Partie 14 - Bienvenue à bord. ( a )
Trente minutes ! Elle n'avait même pas pris la peine de dire au revoir à Lisa. Lexie avait saisi ses affaires, et avait décampé comme si elle avait le diable à ses trousses. Prenant une grande inspiration, elle fila à travers les bâtiments. Sa vie aurait définitivement été plus tranquille si elle n'avait jamais ouvert cette enveloppe noire.
Dans sa précipitation, la jeune femme bouscula un homme qui devait être tout aussi pressé qu'elle, car il n'avait même pas pris la peine de s'arrêter. Elle ne s'était heureusement pas fait mal, mais le contenu de son sac était à présent répandu sur le sol.
Ce n'était pas son genre de transporter toute sa maison dans son sac, ce n'était pas pour autant qu'elle avait envie que les passants puissent en admirer son contenu.
Se baissant en vitesse, elle commença à tout remettre en place, quand elle tomba sur la carte dorée que lui avait donnée Ayden. Elle avait longtemps hésité avant de la prendre. Puis sans vraiment réfléchir, elle avait saisi la carte avant de décamper en vitesse. Après tout, si elle ne voulait pas y retourner, elle n'avait aucune obligation de l'utiliser.
— Vous allez bien, mademoiselle ? lui demanda une passante. Je vous ai vu vous faire bousculer.
— Oui, tout va bien merci, la rassura-t-elle, c'est de ma faute, je ne regardais pas ou j'allais.
Lexie se releva prestement, la carte toujours dans sa main. En regardant sa montre, elle vit qu'elle avait encore un peu de temps avant son entrevue. Elle décida donc de marcher plus lentement. Se faire renverser n'arrangerait pas ses affaires. Quoique, si cela pouvait empêcher ce rendez-vous, elle allait sérieusement considérer la question.
Elle marcha, tout en retournant la carte entre ses doigts. Le bout de plastique accrochait le soleil, tel un miroir. Pour une raison obscure, elle n'avait pas encore dit à ses amies qu'Ayden lui avait offert une carte de membre. Elles la forceraient sûrement à y retourner.
Or toute l'anarchie qu'était sa vie en ce moment reposait sur le fait que son entourage lui avait d'une manière ou d'une autre, forcé la main. Si elle devait retourner au Secret, elle voulait le faire de son propre chef, et pas parce que Lisa l'avait choisie pour une étrange mission. Ou parce que ses amies avaient décidé que sa vie était trop morne. Après un dernier coup d'œil à la carte, elle la remit dans son sac, bien cachée dans la poche du fond.
Quelques minutes plus tard, elle passa enfin les portes du hall de la Spencer Editing. Une foule de personnes déambulait dans l'immense entrée toute en marbre. Elle reconnut un bon nombre de ses collègues qui passaient devant elle sans même lui accorder un regard.
Cela lui fit repenser à la carte au fond de son sac, et à l'attention que lui avait portée Ayden au Secret. Pour la première fois depuis bien longtemps, elle ne s'était pas sentie mise de côté ou simplement transparente.
Elle fit un petit arrêt par les toilettes afin de se rafraîchir un peu. Sa marche rapide, en plus du stress, lui avait donné chaud. Elle s'observa dans le miroir, et essaya de se voir à travers les yeux des autres. Son visage était des plus banals, son teint était terne et de gros cernes encadraient ses yeux du fait d'avoir peu dormi ces derniers jours.
Heureusement, ses lunettes aux verres épais, « ses culs-de-bouteille » comme les appelait Nina, cachaient ses yeux. Lexie avait plaqué ses cheveux de chaque côté de son visage, cachant par l'occasion ses oreilles. Aucun maquillage ne venait relever le tout. En bref, elle n'aurait pas dépareillé dans un roman d'une des sœurs Brontë !
Elle tira sur le col roulé de son pull afin de cacher son cou. Qui pourrait croire que « la petite brebis » et la très vieillotte mademoiselle Kent ne faisaient qu'un ? On pourrait presque parier que si elle avouait toute la vérité à Ayden aujourd'hui, il ne la croirait pas ! Après un dernier regard à son reflet, elle prit le chemin du bureau de son patron.
Lexie passa devant la toujours très chic secrétaire du jeune homme, qui lui fit un signe de tête lui indiquant d'entrer. Un bonjour lui aurait-il écorché la bouche ? Pas très accueillante la demoiselle. Nul doute que jambes de gazelle devait garder toute sa politesse pour notre très cher, et surtout très sexy, Monsieur Wide. Lexie frappa donc un coup discret à la porte, avant de pousser les portes. Il ne releva pas la tête de ses dossiers.
— Il y a une conférence sur l'édition à Seattle. J'y vais et vous venez avec moi ! Nous prenons l'avion demain. Soyez prête pour 7 h, quelqu'un passera vous chercher, lâcha-t-il sans même un bonjour.
L'avion ? Non il était hors de question qu'elle prenne l'avion !
— Non, dit-elle catégorique.
Il daigna enfin relever la tête de ses dossiers, et la regarda comme si elle était une extra-terrestre.
— Pardon ?
— Je vous ai dit non, répéta-t-elle fermement.
Elle ne craquerait pas. Il voulait qu'elle s'impose, très bien, elle allait s'imposer ! Tant pis pour lui, si tout d'un coup, cela ne lui plaisait pas.
— Je n'ai pas dû être assez clair alors, car il ne s'agissait nullement d'une question. Je ne vous laisse pas le choix ! Vous venez. Point, asséna Ayden en fronçant les sourcils.
— Vous ne pouvez pas me forcer, lâcha-t-elle butée.
Elle avait bien conscience de se comporter comme une enfant, mais elle n'irait pas à cette convention. C'était hors de question !
— Vous forcer ? Le concept patron-employée cela vous parle-t-il mademoiselle Kent ? Je n'ai pas à vous forcer, lui expliqua-t-il comme si elle était une demeurée.
— Êtes-vous en train de me menacer de me virer si je refuse ?
Il se saisit l'arête du nez en soupirant, elle avait conscience de le pousser à bout. Mais elle ne pouvait pas aller là-bas. C'était au-dessus de ses forces.
— Et pourrais-je savoir ce qui me vaut ce refus véhément ? demanda Ayden d'un air calme alors qu'une tempête faisait rage dans ses yeux.
— Je... Je...
Elle ne pouvait pas lui dire la vraie raison de son refus.
— J'attends, mademoiselle Kent ! Je n'ai pas toute la journée, je vous signale.
— Je... je n'aime pas la neige, cracha Lexie sans réfléchir.
— Résumons, voir si je comprends bien, vous refusez catégoriquement de m'accompagner à la plus grande convention d'édition du pays, car vous n'aimez pas... la neige ?
— Voilà, vous avez bien compris, acquiesça-t-elle.
— Me prenez-vous pour un idiot ? demanda Ayden en se levant afin de contourner son bureau.
— Non, je...
— Écoutez-moi attentivement, car je ne me répéterais pas, dit-il en prenant appui sur le rebord du bureau, face à elle. Vous m'accompagnez, c'est bien compris ?
Elle prit un air buté, mais ne répondit pas.
— Je n'ai pas dormi depuis deux jours, car une folle mexicaine m'appelle toutes les heures. Et on a crevé trois fois les pneus de ma voiture cette semaine ! À cette allure-là, mon garagiste va pouvoir se faire construire une piscine avec tout l'argent que je lui laisse ! Alors je ne suis pas d'humeur quant à vos soudaines envies de rébellion ! aboya-t-il.
— Oui, Monsieur, dit-elle, en insistant bien sur le Monsieur.
Elle se sentait stupide de faire ce petit caprice, mais elle ne pouvait pas prendre l'avion. Elle pourrait simplement lui dire que ses parents étaient morts dans un accident d'avion, et qu'elle n'en avait jamais pris un depuis. Mais paradoxalement, elle trouvait cela trop intime. Certes, ils avaient fait des choses qui dépassaient largement ce stade. Seulement, parler d'elle et de sa vie amènerait à des questions auxquelles elle n'était pas prête à répondre.
— Et mademoiselle Kent.
La voix autoritaire d'Ayden la sortit de sa torpeur.
— Oui ?
— Je vous veux souriante et sur votre trente-et-un. N'oubliez pas que vous représenterez la société, c'est-à-dire moi !
Elle prit une grande inspiration, et rassembla toute sa patience pour ne pas partir en claquant la porte. Au milieu de sa colère, une chose la turlupinait quand même. Pour avoir des réponses, elle allait devoir avoir une conversation le plus rapidement possible avec Nina.
***
Le lendemain arriva vite, beaucoup trop vite. Sans un mot, elle prit place dans l'avion au côté de son patron. Elle n'avait pas dormi de la nuit, l'anxiété la faisant se tourner et retourner sans cesse dans son lit. Lexie n'était pas prête à affronter les souvenirs que ce voyage allait immanquablement déclencher.
Une voiture, avec Ayden à son bord, était venue la chercher au pied de chez elle à 7h tapante. Elle lui avait dit bonjour du bout des lèvres, mais n'avait pas décroché un mot depuis. Elle lui en voulait encore de l'avoir mise au pied du mur pour entreprendre ce voyage.
Une jolie hôtesse blonde, très chic dans son uniforme rouge s'approcha de leurs sièges et leur demanda de remonter leurs tablettes ainsi que d'attacher leurs ceintures en vue du décollage imminent. L'hôtesse ne manqua pas de détailler Ayden avec des yeux gourmands. Ici, l'expression manger des yeux prenait tout son sens.
Si on mettait de côté son humeur massacrante, toute droite dirigée vers son patron, elle devait bien reconnaître qu'il avait la beauté du diable aujourd'hui. Ses cheveux noirs étaient en désordre, comme s'il n'avait cessé de passer sa main dedans.
Son costume sombre avec de fines rayures grises lui donnait un air de gangster des années trente. Sa seule fantaisie était une fine cravate rouge, élégamment rentrée dans son veston. Elle le regarda se lever pour mettre sa veste sur le dos de son fauteuil. Ses muscles jouaient sous sa chemise blanche, il déboutonna les boutons de son veston tout en s'asseyant.
— Vous devriez vous mettre à l'aise aussi, mademoiselle Kent. Le vol n'est pas long, mais il n'y a aucune raison de rester guindée. Nous sommes juste entre nous, conseilla Ayden en laissant reposer sa tête sur l'appui-tête.
À contrecœur, elle déboutonna sa veste en laine bleue. Elle sentait que le vol allait être long !
****
RAPPEL ⚠️
L'histoire est bien terminée, mais n'est plus publiée dans son intégralité car elle est sous contrat d'édition.
Ce qui veut dire que l'histoire va sortir en livre, j'ai donc dû retirer 2/3 de l'histoire. Ce n'est pas la peine de me demander quand sera publiée la suite, elle ne le sera pas du fait du contrat d'édition. Merci :)
des bisouilles 🧡
Coucou !
Et non Ayden n'a pas encore reconstitué les pièces du puzzle !
Il faut dire qu'il est un petit peu aveugle concernant les personnes qui l'entoure. Puis si on se met de son point de vue, il n'a aucune raison de penser qu'elle puisse être son inconnue.
Comme je l'ai répondu à l'une d'entre vous en commentaire. On ne voit que ce que l'on veut bien voir ;)
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