'illuminèrent et telles deux lucioles, les points lumineux s'en allèrent dans la forêt. Au loin, un arbre blanc se tordit, craqua puis s'enfonça dans le sol. Un deuxième l'imita. Bientôt, une ribambelle de craquements s'articula. Moloch jeta un rapide coup d'œil à son environnement et se mis en position. C'était un sort qu'il avait vu des dizaines de fois et lorsque la forêt chantait, il fallait se mettre à courir.
Les quatre s'éloignèrent du vampire qui se tordait les doigts jusqu'à ce qu'une masse arrive dans son dos. Il ressemblait à un serpent sans visage qui avait revêtit une armure grise et puait la terre retournée. Les morceaux de branches cassés qui ressortaient le long de son corps longiligne rassurèrent Mousseline. Il n'était fait que de terre et d'écorce.
— Assurons ses arrières, chuchota Mars en croisant la route d'Henryk.
Les deux hommes bifurquèrent et disparurent derrière un arbre. Il ne restait plus que la collègue du dragon, dans le champ de vision de Moloch.
— Mediastin cécé elixgé, continua Swam en écartant les racines.
Le serpent s'infiltra dans la cage et Swam frissonna. Sa magie s'était enfin régénérée, pourtant il s'étira un peu le cou avant d'essuyer une goutte de sueur de son front. Il était fatigué ? Il lui était déjà arrivé de lancer un sort plus complexe, pourtant, il avait l'impression d'y mettre toute son énergie. Quand il lança la deuxième partie du sort, sa vision se troubla. Il s'appuya sur l'arbre voisin, en se demandant se qu'il lui arrivait.
Henryk n'était pas doté d'une vision aussi remarquable que les vampires, pourtant il remarqua sans mal la lueur rouge sous le ventre de l'animal. Il y avait un problème. Le sortilège changeait.
— Mousseline ! Cria sa collègue en se jetant dans la cage.
Henryk entendit Swam appeler son totem qui ne lui répondit pas. Un frisson lui vrilla la colonne vertébrale et un râle lui échappa alors qu'il s'affaissait au sol. Des sons aiguës pillèrent ses oreilles. Mécaniquement il porta ses mains à ses oreilles en baisant la tête. Il ne vit pas ce qui le percuta, mais il roula au sol le long de la descente. Quelqu'un l'attrapa par le col et lorsque sa vision s'éclaircit, il se retrouva au coin d'un mur. On l'avait attrapé le col et le secoué dans tout les sens. Il cru réellement reprendre conscience quand sa tête cogna le mur.
— Aïe, pialla-t-il.
— Arrête !
— Quoi ?
— Arrête !
Lucan se trouvait juste au dessus de lui, un visage inquiet et sal de sang. D'où est-ce qu'il venait ?
— Arrête ton sort ! Lui criait-il avant de s'écraser au mur voisin.
Il vit Livi attaquer Lucan avec une lueur folle dans ses yeux. Qu'est-ce qu'il lui prenait ?
— Mauvaise perdante, siffla le sénéchal.
Le rugissement de Livi le fit sourire
Les ennuies n'étaient pas arrivés seuls mais en bataillons. Personne ne répondait à l'appel de Swam. Ni Aramis, ni Vasco, ni Otis. Il n'arrivait même pas à communiquer avec Lucan, planqué à moins de cinq mètre sous un bureau. Sa communication brouillé faisait naître de nouveau acouphènes qui lui firent perdre l'équilibre.
— Reste couché ! Rugit Lucan en se jetant sur Livi.
Le cri de la jeune femme et le bruit d'os inquiéta Swam qui se déplaça malgré l'avertissement du sénéchal. Lucan refoula un jurement et repoussa Swam au coin de la salle. Il n'était pas en état de combattre et la lueur de ces doigts indiquait qu'il n'avait toujours pas rompu son sortilège. Les deux blonds se battaient avec une tel rage que Swam commençait à se demander si Lucan n'allait pas réellement la tuer. Il ignorait qu'il essayait juste d'accéder au point de connexion, là où le démon s'était encré en Livi avant d'étendre son maléfice. Il avait été lui aussi briefé sur l'affaire et savait que le temps jouait contre eux. Ainsi il ne se déconcentra pas quand la porte s'ouvrit. Tout le contraire de Swam qui jura.
S'il y avait plus d'une façon de faire quelque chose, et que l'une d'elles conduisait à un désastre, alors il y avait forcément quelqu'un pour le faire de cette façon. En ce jour anormal, cette personne avait pris les traits d'un jeune vampire séduisant. Joris n'avait aucune idée du plat dans lequel il venait d'y mettre le pied, mais il y eut un avant-goût lorsqu'il ouvrit la porte avec force. Il croisa le regard hargneux de Livi et eu un mouvement de recul.
— Fiche le camp ! Aboya Swam.
Joris roula au sol sous l'un des mobiliers épargnés par la bagarre et se propulsa à l'autre bout de la pièce dès qu'un craquement siffla à ses oreilles. Le bureau démantelé s'écroula dans un nuage de poussière. Il esquiva des débris qu'on lui lançait à la figure et se stoppa en voyant les grands gestes que faisaient Swam. Il frémit. Un grognement attira son attention. Dans son dos, Livi s'était élancée vers lui et abattait sa main en arc de cercle d'un jet si sec qu'il fit siffler l'air.
— À terre ! Cria le prince.
Le concubin fit brusquement volte-face. Il se fit balancer sur les côtés en même temps que Swam, par Lucan qui reçut le coup de plein fouet à sa place. Le sénéchal tomba sous les yeux horrifiés des deux vampires. Le silence apposé dévora l'instant qui semblait hors du temps tandis que les iris de Livi croisèrent une dernière fois celle de Lucan.
Il n'y eut pas de larmes, ni d'excuses, juste la voix mortifiée de Swam qui cria le nom de Lucan qui s'écroula au sol, découpé en petits morceaux, avant d'exploser en sang.
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