Chapitre 3
« Lorsque Dieu ferme une porte, il en ouvre toujours une autre. »
Proverbe Arabe.
Je n'ai pas encore réussi à fermer l'œil alors qu'il est bientôt cinq heures du matin.
Plusieurs fois, j'ai tenté de joindre Louis par téléphone, mais je n'ai eu aucun retour. Ça me rend paranoïaque et fébrile.
Bien sûr, j'ai une vie à côté de tout cela, mais je ne peux plus penser au lycée alors que j'ai mis les pieds dans un monde où la vie humaine est futile.
Tout ce qui m'importe pour le moment, c'est de retrouver Louis et d'en savoir un peu plus sur ce que nous devrions faire par la suite.
Ravagée par une insomnie qui ne risque pas de me quitter de sitôt, je décide de me lever et de me rendre chez Canaân. Ce dernier en saura sûrement plus que moi sur le déroulé de la soirée après notre fuite.
Habillé le plus simplement, vêtu d'un jogging sombre, je saute dans ma voiture et file chez le comparse de mon copain. J'y suis en à peine cinq minutes.
Ce que c'est agréable de rouler en pleine nuit. Il n'y a pas un chat sur la route et en plus de ça, sortir la nuit a pour moi un côté apaisant, comme si une autre vie commençait, de celle pleine de liberté, mais aussi remplie d'êtres vivants qu'on ne croise que très rarement en journée. En bref, cette vie nocturne est pour moi une renaissance. Si je le pouvais, je choisirais de vivre la nuit plutôt qu'en journée.
C'est vrai que j'étais plein d'entrain sur le chemin, mais de me retrouver devant la porte de Canaân me rend moins confiante. Néanmoins, je n'ai pas eu le temps de réfléchir plus, car une voix m'invite déjà à rentrer.
– Rentres.
Je m'exécute face au froid nocturne qui commence à refroidir mes extrémités.
– Quel bon vent t'amène ?
– Comment tu...
– Je m'en doutais. Alors ?
– Tu ne l'as pas deviné ? Je me demandais si tu avais eu des nouvelles de Louis, l'interrogé-je en prenant place sur son canapé vert.
– Pas plus que toi. Désolé, Heavan.
– Tu me le jures ?
– Ça m'avancerait à quoi de te mentir ? Je ne sais pas ce qu'il s'est passé là-bas et autant te dire que je préfère me faire tout petit. Ne t'en fais pas, Louis va finir par réapparaître et donner signe de vie.
Comme si ça ne suffisait pas, en pleine discussion une tierce personne frappe à la porte. À croire que tout le monde s'est donné rendez-vous.
– Tu attendais quelqu'un ?
– Toi, tu es trop à cran ! Je vais aller voir. Ne bouge pas.
C'est sans compter mon inépuisable curiosité. Je me lève donc et me dirige à pas feutré vers l'entrée, celle-ci étant à moitié cachée par un pan de mur, je me faufile et tends l'oreille.
– Vas dans la salle de bain, j'arrive.
Au son de ces paroles, je m'éloigne un peu et fait mine de faire les cent pas, m'intéressant aux objets de décoration de son salon.
– Tu m'excuseras deux minutes. J'ai à faire.
– Une petite copine ? feignis-je, un sourire aux lèvres.
– Je reviens, coupe-t-il d'un air grave et sec.
Je sais qu'il me dissimule la vérité, même s'il ne me ment pas vraiment, il ne me dit pas non plus que la personne qui a frappé à la porte n'est autre que Louis. Rien qu'au son de sa voix, je le reconnaîtrais entre mille.
Ça m'énerve de devoir faire comme si de rien n'était alors que Canaân et Louis se sont enfermés dans la salle de bain. Qu'est-ce qu'ils sont encore en train de mijoter ces deux-là ?
Cela doit faire une bonne demi-heure que je patiente quand enfin l'un d'eux sort. Je m'attends à ce qu'il me demande de rentrer chez moi, mais finalement, je suis surprise, car Canaân m'avoue enfin que c'est Louis qui est venu ici et que celui-ci tient à me voir. Sans plus d'entrain que ça, il n'était visiblement pas d'accord avec le choix de mon copain.
Je suis plus qu'heureuse de le retrouver, mais j'ai aussi une petite angoisse qui monte en moi. J'espère que son père n'a pas été trop sévère avec lui.
C'est d'une main tremblante que je pousse la porte de la pièce. Cette dernière est plutôt spacieuse, mais sans trop l'être non plus. Tout est blanc, le carrelage au sol comme les murs entourant la baignoire, les vasques, les meubles ainsi que les serviettes.
Mais face à moi, Louis assis sur le rebord de la baignoire, la tête baissées, mon angoisse refait surface et je crains le pire.
– Louis ! Tu vas bien ?
Au son de sa voix, ce dernier resserre sa poigne sur sa chaise de fortune, puis redresse sa tête, ses yeux rencontrant enfin les miens.
Certes, je m'attendais à tout, sauf à la vision d'horreur qui s'affiche à moi.
– Mon Dieu, mais qu'est-ce qui t'es arrivé ?
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