8. Faîtes.
Lentement, je tournai la tête vers Louis. Son regard m'évitait, se posant sur sa fille. Louis Auguste se tendit contre moi, avant de s'écarter, me fixant. Devant la tension qui venait d'envahir la pièce, je m'empressai d'embrasser la petite joue de Louise Marie Anne :
« - Voyons, mon cœur... Ce n'est point raisonnable. »
Son regard s'attrista. Je vis sa bouche se tordre de déception, alors caressai ses cheveux :
« - Mais ce n'est pas grave, je t'assure. Puisque toi, tu me fais des câlins.
- Vraiment ? »
Elle leva ses yeux vers moi. Aussitôt, j'embrassai son nez, le cœur serré :
« - Je te l'assure. D'ailleurs... J'en aimerais bien un autre. »
Aussitôt, elle me sauta au cou. Je la repris dans mes bras, évitant de tourner la tête vers Louis. J'avais l'impression de me retrouver au début, lorsque je venais tout juste d'arriver, et que je n'osais le regarder... Je déglutis, puis soulevai Louise Marie Anne dans mes bras en étirant un sourire :
« - Que dirais-tu de sortir un peu ?
- Oui ! »
Lentement, je me relevai, et osai enfin me tourner vers Louis. J'inspirai profondément devant son regard froid, puis murmurai :
« - Majesté ? Puis-je...
- Faîtes. »
Juste un mot, prononcé avec détachement.
Je m'empressai de sortir de la pièce, tenant fermement la petite dans mes bras. Elle s'accrocha à moi en riant, et s'écria :
« - Oui ! Dehors ! »
Je sortis de la demeure, me forçant à adopter un pas mesuré. Je n'allais certainement pas courir.
Une fois dans les jardins, je m'éloignai légèrement pour m'asseoir dans l'herbe. Je couvris le petit visage de Louise Marie Anne de baisers, lui arrachant des éclats de rire. Elle finit par gigoter en s'exclamant :
« - Non, Lottie ! Je veux jouer ! »
Je la lâchai en souriant, et elle se leva rapidement pour courir autour de moi en riant et sautillant. Attendrie, je la suivis du regard. Elle était adorable.
Je sursautai quand une personne s'assit à mes côtés. En tournant la tête, je reconnus mon frère. Il embrassa ma joue, puis me demanda en souriant tristement :
« - Comment vas-tu, ma Lottie ? »
Je déglutis difficilement. La menace de Louis me revint soudain en mémoire, alors je soufflai :
« - C'est fini, Geoffroy... »
Il prit aussitôt ma main entre les siennes tout en tournant la tête pour sourire à Louise Marie Anne, et me demanda d'un ton inquiet :
« - Pourquoi dis-tu cela ?
- Louis... Il a menacé de me bannir si... Si je faisais la moindre erreur. »
Il eut une exclamation de surprise, avant de prendre mon menton entre ses doigts pour me forcer à le regarder :
« - Pourquoi ? Comment a-t-il pu faire cela ?!
- C'est... J'étais occupée à m'expliquer à Athénaïs, et... Elle m'a avoué que c'était elle qui avait tout manigancé ! Mais... Elle a soudainement eu l'air effrayée, et... Je me suis énervée après elle, mais... J'ai entendu Louis qui m'ordonnait de m'arrêter. »
Geoffroy fronça les sourcils, avant d'écarquiller les yeux :
« - Je n'y crois pas... Elle t'a manipulée devant les yeux du souverain, et... Il n'a rien vu ?!
- Non, il... Il a menacé de m'exiler si jamais je m'en prenais de nouveau à Athénaïs... »
La tristesse me noua la gorge. En reparler, y repenser était si dur ! Je reniflai, mais refusai de pleurer. J'avais déjà bien trop pleuré pour un homme qui m'avait rejetée comme si je n'étais rien. Alors je pris une grande inspiration, et murmurai :
« - C'est fini... Et je refuse d'être éloignée des enfants. Alors...
- Tu agiras comme s'il ne s'était rien passé. »
Il semblait attristé pour moi. Je serrai les dents, avant de souffler :
« - J'y arriverai.
- Je sais, Lottie... Mais je sais aussi que cela n'aurait jamais dû se passer ainsi. »
Mon frère avait un air furieux. Il pressa plus fort mes doigts :
« - Tu aurais dû être heureuse. Le roi t'aimait, tu l'aimais, et... Et cette garce a tout détruit !
- Geoffroy, je t'en prie... Cela ne sert à rien de t'emporter. Elle aurait fini par l'apprendre, et... Elle aurait quand même tout détruit. »
Je baissai le visage. C'était la vérité. Dans tous les cas... Mon amour avec Louis n'aurait été qu'une agréable parenthèse de ma vie. Jamais cela n'aurait pu durer. Ou devenir plus que cela.
Geoffroy eut un soupir attristé :
« - Ne veux-tu vraiment pas te battre ?
- J'ai perdu d'avance ! Tu as bien vu, il... Il refuse même de m'écouter, de me regarder ! C'est... C'est ce qu'il y a de mieux à faire pour nous deux. Je le sais.
- Cela te détruit, Lottie. »
Il avait également raison. Je déglutis, avant d'essayer d'afficher un visage neutre :
« - Ne dis pas de bêtises. Je suis forte.
- Et fragile à la fois.
- Cela ne sert à rien d'en parler. Alors... Changeons de sujet, je t'en prie... »
Il soupira, mais resta silencieux.
Dans une tentative pitoyable de détourner son attention, je lui demandai doucement :
« - Et... Comment va Henri ? »
Je vis aussitôt un sourire se peindre sur le visage de mon frère, qui répondit :
« - Très bien. Il est... Gentil. Vraiment gentil. Et drôle, et... »
Pour la première fois de ma vie, je le vis rougir. Je me plaquai une main sur la bouche, avant de secouer la tête en riant :
« - Non, je ne veux pas de détails ! »
J'éclatai de rire devant la mine penaude de Geoffroy. Et j'entendis Louise Marie Anne se jeter dans ses bras :
« - Geoffroy ! Pourquoi Lottie elle rigole ?
- Pour rien, ma puce. Ne t'inquiète pas. »
Il embrassa son front, avant de la faire sauter dans ses bras. Elle éclata de rire. J'essuyai mes paupières, attendrie par la douceur dont faisait preuve mon frère. Elle aurait presque pu être sa fille.
Je jouais distraitement avec la dentelle de ma jupe quand j'entendis Louise Marie Anne réclamer mes bras. Aussitôt, je la pris contre moi en souriant, et embrassai son front, respirant sa douce odeur d'enfant. Elle se blottit contre moi en bâillant. Je caressai doucement ses cheveux en écoutant Geoffroy :
« - J'ai rencontré un ami de Henri, qui s'appelle Gabriel. Il est gentil, et un violoniste hors-pair. Il est à la Cour pour trouver une femme, mais... Aucune ne lui plaît.
- Est-il... Comme toi ? »
Je n'osais parler de cela devant la petite. Il secoua la tête en souriant :
« - Non, je peux te l'assurer. Mais je pensais à quelque chose. Peut-être pourrait-il venir ici, avec nos amis musiciens, pour distraire un peu les enfants ? Et... Et te distraire ? »
Je levai les yeux vers lui, la gorge nouée. Il me fixait, les yeux emplis d'inquiétude. Je secouai la tête :
« - Je vais très bien. Mais pour les enfants, c'est une bonne idée... Cela fait longtemps qu'ils n'ont pas entendu de musique.
- Moi j'aime bien la musique ! »
En souriant, j'embrassai le front de Louise Marie Anne :
« - Je sais, ma puce. Je regardai mon frère. Alors c'est d'accord. Préviens-moi juste de leur venue.
- Je le ferai. Tu verras, Gabriel est vraiment gentil. »
J'eus un sourire forcé, et murmurai :
« - Geoffroy... Je sais ce que tu essayes de faire.
- J'essaye juste de te rendre heureuse, définitivement. »
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Hey !
Geoffroy le cupidon !
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