Après tout ce qui s'était passé, sortir du bunker et disparaître une dizaine d'heures fût ma meilleure idée depuis bien longtemps. Ainsi, j'avais pu passer ma soirée du samedi au dimanche avec Jessica. Nous enchaînions des moments d'intense plaisir, entrecoupés de longues conversations qui portaient tous sur un seul sujet : ma sœur. Je ne pouvais malheureusement pas tout lui expliquer, et elle se contentait bien du peu que je lui donnais.

Voyant l'heure et Jessica qui dormait encore, je décidai de revenir au bunker. Fermant la porte, je descendis les marches à pas de loup, me doutant qu'à cette heure de la matinée, personne ne devrait être encore réveillé. Il ne fallait pas compter sur ma mère qui m'attendait, assise à la table des opérations.

- Sacha, je peux savoir d'où tu viens ? M'interrogea-t-elle alors que je la remarquais et que mon corps se transformait en statue.

- J'étais chez Jessica maman..., murmurai-je, sentant la tempête arrivée.

- Non mais t'es totalement inconscient Sacha ! Avec ce qui s'est passé vendredi, tu oses te barrer, comme ça, sans prévenir ? S'écria ma mère, qui semblait se retenir de ne pas trop pousser sur sa voix pour ne pas réveiller les autres.

- Je suis désolé maman...

- Et c'est tout ? Pas un mot ? Même pas un petit sms ? Bordel de... Tu sais qu'avec ton père, on vous fait confiance à partir du moment où vous nous expliquez ! Arrête d'être égoïste bon sang de...

À ce stade de la discussion, parlementer avec ma mère avait autant d'intérêt que de laisser un vampire nous mordre pour un don du sang. Je me dirigeais donc vers ma chambre, en la laissant grogner de son côté. 

C'est à ce moment-là que Peter sortit de sa chambre. Il s'avança vers moi en baillant.

- Qu'est-ce qui se passe ? J'ai entendu des hurlements...

- Rien de grave, ne t'en fais pas, le rassurais-je.

- Ça tombe bien que je te croise en fait... J'aimerais bien avoir quelques conseils de ta part pour gérer au mieux cette vie de chasseur, avoir des astuces pour les combats et d'autres trucs éventuellement... Tu sembles t'y connaître.

- Écoute mec, ce n'est pas trop le moment... Je suis crevé, je n'ai pas beaucoup dormi. Pour le combat, demande à ma sœur, elle est bien plus pédagogue que moi.

C'est sur ces mots que je claquais la porte sèchement, avant de m'écrouler sur mon lit. J'étais épuisé, et devoir expliquer des éléments techniques à des débutants n'était pas le genre de choses à faire aussi tôt. Je m'endormis ainsi, me reposant une bonne partie de la journée.

Le lundi matin fut, pour une fois, une véritable libération. Sortant de l'Impala en claquant la porte, après un léger regard pour les autres, j'allais rejoindre mes potes, ayant besoin d'allumer une cigarette avant de subir cette journée qui s'annonçait longue et ennuyante.

- Alors mec, la soirée a fini en feu de joie apparemment ? Tu as pu te faire Jessica, quand même ? Me demandèrent mes potes à tour de rôle.

Je décidais de leur en dire le moins possible sur l'accident, profitant pour en rajouter des tonnes sur ce que Jessica m'avait fait afin de les détourner du véritable problème. Jody avait aussi fait du bon travail en faisant taire les bruits parasites.

Après avoir fumé ma clope, je traînais ma carcasse jusqu'au cours. Jessica me rejoignit avec un grand sourire aux lèvres. Était-ce ma performance de ce week-end qui la rendait si joyeuse ? J'osais lui poser la question.

- Oh, un truc de fille, me répondit-elle avant de me voler un baiser.

Je ne remarquais pas de suite l'absence de ma sœur et de sa meilleure amie. Ce fût quand le professeur de français les appela que je compris qu'il se passait quelque chose de bizarre. Ma sœur ne raterait jamais un cours, sauf au bord de la mort. À mesure que le temps filait, mon inquiétude prenait des proportions inimaginables. Finalement, vingt minutes avant la fin de l'heure, Wendy arriva, s'excusant de son retard. Elle s'installa et tout de suite, son regard vira sur la place vide à côté d'elle. Encore plus étrange, ma sœur et elle étaient pratiquement collées l'une à l'autre. Son absence n'était pas normale, et il fallait que j'enquête.

Jessica remarqua que je n'avais pas la tête au cours et que je ne réagissais pas à sa main sur mes genoux. À peine sorti de la salle qu'elle m'emmena dans les toilettes pour me détendre. C'est là que je compris qu'elle agissait anormalement. Elle me collait en permanence, comme un chewing-gum sur une chaussure. Son comportement était des plus étranges, elle qui pourtant passait du temps avec ses copines.

Alors que nous nous apprêtions à faire des cochonneries sur un des bancs du terrain de football, je fus interrompu par les bruits de dispute juste derrière les buissons, dans une partie du lycée en rénovation. Je prétextais à Jessica une envie de pisser, et en profitais pour me cacher afin de voir qui se disputait. Je découvris, surpris, Peter plaquant un grand brun contre un mur en le menaçant. Je m'approchais pour lui parler, mais le type en profita et rentra à l'intérieur du bâtiment encore en travaux. Peter jura et m'expliqua qu'il cherchait Hope qui avait disparu. Je le suivis à l'intérieur du bâtiment.

Nous découvrîmes, en explorant les pièces, Hope enfermée dans un placard. Son visage exprimait la peur, et je sus immédiatement qu'elle venait de vivre un des pires moments de sa vie. Peter m'expliqua que Jessica était mêlée à cette mauvaise blague. Je ne le crus pas tout de suite, restant silencieux, jusqu'à que j'entende la voix de mon plan cul derrière mon dos.

- Bah alors Hope, tu n'as pas apprécié ma blague ?

Je fis volte-face. Jessica était accompagnée de deux costauds, deux mecs de mon équipe :  sûrement ses complices. Je la regardais, furieux, et m'écriais.

- Dis-moi que tu n'as pas enfermé ma sœur dans ce placard.

Elle semblait hésiter, puis finalement éclata de rire en compagnie de ses deux complices.

- Voyons chaton, c'était juste une blague. Tu semblais tellement en colère contre elle que j'ai voulu t'aider...

- Elle déteste les espaces clos. Elle aurait pu mourir d'angoisse pauvre conne !

C'est à ce moment précis que Hope décida de fuir le lieu, tremblante. Peter la suivit sans rien dire, me jetant un regard de celui qui vous juge pour vos actes. Jessica continua :

- C'est ça, fuyez, et ne venez plus emmerder mon chaton.

- Je ne suis pas ton chaton. Je n'accepte pas que des lâches s'attaquent à ma sœur.

Agacé, un des deux garçons s'approcha de moi pendant que Jessica me regardait, sidérée et énervée. Il essaya d'abattre son poing sur moi, mais je lui attrapais et le retournais dans son dos. Je le poussais ainsi dans le placard et fermais la porte avec un sourire. À peine retourné que le poing du deuxième garçon faillit me cueillir. Je fis une esquive et lui donnais un coup de pied dans le tibia. Celui-ci s'écroula par terre en poussant un hurlement de douleur. Je m'approchais alors de Jessica, qui s'était collée à un mur, effrayée. Mon poing partit tout seul et s'écrasa dans le mur, à quelques centimètres de son visage.

- Je peux accepter les moqueries, les sous-entendus bêtes et méchants où les petites blagues tant qu'elles ne sont pas blessantes. Mais faire du mal à ma sœur, c'est impardonnable.

Je reculais alors le poing, ma peau couverte sang coulant le long des doigts. Jessica me regarda comme si j'étais un monstre. Elle s'écroula sur le sol en poussant un cri, pendant que je sortais du bâtiment, silencieux.

À peine dehors que la main de ma sœur vint me cueillir en plein visage. Sonné, j'entendis tout un tas d'insultes et de mots difficiles à avaler : que je n'étais pas son frère, qu'elle aurait pu crever, je n'aurais rien fait... Elle n'était pas au courant de ce qui s'était passé à l'intérieur, et je préférais me taire, la laissant s'en aller ensuite.

Peter la suivit. Cependant, Wendy, qui avait observé la scène, resta et vit mon poing ensanglanté.

- Qu'est-ce que tu t'es fait ?

Je lui racontais alors ce qui s'était passé à l'intérieur. Elle murmura.

- Eh bien, tu n'y vas pas de main morte, quand t'es en rogne. Mais je savais bien que tu n'étais pas le connard fini que tu t'entêtes à être au quotidien.

- Je sais que je n'agis pas toujours pour le mieux, soupirai-je. Pourtant, je sacrifierais tout ce que j'ai pour elle. Mais elle avait raison, je n'ai pas réagi suffisamment tôt. J'aurais dû m'inquiéter avant de son absence.

- Sacha, tu as fait de ton mieux. Hope est comme ça, elle aime son indépendance et sentir qu'elle peut se débrouiller seule... 

Elle regarda le ciel bleu et chercha ses mots. Puis avec un sourire, elle finit.

- Elle disait que tu étais bon à rien. Finalement, la couche sera moins épaisse à gratter pour faire resurgir en toi le frère qui lui manque tant.

Face à ces paroles, je fus surpris. Je ne pensais pas Wendy comme ça, aussi forte de caractère et d'esprit.

Je la regardais dans les yeux, intrigué, avant de répondre.

- J'espère... Et maintenant, tu sais que ma sœur est claustrophobe.

- Oui, d'ailleurs, je suis surprise qu'elle ne m'en ait jamais parlée ! Tu me racontes pendant qu'on retourne en cours ?

Je hochais la tête et la suivis pour le prochain cours de la journée.

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Sacha fini quand même par réagir. Que pensez-vous de sa réaction ? 

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