- Pourquoi on est là ? Soupira Wendy en s'asseyant sur le banc avec moi.

- Parce que je l'ai promis. Et comme tu es ma meilleure amie, tu es bien forcée de me suivre, pour le pire comme le meilleur.

- On est pas mariée, ma vieille. Et ça ne risque pas, vu les décisions de merde que tu prends et ton goût pourri en musique, soupira Wendy en jetant un regard circulaire au stade.

C'était mérité. Je l'avais traînée de force ici, pour ce que j'avais promis à Nathan. Sur le coup, ça avait été la seule façon de me débarrasser de lui, à la fin de la soirée. Cette promesse, et notre chaste bisou. Ce qu'il avait adoré me rappeler par texto toute la journée, bien entendu.

Plongée dans mon livre de magie, camouflé avec une couverture de roman à l'eau de rose pour faire bonne figure, j'étais fascinée par les sortilèges offerts Rowena. Un attirait particulièrement mon attention : la création d'une arme contre les monstres. Une arme qui ne tuait pas, mais pouvait les paralyser de façon certaine.

Un fin sourire s'installa sur mon visage, alors que ma meilleure amie se mettait à secouer sa main. Je m'aperçus que les garçons venaient de rentrer sur le terrain, et seuls Sacha et Nathan s'arrêtèrent pour nous saluer. Les autres partirent courir autour du terrain. Mais très vite, ils se firent hurler dessus par l'espèce de taré qui servait de coach. Ce mec me rappelait les commandants nazi durant la Seconde Guerre Mondiale, et il me fit frissonner. Comment autant de rage et de détermination pouvait être contenu dans un corps aussi moyen ?

- Il commence à me les briser avec ses remarques misogynes, murmurai-je à Wendy, alors que le coach criait de nouveau sur les garçons, s'en prenant souvent gratuitement à Peter.

- Mon frère m'a dit qu'il était souvent comme ça, soupira la blonde, en se frottant la tête.

- Peut-être, mais il n'a pas du tout la fibre pédagogique, ce mec. Puis, c'est quoi cette façon de rabaisser les joueurs, hein ? C'est un sport d'équipe, bordel. Pas un camp d'esclave.

Ma meilleure amie me sourit tristement, et on entreprit d'attendre la fin de l'entraînement, en serrant les dents pour ma part, vu que les autres filles jacassaient comme des pies. Pendant ce temps, je parlais à Jesse sur mon portable. Il n'arrêtait pas de s'inquiéter de la situation, et m'assurait pouvoir arriver dans la seconde s'il se passait le moindre problème avec Jessica. Il était vraiment adorable, ce garçon.

Son côté protecteur me plaisait, contrairement à celui de Peter et Sacha. Lui, au moins, ne s'imposait pas comme un gros loudingue jouant les machos en puissance. Le sourire amusé de Wendy me fit arquer un sourcil, et elle secoua la tête, se foutant clairement de ma gueule.

- Quoi, c'est quoi ton problème, espèce de ..

- ..Winchester ! Même ta soeur pourrait mieux faire ! J'vais la faire venir la prochaine fois pour comparer. C'est quoi cette forme de fillette là ? .. Hurla de nouveau le coach, me désignant clairement.

Oh putain. Il dépassait clairement les bornes. OUI, je dépassais mon frère en terme de niveau sportif. OUI, je pouvais leur montrer. Mais jamais je ne donnerai raison à un macho misogyne qui abusait certainement de la bouteille sur son lieu de travail. Soupirant, les garçons finirent par partir dans les vestiaires, et Wendy me tapa l'épaule, compatissante.

- Je suis fière de toi, jeune padawan. Tu as résisté au côté sombre de la force.

- Crois-moi, le côté obscur est bien attirant. Et en plus, ils ont des cookies ! M'écriai-je en riant.

L'intervention du brun avec un sérieux problème de self-contrôle me coupa dans mon hilarité.

- Winchester femelle ! Je te veux sur le terrain, la prochaine fois. Il faut motiver les troupes, et je pense que les voir se faire humilier par une fille les aidera à se bouger pour ..

- Non. Allez vous enfiler votre bouteille de Whisky où je pense. Je ne fais pas partie de l'équipe et vu votre façon de les entraîner, ça ne me tente pas du tout. S'il vous faut quelqu'un pour les motiver, allez-vous-même sur le terrain, et essayez de leur montrer qui est le patron. Ils vont vous surprendre.

Il sembla choqué de mes propos, mais me sourit, avant d'éclater de rire, et de s'éloigner. Et il cria un très appuyé « À la semaine prochaine, Winchester ! ». Mais il prenait des cours, pour être aussi con ?

On attendait encore, et j'étais en train de me dire que les mecs étaient plus longs que des filles avant une soirée, quand Nathan débarqua, me souriant comme un paon. Je lui avais bien exprimé mon opinion sur l'entraînement par texto, mais il tenait visiblement à s'exprimer à haute voix.

- T'es géniale, ma petite Hope. Je serai curieux de te voir sur le terrain, ajouta-t-il.

- Oh, il voudrait bien, l'autre ancêtre. Mais il peut aller se faire enculer par des chèvres. Je n'aime pas ce genre de mec, soufflai-je, vexée.

- C'est que t'es adorable quand tu es vexée, ricana le blond en souriant. Allez, à plus tard, je file au boulot, lança-t-il après un rapide baiser sur la joue.

C'était tellement de la drague cliché que Wendy éclata de rire, une fois qu'il fut suffisamment éloigné. J'allais rétorquer un truc quand Peter arriva en courant, paniqué.

- Hope ! Y'a un mec et un grand costaud qui menacent ton frère, et clairement ça touche au tu sais quoi ..

- Tu peux le dire, tu sais. Surnaturel, ce n'est pas comme si tu disais Voldemort. Je reviens, lançais-je après lui avoir souris, courant vers leur vestiaire.

En poussant la porte, comme une brute, je décidais d'adopter la méthode FSI : Fille Stupide et Innocente. Enfin, innocente .. Parler de sexe tout haut ne me rendait pas crédible. Mais ça me permis d'entrer par la seule porte en déboulant comme une fusée. Sacha était debout, tenant fermement l'arme que je lui avais offert. Le lycéen psychopathe ordonna au gros lourd de nous attaquer, et j'envoyais de nouveau chier mon frère, soûlée par cette situation.

Poussant Sacha sur le côté avec un coup de cul, on esquiva le géant et ses grosses paluches. Il nous fallait prendre des distances, vu la puissance de frappe du balourd, et malgré tout, la situation me fit sourire doucement : c'était la première fois qu'on se retrouvait confronté au surnaturel, tous les deux, avec seulement notre expérience pour arme. Et le fait d'avoir pu retrouver une complicité avec mon jumeau nous permis d'esquiver les coups donnés par le grand. Il nous fallu deux bonnes minutes d'esquive pour pouvoir nous retrouver, légèrement essoufflés, face à nos adversaires.

- Ok Sacha. Ce mec ne semble pas avoir de point faible. Et clairement, j'arrive pas à savoir s'il est humain ou non. Tu as pu noter un truc, de ton côté ? Murmurai-je, en fixant l'armoire à glace.

- Pas plus que toi. L'autre crétin a dit qu'il le contrôlait et qu'il pouvait lui faire faire ce qu'il souhaitait, mais j'ignore comment, ce grand costaud est tellement agressif et brutal.

- Attends, tu as dit .. obéissant, agressif et brutal ? J'ai une théorie. Fait le saigner, Sacha. Ou aide moi à le faire, dès que tu as une ouverture.

Mon frère hocha la tête, sans comprendre, et fait signe au grand taré de venir. L'autre ne se fit pas prier et se jeta allègrement sur nous, en poussant un cri. Vu le poids de l'animal, je ne tentais pas de le faire tomber, au risque de me péter la jambe, mais je l'esquivais avant de lui planter mon couteau dans la jambe. L'homme ne cria même pas. Et quand mon arme se retira, aucune goutte de sang ne coula. Non, à la place, il y avait un résidu visqueux marron. Ce détail me fit sourire, et Sacha me regarda, intrigué.

- Je le savais ! Criai-je de joie en sautant plus loin. C'est un golem, mec ! Et lui, là-bas, le contrôle sûrement par un parchemin dans sa bouche. Le truc, c'est de lui retirer pour neutraliser le gaillard.

- Attends, tu es sûre de toi, Hope ? S'étonna Sacha. On a pas le droit à l'erreur, et tu dois bien t'en douter, non ?

- Fais moi confiance, j'ai lu assez de choses sur le sujet pour savoir quoi faire. Donc il faut mettre une main dans sa bouche et lui retirer, d'accord.

Sacha éclata de rire, avant de me faire signe d'y aller. Honneur aux filles, sans déconner ? Ce truc marchait uniquement quand ça arrangeait les mecs, de toute façon. Levant négligemment les yeux au ciel, je fis signe à mon jumeau de l'attaquer, et il acquiesça.

Je devais admettre une chose : si, sur le tapis, Sacha se prenait des raclées de ma part, il s'en sortait remarquablement bien, face à un adversaire puissant. Et j'en vins même à ne pas regretter nos pouvoirs, bizarrement. L'entraînement de Dean portait véritablement ses fruits, et je songeais à lui offrir une tarte si on s'en sortait sans trop de bobos. Mon frère attaqua intelligemment : après avoir manqué se faire attraper le bras, il planta sa lame dans le bras du géant, en le forçant à plier le genou. C'était le moment.

Prenant de l'élan rapidement, je sautais sur la tête du golem en lançant mon poing vers son visage. Le visage surpris de l'homme me donna un pincement au coeur. J'avais pu lire que les golems étaient des créatures sensibles, douées de paroles, et capable d'exprimer leurs émotions. Pourtant, l'autre connard avait donné un ordre précis, et il était hors de question de se faire battre ainsi. Tout en murmurant une parole d'excuse, ma main droite claqua violemment sa joue, le forçant à ouvrir la bouche, et ma main gauche plongea dans sa bouche. Cette situation me répugnait, étant donné que c'était l'endroit contenant le plus de microbes. Mais ma théorie était presque certaine, et je ne me trompais quasiment jamais. Mes doigts sentirent un petit rouleau contenu au-dessus du palais, et le golem se débattit à ce moment précis, souhaitant sûrement résister. Mais mon geste fut ferme : saisissant rapidement le petit objet, je le lui arrachais avec violence, retombant sur le cul, au sol. Le choc me fit pousser un cri, et Sacha tourna sa tête vers moi, inquiet. Sauf que le plan avait été un franc succès, et c'était pour moi le plus important à dénoter : le golem se figea, et se transforma littéralement en statue.

Mon frère me tendit une main, et m'embrassa négligemment sur le front, me regardant fièrement.

- Tu as assuré, soeurette. T'es vraiment la meilleure, pour reconnaître les monstres.

- Je t'apprendrais, lui répondis-je avant de me tourner vers le blond. Eh, toi. Tu es donc un descendant des rabbins, vu que tu contrôlais ce golem. Mais pourquoi tu voulais nous faire la peau, hein ? J'te connais même pas, et si c'est pour la soirée, c'est vraiment ...

Mais le blond éclata de rire. Un véritable rire de psychopathe. Et ses yeux reflétaient une pure folie. Quand il reposa son regard sur nous, une lueur meurtrière était clairement visible dans son regard.

- Les Winchester sont des ennemis redoutable, ricana le garçon. Ils avaient donc raison, finalement. J'ai été con de penser pouvoir vous vaincre facilement. Mais j'ai un contrat à annuler, et vos vies sont plus insignifiantes que la mienne.

Il sortit alors de sa veste un gun. Qui était pointé sur la tête de Sacha. Surprise par la tournure de la situation, de multiples solutions passèrent rapidement dans ma tête. Il fallait faire vite.

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