4. Sommes-nous toujours des inconnus, ma tendre Charlotte ?
Je dirigeai mon attention sur l'homme qui se tenait nonchalamment enfoncé dans un fauteuil, le cœur battant. Et malgré la colère que j'éprouvais pour lui... Je devais admettre qu'il était beau. Il avait des traits équilibrés, de soyeux cheveux bruns et bouclés, et des yeux sombres. Ainsi qu'un charmant sourire aux lèvres.
J'inspirai profondément, et m'avançai vers lui en répliquant :
« - Elle-même.
- Et que me vaut le plaisir de ta visite, ma tendre amante ? »
Je me crispai, soufflée par l'audace de cet homme. Je m'arrêtai devant lui, essayant de rester calme :
« - Arrêtez. Je ne vous connais pas. »
Toujours en souriant, il se leva. Debout, il était bien plus grand que moi. Comme Louis. Mon cœur se serra. Je serrai les poings, tandis que ce Philippe se penchait vers moi en souriant :
« - Pourtant, moi... Je te connais. »
Il s'avança plus vers moi, mais je restai immobile. Je n'allais certainement pas lui faire le plaisir de reculer. Je me contentai de lever le visage vers lui en l'écoutant :
« - Je sais que tu as une peur terrible des chevaux, à cause de ta sœur. Tu fais des crises de panique, que tu ne peux apaiser qu'en chantonnant une comptine inventée par ton frère. Je connais même cette petite chanson, si tu te posais la question. »
Ses prunelles plantées dans les miennes, il chantonna doucement :
« - Un, deux, trois, je vais au bois. Quatre, cinq, six, les feuilles crissent. Sept, huit, neuf, je trouve un œuf. Dix, onze, douze... Je suis jalouse. »
Mon sang se glaça tandis qu'il continuait, toujours souriant :
« - Tu aimes les roses, surtout les rouges. Ta pièce préférée de Molière est Dom Juan, malgré ton caractère d'innocente. Tu rougis énormément, et lorsque tu es nerveuse, tu te mords la lèvre. Comme tu le fais en cet instant. »
Lentement, j'arrêtai de me mordiller la lèvre. Je sentais mon cœur battre irrégulièrement dans mes tempes. Avec un certain plaisir, il continua :
« - Ta couleur préférée est le bleu pâle. Ta pierre précieuse préférée ? Il fit mine de réfléchir. L'émeraude. Tu n'aimes pas les bijoux trop extravagants ou trop rutilants. »
Il se pencha un peu plus vers moi. Tandis que son visage se rapprochait du mien, je sentais ma respiration se faire de plus en plus heurtée. Ses lèvres effleurèrent les miennes. Je déglutis, fixant ses prunelles noires, incapable de bouger, et l'écoutai me susurrer, frôlant ma bouche à chaque mot :
« - Tu as également une magnifique tâche brune de la forme d'une lune presque pleine sur la fesse droite. Ainsi qu'une autre tâche, plus claire et plus ronde, juste là. »
Je sentis son doigt caresser le dessous de mon sein gauche. Ses prunelles se firent sauvages, et sa main vint se poser sur mon sein :
« - Il se trouve que t'ayant prise et possédée dans plusieurs positions, chacune différente... Je remarque des tâches, des cicatrices... Comme celle que tu as juste ici. »
Sa main glissa lentement. Je pris une brusque inspiration lorsqu'il glissa sa main entre mes jambes pour caresser ma cuisse gauche en murmurant contre mes lèvres :
« - Cette cicatrice ? C'est toi-même qui te l'es faite, en tombant d'un arbre, alors que tu jouais avec ton frère et ta sœur. Une branche t'a blessée jusqu'ici. »
En parlant, il avait fait glisser ses doigts du haut de ma cuisse, presque sur mon intimité, au milieu de ma cuisse. J'étais incapable de bouger, ni même de parler. L'entendre me dévoiler un à un chaque détail, chaque secret me pétrifiait de terreur.
Son sourire se dissipa tandis qu'il me soufflait, s'amusant presque de la peur qu'il devait lire dans mes yeux :
« - Tu en as une également ici. Juste au-dessus de ta ravissante croupe. »
Il glissa brusquement sa main sous ma jupe, sous mes jupons. Avant que je n'aie le temps de réagir, ses doigts avaient trouvé la cicatrice qui se trouvait dans le bas de mon dos. Je m'agrippai instinctivement à sa veste. Un hoquet étouffé s'échappa de mes lèvres, vite étouffé par les siennes, qui s'amusèrent à me susurrer :
« - Celle-ci ? C'est à cause de ton père. Il t'avait poussée, ne mesurant pas sa force, et ta faible résistance d'enfant de cinq ans. Tu as trébuché sur ton jupons, glissé, et es tombée dans les escaliers. Les marches t'ont laissé cette fine cicatrice. »
Il ôta sa main de contre ma peau pour prendre mon menton entre ses doigts, relevant mon visage vers le sien. Il aurait pu, à cet instant, m'embrasser. J'étais incapable de bouger. Mais il préféra me souffler :
« - Et je sais également que tu as le vertige. Tu n'aimes pas les hauteurs. Et surtout... »
Son visage se pencha légèrement sur le côté. Il jouait avec moi. Il agissait comme un prédateur. Je déglutis difficilement, les yeux écarquillés dans les siens. Il leva légèrement le visage pour attraper ma lèvre supérieure entre ses dents, avant de murmurer :
« - Tu as toujours été éprise de l'ami de ton frère, Pierre-Henri. Qui malheureusement est décédé dans un duel. »
Ma respiration se bloqua dans ma poitrine. Je ne l'avais dit à personne. Pas même à Geoffroy. Et certainement pas à Louis. Je croisai le regard intense, sauvage de ce Philippe. Il s'amusait. J'entrouvris la bouche, et soufflai, le cœur battant :
« - Comment... »
Un fin sourire étira ses lèvres. Il eut une moue presque caressante qui me terrifia, et répondit en prenant soin d'effleurer sa bouche de la mienne :
« - Comment ? Mais parce que je suis ton amant, ma tendre Charlotte. Tu m'as avoué tout cela après nos étreintes passionnées. Tu aimes parler alors que je te prends toute entière. »
J'aimais parler à Louis après nos étreintes nocturnes. Et souvent, je parlais pendant qu'il me possédait.
Philippe continua, laissant ses doigts glisser le long de mon cou :
« - Tu abandonnes parfois les enfants dont tu as la charge pour venir ici, me rejoindre. Souvent, c'est l'inverse. C'est moi qui vient. Tu es étendue sur ta couche, en simple chemise, ta chevelure bouclée dénouée. »
Ses doigts glissèrent sur mon léger décolleté, pour s'arrêter sur ma poitrine. Il murmura contre mes lèvres :
« - Alors je verrouille la porte, je me déshabille, et je t'emprisonne dans mes bras. Je t'embrasse. Je parcours ton corps de mes lèvres. J'embrasse chaque tache, chaque cicatrice. Souvent... Je laisse la pointe de ma langue les caresser. Et alors, tu as de doux gémissements. Tu te tends contre mon corps. Tu me supplie d'arrêter. Alors je me place entre tes jambes, et... »
Sa main se crispa sur mon corsage, m'arrachant un hoquet étouffé. Ses prunelles sombres scintillèrent lorsque qu'il caressa ma bouche de la sienne, avant de plonger son regard dans le mien :
« - Je te prends. Toute entière. Tu te raccroches à moi, en enroulant tes jambes autour de mon bassin, tes bras autour de mon torse. J'embrasse ta gorge, ta poitrine. Parfois, je te mords, mais tu ne sembles pas t'en apercevoir immédiatement. Et puis, tu gémis mon prénom en me serrant contre toi. Alors, je sais que tu vas me dire que tu m'aimes. Et tu le fais invariablement. Ensuite, tu as un cri de plaisir, qui fait trembler ta gorge. Gorge que je m'empresse d'embrasser, avant d'embrasser tes lèvres. »
C'était ce que faisait Louis. Toujours. Dans cet ordre bien précis.
Philippe me susurra, une lueur brûlante au fond de ses prunelles :
« - Alors... Sommes-nous toujours des inconnus, ma tendre Charlotte ?
- Comment... »
J'étais incapable de parler. Il connaissait tout. Tous mes secrets, mes cicatrices, mes taches, mes habitudes... Tout. C'était comme si j'étais nue devant lui. Je soufflai, paniquée devant ses lèvres qui semblaient apprécier effleurer les miennes :
« - Comment savez-vous...
- Mais je te l'ai dit. Nous sommes amants. Tu n'as aucun secret pour moi.
- C'est impossible... »
Je fermai un instant les yeux, la respiration saccadée. Voilà pourquoi Louis l'avait cru. Parce qu'il connaissait chaque détail de mon corps et de ma vie. Sa voix me parvint tandis que son souffle disparaissait de devant ma bouche :
« - J'ai été très déçu d'être ainsi interpellé par le roi. Roi qui m'a appris quoi, à travers son comportement ? »
Je le sentis soudain prendre mon lobe d'oreille entre ses dents. Louis faisait aussi cela, avant de m'embrasser dans le cou. Par habitude, je ne pus retenir un léger gémissement. Je le sentis sourire contre moi, et il me susurra :
« - J'ai appris qu'il était aussi ton amant. Mais pour en être sûr, j'ai dévoilé quelques détails de... De ta charmante anatomie, et... J'avais raison. »
Je sentis une larme rouler sur ma joue, mais crispai mes paupières pour les garder fermées. Je refusais de croiser plus longtemps le regard de cet homme. Il me chuchota au creux de l'oreille :
« - Mais mes craintes sont dissipées. Maintenant... Tu n'es plus à lui. »
Je rouvris les yeux, terrifiée par son ton empli de désir. Il enroula brusquement un bras autour de ma taille, me pressant contre son corps. Mes membres refusaient de m'obéir. Je ne pus que le regarder approcher de nouveau son visage du mien. Il déclara d'un ton brûlant, tout contre mes lèvres :
« - Tu n'es qu'à moi, ma douce Charlotte. Et je compte bien profiter de ton ravissant corps. »
*************
Hey !
Okay, ce personnage est flippant... Mais sinon, que pensez-vous de toutes ces confidences ? De tous les secrets qu'il lui déballe ?
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