Chapitre IX : Noir et blanc.
On dit que la couleur blanche symbolise la pureté, la lumière, la paix. Les valeurs positives. L'innocence. Ici, tout était blanc. La neige formait un tapis doux et scintillant sur le sol, et les nuages recouvraient la totalité du ciel. Il n'y avait rien d'autre aux alentours, à part un grand labyrinthe aux feuilles de haies blanchies, dans lequel venait de s'engouffrer le petit lapin qui me tenait compagnie. Je me décidai à le rattraper, quand soudain des cris perçants se firent entendre au loin et captivèrent mon attention. Je me tournai, et ce que je vis me glaça le sang. Une masse d'oiseaux se mouvant dans le ciel en ma direction. Et ce fut particulièrement leur couleur qui me terrifia. Ils étaient noirs. Ils étaient l'angoisse. Le vide. Les ténèbres. La mort.
Des corbeaux.
Le besoin subit de fuir m'anima, et je m'élançai sans plus attendre à travers le labyrinthe. Mais la horde de corbeaux se rapprochait de moi. Je les sentais arriver. Courir ne servait à rien. Il n'y avait pas d'issue possible. Aucune échappatoire.
Mes pieds se prirent dans ma longue robe à traîne et je m'écroulai lourdement à terre. Aussitôt, j'entrepris de me relever, mais j'étais trop faible, comme écrasée par un poids. Et c'était trop tard. La masse sombre formée par les oiseaux se matérialisa en face de moi dans un tourbillon de fumée noire. Je ne vis pas tout de suite le visage de mon assaillant, mais lorsque j'entraperçus la rougeur de ses yeux voilés par ses rideaux de cheveux blonds, mon corps entier se figea.
Sa robe - l'opposée de la mienne -, suivit le mouvement gracieux de son corps lorsqu'elle s'avança vers moi. Je me forçai à la regarder, tentant de faire abstraction du sentiment de terreur et de malaise qu'elle m'inspirait. La neige fondait sous ses pieds nus, et les feuilles des haies pourrissaient sous l'effet de l'essence visqueuse et obscure qui émanait d'elle. C'était comme si elle apportait sur son passage les ténèbres et la chaleur de l'Enfer dont son regard renvoyait l'image. Mais parmi tous ces détails, un seul seulement était la raison pour laquelle j'étais pétrifiée. Les traits de son visage, ses cheveux, et ses yeux...
Elle était moi.
Un sourire malicieux se dessina sur ses lèvres. Un frisson me parcourut l'échine. Elle se dressait au-dessus de moi, majestueuse, et, impuissante que j'étais, je ne pouvais faire autre que de reculer lorsque les filaments noirs qui l'entouraient menacèrent de me toucher. Mes lèvres tremblantes s'entrouvrirent, et alors que je pensais formuler un « Qui es-tu ? », je m'entendis souffler :
- Tu n'es pas moi. Je ne suis pas un monstre.
Ses lèvres rouge sang s'étirèrent encore lorsqu'elle répondit :
- Cesse de renier ce que tu es Alice. Ne vois-tu pas à quel point ton don te différencie des autres Néphilim?
Me différencier?
- J'ai failli tuer quelqu'un! m'exclamai-je avec fureur. Encore une fois. Et tout ça à cause de ce satané don. Il fait de moi un monstre. Mais une fois que j'aurais appris à le contrôler, je... Peu importe, tu n'es pas moi.
- Tu ne comprends pas. Chaque personne a au fond d'elle une part sombre d'elle-même. Je suis la tienne. Ta part sombre.
Aussi étrange soit-il, je vis mon propre visage se teinter d'horreur. Comment cela pouvait être une partie moi? Impossible. Je refusais d'y croire!
- Tu n'es pas moi ! répétai-je.
Et à cet instant, chacun des filaments noirs s'enroulèrent autour de moi et m'emprisonnèrent progressivement. Je tentai de me débattre, de crier, mais l'oxygène se raréfiait peu à peu et ma vision se troublait de plus en plus, jusqu'à ne laisser place qu'à l'obscurité complète.
- Alice?
Il me fallut quelques secondes pour réussir à soulever mes paupières de trois tonnes et à replonger dans le monde réel. Monde dans lequel je me trouvais actuellement sur la table d'une cafétéria pleine à craquer, face à deux garçons et une fille me dévisageant comme si je débarquais d'une autre planète. Et c'était presque le cas, à vrai dire. Je décollai ma joue du creux de ma main et baillai à m'en décrocher la mâchoire. Alors, tout cela n'était qu'un stupide rêve. Le paysage blanc, les corbeaux, l'autre moi diabolique... Devais-je m'inquiéter de ma santé mentale? Non, la réponse était beaucoup trop évidente. La véritable question était « qu'est-ce qui ne tourne pas rond chez moi ? ».
- Qu'est-ce que j'ai manqué?
C'était tout ce que je trouvai à dire.
- Oh, rien, tu étais simplement sur le point de laisser tomber ton visage dans tes pâtes bolo, répondit Lucas en arquant un sourcil.
- Parce que tu ronflais en marmonnant à un ami imaginaire qu'il n'était pas toi....fit Trevis.
- Au lieu d'écouter la passionnante discussion que nous avions justement à ton propos, compléta Lexie en me balançant un bout de pain au passage. Le manque de sommeil est un problème qu'il ne faut pas prendre à la légère, Alice.
Le manque de sommeil, hein? Si ça n'était que ça! Il ne me restait plus qu'à ajouter « s'endormir à la cafét » à la liste de mes prouesses de ce matin. Avant ou après « manquer de tuer une fille devant ma nouvelle classe, mes professeurs et deux démons »? Ça restait à voir, puisque personne ne m'avait encore dit quoi ce soit à ce propos ( en même temps, j'avais flippé et avait quitté le cours en prétendant ne pas me sentir bien pour aller me réfugier dans les toilettes, avant de rejoindre les autres...) On ne croirait même pas qu'environ une heure plus tôt, j'étais là-bas, à affronter Kate La Terreur et ses éclairs. Je ne savais franchement pas ce qui était pire entre le fait qu'elle aurait pu mourir par ma faute, ou le fait que j'avais aimé cette sensation de puissance qui s'était répandue dans chaque parcelle de mon corps lorsque je m'apprêtais à lui porter le coup de grâce. Le désir irrépressible de tuer. Oh mon Dieu. J'avais sérieusement l'impression d'être un de ces psychopathes dans les séries policières. C'était si mal. Mais sur ce coup-là, je n'y pouvais pas grand chose. Je n'avais certainement pas demandé à naître Néphilim.
- Je disais donc, avant que la belle au bois dormant ne sombre dans un profond sommeil, que cette dernière a carrément assuré tout à l'heure en D.P.N, poursuivit-elle en me décochant un large sourire.
Je n'en croyais décidément pas mes oreilles.
- Entièrement d'accord, renchérit Lucas. Tu lui as mis une sacrée raclée, à Kate. Ça lui apprendra à vouloir se la jouer. ( Il fit rouler sa pomme sur son plateau sans me quitter du regard.) Mais dis-moi, ta force surhumaine inclut aussi le fait d'être plus agile, ou tu as improvisé toutes ces pirouettes?
- Je ne sais pas. Je n'ai aucun contrôle sur ça, et c'est la raison pour laquelle je ne voulais pas passer. J'aurais pu la...blesser.
Tu parles d'un euphémisme.
- C'est normal. Tu n'es qu'en première année. À ce stade, presque tout le monde a du mal à contrôler son don, mais avec plus d'entraînement...
- Tu ne comprends pas, le coupai-je. Mon « don » ne marche pas comme le vôtre. Ça n'arrive que quand je...
Je m'aperçus que l'attention de Lucas n'était plus portée sur moi. Et, détail bizarre, on entendait plus que les mouches voler dans la cafétéria tout entière. Je suivis son regard, et ne tardai pas à découvrir avec horreur la raison de ce silence soudain. Dans la seconde qui suivit, les chuchotements s'élevèrent autour de nous jusqu'à former un brouhaha insupportable.
« Les voilà! Ils sont tellement cools! »
« Cameron et Max sont trooop mignons.»
« Non, tu rigoles j'espère? Peter est le plus canon de tous ! »
« Oh mon dieu, Shane est là ! »
« Si seulement j'avais les cheveux de Jessica...»
« Vous savez qu'Anna a été convoquée ce matin, les gars?»
Les démons prirent place à une table, manifestement insensibles à toute cette agitation. Oh, et en ce qui me concernait? J'étais sans voix. Médusée. Me trouvais-je toujours en présence d'élèves de l'Académie Rose, ou parmi une foule de groupies déchaînées célébrant la venue de leurs idoles? Les deux à la fois?
- Tiens, Anna est là, constata Lexie. Et elle a l'air plutôt en forme. Il faut croire qu'ils en ont dans le ventre ces démons.
En forme? Pas vraiment, à en juger par sa posture - complètement avachie sur la table - et les ondes négatives qui semblaient émaner d'elle. Étrange. Son attitude différait complètement de celle d'hier, lorsqu'elle m'avait attaqué. Mauvaise humeur, sans doute. Mais peu m'importait réellement, tant que cette poupée démoniaque se tenait à une distance convenable de moi.
Mon regard se posa sur Cameron L'Impassible. Confortablement calé sur sa chaise, ce dernier mangeait une tablette de chocolat. Encore du chocolat. Lui et sa bande avaient visiblement fait l'impasse sur la règle des cinq fruits et légumes par jour, vu les canettes de soda et les sachets de bonbons qui leur faisaient office de repas. Ce qui me fit penser que si Zoey était là, elle lui aurait certainement balancé son précieux livre intitulé « Comment manger sainement? » en pleine figure, au chapitre : « L'abus de chocolat est dangereux pour la ligne ». Et j'étais la mieux placée pour savoir à quel point ça faisait mal. Je me souvenais le mois dernier, un peu avant mon départ du Kansas, quand je l'avais forcée à m'accompagner à La Grande Fête du Chocolat. Un événement auquel chaque habitant de ma ville précédente n'avait pas manqué d'assister. Ce n'était pas tous les jours qu'on pouvait goûter à tant de chocolat dans toutes ces formes gratuitement, en plus d'assister à d'autres événements, tels qu'un feu d'artifice et un concert. Pour elle, qui détestait la nourriture malsaine, comme elle l'appelait, c'était un calvaire, si bien qu'elle avait fini par péter un câble une fois de retour et que j'avais dû subir son courroux. Un sacré numéro, cette fille, vraiment. Mais c'était en partie la raison pour laquelle nous étions meilleures amies, avant que ce foutu truc de monstre ne m'oblige à nouveau à déserter.
Même si je le savais déjà, j'avais l'impression d'en avoir l'ultime confirmation seulement maintenant : ma vie craignait. Alors que la plus grande préoccupation de certains était d'avoir des bonnes notes ou améliorer leurs dons, moi je devais faire attention à ne pas tuer qui que ce soit. En quoi cela était-il juste? Et combien de temps ça allait durer?
Alors que toutes ces pensées tourbillonnaient dans mon esprit et menaçaient de me rendre folle, je me rendis compte que je n'avais toujours pas quitté Cameron des yeux. Et merde, toute la bande me dévisageait à présent! Mon cerveau ne réagissant pas sur le coup, je restai bêtement à les fixer en retour. C'est alors que, et ma surprise n'en fut que grande, le brun aux piercings et aux tatouages dont je ne connaissais pas le nom m'adressa un clin d'œil, accompagné d'un petit sourire en coin. Et parce qu'une quelconque divinité souhaitait définitivement m'achever, cela ne passa pas inaperçu à deux ou trois bandes de filles qui me fusillaient à présent du regard. Je m'échappai en me plongeant dans la contemplation de mes pâtes, auxquelles je n'avais toujours pas touché.
- Qu'est-ce qu'elle a fait à votre avis ? demanda Trevis, et je fus soulagée que la conversation reprenne.
- Aucune idée. Mais pour être appelée là-bas, ça devait pas être n'importe quoi.
- De quoi vous parlez?
Lucas posa son regard sur moi, puis consulta silencieusement ses deux amis.
- On parle de ce matin, à la fin de ton combat avec Kate. Il y a eu une convocation en salle 116. Tu l'as entendue. C'était justement un des membres de l'Élite. Anna Winterhill. La fille aux cheveux blond-rose.
J'oubliais qu'ils ne savaient pas que j'avais déjà eu la "chance" de faire connaissance avec cette dernière la veille. Mais en ce qui concernait cette fameuse convocation, comment aurais-je pu oublier ça? Ils avaient tous réagi bizarrement, comme si quelque chose de terrible était arrivé.
- Et c'est... grave?
Lexie me considéra étrangement tout en triturant une mèche de ses cheveux.
- On ne t'en a pas encore parlé, n'est-ce pas?
Je fis non de la tête, ne voyant pas du tout où elle voulait en venir. Elle échangea à nouveau un regard lourd de sens avec les autres, avant de poursuivre :
- Je ne sais pas trop comment t'expliquer ça. Elle a pris une heure de colle.
- Rien de dramatique, quoi.
- Si, à vrai dire... parce que c'était en salle 116.
Je haussai un sourcil.
- Je ne te suis pas.
- Il y a deux salles de retenue. La première est située près de la salle d'étude et du bureau de Mlle Pealsburry, et la deuxième, la salle 116, se trouve à l'étage. Quand quelqu'un y est appelé ce n'est jamais bon pour lui. Je ne peux pas t'en dire plus, car personne, à part les concernés, ne sait ce qu'il s'y passe. Et c'est seulement la deuxième convocation depuis que nous sommes à l'académie, tous les trois.
- C'est genre... une salle de sanction?
- Apparemment, oui, si une règle importante est brisée par un élève, expliqua Trevis. Et d'après les rumeurs, on passe plutôt un sale quart d'heure là-bas.
Un frisson de terreur me secoua. Pas étonnant que Nate ne m'ait pas mentionné cette salle pendant la visite. Rien que la manière dont ils la décrivaient me donnait envie de fuir. Pourtant, si j'en croyais les faits, Anna, elle, avait eu la malchance de l'expérimenter. Et si cela avait été sa sanction pour m'avoir blessé hier? Mlle Pealsburry avait justement dit qu'elle s'occuperait de son cas plus tard. Voulait-elle parler de ça?
- Les gars, vous cherchez à lui donner envie de se tirer de l'académie sur le champ ou quoi? dit Lucas. T'inquiète pas, tu n'iras certainement pas faire un tour dans cette salle si tu ne fais rien de grave. Et puis, ne vas pas croire que les élèves sont maltraités ici.
- Au contraire, l'ambiance est carrément top, affirma Lexie avec entrain. Tu n'as encore rien vu, c'est tout. D'ailleurs, si je me rappelle bien, c'est aujourd'hui la soirée organisée par Jessica et Anna, non?
Une soirée? Par Jessica et Anna?! Un lundi? Il me fallait de l'air. Ou de l'eau. Ou les deux, peu importe.
- Ah, ouais. Ça m'est complètement sorti de la tête.
- Comment ça, ça t'est sorti de la tête? Non seulement tout le monde en parle depuis plus d'une semaine, mais en plus, on est invités, tous les trois.
- Oh, excuse-moi, j'avais oublié l'honneur que cela représente d'être invité à une fête organisée par deux membres de l'Élite, lâcha-t-il sur un ton débordant de sarcasme.
Lexie leva les yeux au plafond.
- Ce n'est pas ça, idiot. Mais peu importe. Tu viens, Alice?
Je manquai de recracher la gorgée d'eau que je venais d'avaler.
- Quoi? fit-je avant d'être secouée par une violente quinte de toux.
- La soirée. Tu viens?
Pause : situation d'urgence! Il me fallait trouver au plus vite une excuse pour ne pas venir à la soirée de deux démons qui voulaient manifestement ma peau. Et pour l'heure, l'excuse la plus crédible et appropriée était :
- Je n'ai pas été invitée. Je ne suis là que depuis hier, je te rappelle, et puis...
- Oh, t'en fais pas pour ça !
Raté.
- Personne n'est vraiment très pointilleux concernant les invitations aux soirées, à part Kate La Terreur et ses sbires.
- Peut-être, mais je ne me vois pas faire la fête alors que je tiens à peine debout. Ce n'est pas toi qui disait que le manque de sommeil n'est pas une chose à prendre à la légère?
Mmh... Bon argument. Même si, je ne manquais pas tellement de sommeil en réalité.
- Tu auras certainement le temps de faire une sieste entre tes options de l'après-midi et la fête. Elle ne commence qu'à vingt et une heures.
Et zut! La pause déjeuner se terminait à quatorze heures, puis j'avais théâtre et natation jusqu'à dix-huit heures. J'aurais donc trois heures de libre, et pas d'excuse pour ne pas venir.
- Allez quoi, Alice, c'est pas avec ces deux losers que je vais jouer à la chasse aux beaux garçons.
- Tu veux dire la chasse à un certain garçon qui pourrait possiblement pointer le bout du nez à la soirée et que...
- La ferme Trev! s'exclama-t-elle un peu trop fort, ce qui lui valut quelques regards des tables voisines.
- Fais gaffe, Lexie, tes joues deviennent aussi rouges que la sauce bolo.
- Tu veux jouer à ça? Devrais-je mentionner une certaine fille avec qui tu n'as absolument aucune chance, je précise, mais qui risque elle aussi de se montrer à la soirée?
- Aucune chance ? Parce que tu penses en avoir une avec ton bel apollon, peut-être?
- Certainement plus que toi.
- Ça sent le défi.
Ils se lancèrent des éclairs du regard.
- Et c'est reparti, souffla Lucas d'un air exaspéré.
- Le premier qui obtient le numéro de téléphone de la personne a gagné.
- Et le perdant doit une pizza au gagnant. ( Il se para d'un petit sourire malicieux.) Prête à mordre la poussière, Fray?
- Je te retourne la question, Daniels. ( Elle se tourna brusquement vers moi.) Tu viens.
Ce n'était même pas une question. Je soupirai aussi bruyamment que possible.
- Et moi, je ne viens pas, déclara Lucas.
- Quoi?!
- J'ai des choses plus importantes à faire, Lexie. Et aussi surprenant soit-il, tout le monde n'organise pas son emploi du temps autour des plans des membres de l'Élite.
Et j'étais soulagée de l'entendre. Ces foutus démons avaient monopolisé toute l'attention rien qu'en entrant dans la cafétéria, alors à quel point s'étendait leur influence dans l'académie? Je voulus me retourner pour vérifier s'ils étaient toujours là, mais en me rappelant les regards assassins que m'avaient lancés certaines filles, je décidai de m'abstenir et d'opter pour poser une bonne fois pour toutes la question qui me démangeait depuis ce matin.
- Et si l'un d'entre vous m'expliquait enfin ce que c'est que cette fameuse Élite, et à quoi elle sert? Étant donné que jusqu'à environ hier midi je ne savais même pas que je me trouvais en présence de démons, d'anges et de Néphilim, on ne m'a pas vraiment dit tout ce qu'il y a à savoir car selon Mlle Pealsburry, je dois découvrir les choses par moi-même.
Lexie avala rapidement son dernier morceau de cheesecake, puis s'éclaircit la voix :
- L'Élite est un groupe d'élèves assumant le rôle de gardiens de l'Académie Rose. Ils la protègent, ainsi que l'ensemble de ses élèves, la représentent lors d'événements importants, et exécutent certaines tâches donnés par les professeurs, Mlle Pealsburry ou Ian lui-même.
Je me rappelai ce matin, quand Cameron m'avait accompagné à ma première salle de classe.
- Et par ce fait, ils obtiennent des privilèges, tel que l'accès aux appartements du quatrième étage du bâtiment des élèves, où nous allons avoir la chance d'entrer ce soir ! ( Elle afficha un grand sourire, visiblement incapable de cacher son excitation.) Oh, et en ce qui concerne leur popularité, ça s'explique par le simple fait qu'ils sont incroyablement beaux, classes et...
- Prétentieux, compléta Lucas. Mais ça se comprend, vu comment certains leur lèchent les bottes.
- Ne l'écoute pas, Alice. Lucas, comme la plupart des mecs d'ailleurs, est jaloux parce que les garçons de l'Élite ont un succès inimaginable auprès des filles. D'ailleurs, tu dois savoir que Kate et sa bande, ont crée LE fan-club de référence. Il y en a d'autres bien sûr, mais elles, elles ont carrément réussi à obtenir une rubrique dans le journal hebdomadaire de l'Académie, alors que tout comme nous, elles ne sont là que depuis septembre. On y trouve donc chaque semaine entre autres la tenue coup de cœur, les couples qu'on aimerait voir se former au sein du groupe, et tous les mois un sondage sur le membre le plus populaire de l'Élite.
Je devais toujours être en train de rêver. Dans quel genre d'endroit étais-je tombée? Et comment pouvais-je m'en échapper? Fantastique. Des fan-clubs pour les célébrités de l'Académie Rose. Et la quasi-totalité des personnes qui m'entouraient étaient donc des adorateurs de la bande des démons. En réalité, c'était vraiment pire que ce que je pensais.
- Pour te rassurer, ce ne sont que ce qu'on appelle « les groupies de l'Élite », dit Trevis. Et Lexie, même si elle nie l'évidence, en fait partie. ( Cette dernière, indignée, ouvrit la bouche, mais il ne lui laissa pas le temps de parler.) Il n'y a que les Néphilim, enfin, sauf certaines personnes comme Lucas et moi, qui les admirent et les traitent comme des rois. Les autres démons et anges gris, eux, soit ils s'en contrefichent, soit...
- Enfin, bref, je n'ai pas fini d'expliquer, le coupa Lexie en le fusillant du regard. Les membres de l'Élite sont répartis dans les cinq classes spéciales et suivent les cours normalement, même si leur titre leur permet de partir à tout moment si nécessaire. Les jours de la semaine, on les reconnaît grâce à leurs insignes, que la plupart d'entre eux ne mettent jamais d'ailleurs. Le vendredi, ils ont un brassard inclus à leur uniforme.
- C'est...euh...
Pas croyable.
- Cool, n'est-ce pas? Voilà, tu sais l'essentiel à leur propos. Le reste, tu le découvriras par toi-même comme l'a si bien dit Mlle Pealsburry. ( Elle marqua une pause, et fronça les sourcils avant d'écarquiller grand les yeux.) Oh, attends! Comment ai-je pu oublier ce détail? L'Élite est composé de onze membres.
- Onze, répétai-je, étonnée. Mais alors...
- Ces six-là ne sont pas les seuls. C'est pour cela qu'on distingue clairement, l'Élite D, avec "D" pour Démons, et...
« Regardez ! Les voilà ! »
Aussitôt, ce chuchotement me parvint-il à l'oreille que je pivotai sur ma chaise, en direction de la porte d'entrée de la cafétéria.
- L'Élite A, entendis-je souffler Lexie.
Une certaine lumière irradiait de ces cinq personnes qui s'avançaient ensemble. Une aura apaisante, bienveillante et bien sûr, une beauté singulière. Les trois filles menaient la marche. La première avait un teint hâlé, de beaux cheveux noirs coiffés en tresse couronne et adoptait un look preppy chic à la Blair Waldorf de Gossip Girl. La deuxième, dont les longs cheveux blond platine décrivaient de magnifiques boucles jusqu'au bas de son dos tels ceux d'une princesse, était plutôt dans le style rock. Et quant à la dernière, eh bien... il ne s'agissait autre que de la fille solitaire que j'avais vue ce matin. Elle se tenait légèrement à l'écart des deux filles, semblant toujours dans un monde à part. Derrière, les deux garçons suivaient. Un d'entre eux avait les cheveux rouges, et il m'était difficile de ne pas reconnaître l'autre... puisqu'il s'agissait de Nate.
Je restai immobile, bouche-bée, tentant d'abord d'assimiler l'information avant de pouvoir détourner le regard de lui. Mais quand ce dernier me remarqua, et me fit un signe de la main, je frôlai la crise cardiaque et me retournai brusquement. Génial. Encore une réaction pathétique.
- Avec A pour Ange gris, marmonnai-je en me concentrant sur ma fourchette.
Aucun doute possible, Nate faisait partie de l'Élite. C'était donc la raison pour laquelle il avait été celui qui m'avait fait visiter l'académie. Et si je suivais la logique, et me fiais à la nouvelle vague de chuchotements autour de nous, lui aussi avait sa propre armée d'adoratrices, ( ou d'adorateurs, qui sait...), ce qui expliquait les regards meurtriers auxquels j'avais eu droit lorsqu'il s'était assis à ma table. C'était presque comme si j'avais partagé un repas avec une célébrité sans le savoir. Quoi de mieux pour se faire détester par des fans dévorées par la jalousie? Bon sang, tout cela était au-delà du ridicule.
- Alors comme ça, tu as déjà fait ami-ami avec Nate Walker ? lança Lexie d'un ton étrange. (Elle laissa échapper un soupir.) De qui je me moque, tout le monde a remarqué qu'il est venu s'asseoir à ta table ce matin. Et hier aussi. J'ai même entendu des filles en parler dans les couloirs.
Je levai les yeux au ciel.
- Il m'a fait visiter l'académie, et je ne connaissais toujours personne. C'est pour ça qu'il s'est naturellement assis à ma table. On n'est pas amis, lui et moi.
Lexie se contenta d'acquiescer lentement, sans rien dire. Je la dévisageai, assez longtemps pour remarquer qu'elle ne pouvait s'empêcher de jeter des coups d'œil derrière moi. Et lorsqu'en suivant son regard, je tombai sur Nate, ça m'apparut comme une évidence :
- Tu craques sur lui.
- Bingo ! confirma Trevis en levant un pouce en l'air.
Elle fusilla ce dernier du regard, malgré son teint écrevisse.
- Pas vraiment, marmonna-t-elle en baissant les yeux. Enfin, de toute façon avec le nombre de filles qui lui tourne autour... Et puis c'est un ange gris, et moi je suis une Néphilim. La définition même de l'amour impossible.
- Sexy Lexie admettrait-elle déjà sa défaite?
- Rêve, Trevis. Quand Alexia Fray veut quelque chose, elle l'obtient. L'impossible peut aller se faire foutre.
- Mais Alexia Fray a tendance à prendre ses rêves pour ses réalités, dit Lucas. Tu vas te pisser dessus à la minute où tu vas ne serait-ce que croiser son regard. Je crois que je vais venir à cette soirée juste pour te voir en action et assister à la victoire de Trevis, en fin de compte.
Il tapa dans la main de ce dernier.
- Traître.
Lexie me lança un regard de chien battu. Je soupirai, puis décidai à contrecœur de voler à sa rescousse.
- Sauf qu'avec mon aide, ça change la donne. Après tout, maintenant que j'ai fait vague connaissance avec Nate, il n'a rien de mal à lui présenter Lexie, non?
Le visage de Lexie s'éclaira, et ses yeux se remplirent d'étoiles. Trevis esquissa un sourire, avant de déclarer :
- Très bien. Vous deux contre nous deux. Je sens qu'on va s'amuser.
Et voilà. J'étais définitivement impliquée dans leur bataille, et venais de confirmer ma venue à la soirée que je voulais éviter à tout prix. Quel génie, Alice, vraiment !
Je saisis un bout de pain, que je fourrai d'un air las dans ma bouche. Je n'avais même pas touché à mon assiette. Mauvais, ça. J'avais pourtant besoin de prendre des forces, sinon, je ne tiendrais pas la journée. Et celle-ci était loin d'être finie.
_____________________________________________________________________________Salut! J'espère que le chapitre vous a plu! J'ai corrigé toute l'histoire (sauf le chapitre 8) , il doit rester des fautes mais beaucoup moins qu'avant je peux vous dire que ça m'a pris du temps...:/ Mais j'ai trouvé de ces incohérences oh mon dieu... Donc il y a des petits details que j'ai arrangé mais rien de grave : du genre l'infirmière qui s'appelait Mme Fray, j'ai mis Smith parce que Lexie s'appelle Fray et que j'avais zappé ça, ou genre les des incohérences avec les étages du bâtiments, bref rien qui ne change l'histoire ne vous inquiétez pas! Si vous retrouvez une incohérence dites le moi please -_- et bien sûr merci de continuer à lire mon histoire <3 !! :DDDD
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