Chapitre 9 : Les peurs les plus profondes font mal.
Je savais que ce week-end ne serait pas des plus réjouissant, avec l'incendie de la maison de Wendy. Mais après avoir récupéré leurs affaires, et botté le cul à Sacha, qui était sorti du bunker, furieux, les choses s'étaient un peu améliorées. J'avais aidé Wendy à s'installer un minimum, avant de leur faire une visite du bunker. Il me parut aussi important de leur préciser que certains objets étaient spéciaux.
- Vous ferez attention, dans la salle de bain. Au distributeur de PQ, au siège de toilette, ce genre de chose. Ce ne sont pas des objets typiques : il s'agit d'un démon, puissant, que Maman a transformé en objets utiles. Comme le sac de frappe, ou la cible de fléchettes, notamment.
Wendy avait éclaté de rire, avant de se stopper devant mon air sérieux. Oui, Asmodeus, ancien Prince des enfers, faisait à présent partit des meubles, au sens propre du terme.
Samedi soir passa rapidement, avec une soirée pizza sans Sacha, qui était sûrement en train de baiser sa pute. Dimanche, il revint dans la journée, et se montra plus froid que jamais envers Peter, qui souhaitait simplement lui poser des questions sur sa façon de gérer sa vie de chasseur. Ayant récupéré mes affaires chez Wendy, je m'étais attelé à mes devoirs, avant de prendre un long café avec Maman, en webcam avec Lola. Nos moments entre filles faisaient partit des instants que j'affectionnais le plus, dans ma famille. Sûrement parce qu'ils étaient rares. Oh, passer du temps avec Dean et Papa, c'était bien aussi. Mais ils avaient une préférence pour Sacha, je le sentais, bien qu'ils m'aient assuré ne pas faire de différence.
Lundi arriva bien plus vite que prévu, et retrouver ma routine de petite lycéenne me soulagea. Vivre avec sa meilleure amie était le rêve de nombreuses adolescentes. Mais dans ses conditions, c'était différent. Elle avait, comme son frère, tenté de se socialiser avec mon étrange famille, durant ses deux jours. Mais je sentais qu'ils avaient tous les deux activé une carapace pour mieux affronter la suite des évènements.
Ayant abandonné Wendy pour passer au petit coin, alors qu'elle était en rendez vous avec la psychologue du lycée, je pus souffler d'être un peu seule. J'aimais être avec du monde, grâce à mon côté sociable. Mais ma solitude m'avait un peu manqué, ses derniers jours.
Après avoir fait ma petite affaire, je sortis en sifflant, Carry on, me laver les mains. Une fille entra dans les toilettes, et je n'y fis pas attention, en pleine réflexion sur le projet d'école de Maman. Grosse erreur.
- Hope, Hope, Hope .. répéta bêtement la voix crispante de Jessica. J'espérais te trouver seule.
- Jess, Jess, Jess .. Tu veux qu'on devienne pote, maintenant ? Ce n'est pas parce que tu fricotes avec Sacha qu'on est obligée de se parler, tu sais ..
- Oh, ce n'est pas mon intention, ma chérie, dit-elle en s'avançant vers moi, mains sur les hanches. Tu sais, ton frère n'était pas très bien, hier. Et il a eut besoin de me parler. De lui, de ses problèmes, et de son agaçante soeur qui lui pourri constamment la vie. Et tu sais quoi ? Je veux l'aider à te rendre plus sage, plus .. docile. Tu vas donc me suivre gentiment, d'accord ?
Levant un sourcil devant sa demande absurde, je pris le chemin de la sortie en l'ignorant. Ce que je ne savais pas, c'est que deux gorilles de l'équipe de mon frère m'attendaient, à la porte. Ils me saisirent les deux bras, m'arrachant mon sac de l'épaule, avant que Jessica ne sorte des toilettes, telle une princesse.En même temps, ce royaume lui allait bien.
- Je me doutais de ta réaction, petite cruche. Heureusement, certains garçons adorent rendre service. Surtout pour faire une petite blague à l'intello qui nous a pourri notre soirée, vendredi. Aller, en route.
J'allais frapper les deux costauds, mais m'aperçus très vite que c'était impossible. Pire encore, l'un des deux réussis à me plaquer sa main pleine de sueur sur la bouche, pour m'empêcher de crier. C'était mal me connaître. Mes dents se plantèrent dans sa paume et le garçon glapit, avant de me coller une énorme baffe. Son pote ricana, avançant qu'il était dommage qu'ils n'aient pas le droit de faire plus, par respect pour mon frère. Les idées de travers, à cause du coup, je me demandais alors ce qu'ils prévoyaient.
J'eus rapidement la réponse : une des parties du lycée était actuellement en pleine rénovation, désertée par les élèves pour cause de fuite d'eau. C'est ici que me traînèrent les sportifs, avant d'ouvrir un placard à balais, et de me jeter dedans, comme un vieux chiffon. Avant que je puisse me relever, la porte claqua dans mon dos, et l'obscurité m'engloutit. L'interrupteur, à l'extérieur, était inaccessible. Et j'entendis le rire strident de Jessica raisonner derrière la porte.
- Tu vas passer quelques heures, ici, dans le noir. Et réfléchir à ton comportement. C'est une punition horrible, pour une intello telle que toi, d'être privée de cours, n'est-ce pas ? Bonne journée ! J'espère que quelqu'un te trouvera avant ce soir.
Et ses talons raisonnèrent, s'éloignant de plus en plus, avant de me laisser seule, dans le noir, enfermée dans cet espace clos. Ce qu'elle ne savait pas, c'est qu'elle n'était pas très loin de la vérité. Non, louper quelques cours ne m'effrayais pas, je n'aurais aucun mal à les rattraper. Mais être confinée dans un espace réduit, c'était la pire des punitions pour moi. Pire encore : c'était ma phobie.
Il me fallu quelques secondes pour me rendre compte de la situation : j'étais coincée, dans une pièce réduite, fermée à clé, dans une partie du lycée où personne ne passait, en ce moment. Cherchant rapidement mon portable, je me rendis très vite à l'évidence qu'il n'était pas sur moi, mais dans la poche de mon sac de cours. Alors, je fis la seule chose qui me parut censée : je me mis à hurler.
- À L'AIDE ! QUE QUELQU'UN OUVRE CETTE PORTE ! AU SECOURS !
Mes cris durèrent quelques minutes, avant de me rendre réellement compte que personne ne m'entendait. Les cours devaient avoir commencé, et ils devaient penser que j'étais partie du lycée, pour avoir la paix, ou quelque chose du genre. Qui penserait à aller voir dans un placard à balais, dans une zone en travaux ? Mon coeur tambourina plus rapidement dans ma poitrine, et en désespoir de cause, je me mis à frapper de toutes mes forces sur la porte.
- EHHHHHHH ! QUELQU'UN M'ENTENDS ? JE SUIS ENFERMÉE !
Mais rien. À part une douleur dans les poings, au fil des minutes. La terreur et la douleur eurent alors raison de moi : me laissant glisser contre le mur, mes bras entourèrent mes jambes, et ma tête se posa sur mes genoux, aidant à me balancer lentement sur moi-même. Très vite, les symptômes typiques de mes crises d'angoisse me saisirent : mon rythme cardiaque augmenta, accompagné de mes bouffées de chaleur habituelles. Ma respiration devint saccadée, entraînant des douleurs intenses dans ma poitrine. Une vague de terreur me figea sur place, avec une horrible sensation d'être en train de mourir. C'était toujours ainsi, quand ma claustrophobie se déclenchait, et que l'impression des murs qui se rapprochaient m'envahissait.
Je n'avais pas souvent peur : à chaque fois que j'arrivais dans un endroit nouveau, mon premier réflexe était de repérer les multiples sorties possibles, en cas de danger. Ainsi, il m'était facile d'éviter ce genre de crise. Pourtant, il parut évident que dans le cas présent, aucune sortie n'était envisageable, à part cette fichue porte fermée à double tour par cette immonde salope. Je tentais alors de me calmer, en fermant les yeux et en calquant ma respiration sur un cycle de comptage, la main posée sur mon ventre. 1, 2, 3, 4, souffle. Ma main se soulevait, et je priais pour que mon rythme cardiaque redevienne normal. Mais même quelques minutes plus tard, rien n'avait changé. Répéter ce type de méthode fonctionnait, en règle générale. Mais pas maintenant. Pas sans lumière. Je ne pus empêcher mes pensées de divaguer, pour retrouver l'origine de cette angoisse : Asmodeus. Prince de l'enfer. Il nous avait enlevés, Sacha et moi, le jour même de notre naissance, alors que notre mère avait tout juste eut le temps de nous regarder. Arrivé en enfer, il avait tenté de prendre soin de nous. À sa façon. Sacha n'avait jamais pleuré, se contentant de le fixer avec ses grands yeux intrigués. Mais ce n'était pas mon cas. Être séparée de ma mère aussi brusquement et rapidement avait suscité une terrible source d'angoisse, pour moi. La peur de l'abandon, angoisse de Spitz, comme disaient les spécialistes de l'enfance. En théorie, la séparation fait partit du développement normal. Mais se faire kidnapper alors qu'on a quelques minutes, ça ferai dysfonctionner n'importe qui. Alors, pour gérer ces crises de larmes, Asmodeus avait trouvé la solution : m'enfermer dans une pièce sombre, froide et humide. J'avais hurlé, pendant des heures. Et le souci, pour un néphilim, c'est qu'on a conscience de tout, et cela, depuis le début de son développement. Aussi, ma peur de l'enfermement avait débuté à cette époque. Et ce traitement avait recommencé, créant en moi un conditionnement classique, une peur acquise de l'isolement dans un lieu sans issue.
Quelques heures étaient passées, depuis que cette garce était partie en riant. Je n'avais pas bougé de ma position, me balançant en position autistique, les larmes s'étant écoulées, tel un torrent, sur mes joues. Mon rythme cardiaque était bien plus calme, mais j'étais passée à une autre étape : les pensées négatives. Des tremblements secouaient mon corps violemment depuis un moment, maintenant, et je ne cessais de me répéter que j'étais stupide, de me mettre dans un tel état pour si peu, alors que j'étais censée être plus forte que ça. Une Winchester n'a pas de peur aussi ridicule. Une Winchester combat les monstres, les légendes, et ne craint que pour sa famille. Mon coeur s'emballa de nouveau.
- HOPE ? Cria une voix, à l'extérieur.
Ma tête se releva lentement, et la voix qui sortit de ma gorge sembla faible. Pourtant, très vite, la voix masculine parue plus proche, et me conseilla de me protéger. Incapable de bouger, je me contentais de fermer les yeux. La serrure se fit littéralement défoncée, avant que la porte ne s'ouvre. Peter était là, l'air apeuré et désolé. Il s'approcha, et me saisit les mains.
- Désolé, je n'ai appris que ce midi que tu avais disparue, j'ignorai que Jessica t'avait enfermée ..
- Qu'est-ce qui se passe ? Demanda Sacha en accourant.
- Ta copine à enfermé Hope depuis ce matin, ici, répondit froidement Peter en me prenant dans ses bras pour me faire sortir. Tu peux être fier : un grand frère modèle, vraiment.
- Jess, faire ça ? Non ... Hope, ça va ? Tu as pu gérer ta phobie ?
Je repris le cours de mes pensées, réalisant que Peter me serrait contre lui. Reprenant le contrôle de mes jambes, je le remerciais du regard, avant d'approcher de mon frère, le regard dégoûté.
- Même après tout ça, tu la défends encore ? J'aurais pu mourir, et .. Peter a raison : tu n'es plus mon frère.
Sacha garda le silence, et je m'éloignais à grands pas, ayant besoin d'air et de liberté.
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C'est horrible, ce genre de phobie, et je plains réellement Hope de la subir. Des avis sur la situation de notre Winchester ?
Un vote, c'est un câlin de réconfort de Peter pour notre Hope. Pensez-y !
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