Chapitre 3


Colin


— Qu'est-ce qu'elle fiche ici ? s'énerve Erwan tout en s'approchant de nous.

J'observe la scène comme simple spectateur, ce sont leurs affaires de famille et je n'en fais pas encore partie.

— Tu pourrais t'adresser à moi avec un peu plus de respect, lui lance sa mère en le fusillant du regard. Tu es mon fils. Je t'ai porté pendant neuf mois, alors n'oublie pas que sans moi tu ne serais pas là !

— Laisse-moi rire ! De quel droit tu te permets d'être présente le jour de l'enterrement de notre père ? Personne ne t'a invitée, lui crache Erwan.

— Justement, personne ne m'a conviée, alors je suis venue, c'est tout naturel que je sois présente. C'était mon mari après tout !

Non, mais quel culot !

Cette femme est gonflée ! Comment ose-t-elle ?! Après tout ce qu'elle a osé faire subir à cette famille ? Elle a trompé un nombre incalculable de fois son époux. Je n'arrive pas à croire ce que j'entends, comment Indra et Erwan peuvent être ses enfants ?!

— Ton ex-mari ! Vous n'étiez plus mariés depuis longtemps, or tu sembles l'avoir oublié. Si papa est tombé malade, c'est en partie ta faute, tu lui as brisé le cœur ! Il avait tout fait pour toi, tu avais tout ce que tu souhaitais. Tu n'as jamais manqué de rien et il s'est tué pour construire son empire, mais toi tu as tout foutu en l'air !

Indra est furax contre sa mère, ce que je peux comprendre. Néanmoins, sa mère s'en fiche d'elle. Ma chérie peut s'épuiser indéfiniment que Géraldine ne prendra pas en compte les remarques de sa fille.

— Laisse tomber, Indra ! lui conseille Erwan tout en se tournant vers elle. Je suis venu t'avertir que Savana te cherche, et Quentin n'arrive plus à la retenir. Si tu n'y vas pas assez vite, elle risque de tout péter !

Mon amour se tourne vers moi, j'aperçois dans ses iris une pointe d'inquiétude. Elle peut me laisser seul avec sa génitrice, je ne suis pas lui. Je m'approche un peu plus d'elle pour la réconforter, mes lèvres rencontrent les siennes pour un baiser timide. Nous ne sommes pas seuls, puis je ne suis toujours pas à l'aise en présence de sa famille. Surtout lorsque le regard de son frère se pose sur nous. Mais tout n'est qu'une question de temps et d'habitude, j'y arriverai bien un jour.

— Va voir Savana, je gère. Tu peux compter sur moi.

— Ce n'est pas en toi que je n'ai pas confiance...

— Tu n'as rien à craindre, chérie, il n'y a que toi qui comptes et notre bébé. Alors file voir ton amie, tu en as besoin ! Tu dois souffler au moins quelques minutes.

— Tu as raison... Attention à la sorcière, ou tu pourrais choper le choléra !

Elle m'embrasse une dernière fois, puis quitte la pièce. Je ne sais pas pourquoi, mais tout à coup, j'ai un mauvais pressentiment.

On rembobine. Chérie, reviens!

Géraldine me fixe en clignant des cils, tout en croquant dans sa pomme, si elle pense que c'est sexy ce qu'elle vient de faire : elle se trompe lourdement. Cette femme ne suscite aucun sentiment de sécurité, je ne peux empêcher de rester sur mes gardes, les yeux rivés sur elle pour la tenir à l'œil. On m'a toujours appris à être respectueux, toutefois comment avoir de la tolérance face à quelqu'un comme elle ? Alors qu'elle a fait souffrir des personnes importantes pour elle, mais peut-on se demander si la mère d'Indra a un cœur ? Je n'ai pas de réponse à donner pour le moment, cependant je ne vais pas la lâcher. Hors de question qu'elle blesse celle que j'aime.

Je l'observe toujours, elle contourne l'îlot central tout en balançant des hanches exagérément.

Que ce cauchemar s'arrête et maintenant.

Tout en s'approchant, Géraldine joue avec une mèche de ses cheveux. Elle a enroulé son doigt autour et s'amuse avec. Elle ne doit pas avoir conscience que je suis fidèle à Indra et que rien ne m'atteindra. Encore faut-il qu'elle connaisse la définition de ce mot, au vu de ce que m'a confié Indra, j'en doute fortement. Géraldine croque une seconde fois dans son fruit puis se lèche les lèvres de manière suggestive tout en me lançant un regard qui en dit long sur ce qu'elle tente de faire. Ce manège est en train de me pomper sévère ! Je ne pensais pas qu'elle était capable d'une telle chose dans le dos de sa fille, cette femme n'a-t-elle donc aucun amour-propre ?!

— Alors comme ça, tu sors avec ma fille ? Franchement, tu peux m'expliquer ce que tu lui trouves ? crache-t-elle tout en continuant à s'avancer vers moi.

— Depuis quand sommes-nous passés au tutoiement ? Arrêtez votre petit jeu ! Vous savez très bien que je sors avec Indra, et je n'ai pas à justifier du pourquoi je suis avec elle. Ça ne vous concerne pas !

— Oh, je t'en prie ! Tu peux te confier à moi, me lance-t-elle d'une voix mielleuse. Elle t'a piégé, c'est ça ? Après tout, qui voudrait faire un gosse avec elle.

Je ne comprends pas comment une mère peut se comporter ainsi avec sa progéniture. C'est insensé. Ma mère avait ses défauts et ses qualités, certes, sauf qu'elle n'aurait en aucun cas réagi comme Géraldine. La mienne était toujours présente pour nous quoi qu'ils nous arrivent. J'ai souvent joué au dur, pourtant les câlins avec ma mère me manquent plus que je ne souhaite l'admettre. J'aimerais la revoir juste quelques instants et lui dire qu'elle peut être fière de moi, que je suis l'homme qu'elle désirait que je devienne. Si on passe sous silence mes déboires. Mon seul regret aujourd'hui, c'est qu'Indra et notre enfant ne pourront jamais rencontrer ma famille. Géraldine n'est plus qu'à quelques pas de moi, je recule à mesure que ses talons tapent sur le sol. Malheureusement, bien vite je me retrouve bloqué entre le frigo et l'îlot central.

Merde!

Mon cœur bat bien trop vite, je n'ai pas peur d'elle. J'appréhende juste ce qu'elle a derrière la tête. Intérieurement je pense qu'elle a un vrai problème et qu'elle n'est attirée que par les hommes dont sa fille est amoureuse. On dirait qu'elle souhaite faire souffrir Indra par n'importe quel moyen.

— Vous n'avez pas honte ! Parlez de votre fille de la sorte, c'est une horreur ! Je me demande comment c'est possible que vous soyez mère !? Vous êtes sans cœur et vous ne pensez même pas à donner de l'amour à vos enfants, pour moi vous les haïssez ! Vous me donnez envie de vomir, craché-je en la regardant durement.

Elle pose le fruit sur la surface en face de nous, puis passe sa main manucurée sur mon torse. C'est un cauchemar, je vais bientôt me réveiller en hurlant, c'est ça ?! De ses doigts crochus, elle trace un chemin vers le bas de mon ventre, mais je l'attrape en plein vol. Je sais très bien ce qu'elle a en tête et elle ferait mieux de se retirer cette idée vite de la tête.

— Vous allez m'écouter, car je ne le répéterai pas une seconde fois. Je ne suis pas Cyril ! Et je ne tromperai pas Indra, ni avec vous ni avec personne d'autre. Jamais ! Alors maintenant, vous allez bouger d'ici et laisser cette famille tranquille !

— Mon mignon, tu crois que je ne le sais pas qu'elle ne te comble pas de bonheur. Avoue, tu aimerais tester maman Davis ! J'ai beaucoup plus d'expérience que cette bécasse, laisse-toi faire. Un p'tit coup rapide et personne n'en saura rien ! réplique-t-elle d'une voix mielleuse.

De sa seconde main, elle recommence le même manège jusqu'à s'arrêter au bouton de mon jean. Elle prend la couture entre ses doigts, sauf que cette fois-ci, c'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase. Je ne suis pas violent envers les femmes, toutefois elle ne semble pas comprendre ce que veut dire le mot « non » ! La colère grimpe en flèche, je sature. Ma patience a des limites et je ne souhaite pas continuer ce manège avec elle. Je n'arrive plus à garder mon calme, ça risque de mal finir... Sa façon de vouloir me charmer me donne envie de gerber ! Qu'est-ce qui cloche chez elle ?!

— J'en ai ma claque ! Ça vous excite de rouler du train arrière ainsi ? Vous vous êtes regardée dans un miroir dernièrement ? Je vous ai exposé mon avis, or vous ne semblez pas l'avoir compris donc je vais reformuler tout ceci. Je ne fais pas dans la maison de retraite, vous croyez que je bosse en tant qu'aide à domicile ? Je ne vais pas venir m'occuper de votre personne. Puis voir une nana fripée, des seins jusqu'aux ongles de pieds, ce n'est pas trop mon kiff. Je préfère les jeunes, celles qui sont dans ma tranche d'âge comme votre fille, par exemple, lui lancé-je d'une voix passablement irritée.

Géraldine semble choquée par mon répondant. Tant mieux pour moi, ça m'évitera de supporter le timbre de sa voix mielleuse et niaisarde. Rien que de l'imaginer parler, des frissons parcourent tout mon corps. Très vite, elle reprend contenance et me fusille du regard.

— Pour qui te prends-tu pour te refuser à moi ? Tu verras un jour, tu reviendras vers moi la queue entre les jambes et à ce moment-là, mon coco, tu passeras la nuit la plus magique de ta vie !

Elle s'approche de mon visage, puis me souffle à l'oreille :

— Je pourrais réaliser tous tes fantasmes, même les plus fous. Il te suffirait de me demander. Je ne suis pas quelqu'un de très compliqué tant que ta queue est au fond de moi et me donne du plaisir, tout me va.

Alors que j'allais lui répondre, j'entends la porte s'ouvrir en grand. Je tourne la tête et j'aperçois Indra qui nous dévisage du regard et qui fulmine. Elle observe sa mère de ses iris noirs que je n'ai jamais vus auparavant. Elle ne s'énerve pas souvent néanmoins quand c'est le cas, il faut éviter d'être la cible.

— Ce n'est pas possible ! Tu ne peux pas t'en empêcher, n'est-ce pas, maman ! Éloigne-toi de lui immédiatement, tu m'entends ?! Et fiche le camp de cette maison, tu n'es pas la bienvenue. Retourne chez toi et oublie-nous, lui crache-t-elle furieuse.

— Chérie, je peux t'expliquer...

— Pas besoin, mon amour, j'ai confiance en toi. Je sais que tu n'as rien à te reprocher. On a traversé trop de choses pour que tu me trompes maintenant et surtout avec elle, me rassure Indra tout en me souriant amoureusement.

La vérité, c'est que je me retiens pour ne pas la traîner par les cheveux jusqu'à l'entrée et la mettre dans le premier taxi qui passera. En revanche, on ne m'a pas éduqué comme cela, même si elle n'a pas le moindre respect pour moi, je ne peux pas me comporter comme un moins que rien, c'est la mère de ma femme. Je me fais violence, alors que je ne rêve que d'une chose : l'étrangler.

— De toute façon tu ne sais pas donner du plaisir à un homme ! La preuve, regarde ce pauvre garçon, il a l'air frustré jusque dans le caleçon ! Tu devrais prendre des cours pour apprendre à satisfaire ton homme, ma chérie !

— J'ai assez entendu de conneries pour la journée, vous allez me suivre et la fermer ! Si je vous entends, vous allez savoir comment je m'appelle, répliqué-je.

J'attrape son bras, je marche à toute vitesse jusqu'à la porte. Ensuite, je traverse le couloir, le hall d'entrée et nous arrivons très vite à l'extérieur. Indra est suffisamment mal, ce n'est pas la peine d'en rajouter une couche, et cette femme ne l'aidera pas à aller mieux.

— Maintenant qu'on est à l'extérieur, je vais mettre les points sur les « i ». Si je vous vois vous approcher de cette famille ou de ma femme, je m'occuperai de votre cas, j'ai le bras bien plus long que ce que vous pensez. Alors, ne jouez pas avec plus fort que vous, car je peux me montrer bien plus méchant que je ne le suis. Foutez le camp et je n'ai pas intérêt à vous revoir ! la menacé-je tout en pointant un doigt vers elle.

Elle me lance un dernier regard, se retourne et marche en direction de la route tout en recommençant son manège, ses hanches se balançant de droite à gauche.

Géraldinene semble pas avoir compris le message.

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