Nuit affreuse. J'avais rêvé que j'étais dévoré par des tartes géantes. Sans compter les souvenirs de la soirée et la dispute avec Hope. Je ne fus pas surpris en voyant l'heure sur mon réveil. J'arrivais donc le dernier dans la bibliothèque avec ma tasse de café alors que mes parents étaient en pleine conversation avec ma sœur, Peter, Wendy et Castiel.

- Mais tu es vraiment folle ma chérie ! Répliquait mon père, la regardant d'un air ébahi.

- Et pourquoi pas ? Regarde, j'ai repris la chasse avec vous en me disant qu'ils étaient suffisamment grands pour se défendre. Mais tu vois bien que la préparation qu'ils ont eu n'était pas suffisante pour les protéger ! Imagine qu'un démon s'attaque à eux directement ? Ils se seraient défendus avec quoi ? Une lampe torche ?

- Ça, je l'ai déjà fait une fois.... Commença Castiel.

- Mais Callie, on ne peut pas forcer des gens à se former, surtout que c'est un métier solitaire...

- C'est justement ça le problème, Sam. Réfléchis : les vampires sont organisés, eux, et ça leur permet de survivre en cas d'attaque. C'est ce qui fait du tort aux chasseurs. Après, je ne dis pas qu'on doit faire comme les hommes de lettres. Mais on peut trouver un entre deux !

Sirotant mon premier café du matin, j'essayais de comprendre, en vain, la conversation. Pourquoi parlaient-ils de monstres alors que Peter et Wendy étaient là ? J'avais clairement la sensation d'avoir loupé un épisode. Je décidais donc de jouer la plante verte, en attendant de saisir tous les enjeux de la discussion. Je rejoignis Hope, faisant un signe aux parents. Je sentis le regard de Wendy sur moi, et je me permis un léger sourire charmeur.

- Je trouve cette idée intéressante, ajouta Hope en décollant ses fesses de la table. Une école en mode X-Men, mais pour les chasseurs. Avec une formation comprenant le combat, une instruction sur le folklore, l'informatique, les recherches sur le terrain, le tir...

- Mais de quoi vous parlez ? Bougonnai-je en buvant une autre goulée de café.

- Connecte le peu de neurone qu'il te reste, le beau gosse, soupira ma sœur en me lançant un regard désespéré. On parle de formation, pour de futurs chasseurs. Avec une meilleure préparation, on pourrait réduire la mortalité des personnes de notre branche. On ne manquera jamais de chasseurs !

Était-ce une blague ? Après tout ce qui s'était passé, il me semblait que cette conversation sortait d'un autre monde. Agacé, je pris la direction de la cuisine et tombais sur Dean, bière à la main, qui écoutait leur conversation de loin. Il semblait pensif, mais un léger sourire s'était logé sur son visage. Distraitement, je saisis mon portable, consultant mes messages. Évidemment, Jessica m'avait bombardée de textos avec tout un tas de questions. Je finis par lui répondre que j'étais occupé, et que je verrais dans la soirée si je pouvais lui répondre. Je décidais ensuite d'attraper une boite de médicaments et d'aller m'installer à l'entrée du bunker pour finir de me réveiller plus tranquillement.

C'est alors que la porte du bunker s'ouvrit, laissant apparaître Jody. Elle descendit les escaliers et s'approcha de moi.

- Eh bien, j'ai l'habitude de te voir un peu plus réveillé, me lança-t-elle en me serrant contre son corps. Comment vas-tu, Sacha ? Tu n'es pas venu me voir depuis un moment, toi...

- Désolé Jody, j'ai eu des obligations avec le lycée, m'excusais-je en passant une main dans mes cheveux, gêné.

- J'ai cru comprendre, répondit-elle en me faisant un clin d'œil. J'ai interrogé une certaine Jessica qui m'a parlé de votre... relation. Je suis ravie de t'apprendre que tu es bel et bien un Winchester mon grand.

J'aurais fait un grand sourire si ma tête ne s'apprêtait pas à exploser. Je pris une longue gorgée de café avec les médicaments alors qu'Hope nous rejoignait. Le shérif se tourna vers elle et lui fit à elle aussi un énorme câlin. Ma sœur avait plus de facilité à laisser passer ce genre de relation, contrairement à moi qui évitait à tout prix les contacts physiques, sauf s'ils finissaient nus.

- Désolée Hope, je ne pouvais pas te répondre au poste. Mais maintenant, c'est possible. Claire va bien, elle parcourt le pays avec Logan, et ils sont actuellement dans l'Iowa pour une affaire de polymorphe. Quant à Alex, elle travaille toujours à l'hôpital et elle garde aussi la maison avec Patience, qui continue de suivre des études. Je n'ai pas eu de nouvelles de ta tante, par contre...

- Moi, si, répondit Hope en souriant. Elle est toujours à la fac, et profite d'une période de vacances pour passer en mode mamie power. Du coup, elle prend de l'avance dans nos séries communes, mais elle va me dépasser si ça continue. Et tu la connais, elle est incapable de tenir sa langue. Faut vraiment que tu fasses quelque chose, ça devient grave.

Notre tante, Lola, n'avait que quelques années de plus que nous. Elle continuait ses études. Bien qu'étant la sœur adoptive de notre mère, elle avait fait le choix de vivre le plus normalement possible après son retour d'entre les mots, durant notamment la naissance de Jack, le protégé de Castiel. Je la soupçonnais d'ailleurs d'avoir une relation ambiguë avec le cousin de notre mère, mais ni l'un ni l'autre n'avait voulu cracher le morceau.

- Bon, pour en revenir à notre affaire, vous avez eu de la chance d'être sortis rapidement de la maison, reprit Jody en se concentrant. Le feu a rapidement pris et a surtout attaqué le rez-de-chaussée. L'étage reste à peu près potable, mais l'ensemble de la maison est inhabitable. Je peux accompagner les jeunes pour qu'ils récupèrent le reste de leurs affaires si vous le souhaitez. Mais concernant leur garde, ça va être compliqué. Peter s'approche de la majorité, donc lui trouver un parent légal serait une perte de temps.

- On a la solution, s'écria Hope en souriant. Ils vont rester ici, et à leur majorité ils décideront de ce qu'ils veulent faire.

Le sourcil gauche de Jody se leva, avant que Hope ne lui explique plus en détail son idée. Ensuite, elles décidèrent d'accompagner nos futurs colocataires dans ce qu'il restait de leur maison, en compagnie de papa et de Jody. En voyant tout ce monde, j'émis l'idée qu'ils n'avaient pas besoin de moi, ce qui m'arrangeait. D'ordinaire, je me serai affalé sur mon lit devant un bon film d'action, mais j'avais accumulé trop de tensions ces dernières heures. Je me dirigeai donc vers la salle de combat.

Mes poings cognèrent le sac de sable et je ressentis tout de suite un bien-être à évacuer tout ce stress. Les minutes défilèrent, mon corps se couvrant d'une fine pellicule de sueur alors qu'une partie d'Asmodeus ramassait chaque coup sans broncher. J'entendis Dean réagir alors que mon pied droit effectuait une rotation pour taper le sac sur le côté.

- Pas mal, mais tu sembles manquer d'équilibre mon grand. Allez, viens sur le tapis, on va comparer tes progrès.

Légèrement essoufflé, je déglutis le plus discrètement possible. Ma dernière séance sur le tapis s'était soldée par un échec lamentable, et cela, rien qu'avec ma sœur. Dean, c'était le niveau encore au-dessus. La question n'était donc pas de savoir comment j'allais gagner, mais comment j'allais perdre de la manière la plus valeureuse qui soit. Enfilant des gants, il retira son pull, dévoilant une musculature développée par des années d'expérience. En se mettant en position, il me fit un signe de tête m'invitant à attaquer.

Il me fallait réfléchir. Attaquer de front était dangereux. Je décidais donc un mouvement du pied droit, visant son ventre. Mais il esquiva en un éclair et en profita pour essayer d'attraper mon pied afin de me mettre à terre. J'esquivais ses mains, bénissant mes réflexes et mes heures d'entraînements. Les attaques se multipliaient des deux côtés, et après ce qui me sembla une bonne durée, je tentais un coup de poker : le coup de pied dans la figure. J'étais à présent suffisamment grand pour le tenter sur lui. J'effectuais mon mouvement tout en saisissant immédiatement mon erreur. Un sourire aux lèvres, Dean para mon coup tout en saisissant la jambe. D'un mouvement bref, il la fit tourner, m'obligeant à effectuer un tourbillon dans les airs avant que je tombe lourdement sur le tapis. Mon regard se posa sur l'horloge entre deux respirations. Une minute et cinquante-trois secondes. J'arrivais bientôt aux deux minutes, ce qui était signe d'amélioration.

Un clappement de main retentit dans la pièce, et je vis Hope, clairement amusée par ce qu'elle venait de voir. Elle avait tout vu, j'en aurais mis ma main à couper.

- Bravo champion. Tu sembles progresser. Et si tu tentais un adversaire à ta taille ?

- Quand tu veux soeurette, répondis-je en me relevant et en buvant de l'eau dans une bouteille en plastique. Monte sur le tapis si tu oses.

Elle hocha la tête et s'attacha les cheveux avant d'aller prendre des affaires de sport. J'aperçus alors Peter, Wendy et Bobby entrer dans la pièce avec curiosité. Hope s'installa, face à moi, croisant le regard de Dean. Bobby s'exclama alors :

- Je prends les paris. Qui mise quoi ?

- Une tarte au poulet que c'est Hope qui gagne, s'exclama Dean en tournant la tête vers Bobby.

- Hé ! M'écriai-je en regardant celui qui venait de parier ma tête contre de la nourriture. Et la solidarité masculine ?

- Y'en a plus, Sacha, quand on parle de bouffe, me sourit Dean. Je chronomètre les enfants. Vous êtes prêts ? C'est... partit !

Se battre contre Dean et perdre, ça passait. Mais contre ma sœur, il fallait que je sois plus malin. Je commençais à la connaître : elle n'attendait jamais d'être attaquée. C'est ainsi qu'elle se jeta sur moi la première, avec un fouetté bas en jambe arrière. Elle visait clairement mon genou. Mais Dean m'avait préparé, et j'esquivais facilement en bondissant sur le côté, en profitant pour mettre un peu de distance entre nous deux. Elle commença à me tourner autour, comme un animal cherche la faiblesse de sa proie. Sans prévenir, elle lança sa jambe gauche, pratiquant à la perfection un chassé-croisé médian. C'était un de ses coups préférés, et je savais comment le parer. Mes mains se saisirent de son pied, et son regard concentré se changea en surprise. Relevant sa jambe en souriant, elle fut obligée de faire le grand écart vertical, se rapprochant de moi. Son visage frustré m'amusa : ma sœur avait souvent le dessus, et j'adorais profiter de ce genre de situation. Mais je n'avais pas vu la suite. En sautillant, elle me lança un coup de boule à faire pâlir Dean. Mes mains lâchèrent sa jambe, et elle reprit un espace de sécurité grâce à un salto arrière parfait.

- Quelle démonstration de grâce soeurette. À mon tour !

Je m'élançais vers elle, mes poings essayant de frapper le haut de son corps. Mais elle évitait chaque coup avec l'agilité d'un serpent. Soudain, elle s'accroupit et tendit sa jambe droite avant de faire une rotation à 180°. Je perdis l'équilibre, mais tentais de me rattraper à ses épaules. En vain, mais je réussis à la surprendre, car elle dût forcer sur ses jambes pour ne pas me suivre dans ma chute. Je fini par tomber. Elle m'avait eu comme un débutant.

Hope sautilla de joie, comme une gamine, sous les applaudissements des nouveaux. Dean, lui, s'approcha de Bobby pour réclamer son dû. Me relevant, vexé, je finis tout de même par la féliciter, bon joueur, avant de retirer mes gants et de saisir mon portable. Ce week-end n'était pas du tout à mon goût, et je comptais bien me rattraper autrement.

- Jess ? Ouais, c'est moi. Tu es chez toi, là ? Je peux venir te voir ?

- Bien sûr, mon Chacha, j'attendais ton appel avec impatience, roucoula celle qui remplacerait officiellement ma main droite pour le restant de la journée.

- Parfait, j'arrive ma chérie.

Mes parents ne seraient pas d'accord, mais j'étais en capacité de me défendre, et j'avais suffisamment fait attendre la demoiselle. Après tout, j'étais jeune, et j'avais des besoins à assouvir. Et ce n'était pas une attaque de démon qui allait m'empêcher de profiter de ma libido. 

*************************************************************************************

Des avis sur l'ambiance au bunker ? Et la relation entre les Winchester ? 

Un vote, c'est une tarte au poulet pour Dean. Pensez-y !