Chapitre 18 : À l'aube du changement.

Nous les Winchester, nous avons des vies trépidantes, remplies d'événements incroyables, de rencontres, de combats et de soirées alcoolisées (les dernières restant les plus agréables). Cependant, en dehors de tout ça, nos quotidiens sont banals, à tel point que la moindre phrase ou le moindre acte qui change de l'ordinaire se voit immédiatement.

- J'dois y'aller ! s'était écriée Hope, un vendredi soir en rentrant des cours.

En voyant ma sœur courir jusqu'à sa chambre après avoir dit ça, je sus que quelque chose n'allait pas. Je tournais la tête vers l'escalier quand je vis Lola, accompagnée de Jack. Merde ! J'étais mort, car elle venait de poser sur moi son regard affamé. Son doigt fin me fit signe d'approcher.

- Sacha ! Comment va mon neveu adoré ? Me dit-elle en passant une main dans les cheveux. Encore un peu et tu vas devenir plus beau que Dean...

- Salut Lola. Ouais, enfin,  je n'arriverais jamais à sa cheville, tu sais, répondis-je en cherchant du soutien de la part de Dean, mais celui-ci se contenta de lever sa bière en me regardant avec un sourire qui disait « Démerde toi gamin ». Toujours en bonne compagnie avec Jack ?

Lola me relâcha, et me donna un coup de coude dans les côtes, avant de secouer la tête, l'air agacée. Jamais elle n'avait avoué sa relation avec le fils de Lucifer, et je doutais qu'elle le fasse un jour. Mary, notre grand-mère, fit son entrée à ce moment, sauvant la situation qui se tendait entre Lola et moi.

- Bonsoir tout le monde, nous salua la jolie blonde, qui embrassa ses fils, maman, avant de se pencher vers moi en m'examinant sérieusement. Tu as une petite mine, Sacha, faut dormir plus.

- Bonjour grand ... Mary ! Je ne fais que ça pourtant. Et toi, tu as pu chasser ?

- Tu t'en doutes, mais nous en parlerons plus tard, si tu le veux bien. J'ai cru comprendre qu'il y avait des nouveaux au bunker ? Tu me présentes tes amis ?

Amis ? Un peu fort comme mot. J'appréciais Peter, un peu Jesse et Wendy vraiment beaucoup. Mais les considérer comme des amis signifiait pouvoir leur confier ma vie, et ma plus totale confiance. Or, ce n'était pas encore le cas. Pourtant, je hochais la tête, en espérant que je pourrais m'éloigner le plus possible de Lola. 

J'entraînais donc Mary vers la cuisine, où je trouvais finalement les trois nouveaux en compagnie de Hope, et qui riaient de bon cœur aux blagues de Jesse. Elle s'était visiblement bien rapprochée du mi-démon, et cela avait tendance à m'agacer. Mais la raison me rappela à l'ordre : Hope aurait le temps de me mettre en charpie avant que ce garçon n'utilise ses pouvoirs pour me mettre au tapis.

- Ma chérie ! S'écria Mary en prenant ma sœur dans ses bras.

Hope répondit rapidement au câlin de notre grand-mère, qu'elle adorait plus que tout. On la voyait si rarement que chacune de ses visites était un cadeau pour nous. Ma jumelle se chargea de présenter les arrivants. Je sentis un certain froid quand elle prononça le prénom de Peter. Il ne m'avait toujours pas craché le morceau sur ce qu'il avait pu arriver entre lui et elle. Dans le fond, j'en étais heureux, mais elle avait reporté, à la place, son intérêt sur un autre mec. Pendant que grand-mère discutait avec chacun d'eux, je m'approchais de Hope et lui lança :

- Dis-moi, soeurette, pourquoi avoir fuie les autres en rentrant ?

- C'est juste Lola que je fuis ! Tu sais à quel point elle peut être tarée quand elle s'y met, avec ses questions et ses pots de maquillage ! En fait, elle est parfois pire que certains monstres quand on y réfléchit...

C'est à cet instant que le loup entra dans la bergerie en s'écriant « Ma belle Hopeeeee ». Ma sœur me jeta un regard désespéré, et je haussais les épaules en me reculant. Elle alla faire un câlin à Lola en déglutissant.

J'en profitais pour filer comme un voleur. Ce week-end d'anniversaire commençait plutôt bien, de mon point de vue. En marchant dans le couloir, une pensée me traversa : je n'avais aucun cadeau pour Hope. Elle allait me tuer, même si elle ferait semblant devant tout le monde. Comment moi, Sacha Winchester, digne fils de Sam et Callie, roi incontesté de la cuite, grand manitou de l'organisation de soirées mémorable, j'avais pu oublier la seule date importante : notre anniversaire ? Je m'arrachais les cheveux quand je rencontrais Castiel dans un couloir.

- Sacha ? Tu n'as pas l'air bien, tu as un ...

- Castiel, tu dois m'aider ! Je vais mourir, c'est la fin des haricots..., m'écriai-je en lui prenant les épaules.

Le visage de l'ange changea du tout au tout. Il m'attrapa le bras, sa tête tournant dans tous les sens à la recherche d'un signe que l'apocalypse débutait.

- De quoi ? On est attaqué par des démons ? C'est incroyable que même pendant l'anniversaire des Winchester, on ne puisse pas être tranquilles ! Je dois rejoindre Dean au plus vite, dit-il en me repoussant.

- Non, rien d'aussi grave Castiel ! Dis-je en le retenant. J'ai juste oublié d'acheter un cadeau pour Hope ... Tu n'aurais pas une idée ?

Castiel fronça des sourcils, semblant me reprocher de l'avoir inquiété pour rien. Il haussa les épaules et répondit, avec sa bienveillance habituelle.

- Tu sais, ce n'est pas tant le cadeau qui importe, mais l'attention !

- De l'attention, je lui en donne, surtout pour la faire chier. Non, là, je pensais vraiment à un cadeau...

Castiel semblait chercher, mais rien ne venait. Il me conseilla de me rapprocher vers quelqu'un qui connaissait bien Hope avant de continuer son chemin. Je restais là, dans ce couloir, me lamentant sur mon sort. Hope n'était pas une enfant de chœur pour te rappeler que ton cadeau était pourri. La dernière fois, elle avait réussi à faire un photo montage de moi en train de me faire fouetter par un homme à tête-de-loup. Marrant, sur le coup, mais beaucoup moins quand elle en avait fait un poster qu'elle avait accrochée dans l'entrée du bunker.

Me rapprocher de quelqu'un qui la connaissait bien... WENDY !


Je me mis à sa recherche, avant de la trouver dans la bibliothèque. Elle semblait avoir fui Lola, elle aussi. Je lui attrapais le bras et l'emmenais dans un coin.

- Wendy, il faut que tu me dises ce que veut ma sœur pour son anniversaire !

- Sacha, pas la peine de me détruire le bras pour ça... Et je te rappelle qu'il y a encore une semaine, j'ignorais le trois quart de sa vie, alors...

Wendy semblait perdue. L'espace d'une seconde, je me rendis compte que je devais passer pour un fou. Mais un fou beau gosse quand même !

- Écoute, j'ai deux trois idées, mais on devrait y aller tous les deux. En plus, ta tante a décidé de nous traîner dans les boutiques, demain. Profitons-en ! Je te conseillerai en douce.

- Toi, t'es vraiment la meilleure ! M'exclamai-je en déposant un énorme bisou sur sa joue.

Ses joues devinrent rouge pivoine, et elle se dépêcha étrangement de ramasser son livre et de sortir.


La soirée se déroula sans encombre : j'avais trouvé le moyen de rattraper ma bourde, et même si j'étais encore un peu inquiet, cela ne se voyait pas avec le monde présent dans le bunker. Il était 4h du matin quand je me décidais à aller me coucher, bien alcoolisé. En faisant la bise à tout le monde, je remarquais Peter qui tentait de battre Dean à un concours de tequila. Quel idiot !

En me dirigeant vers ma chambre, je remarquais que l'ambiance avait vraiment changé depuis que le bunker s'était rempli de toutes ces âmes en émoi dans l'idée de pouvoir créer une école de chasseurs. Vivre à 4 était difficile, car le lieu était grand. Cela manquait souvent de vie. Mais à mesure que les gens arrivaient, je croyais de plus en plus à cette folle idée.


Arrivé devant la porte de ma chambre, j'allais la pousser quand j'entendis un cri. Il venait de la chambre de Wendy. Très vite, j'accourus et ouvris la porte, armé de ce que j'avais pu trouver au passage : un morceau d'Asmodeus transformé en bible. En entrant, je découvrais que le danger venait de la demoiselle elle-même.

- Non, s'il vous plaît, pas eux... Pitié, laissez-les partir...

Pas besoin d'avoir un doctorat pour comprendre qu'elle revivait la mort de ses parents. Silencieusement, je m'approchais d'elle, admiratif de son sang-froid face à la douleur et au questionnement qui se voyaient davantage sur Peter. Je la pris délicatement dans mes bras, en tentant de la calmer. Elle était en sueur, et pourtant cela ne me dégoûtait pas.

- Du calme, Wendy, je suis là. Tu n'es pas seule à présent, murmurai-je en la calant mieux dans mes bras.

Mais elle dormait toujours, et ses mouvements pour se débattre s'amplifiaient à chaque seconde. Son rêve devait être difficile. Soudain, ses bras bougèrent dans tous les sens, l'une de ses mains claquant mon visage. « Beau coup » me disais-je en repoussant ses bras le long de son corps.

- Je ne veux pas mourir, pitié ! Lâcha-t-elle dans un cri étouffé par un sanglot.

En général, je me moquais bien des filles et de ce qu'elles pouvaient ressentir. Hope était une exception. Mais pour Wendy, c'était différent. Je réalisais que depuis quelques jours, je ne la voyais plus comme la copine chiante de ma sœur, ou comme celle qui avait un béguin pour moi. Non, je la voyais telle qu'elle était, avec ses qualités et ses défauts. Elle avait été là pour moi, après ma colère au lycée, et elle avait su m'écouter quand j'en avais le plus besoin. C'était à mon tour de lui montrer qu'elle pouvait compter sur moi.


Son rythme cardiaque s'accéléra brutalement, et je reconnus immédiatement le premier symptôme d'une crise de panique. Hope en avait fait régulièrement, ce qui n'était pas surprenant en prenant en considération notre développement extrêmement rapide et notre compréhension différente du monde. Et il existait deux solutions dans ce genre de situation : une baffe ou un baiser. Le tout restait de surprendre la personne pour que son cœur se calme d'un coup. Mon choix se porta sur la deuxième solution. J'approchais lentement mon visage du sien et déposais mes lèvres sur les siennes. Ses cris s'arrêtèrent d'un coup, et elle ouvrit difficilement les yeux.

- Je... Sacha... Qu'est-ce que tu fais là ? Murmura-t-elle en tentant de se détacher de mes bras. Pourquoi tu m'as...

- Tu paniquais, Wendy. J'ai cru bon de t'aider à te réveiller.

- Oh, je... merci, répondit-elle en rougissant, ses yeux n'osant pas soutenir mon regard inquiet.

Je me décalais pour me relever, la laissant s'allonger correctement dans son lit. Alors que je m'apprêtais à sortir, j'entendis Wendy.

- Attends, Sacha. Tu peux rester à mes côtés, le temps que je me rendorme ? Demanda-t-elle.

Je hochais la tête, silencieux, et me rasseyait à ses côtés, sur le bord du lit, la prenant doucement dans mes bras. Je lui murmurai que je serais là, en cas de besoin. Tout en la regardant dormir, je réalisais quelque chose.

Nous les Winchester, nous avons des vies trépidantes. Nous nous cachons derrière des habitudes de vie, pour essayer de garder un pied sur terre face aux nombreux dangers que nous affrontons. J'aurais pu me servir de Wendy comme d'un nouveau trophée. Mais plus maintenant. Wendy faisait maintenant partie de mon quotidien, et je me devais de lui apporter soutien et réconfort, sans arrières-pensées.

Peut-être que finalement, cette idée d'école avait du bon. Peut-être qu'elle pouvait nous rendre tous un peu meilleur. En tout cas, pour ma part, ça commençait déjà à fonctionner.  

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Retour de Plume d'or. Que pensez-vous de ce chapitre ? De la relation Sacha-Hope ? Ou avec Wendy ? 

Un vote, c'est une fausse alerte à l'apocalypse pour Castiel. Pensez-y !

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