Chapitre 3

Changbin était venu à Jeju pour passer des vacances et se changer les idées. Enfin, c'était son programme initial.

Passer des vacances était son objectif numéro un, se changer les idées était le deuxième. Alors pourquoi diable il s'était plus que changé les idées, au point de devenir un Déviant ?

Cela faisait deux jours qu'il n'était pas sorti de sa chambre, n'ouvrant pas même à Chan, qu'il tenait pour responsable de l'avoir poussé à faire... faire tout ce qu'il avait fait ! Peut-être qu'il avait sa part de responsabilité pour avoir accepté de le laisser gérer, mais même, tout ça était la faute de Bang Chan !

Et puis, il y avait ce Seungmin. Ce putain de Seungmin. Cet enfoiré de Seungmin. Ce voyeur, ce crétin, ce pervers...

S'il devait y avoir un humain qu'il devait détester sur cette planète, c'était bel et bien lui, Kim Seungmin.

Changbin détestait tout de lui, à commencer par sa gueule d'ange. Ce visage si angélique et si mignon, il voulait le ratatiner en miettes entre ses doigts, le voir se déformer lorsqu'il lui fera une clé de bras. Sa peau à la couleur miel si divine, il voulait le souiller et le salir de bien des façons. Sa voix si mélodieuse, il voulait l'entendre se briser à chaque coup qu'il lui donnerait. Et son corps qui devait être si parfait, il voulait le griffer, le mordre, le marquer, pour montrer au monde que Kim Seungmin n'était pas si parfait que ça, qu'il était même pourri jusqu'à la moelle.

Et c'était ça, le problème ! Pourquoi son voisin était en permanence dans ses pensées alors qu'il était censé le détester ? Il se torturait l'esprit en boucle, et chaque fois qu'il tentait d'imaginer toutes les tortures qu'il pourrait lui faire, ses idées morbides tournaient constamment à des scènes bien salaces aux connotations sexuelles.

Comment était-ce possible ? Parce que Changbin était devenu un putain de Déviant à cause de Chan. Et maintenant, il ne contrôlait même plus ses propres pensées. Il se sentait pitoyable. À croire que Chan avait bien réussi à lui laver le cerveau. Et ça devenait un cercle vicieux : il insultait Kim Seungmin de tous les noms d'oiseaux, mais finissait toujours par avoir des idées salaces.

Le pire devait être un autre point important concernant Kim Seungmin : ce qu'il s'était passé deux jours avant. Et le jour précédent aussi, idéalement.

Plus exactement, il repensait à toutes ses fois où leurs regards se croisaient, où il oubliait absolument tout ce qui l'entourait et se focalisait uniquement sur lui. Parce que ce sentiment-là, ce n'était pas normal. Il ne l'avait jamais ressenti avec Lia, et il était hors de question qu'il ressente quoi que ce soit avec quelqu'un d'autre, si ça ne tenait qu'à lui.

Alors pourquoi, pourquoi Changbin ressentait beaucoup trop de choses contradictoires lorsqu'il était question de Seungmin ? Pourquoi–

« Changbin, ça fait déjà deux jours que t'es là-dedans, il faut que tu manges.

Le noiraud grogna en se retournant dans son lit, rapprochant la couette de son visage plus qu'elle ne l'était déjà. Ne pouvait-il pas réfléchir tranquillement sans que Chan ne lui colle aux basques ? C'était la sixième fois en... oui bon, en deux jours, c'était complètement normal qu'il s'inquiète. Mais ils n'étaient même pas amis de base, et aux dernières nouvelles, Changbin n'avait pas été des plus tendres depuis qu'ils se connaissaient. Alors sa gentillesse, il pouvait la garder pour lui-même.

Où en était-il déjà ? Ah oui, Seungmin !

Il saisit mollement son cellulaire, scanna son avant-bras, et se connecta sur un forum en ligne qu'il avait trouvé par hasard. Il était vieux jeu, donc les réseaux sociaux et tout ça, il ne s'y connaissait pas trop. Il préférait largement la vieille époque où de vrais anonymes s'interrogeaient les uns les autres concernant les différentes questions de la vie.

Et sur ce forum, sachant très bien que son historique de recherche était surveillé constamment, il avait réfléchi longtemps avant de poser la question la plus vague possible :

Comment reconnaît-on son âme-sœur ?

Et dix minutes après, il avait reçu déjà deux réponses. Les heures suivantes s'étaient enchaînées pendant lesquelles les trois anonymes du forum avaient discuté ensemble concernant le sujet. Le dénommé FoxI.Ny avait trouvé son âme-sœur, qui n'était autre que son amie d'enfance, et avait bien décrit tous les symptômes : intérêt particulier pour l'autre, lien invisible et puissant qui se forme, bulle protectrice qui les entoure du reste du monde...

Puis l'autre anonyme, Jiniret, avait parlé de son cas particulier : il avait croisé son âme-sœur, qu'il avait nommé Leebit, par hasard en faisant les courses. Mêmes symptômes, même constat, et les deux concernés avaient décidé de rester ensemble. Non, ils n'avaient pas quitté leurs compagnes respectives, elles étaient seulement ouvertes et compréhensives, et étaient même devenues amies.

La question qu'il avait ensuite posée était un peu plus technique :

Est-il possible qu'une personne qu'on déteste soit notre âme-sœur ?

Et en ouvrant la page du forum ce matin-là, Changbin relut attentivement leurs réponses, et souffla d'exaspération : Seungmin, la personne qu'il haïssait le plus sur cette île, si ce n'était de toute la Corée du Sud voire du monde, était visiblement son âme-sœur. Ni plus ni moins. Et en prime, absolument personne ne pouvait changer ça.

La porte de sa chambre s'ouvrit soudainement dans un grand fracas, et Chan déboula dans la pièce, le faisant sursauter sous sa couette.

— Mais dégage, Déviant de merde ! Hurla Changbin en se cachant sous sa couverture.

Le brun l'ignora grandement et ouvrit les rideaux et la fenêtre en grand. Toute la lumière du jour vint inonder la pénombre de la chambre, tandis que l'air marin s'engouffra entre les murs. Mais il ne s'arrêta pas là, puisque Chan prit la couette de l'autre côté du lit, et la tira d'un coup sec pour la faire tomber par terre, découvrant le pauvre Changbin qui ne cessait de râler et de l'insulter de tous les noms d'oiseaux.

— Sors de là, ordonna fermement son aîné, poings sur les hanches. Tu pues et t'as pas mangé depuis deux jours, je te ramène dehors par la peau des fesses si ça continue.

— Je veux pas ! Fous-moi la paix !

Et Changbin se recroquevilla davantage dans son lit de mauvaise humeur. Il voulait réfléchir en paix, c'était trop demandé ?

Pire encore, il ne s'attendit pas à ce que Chan se baisse au niveau de son oreille pour lui susurrer sur un ton bien pervers :

— Si tu sors de là, je te fais une petite gâterie sous la douche.

À peine ces paroles furent prononcées que le noiraud devint rouge pivoine, des pensées obscènes fusant dans son cerveau sans qu'il ne puisse le contrôler. Depuis quand il avait ce genre de pensées ?! Il le repoussa en grognant avec véhémence :

— Ta gâterie, tu peux te la mettre là où je pense ! Dégage ! »

Il ne voulait aucun contact avec le monde extérieur. Il voulait juste ruminer dans son lit, bien au chaud sous sa couette.

Alors comment s'était-il retrouvé là, appuyé contre le mur de sa salle de bain à haleter difficilement, pendant que Chan était à genou devant lui, les lèvres entourant sa verge pile comme il le fallait ?

Peu importe, ce n'était pas le plus important pour Changbin en cet instant, puisqu'il poussa des gémissements presque aigües en balançant son bassin. La chaleur et l'humidité entourant son sexe était plus important que n'importe quoi, et satisfaire son envie était l'unique chose à laquelle il pensait. Et bon sang, Chan était vraiment un dieu dans le domaine !

Tant et si bien qu'il jouit directement au fond de la gorge du brun avant de se laisser glisser contre le mur froid, reprenant sa respiration et son calme. Chan se releva, les cheveux mouillés, et tapota son épaule sans dire un mot. Changbin se tourna vers lui, complètement lessivé, son cerveau en compote.

« Y a qu– !!

Sans prévenir, Chan fonça sur ses lèvres en le rapprochant de lui, entamant de suite un baiser bien chaud. Changbin se laissa faire, trop choqué, mais se surprit à fermer les yeux pour y répondre.

Wow.

C'était la première fois qu'il embrassait un homme. Il ne s'attendait pas à avoir autant de sensations, surtout que c'était quand même délicieux, mine de rien. En même temps, cela faisait trop longtemps qu'il n'avait embrassé personne, le seul et unique être humain dont il a pu goûter les lèvres étant Lia.

Avec Lia, il se souvenait que leurs baisers étaient débordants d'amour et de douceur. Alors qu'avec Chan, ça semblait être plus sauvage, plus luxurieux. C'était bon, vraiment bon, quoiqu'un peu amer. Bon, un peu beaucoup amer, tout de même.

Mais lorsque la langue du brun se colla à celle de Changbin, un goût prononcé et bien horrible se posa sur ses papilles. Et c'était tellement dégoûtant que le noiraud le repoussa brusquement en crachant par terre.

— Putain mais c'est dégueulasse !!

Et Chan, lui, ne trouva qu'à éclater de rire en se pliant en deux. Lui-même recracha ce qu'il gardait sur sa langue, un liquide blanchâtre bien collant, avant de se rincer longuement la bouche. 

— Fallait bien que je te fasse goûter au moins une fois à ton sperme ! Argumenta-t-il en se savonnant. Ça, c'est la preuve que tu bouffes vraiment n'importe quoi.

— Je refuse de croire que ce truc vient de moi !

— Mange plus de fruits et légumes, et arrête avec les fast-foods. Tu verras, ça aura meilleur goût.

— Va te faire foutre.

— Si c'est par toi, ce sera avec plaisir ! »

Changbin le poussa hors de la cabine et lui tourna le dos. Chan était vraiment chiant, il ne comprenait pas comment il arrivait aussi rapidement à céder à toutes ses petites intentions. Il se détestait de s'être laisser faire, et d'avoir baissé les armes le temps de quelques jours.

Pendant qu'il réfléchissait encore et encore, il se figea soudain en sentant des bras l'enlacer par derrière, alors que son souffle se coupa et que son cœur s'élança dans une course effrénée. Ses bras, forts et musclés, c'étaient ceux de Chan.

Ce n'était pas Lia. Ce n'était ni ses bras, ni sa chaleur, ni son odeur fruité si sucré. Alors pourquoi se sentait-il aussi cotonneux ? Pourquoi se sentait-il aussi nostalgique et agréablement bien ?

« Changbin, ça va ? S'inquiéta Chan en voyant sa réaction. Tu veux que j'arrête ?

Mais à peine il desserra sa prise que Changbin le stoppa en agrippant ses poignets, lui faisant resserrer sa prise. Il ne comprenait même plus ce qu'il voulait. Mais à cet instant, c'était comme si les bras de Chan étaient la réponse à tous ses soucis.

— On peut en parler, si tu veux. Et puis, n'hésite pas à me dire si je te fais vraiment chier, j'arrêterai.

Bon sang, comment un Déviant pouvait être aussi attentionné, surtout envers sa personne, aussi grognon et désagréable soit-il ?

Comme s'il lisait dans ses pensées, le brun vint l'enlacer avec plus de ferveur en le berçant de gauche à droite, pivotant l'eau du côté un peu plus chaud, coulant inlassablement sur eux. Un petit baiser dans le cou suffit à réchauffer le cœur de Changbin, faisant tomber encore une de ses barrières. Il se colla davantage contre le torse de Chan, et dans un souffle, il osa enfin demander :

— Est-ce que n'importe qui peut tomber enceinte ? Et comment on peut l'être ?

Chan posa sa tête sur son épaule, semblant réfléchir un instant. Changbin savait qu'il aurait réponse à tout, il lui fallait juste songer pour employer des termes simples avec lui. Parce qu'en tant que fervent citoyen respectueux de la loi, il se doutait bien qu'il allait avoir du mal à comprendre, même avec de simples mots.

— D'abord, biologiquement parlant, seules les femmes peuvent enfanter, expliqua-t-il calmement. Mais ils ont besoin des hommes pour pouvoir tomber enceinte. Et c'est d'ailleurs pour ça que les Géniteurs sont toujours par deux, homme et femme.

— Pourtant, il n'y a qu'eux qui peuvent enfanter, de ce que j'ai compris.

— En réalité, n'importe quelle femme peut enfanter, dans la mesure où elle n'est ni stérile, ni ménopausée. Le gouvernement veut juste freiner la surpopulation qu'il y a eu il y a à quelques années dans le monde, c'est pour ça que seuls les Géniteurs ont le droit de procréer. Et il y a aussi pas mal d'enjeux politiques, mais ça, c'est trop chiant à expliquer.

Le noiraud hocha vaguement la tête. Il venait enfin de comprendre, après des années d'incompréhension, les circonstances dans lesquelles Lia était morte.

— Et les Déviants, dans tout ça ?

— Eux, c'est un peu plus compliqué. Personnellement, je considère que les Déviants sont toutes les personnes qui possèdent une libido constante et qui pratique une activité sexuelle quelconque plus ou moins régulière. Moi, en l'occurrence, je me sais Déviant parce que je rentre dans cette catégorie. Le problème du gouvernement, c'est que la définition du Déviant est beaucoup trop vaste. Dans les autres pays, c'est assez différent d'ici. Selon le gouvernement coréen, être Déviant, c'est pratiqué une activité sexuelle sur soi-même, sinon sur une ou plusieurs personnes, de même sexe ou de sexe opposé, consenti ou non consenti.

— N–non consenti ?!

— Du viol, en gros. Les viols causent beaucoup de dommages à la personne, physiquement et psychologiquement. Il y a beaucoup de Déviants qui profitent de leur libido pour aller violer des gens au hasard plutôt que de chercher un partenaire sexuel en secret. Pourquoi toutes ces questions, d'ailleurs ?

Étrangement, il se sentait en confiance avec Chan, il savait qu'il ne le jugerait jamais, alors il osa enfin lui confier ce qui lui pesait sur le morale :

— Lia, ma femme, est morte il y a trois ans, parce qu'elle était enceinte. Au début, je croyais que c'était de moi, parce que je pensais qu'il fallait juste rester avec le partenaire pour enfanter, mais la justice m'a appris que c'est parce qu'elle avait croisé la route d'un Déviant... Et avec ce que tu me dis...

Il sentit son aîné hocher la tête, puis embrasser sa tempe avec douceur. Jamais Changbin n'avait connu de tels moments de flottement, à part auprès de sa défunte femme.

— Je te rassure, Changbin, si ta femme avait été violé, elle aurait cherché à ne pas garder son enfant. Au moins, sois rassuré qu'elle ait été avec quelqu'un qui lui ait donné l'envie d'en avoir un et de le garder, malgré tout ce qui était impliqué.

— ... Ouais... Je te crois sur ce point-là. »

Tous les deux restèrent un instant bercés dans le silence. Changbin n'avait jamais connu un moment aussi doux depuis des années, nul doute que Chan comblait quand même pas mal ces années d'absence.

« Et toi, comment tu es devenu Déviant ?

La question était posée comme un cheveu sur la soupe, mais Chan ne se défila pas pour autant. Le brun desserra imperceptiblement son emprise sur lui, et soupira en répondant :

— Disons que j'ai quand même pas mal merdé dans le passé. Ma meilleure amie a oublié un seul vaccin ErosX, et elle a eu des envies assez incontrôlables. Le gouvernement contrôle aussi les hormones des femmes, surtout par rapport à leur période menstruelle, parce que certaines ont une libido bien plus élevée avant ou après leurs règles. Et c'était le cas de mon amie. Enfin bref. J'avais ma partenaire depuis quelques mois, mais ça ne m'empêchait pas d'aller voir ma meilleure amie. Elle a voulu tenter des choses, j'ai accepté, et on a très vite fini au lit, je te passe tous les détails mais c'était ma première fois. Nous avons continué ce petit jeu longtemps, pendant presque un an je crois, puis on a décidé d'essayer avec nos partenaires respectifs. Je pensais sincèrement qu'en en parlant avec ma partenaire, ça allait améliorer notre relation entre nous. Sauf que je ne m'attendais pas à ce qu'elle me crie dessus et qu'elle se barre de la maison. La nuit même, la justice s'est pointée à ma porte et m'a arrêté.

— Mais... c'est horrible. Tout ça parce que tu voulais prendre du plaisir ?

— C'est le gouvernement, on ne peut pas y faire grand-chose. Et mon ancienne partenaire était effrayée, elle ne pouvait pas faire autrement, j'imagine. J'ai dû faire un mois de prison, puis trois mois dans un centre de reconversion et rééducation. C'est là qu'atterrissent tous les Déviants sexuels qu'on peut remettre encore sur le droit chemin, selon eux. J'ai été suivi par une psychiatre complètement tarée, et je t'assure que là-bas, ils te font subir des traitements horribles, entre les séances groupées et les parties de viol par les psys.

— Quoi ?! Mais pourquoi ?!

— Pour te dégoûter de tout ce qui se rapporte au sexe. Ils te shootent au vaccin ErosX au moins une fois tous les deux jours, te font prendre cinq comprimés par jour, et parfois te droguent pour mieux te laver le cerveau. Ce sont de vrais monstres, et ils ne vont pas hésiter à employer tous les moyens pour t'empêcher de récidiver.

— Et tu as tenu pendant un an ?

— En fait, j'ai pu tenir parce qu'au bout de deux mois, le vaccin n'avait plus d'effet sur moi. Ils n'avaient pas encore l'autre vaccin générique, donc j'ai quand même pu me soulager sexuellement par-ci par-là. Mais ne va pas croire que j'ai fait que ça, hein ! J'ai aidé une bonne moitié de mes potes avec la tête encore fraîche à sortir de là, et je me suis barré en même temps qu'eux. C'est pour ça que je suis recherché par la police. 

— Oh... Et ton amie, dans tout ça ?

— Deux jours après mon arrestation, j'ai découvert qu'en réalité, c'était mon âme-sœur. Je le sais parce que j'ai eu une vive douleur ce jour-là, et quand j'ai voulu prendre des nouvelles d'elle, j'ai appris qu'elle avait été tuée.

— Je... je suis désolé pour toi.

— T'inquiète ! Tu n'as pas de raison de l'être ! »

Chan retira ses bras des épaules de Changbin et s'étira longuement et bruyamment, puis passa lascivement sa main dans la chevelure ébène et bouclée de son cadet. Ce dernier lui lança un regard noir en râlant, et sortit de la douche en s'enroulant dans sa serviette. Il coupa exprès l'eau chaude, juste pour avoir la satisfaction d'entendre Chan hurler soudainement, avant d'aller s'habiller, un air satisfait au visage.

Vingt minutes plus tard, les deux jeunes hommes se retrouvaient à table face à face, avec deux bols de ramen les séparant.

Chan mangeait avec appétit. Changbin mangeait avec lassitude. Il n'aimait pas spécialement les nouilles, mais il savait que le brun l'avait fait pour lui, alors il faisait quand même l'effort. Surtout qu'il y avait une bonne quantité de viandes dans son plat.

« Je t'accompagne prendre l'air, si tu veux ! Proposa l'aîné des deux avec un sourire.

Changbin haussa des épaules, complètement indifférent à la nouvelle, mais se souvint bien rapidement de son histoire, alors il avala sa bouchée et répondit :

— Non, je veux pas que tu te fasses arrêter.

— C'est nouveau, ça ! Depuis quand tu t'inquiètes pour moi ?

— Si on t'arrête, je serais aussi arrêté. Crois pas que tout tourne autour de toi.

— Si adorable, comme toujours. Tu voudrais bien m'acheter deux ou trois trucs, du coup ? J'ai fait la liste pour quelques courses. Promis, je te rembourserai.

Chan lui glissa une feuille que le noiraud saisit en fronçant les sourcils. L'écriture du brun était parfaitement lisible et particulièrement belle. Il détestait quand cet imbécile jouait au parfait jeune homme adorable.

— Je te déteste, dit-il en rangeant la liste dans sa poche.

— C'est gentil, merci. Il y a un petit supermarché en bas de la descente, et aussi quelques magasins de souvenirs, si ça t'intéresse.

— Je verrais, je verrais.

Changbin finit ses nouilles et débarrassa, laissant à Chan le soin de faire la vaisselle, puis prit ses clés et sortit sans demander son reste, sous le regard amusé du Déviant. Celui-ci, sachant très bien la condition de récent Déviant de son cadet, ne lui donna même pas trois secondes avant de revenir car il aurait oublié un élément essentiel pour se protéger.

Un...

Deux...

La porte d'entrée se rouvrit sur Changbin qui grommelait déjà dans sa barbe, s'approchant de Chan avec un air ennuyé.

— Je peux t'emprunter ta crème solaire ? J'veux pas me faire griller... »

Son aîné retint un rire et acquiesça en lui tendant le tube en question. Changbin le lui arracha presque des mains, s'en badigeonna les bras et le visage, puis sortit en le remerciant à demi-mot, claquant la porte au passage.

Pendant le chemin, il avait les mains dans les poches de son bermuda, son chemisier permettant de cacher son code-barre. Oui il avait peur. C'était sa première sortie dehors en tant que Déviant. Il ne connaissait rien du système de protection, mais il était presque certain qu'il était plus qu'élevé, tout ça à cause de la hausse de Déviants dans le monde.

Remarque, il en était un aussi, désormais, pensa-t-il si fort en déglutissant.

Arrivant devant le supermarché, il s'arrêta devant les portiques avec appréhension. Et si ça sonnait ? Et si les autorités remarquaient sa supercherie ? Et si...

Pourtant, rien ne se passa lorsqu'il traversa les grandes portes. Pas de policiers venus l'interpeler, pas de sonnerie de l'alarme, rien.

Changbin faillit sauter de joie, mais se retint avec tous les efforts du monde pour ne pas jubiler en public : ce n'était pas parce qu'il avait passé les machines de détection automatique qu'il ne pouvait pas se faire griller par les vigiles. Alors d'un air neutre, il se mit à déambuler entre les rayons, panier à la main, liste de l'autre.

Il ne mit pas longtemps à remplir le panier en plastique, il n'y avait que des œufs, des feuilles d'algues et une bouteille de vinaigre. Alors pour se faire plaisir, Changbin vint au rayon des alcools, et repéra très rapidement les bouteilles de soju. Mais forcément, rien n'allait dans son sens, comme toujours.

Les bouteilles de soju de son goût préféré se situaient en hauteur, sur l'étagère la plus haute du rayon. Et bien évidemment, lui était trop petit pour les atteindre.

Il tenta quand même d'essayer de l'attraper par lui-même en se mettant sur la pointe des pieds, mais ses doigts ne firent qu'effleurer la bouteille de verre. Résigné, Changbin tourna la tête vers la droite, simplement pour trouver une personne assez grande encline à pouvoir l'aider, un homme de préférence. Il n'avait rien contre les femmes, juste que son égo allait être blesser plus que nécessaire si jamais il n'y avait qu'une femme pouvant l'aider dans les environs.

Comme il n'y avait personne dans son rayon, il pivota la tête vers la gauche, en direction du rayon d'en face, et son regard s'illumina presque en voyant un homme qui faisait presque une tête de plus que lui.

Cependant, son visage se décomposa la seconde suivante, et il tourna vivement la tête dans le sens opposé en n'ayant qu'une seule pensée en tête :

Faites qu'il ne m'ait pas vu ! Faites qu'il ne m'ait pas vu ! Faites qu'il ne m'ait pas vu !...

Car oui, pourquoi parmi tous les habitants et touristes de l'île, il a fallu qu'il tombe forcément sur lui, Kim Seungmin ?! En cet instant, Changbin détestait plus que tout son karma, et en voulait au destin de l'avoir mis sur sa route à cette seconde précise.

Et bien sûr, Seungmin se dirigeait vers lui à petits pas, un petit rictus hautain sur les lèvres. Oh qu'est-ce qu'il voulait lui faire ravaler ce sourire fier et cet air si condescendant !

« Bien le bonjour, Monsieur Seo, glissa-t-il d'une voix doucereuse à son oreille.

Ce dernier inspira un grand coup et fit volte-face, fusillant son voisin du regard. Il fit un grand pas en arrière, quitte à se cogner contre l'étagère, mais il ne voulait certainement pas que Seungmin empiète sur son espace vital, et encore moins qu'il lui fasse ressentir ses putains de frissons qui parcouraient son échine. Plutôt mourir.

— Bonjour, Monsieur Kim, répondit-il sur un ton glacial malgré toute la politesse qu'il avait mis dans cette salutation.

— Vous semblez aller à merveille depuis la petite séance de découverte d'il y a deux jours. J'étais presque déçu de ne pas vous avoir vu hier ni avant-hier.

Kim Seungmin était presque déçu de son absence ?! Mais c'était le monde à l'envers !

Changbin se détacha de force de son regard, se renfrognant en fronçant le nez. Hors de question de se faire encore avoir par ses yeux de chien battu.

— Dites-vous que vous avez pu profiter de la plage tout seul, grommela-t-il en levant les yeux au ciel.

— Tout seul, pas vraiment, Monsieur Bang en a aussi profité que moi. Même si j'aurais adoré vous voir ne serait-ce qu'une minute.

Le noiraud faillit s'étouffer avec sa salive. Donc, pendant que lui était en train de se morfondre sur son sort, Chan était sorti prendre du bon temps avec son pire ennemi ? Il allait le virer de chez lui si ça continuait comme ça.

— Je vous laisse, je dois passer rapidement en caisse. Au plaisir de vous revoir, Monsieur Seo.

Kim le salua vaguement et tourna les talons, s'éloignant de plus en plus du rayon. Et Changbin vit très parfaitement le léger rictus amusé qui habillait ses lèvres roses. Il savait très bien ce qu'il faisait, en réalité.

Le connard.

— A–attendez !

En le voyant s'arrêter dans sa marche, Changbin inspira profondément en fermant les yeux, les joues complètement rouges, regrettant déjà ce qu'il allait lui demander. Bon sang, il avait tellement honte ! Il aurait encore préféré demander à une femme qu'à lui !

— Oui, Monsieur Seo ?

Il rouvrit les yeux et tomba directement sur les orbes chocolat du Géniteur. Son cœur fit une embardée dans sa poitrine, et il souffla du nez en détournant brusquement le regard. Il détestait voir cet air si satisfait sur la tronche de son voisin, surtout quand ça lui était destiné.

— Vous... Pouvez-vous m'aider à prendre deux bouteilles de soju là-haut... s'il vous plait...

Ce sourire si ignoble s'étira encore plus alors que Seungmin s'approcha de nouveau pour saisir avec aisance les bouteilles d'alcool tout en haut de l'étagère, puis les agita devant le noiraud, non sans presque coller ses lèvres à son oreille.

— La troisième est pour moi. Je vous invite à dîner ce soir, vous et Monsieur Bang. Mettez vos plus beaux vêtements, je m'occuperai du reste. »

En deux phrases, Seungmin avait réussi à faire court-circuiter le cerveau de Changbin. Il le laissa planter là en emportant les boissons dans son panier, fier de son coup. Mais pour Changbin, c'était tout sauf marrant. Il reprit ses esprits en secouant vigoureusement la tête, et courut presque derrière le châtain pour le rattraper à la caisse.

Son voisin était déjà en train de poser ses derniers articles sur le tapis roulant. Changbin faillit faire une scène en voyant ses bouteilles de soju devant les articles de son cadet, mais Seungmin lui lança un regard foudroyant pour l'arrêter, lui indiquant plutôt de poser ses propres articles derrière les siens.

Bien qu'il s'exécutât à contrecœur, il fulminait tellement qu'il ne vit même pas qu'il venait de passer les portiques de sortie de caisse sans s'inquiéter pour sa condition de Déviant. Par contre, il vit parfaitement bien Kim Seungmin sortir sa carte bancaire et payer ses propres courses et les siennes sans sourciller, le tout avec un sourire aimable.

« Mais tu fous quoi, bordel ? Siffla-t-il entre ses dents serrés.

— Je ne savais pas qu'on se tutoyait, mais soit, si tu es d'accord, répliqua Seungmin avec ce sourire hypocrite. Et pour information, je paye tes courses, comme ça, si tu veux absolument m'être redevable, tu devras passer chez moi.

— Sale garne–

— Merci, et bonne journée ! »

Il venait vraiment d'ignorer Changbin et de passer devant lui sans le calculer, sacs en main ? Oh ce soir, il allait passer un sale quart d'heure.

Le plus petit lui arracha des mains ses propres courses et commença à marcher lentement en direction de chez lui. Seungmin aussi, puisqu'ils étaient voisins.

Mais à peine ils passèrent les portiques de sortie du magasin qu'un vigile les interpella :

« Un instant, messieurs !

Les deux jeunes hommes se retournèrent, surpris, et Changbin vit dans ses yeux que le vigile s'adressait à lui. Forcément.

— Monsieur, vous ne pouvez pas rester près de lui, s'enquit le vigile en indiquant le châtain. C'est un Géniteur, à moins que vous ne souhaitiez en devenir un ?

Le noiraud serra le poing en envoyant un regard sombre au vigile. Il faillit s'emporter encore une fois, comme il savait si bien le faire, mais Seungmin le stoppa soudain dans son élan en disant :

— Il est avec moi, je l'ai invité. Un problème avec ça ?

Les deux autres se tournèrent vers lui, surpris du sang-froid dont il faisait preuve. Et pour le coup, Changbin ne sembla pas vouloir contredire ses propos, il devait faire profil bas.

— Pas le moins du monde... Excusez-moi de vous avoir dérangé, dans ce cas. »

Et sur ces mots, il s'inclina pour les saluer et revint à son poste sans demander son reste.

Seungmin en profita pour reprendre son chemin normalement, mais le noiraud ne loupa aucunement le soupir ennuyé ni le roulement des yeux que son cadet venait de faire. Il esquissa même un sourire en le voyant faire, ne pensant pas un tel phénomène possible sur cet individu si normalement constitué.

Lorsqu'ils arrivèrent tous les deux devant la maison de Changbin, le Géniteur se tourna vers lui en lui montrant les bouteilles de soju. Mais comment ??

« Le soju vous attend chez moi ce soir, Monsieur Seo, jugea-t-il bon d'ajouter. Demandez à Monsieur Bang de vous préparer, il le fera très certainement avec plaisir.

— Oui oui, c'est ça. 

Changbin souffla du nez en ouvrant la porte de sa demeure, et la referma avec ennui alors que les dernières paroles de Monsieur Kim parvinrent à ses oreilles :

— N'oubliez pas, ce soir, Monsieur Seo ! »

Enfin chez soi.

Il ôta ses chaussures et fonça dans la cuisine pour ranger le seul sac qu'il avait en main, ignorant Chan qui se trouvait là également.

« Tu en as mis du temps, pour trois articles ! S'exclama ce dernier dans son dos.

Il rangea les œufs et les feuilles d'algues au réfrigérateur en se servant d'un verre d'eau bien frais.

— Moi au moins, je ne vais pas batifoler avec le voisin quand je suis tout seul ! Pourquoi tu ne m'as rien dit– ?!

En se retournant, Changbin recracha toute l'eau contenue dans sa bouche en voyant Bang Chan face à lui, en tenue d'Adam si ce n'était qu'il portait un tablier de cuisine bleu et rose pastel pour cacher ses parties intimes... Non, en fait, il ne cachait absolument rien : ni ses fesses bien moulées, ni ses pectoraux bien formées, ni ses cuisses si épaisses, et encore moins son sexe droit sous le pan du tablier.

Il s'essuya le menton sans pouvoir s'empêcher de détailler le Déviant de haut en bas, ne sachant s'il devait rire, pleurer, s'énerver ou s'exciter. Heureusement pour Changbin, son cerveau se chargea de faire le travail à sa place, puisqu'il reposa avec violence son verre sur la paillasse en s'égosillant :

— Je n'ai rien dit les autres jours parce que t'étais habillé, mais retire immédiatement le tablier de Lia ! Je ne veux pas qu'il n'y ait rien entre ce tablier et ton... corps ! Si tu veux faire ça, va acheter un tablier à toi !

Et sur ces mots, il vida son verre d'une traite, en reprenant une nouvelle fois. C'était dans ce genre de moment qu'il avait besoin d'alcool.

— Roh, t'es nul, souffla Chan dans son dos. J'étais pourtant sûr que t'allais aimer.

— Parle pour toi ! T'as juste voulu t'exciter tout seul !

Changbin se retourna en soupirant, et ses yeux s'écarquillèrent encore plus : Chan avait retiré le tablier et était désormais nu.

— Putain mais va t'habiller ! S'écria-t-il en lui lançant un chiffon à la figure.

— Mais t'es jamais content, ma parole !

— Si tu veux traîner tout nu, va dehors, mais pas ici ! Épargne-moi ça !

— Mes habits sont tous à laver, tu veux que je fasse comment ?

— Pas mon problème ! T'avais qu'à pas faire l'aventurier à venir qu'avec un sac à dos ! »

Changbin le contourna pour aller prendre le vinaigre et le ranger à sa place. Il se colla contre le plan de travail pour poser la bouteille en hauteur.

Il ne s'attendit pas à sentir Chan fondre contre son dos, entourant sa taille de ses bras. Son cerveau disjoncta un instant, mais il ne le repoussa pas pour autant. Il se contenta plutôt de déglutir, complètement immobile, ne sachant comment réagir.

« Euh... t'en as envie ? Parvint-il à articuler en se penchant légèrement.

Il sentit le souffle de Chan dans son cou, et un baiser papillon fut déposé sur sa nuque.

— Il est question de nous, pas uniquement de moi, le gronda-t-il gentiment. Après, je t'avoue que je suis pas mal excité depuis au moins dix minutes, parce que je pensais te faire expérimenter de nouvelles choses. Mais je ne ferais rien si tu ne veux pas.

Le noiraud prit le temps de réfléchir un instant. Personnellement, il voulait en savoir plus sur le domaine, et il n'avait définitivement plus rien à perdre.

— Et tu comptais faire quoi exactement ? Demanda-t-il en se collant davantage à lui.

— Pour être cru, te baiser.

— ... Okay, et ça veut dire quoi ?

Surpris, Chan retourna Changbin avec aisance pour le fixer avec des yeux ronds. Il sembla réfléchir un moment, avant de répondre :

— Te prendre ?

Ça ne fit que rendre Changbin encore plus confus, puisqu'il fronça les sourcils :

— Mais encore ?

— Te retourner, te démonter, te déboiter, te serrer, te niquer... Je sais pas, moi ! Mais je ne compte pas uniquement te faire l'amour, si ?

Il y avait tant de synonymes pour cette activité ? Enfin bref, ça n'aida pas le plus petit puisqu'il hocha vaguement la tête. Il ne savait toujours pas à quel geste ces mots faisaient référence.

Chan soupira et finit par dire :

— Très grossièrement, on va procréer.

— Ooooh, fallait le dire plus tôt... Attends, je croyais que c'était impossible entre hommes ?!

Le brun pouffa de rire. Changbin grommela, il n'aimait pas vraiment être l'ignorant de l'histoire. Mais il se contenta d'appuyer ses bras contre le plan de travail, essayant de dominer son aîné dans sa posture malgré sa petite taille.

— Entre deux personnes de même sexe, on peut toujours trouver une solution pour coucher ensemble, expliqua Chan en se rapprochant davantage. Le tout est de le faire de manière consentie et sécurisée, et que les deux parties prennent du plaisir, bien évidemment.

Plaisir. C'était le mot que Chan répétait si souvent en parlant de cette activité tabou.

Pour la première fois depuis leur rencontre, ce fut Changbin qui initia le baiser entre eux. Il ne sut réellement ce qui l'avait animé ainsi, mais ça lui fit un bien fou, comme s'il se sentait revivre.

Comme si Lia avait accepté de libérer son cœur après tant d'années d'absence et de solitude.

— Ça te dit d'essayer la pénétration ?

La question prit le noiraud de court, alors qu'il était en train de remplir son cou de baisers plus ou moins doux. Il se redressa lentement, le toisant étrangement en fronçant les sourcils.

Rien que le mot pénétration ne lui inspirait pas confiance. Et surtout, qu'est-ce que Chan sous-entendait par-là ? Parce que dans sa tête, s'il fallait pénétrer, c'était forcément quelque chose qui serait semblable à une clé glissant dans le trou d'une serrure.

— Je t'arrête tout de suite, par où et avec quoi tu vas pénétrer euh... ce fameux trou ? Demanda Changbin avec incompréhension.

Chan pouffa une nouvelle fois et attrapa ses fesses par surprise, le faisant glapir. Et en sentant la pression de ses mains dessus, Changbin pouvait parier tout ce qu'il voulait que le brun appréciait beaucoup la fermeté et la rondeur de celles-ci.

— Les femmes ont trois orifices en bas, déclara-t-il en pressant les deux fesses. Quand deux partenaires de sexe opposé couchent ensemble, l'homme fait coulisser son pénis dans le trou correspondant de la femme.

Un coup de bassin fut donné contre le noiraud, qui sentit son entrejambe fourmiller. Un regard vers le bas lui fit comprendre que Chan commençait déjà à le rendre dur.

— En tant qu'hommes, si on veut coucher ensemble, on doit trouver d'autres techniques, continua ce dernier en baissant sa main jusqu'à son anus sans jamais cesser ses coups de hanches. Alors pour trouver un orifice assez gros à pénétrer, on a décidé de tester l'anal.

— L'a– l'anal ?

— Oui. On commence par les doigts pour bien te préparer et t'ouvrir suffisamment pour que mon pénis rentre, et une fois habitué, on le fait rentrer et sortir jusqu'à jouir.

— Donc concrètement, ça s'apparente à faire rentrer ton sexe dans mon cul.

— C'est exactement ça ! Alors ?

Malgré le début de plaisir qu'il éprouvait, Changbin concevait mal l'idée de laisser quoi que ce soit rentrer dans son postérieur. Néanmoins, il avait confiance en Chan, il savait qu'il lui disait cela à titre factuel, et qu'il avait pleinement le droit de refuser son offre.

Lentement, il se décolla du plan de travail et vint approcher ses lèvres près de son oreille pour lui souffler :

— Je te laisse faire alors. Laisse-moi découvrir ça. »

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