Chapitre 2
Colin
Je ne savais pas qui était réellement Christian Davis. Toutefois, après l'avoir côtoyé quelques semaines, j'ai pu découvrir un homme merveilleux. C'était quelqu'un qui avait le cœur sur la main et dont le franc-parler était inestimable. Sa famille était la seule chose à laquelle il tenait le plus. Ses enfants étaient un cadeau du ciel, et en aucune façon, il aurait voulu être séparé d'eux. Je n'ai jamais vu une personne aimer autant que lui.
J'aurais tellement voulu avoir un père comme lui.
Sauf que le mien est inconnu au bataillon ! Je ne sais même pas son nom, ni qui il était. Nada. Est-il mort ? Marié avec des enfants ? Aucune idée. Peut-être qu'un jour, j'essaierai de le retrouver, pour moi, mais aussi pour mon enfant. Qu'il puisse avoir un grand-père à ses côtés. En espérant que ça soit une bonne personne. Après l'enterrement, ceux qui ont assisté à toute la cérémonie ont été conviés dans la maison du père d'Indra, celle située en France. Christian a vendu celle de Boston juste avant de mourir. Elle lui rappelait beaucoup trop de mauvais souvenirs, en plus d'avoir assisté à la propre déchéance de sa famille, détruite par son ex-femme. Assis dans un coin du salon, j'observe celle qui fait battre mon cœur. Elle essaie d'être forte aux yeux de tous, seulement je sais qu'une fois que tout le monde aura déserté, elle va relâcher la tension et s'écrouler. Il faut que je sois proche d'elle quand ça arrivera. Je me dois de la soutenir de la même manière que j'aurais aimé qu'on soit là pour moi, pendant ces fameux jours qui m'ont brisé à jamais. Je l'admire. Comment arrive-t-elle à sourire aux personnes qui l'entourent comme si de rien n'était. Quand j'ai perdu les miens, je me suis laissé envahir par tellement de sentiments que j'ai fini par partir en vrille, et donc entamer ma propre descente aux enfers. Du moins, jusqu'au jour où elle est apparue. Elle tourne sa tête dans ma direction, sentant sûrement mon regard peser sur elle, puis m'adresse un faible sourire qui en dit long sur son état à cet instant donné.
C'est le signal !
Je me lève, je ne prends pas la peine de voir ce qu'il se passe autour de moi et fonce. Elle a besoin de moi, là et maintenant ! Je traverse le salon puis j'entre dans le couloir en slalomant entre les invités et enfin j'atteins la cuisine. Après avoir passé la porte, je sais qu'Indra ne mettra pas longtemps à me rejoindre ayant à peu près la même distance que moi à faire jusqu'ici : une à deux minutes environ. Je décide de me prendre une bière dans le frigo, quand je l'aperçois passer par l'entrée de la cuisine. Elle se retourne pour fermer cette dernière et quand elle me fait face, je sais d'instinct qu'elle ne va pas tenir le coup encore bien longtemps. La fatigue lui marque énormément le visage, elle a également les yeux boursouflés à force de trop pleurer. Pourtant, il faut qu'elle fasse attention, puisqu'elle n'est plus toute seule, et qu'elle reste au calme, et se repose au maximum.
— Je ne vais pas y arriver, Colin, c'est trop dur, me lance-t-elle les yeux larmoyants.
Je ne cherche pas à comprendre et m'avance pour qu'elle puisse se jeter dans mes bras. La voir dans un état comme celui-ci me brise le cœur. J'aimerais pouvoir l'aider à aller de l'avant, néanmoins c'est impossible. Elle seule a le pouvoir de tourner la page et continuer sa vie. Elle mettra du temps, mais j'ai foi en elle. Indra va y arriver et je serai là pour la soutenir.
— Je suis là, chérie, tu n'as pas besoin de tout ceci. Renvoie-les chez eux ! Puis tu as vu ta tête ?! Tu as besoin de calme et de repos, Indra, le médecin t'a ordonné de ne pas faire de folie.
— Je le sais très bien, Colin ! Il s'agit juste de l'enterrement de mon père, j'ai bien le droit pour une fois de lui rendre hommage, s'énerve-t-elle.
— Ton père n'a pas besoin de tout ça pour qu'on lui rende hommage. Les seuls dont il avait besoin aujourd'hui c'était toi et Erwan, et personne d'autre. Le reste, il n'en avait pas la nécessité, car vous étiez les seuls à prendre soin de lui quand il en a eu le plus besoin. Indra, tu as été là pour lui, rien ne lui faisait plus plaisir. De là où il est, ton père doit être fier de la femme que tu es devenue.
Par ces mots, je me devais de la rassurer. Il faut qu'elle prenne conscience aujourd'hui qu'elle n'est pas seule. Erwan et moi sommes présents et je ne compte surtout pas la lâcher quoi qu'il m'en coûte. Elle souffle. Je descends une de mes mains pour qu'elle trouve le chemin jusqu'à son ventre. Depuis qu'elle m'a appris qu'elle attend notre enfant, je suis sur un petit nuage. Au point que rien ne pourrait m'atteindre. Elle porte le fruit de notre amour et m'aime, que demander de plus ?
Ne plus avoir une épée de Damoclès au-dessus de la tête, ça serait cool aussi !
Je suis conscient que c'est sans doute dangereux d'être à ses côtés, mais je m'en fiche, je ne veux pas être loin d'elle. Encore plus maintenant. Elle vient de perdre son père et elle a besoin de moi auprès d'elle, alors je suis incapable de la laisser. Cyril n'a qu'à bien se tenir ! Je ne me laisserai pas faire. Alors que je m'apprête à déposer mes lèvres contre les siennes, la porte s'ouvre en grand. Une femme d'une cinquantaine d'années entre, les cheveux bleu turquoise, habillée d'un simple bout de tissu qui dévoile beaucoup trop de choses pour mon bien-être mental. Son décolleté est beaucoup trop exagéré et la longueur de sa robe encore pire. Je n'ai rien contre, les femmes peuvent bien s'habiller comme elles veulent, mais on est à un enterrement, un peu de tenue !
— Géraldine ! Qu'est-ce que tu fiches ici ?! s'énerve Indra en voyant la personne qui vient de nous déranger.
La femme s'approche de nous avec un grand sourire et fixe Indra d'une façon que je n'apprécie guère. Ses iris n'inspirent que de la méchanceté et du mépris. Je me méfie déjà d'elle sans la connaître.
— Ma chérie ! Voyons, j'ai bien le droit d'assister aux funérailles de mon mari.
Cette femme est sa mère ?! Non. Impossible ! Je l'observe du coin de l'œil pour trouver une ressemblance avec ce qui me sert de belle-mère, seulement je n'en trouve aucune. Indra a les yeux bleus tandis que sa mère les a marron. Elle a le nez fin alors que cette dernière l'a légèrement pointu. Puis, aucun côté de son visage n'a de concordance avec celui de ma chérie. Je ne comprends pas.
— Ton ex-mari ! Maman, tu n'es pas conviée à cet enterrement ! Il ne voulait plus entendre parler de toi ! C'est en partie de ta faute tout ce qui est arrivé. Comment peux-tu te regarder dans une glace ?! Le pire, c'est que tu ne te caches même pas avec Cyril !
Suis-je le seul à paniquer à la mention de son ex-petit ami ? Si sa mère est présente, c'est qu'il l'a forcément suivie. Ou alors, je deviens complètement parano ? Après tout, elle n'est pas aussi folle pour mettre sa fille en danger... Si ?
— Oh, Cyril, je n'en ai plus rien à faire ! Tu peux même le reprendre, ça ne me dérange pas. Disons que j'ai rencontré quelqu'un d'autre et visuellement il me comble encore mieux que lui, lance Géraldine avant de se retourner vers la table et d'attraper un petit four.
— Tu n'es plus avec Cyril ? la questionne Indra d'une voix inquiète.
— Non, il était un peu trop obnubilé par toi. Puis son pote Tomas qui passait à la maison à n'importe quelle heure, ça va bien cinq minutes ! On ne pouvait même plus baiser en paix !
Tomas ?!
Il y a énormément de personnes qui s'appellent comme cela, cependant avec la chance que nous avons je n'y crois pas une seule seconde. Si Tomas et Cyril se connaissent, je n'ai plus qu'à rassembler les morceaux du puzzle pour tout comprendre... Et encore, j'ai bien peur de savoir tout ce que cachent ces deux-là.
— Il ressemble à quoi physiquement ce fameux Tomas ? demandé-je à la mère d'Indra, d'une voix dure qui n'évoque aucune négociation possible.
— Bien sûr, beau gosse, dit-elle avant de se mordre la lèvre inférieure et de me dévorer du regard.
Que tout le monde se pousse, je vais vomir !
J'entends Indra devant moi grogner pour défendre son territoire. Je crois que je vais assister à un combat sur le ring entre ma nana enceinte avec ses hormones en folie et de l'autre côté sa mère complètement perchée qui me bave dessus. Même si ça a l'air vachement passionnant, je n'ai pas envie de terminer ma journée aux urgences.
— Je t'interdis de t'adresser à Colin, ni même de le regarder. Garde une distance de trente mètres et tout ira bien ! Je n'ai pas confiance en toi ! Plus depuis ce que tu m'as fait. Alors reste loin de mon mec, c'est clair ?! la menace Indra.
Je suis quasiment certain que ses yeux doivent lancer des boules de feu. Toutefois, je ne tiens pas à ce qu'un meurtre ait lieu dans cette pièce. Je pose ma main dans le bas de son dos pour la calmer et lui montrer que je suis là.
— Pas besoin de menacer ta mère, je ne suis pas Cyril et je ne fais pas dans le morbide ! Les vieilles momies, ce n'est pas mon trip ! Je préfère la viande fraîche, balancé-je avec un sourire en coin.
Prends ça dans les dents, l'ancienne !
Géraldine ouvre la bouche, elle est folle de rage. Ses iris me lancent des éclairs, et ses horribles ongles sont en train de déchiqueter la pomme qu'elle vient de prendre entre ses mains. Alors qu'elle s'apprête à répliquer, la porte s'ouvre de nouveau laissant passer Erwan le frère d'Indra. Ce dernier dirige son regard vers sa sœur, mais au moment où il allait s'adresser à elle, ses yeux se tournent en direction de sa mère et à cet instant son visage se durcit de haine.
Ça va barder chez les Davis !
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