Chapitre 9 : Haymitch
Mes sourcils se froncent quand un rayon de soleil vient réchauffer mes paupières closes. Du soleil dans ma maison. Un soleil froid, un soleil factice, parce que je suis toujours seul.
Et ça me fait mal.
Quand j'étais apathique, toujours saoul, je ne me rendais pas compte combien dehors est beau. Combien pathétique était mon existence , de combien ma maison tombait en lambeaux, sombre, sale, morte.
C'est étrange. Elle n'a même pas passé quatre heures chez moi, et pourtant je m'y sens chez elle. Je passe désormais l'essentiel de ma journée à l'étage, les fenêtres grandes ouvertes. Je veux faire partir l'atmosphère morne et étouffante qui reste encore malgré les années et les efforts.
C'est étrange. Je l'ai mise, non, jetée, hors de chez moi, et pourtant je cherche à y faire revenir sa présence par tous les moyens. Je voulais le silence ténébreux, la tranquillité accablée et l'oubli de l'abandon ; je poursuis la lumière éclatante, l'agitation saine, la mémoire assumée. Je ne désirais que m'arrêter, je dois avancer.
C'est étrange. Elle n'a fait que faire le ménage, au fond. Seulement le ménage. Alors, comment a-t-elle fait pour que chaque élément de ma propre maison fasse ressurgir un souvenir que j'ai d'elle ? Effie aux Jeux, Effie qui crie, Effie qui impose son avis, Effie qui maugrée, Effie qui proteste. Mais il n'y a pas Effie qui pleure, ni Effie qui s'enferme ou Effie qui meurt de douleur. A l'exception de son regard ce jour-là, je ne l'ai jamais vue faire preuve de faiblesse, et j'ai la sensation que sa force emplit totalement ma maison.
J'aurai aimé pouvoir le nier plus longtemps : je suis faible au point qu'elle m'ait changé en quelques heures.
Tellement minable, tellement malléable.
Ridicule, le pauvre Haymitch du District Douze, face à la courageuse Effie du Capitole.
Maintenant que j'y pense, la rébellion était tellement plus naturelle pour moi que pour toi, Effie. Je vivais dans un District pauvre, très pauvre, au départ déjà un garçon relativement seul, un peu idiot ; tu es une jeune femme qui a grandi dans une vraie famille, une enfant chérie de l'opulent Capitole.
Celle qui avait le plus à perdre dans la bataille, c'était toi.
Tu t'y es engouffrée sans la moindre once de doute, à la manière de la chose la plus logique, la plus certaine que tu avais à faire.
C'est toi, celle qui a du courage.
En admettant que tu sois toujours dans le District Douze, parce que tu es têtue, parce que tu devais avoir tes raisons de quitter le Capitole, parce que tu ne reviendras pas sur ta décision si facilement, en admettant que je rassemble le peu de tripes et de volonté qui me restent pour partir à ta recherche, et en admettant que je te retrouve... En admettant tout cela, crois-tu que face à toi, la demande que je veux te faire de me laisser t'emprunter un peu de ton courage, de me permettre de m'appuyer un peu sur la tonicité de tes épaules, parviendrait à franchir mes lèvres ?
La fin de cette fiction arrivera sans doute dans l'après-midi ou dans le weekend. Je l'ai terminée, je suis en train de la relire !
Merci de me lire. <3 <3
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