6 - Soupçons

Je contemple mon verre de jus de fruits, perdue dans mes pensées. L'animation qui règne dans la salle n'arrive pas à me changer les idées...

- Lucy ?... Lucy ?!

Je soupire. Qu'est-ce que je dois faire ? Ça m'énerve...

- LUCY !

- Hein ?! quoi ?! m'écriais-je en sursautant.

- Ça fait un moment que je t'appelle ! Qu'est-ce qu'il t'arrive ? Tu es de plus en plus bizarre ces derniers temps ! me reproche Mirajane depuis l'autre côté du bar.

- Je réfléchissais à partir en mission... soupirais-je.

Je mens clairement à la blonde platine mais comment lui parler d'un sujet épineux quand je ne peux pas lui dire que mon petit ami est un grand blond musclé répondant au nom de Luxus Drear ? Épineux dans le sens où j'ai de plus en plus l'impression qu'il me cache quelque chose. Pas un truc du genre « j'ai cassé une tasse », ou toute autre broutille insignifiante que j'oublierai quelques heures après, mais quelque chose de bien plus important. Ces dernières semaines j'ai remarqué des incohérences. Quand nous avons pris notre première douche ensemble par exemple. Juste après, il a dû partir voir le Maître. Il est revenu moins de dix minutes après. En soit ce n'est pas bizarre vu qu'il peut utiliser la foudre pour se déplacer. Non, le problème c'est que le lendemain j'ai eu vent de la réunion à laquelle il devait assister. Elle a duré environ quinze minutes. Tout le monde l'a vu entrer et sortir du bureau. Comment aurait-il pu être à deux endroits à la fois ? C'est là que je me suis souvenue que Mirajane et Cana m'avaient déjà parlé d'un événement similaire.

- Hum... Je vais laisser passer pour cette fois mais si quelque chose ne va pas tu devrais en parler à quelqu'un...

- La seule personne avec qui je veux en parler n'est pas ici... déclarais-je un peu trop sèchement en prenant congé.

Je me lève et me dirige vers le tableau des missions. Au moins je serais tranquille quelques minutes comme ça... Je fais semblant de regarder celles qui sont proposées même si j'ai de quoi payer mes trois prochains loyers. Mes pensées retournent à leur sujet initial : Luxus. En plus du problème de timing, il arrive parfois que j'ai l'impression qu'il oublie certaines choses. Pas des choses en général mais des choses qu'il a fait. Et puis il y a aussi sa lacrima. La semaine dernière quand il dormait encore, elle a sonné. Je n'ai pas pu résister à l'envie de jeter un œil et ce que j'ai vu m'a plongé dans une profonde incompréhension. Comment peut-il s'envoyer lui-même un message alors qu'il dort ?

Plein de petites choses font que je me pose de plus en plus de questions auxquelles je n'ai pas de réponse. Et le seul capable de me les fournir ne le fera sans doute pas...

D'un autre côté est-ce que ce ne serait pas moi qui me monterais la tête toute seule ? Peut-être que l'horloge n'était pas à l'heure, qu'il oublie certaines choses car il en a bien d'autres en tête, ou alors un soucis avec l'invention de Volen... Je lui cherche des excuses mais au fond de moi je sais qu'il y a anguille sous roche.

Je soupire encore en me demandant comment aborder le sujet avec lui quand j'entends le Maître râler après le Conseil depuis son bureau. Je fais demi-tour dans la seconde qui suit et me rends à son bureau d'un pas décidé. Comment j'ai pu ne pas y penser ? Son grand-père doit pouvoir m'aider ! Il pourra sans doute me rassurer... enfin, j'espère...

Personne ne fait attention à moi grâce à la nouvelle bagarre qui s'est déclarée dans le bar, ce qui me permet de gravir les marches quatre par quatre sans avoir à me justifier. J'atteins rapidement le bureau et frappe à la porte.

- Entrez ! entendais-je à travers la porte.

- Bonjour Maître... le saluais-je timidement en entrant.

- Ah ! Ma petite Lucy. Ferme la porte derrière toi s'il te plaît.

- Tout de suite Maître, dis-je en m'exécutant.

- Qu'est-ce qui t'amène mon enfant ? me demande-t-il sans préambule.

- Eh bien... En fait... J'aimerai savoir une chose...

Ma voix est faible et elle tremble. Je me triture les doigts en signe de nervosité. Maintenant que je suis face à lui j'ai du mal à m'imaginer lui demander si son petit-fils me fait des cachotteries. Mais en fait, est-il au moins au courant pour nous ?! Face à mon malaise apparent il soupire et croise les mains sur son bureau. Son regard devient grave, tout comme sa voix.

- Je suppose que tu veux me parler de Luxus... dit-il, perspicace.

- Eh bien... Oui... Mais... bafouillais-je en sentant mes pommettes changer de teinte.

- Je sais pour vous. À la guilde, il n'y a que les Raijin et moi à être au courant de votre relation. Sache cependant que tu es la meilleure chose qui soit arrivée à ma famille depuis plusieurs années.

Il me sourit de façon bienveillante et complice. Je me détends un peu et lui pose la question qui me travaille.

- Maître... Est-ce que vous savez si Luxus me ment ? Ou s'il me cache quelque chose ? demandais-je, un brin nerveuse.

- On peut dire ça, mais sache que ce n'est pas sans raison.

- Qu'est-ce que c'est ? Et quelle est cette raison alors ? le questionnais-je.

- Je pense qu'au fond de ton cœur tu le sais. Tu as compris plus de choses que tu ne crois. Tu ne sais juste pas comment les interpréter. Je te rappelle cependant que le Conseil nous a dans le collimateur. Les conseillers jugent notre guilde trop puissante et donc dangereuse... Comme tu le sais, depuis qu'il a été réformé, le Conseil essaye d'enrôler les mages les plus forts pour servir en tant que Chevalier runique. C'est en parti pour éviter toute rébellion contre la couronne. Certains mages refusent, comme mon fils et il en a payé le prix fort. Pour que sa descendance soit épargnée j'ai infiltré quelqu'un au sein même du Conseil. Cette personne a subtilement manipulé leur mémoire pour leur faire oublier certaines informations. Lucy, comprends bien ceci. Je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour protéger la guilde ainsi que ma famille. Si pour ça je dois dire un ou deux mensonges de temps en temps, qu'il en soit ainsi...

- Je ne comprends pas vraiment pourquoi vous me dites tout ça... Quel rapport avec ce que me cache Luxus ?

Il ne se départi pas de son sourire qui est devenu énigmatique et s'empare d'une feuille vierge ainsi que d'un stylo. Il se met à écrire quelques mots puis il me tend le papier qu'il a soigneusement replié. Je le prends et lui lance un regard interrogateur.

- Vas à cet endroit, dit-il. Tu auras bien plus de réponses là-bas. Mais promets-moi une chose avant d'y aller...

- Laquelle ? demandais-je, étonnée qu'il me fasse une telle requête.

- Écoute-les avant de juger...

- C'est promis Maître.

- Bien... En sortant, envoie moi Mest et Erza s'il te plaît.

Je hoche la tête et sors de la pièce en prenant soin de refermer derrière moi. Je range soigneusement l'adresse qu'il m'a confié dans la poche arrière de mon short et redescends au rez-de-chaussée. Je préviens les deux concernés qu'ils sont convoqués dans le bureau du Maître et pour éviter toute question a laquelle je n'ai pas envie de répondre, je m'en vais.

En partant de la guilde, mes pensées sont confuses. J'essaye de comprendre le sens des paroles du Maître. La tournure de certaines phrases laissent penser qu'elles ont un sens caché. Je regarde l'adresse qu'il m'a donné après avoir récupéré le papier dans ma poche et l'avoir déplié. Elle est située en bordure de la ville, près de la forêt. Je mets environ une vingtaine de minutes pour m'y rendre. En arrivant, je découvre une maison de taille moyenne et bien entretenue. Je m'approche de la porte mais au moment de frapper quelque chose me retient. Je plaque ma main sur ma bouche pour étouffer ma surprise. J'entends quelqu'un parler à l'intérieur. C'est une voix que je reconnais. Je ne comprends pas ce qu'elle dit mais c'est bien celle de Luxus et... on dirait qu'il se parle à lui-même ? C'est quoi ce délire ?!

Et pourquoi le Maître m'a envoyée chez lui ?! Je suis pas aidée franchement... Bon, je fais quoi maintenant ? Je peux pas rester plantée là toute la sainte journée, faut que je me décide. Je frappe ou je pars ? J'ai peur... J'ai peur que les réponses que je cherche gâchent tout. Cependant j'ai promis au Maître de les écouter avant de faire quoi que ce soit. Dans quelle galère je me suis encore fourrée dites-moi ?!

Bon... Quand faut y aller... J'inspire profondément et toque. J'attends en silence pendant quelques secondes avant que la porte ne s'ouvre finalement sur Luxus qui semble plus que surpris de me voir là.

- Bonjour Luxus...

- Qu'est-ce que tu fais là Lucy ? me demande-t-il, abasourdi.

- Je peux entrer, s'il te plaît ? C'est le Maître qui m'envoie...

La surprise fait place à la résignation sur son visage. Il a l'air si fatigué d'un coup... et si triste. Pourquoi ?

- D'accord, mais s'il te plaît, ne juge pas hâtivement ce tu verras...

J'ai l'impression que sa demande est une supplique... À quoi dois-je m'attendre ? Sa réaction n'a rien de rassurante. J'entre et, alors qu'il est dans mon dos en train de fermer la porte, je le vois devant moi. Qu'est-ce que...

- Lucy ?... me demande l'homme derrière moi.

- C'est quoi ce bordel ?... finis-je par demander d'une voix blanche.

- Lucy... commence celui en face de moi.

- Pourquoi il y a deux Luxus ?! le coupais-je.

- On est des jumeaux Lucy, disent-ils en même temps.

C'est un cauchemar, c'est ça ? Je suis en train de dormir et à cause de tous mes doutes je fais un mauvais rêve ! Je me mords la lèvre, pratiquement jusqu'au sang, pourtant je ne me réveille pas.

- C'est pas possible... pensais-je tout haut.

- C'est possible... pardonne-nous de ne pas te l'avoir dis, me dit celui qui m'a ouvert en se plaçant à côté de son frère.

- Lequel de vous est mon petit-ami ? demandais-je, le cœur battant et des sanglots dans la voix, en redoutant la réponse.

J'ai l'impression de commencer à comprendre et pourtant, dès que je tente de m'emparer de la solution, elle m'échappe. C'est comme essayer de garder de l'eau dans mes mains... Elle finit par s'écouler et disparaître.

- Assis-toi d'abord, s'il te plaît. Tu es pâle...

- Non ! Vous allez me répondre maintenant ! Avec lequel de vous deux je sors bon sang ?! hurlais-je en sentant mes larmes me bruler les yeux.

- Avec nous deux... avouent-ils faiblement comme s'ils se sentaient coupables.

- Alors... Avec... Avec lequel j'ai...

Je n'arrive pas à finir ma phrase mais à leur façon de réagir je comprends. J'ai eu des rapports avec les deux...

-  Pourquoi ?... demandais-je d'une voix brisée. Pourquoi vous m'avez fais ça ?!

- Parce qu'on est tous les deux amoureux de toi, m'explique le premier.

- Lucy... murmure le second en tendant sa main vers mon visage.

Je me recule pour qu'il ne puisse pas me toucher. Je suis bien trop en colère et blessée. Toute cette situation... Je ne comprends plus rien !

- Comment savoir si vous me dites la vérité ? Amoureux de moi ? Pourtant vous m'avez utilisée ! Vous m'avez menti !

Il laisse retomber son bras le long de son corps et me regarde, peiné.

- Mon prénom à moi c'est Laxus... se présente t'il d'une voix douce et douloureuse. Quand on s'est rencontré, tu courrais et tu m'as percuté. Je t'ai aidé à te relever. Je pense avoir commencé à t'aimer à partir du moment où nos regards se sont croisés.

- Et c'est moi Luxus... Notre rencontre à nous, c'était le même jour mais devant la confiserie. C'est moi qui t'ai proposé de boire un verre ensemble. Ton sourire m'a séduis immédiatement et ta façon d'être m'a achevé. Je suis tombé amoureux de toi ce jour-là aussi.

- Vous avez joué avec moi depuis le début... insistais-je, les poings serrés.

- Non, on est réellement fous de toi ! s'exclament t'il tous les deux avec véhémence. Ce n'est pas par choix que nous vivons ainsi. C'est par nécessité, ajoute Luxus.

- Je comprends plus rien ! Comment vous pouvez m'aimer tous les deux et faire ça ?! Me partager ! criais-je en m'entourant de mes bras dans le but de me protéger.

- Assis-toi et on te dira tout... On répondra à toutes tes questions. Écoute ce qu'on a à dire et ensuite tu feras ce que tu jugeras juste... On respectera ta décision, me promet Laxus.

Je les regarde tour à tour. Ils ont l'air anéantis. Malgré ma colère, les voir comme ça me brise le cœur. Quoi que je dise, j'aime quand même Luxus... ou Laxus ? Quand je les observe tous les deux, les mêmes sentiments m'assaillent. J'ai passé du temps avec eux deux. J'ai fais l'amour avec eux deux. Je suis tombée amoureuse de deux hommes sans le savoir ?...

Je m'assois sur le canapé et ils se mettent en face de moi, ni trop loin, ni trop près, de quoi me laisser l'espace vital dont j'ai absolument besoin. Luxus prend la parole le premier.

- On va te raconter notre histoire depuis le début. Ça t'aidera à y voir plus clair... commence t'il.

Je ne dis rien, préférant rester toute ouïe. Je ne veux pas perdre une miette de leurs explications. Je veux comprendre.

- Notre mère n'a pas survécu à notre naissance. Durant l'accouchement, les médecins se sont rendus compte qu'il y avait un problème avec ses bébés... avec nous. Elle n'arrivait pas à nous mettre au monde et perdait énormément de sang... Laxus et moi étions ce que l'on appelle des frères siamois... Nous étions reliés au niveau de notre visage. Nous sommes nés par césarienne et on nous a directement emmené pour nous opérer afin de nous séparer...

- Cependant, il s'agissait d'une opération lourde pour deux nouveaux-nés. Notre père venait de perdre sa femme, il refusait de nous perdre aussi. Par chance, il possédait une lacrima de Chasseur de dragon qu'il avait obtenu en récompense d'une mission. Le problème était de savoir à qui la transplanter...

- C'est moi qui l'ai reçu. Mais les médecins n'avaient pas prévu ce qui se passerait ensuite. La mutation qui me frappait à cause de l'implant s'est transmise à Laxus et une seconde lacrima s'est cristallisée dans son corps. Un fait inédit... Les premiers véritables jumeaux Chasseurs de dragons. Nous avons ensuite subis l'opération qui a fait de nous deux êtres à part entière.

- On pourrait croire que nous avons ensuite grandis comme des jumeaux normaux, mais non. Aussi loin que je me souvienne, nous nous sommes toujours considérés comme un seul esprit habitant deux corps distincts. Nous avons les mêmes goûts, ressentons les mêmes sentiments... Nous sommes liés métaphysiquement parlant.

- Comme tu le sais, il y a à peu près dix ans, il y a eu cet incident... Iwan, notre père qui nous avait élevé avec l'aide du sien, venait de mourir. Le Conseil voulait qu'il le rejoigne mais il a refusé par loyauté envers la guilde. Cette réponse ne leur a pas plu et il s'est fait lâchement assassiner. La guilde n'a pas cherché à le venger et dans nos esprits d'adolescents nous avons vu ça comme une trahison. Ils avaient préféré abandonner notre père pour sauver leur peau...

- Nous avons explosé... Nous avons déversé notre rage à tel point que nous étions totalement dominés par nos pouvoirs... Ce jour-là nous avons découvert la Force du dragon. Par notre faute, deux personnes sont mortes. C'est le vieux qui a réussi à nous maîtriser et à nous passer des menottes anti-magie.

- Malheureusement, l'information concernant notre puissance est remontée aux oreilles du Conseil. Ils ont exigé qu'on intègre les Chevaliers runiques...

- Notre grand-père n'a jamais voulu nous livrer en échange d'une paix chimérique. À la place, il a envoyé un espion spécialisé dans la manipulation de la mémoire. Il a falsifié leurs souvenirs, leur laissant croire que nous n'étions qu'une seule et même personne.

- Il leur a fait oublier l'accident, nous mettant ainsi à l'abris du danger. À partir de là nous étions obligé de nous partager une seule vie. Mais pour nous c'était naturel. La seule chose qui a réellement changé, c'est concernant les femmes. Nous étions attirés par les mêmes et notre mode de vie ne nous a pas laissé le choix. Aucun de nous n'aurait supporté de vivre pleinement alors que l'autre n'aurait pu vivre qu'à moitié...

- Un jour nous t'avons rencontrée... et nous sommes réellement tombés amoureux de toi, crois-nous Lucy... On savait que ça arriverait, le moment où tu découvrirais la vérité et où tu nous quitterais sans doute... Mais on garde quand même l'espoir que tu nous aimes assez pour nous pardonner.

- C'est peut-être présomptueux de notre part de penser ça... mais ce qu'on vit avec toi n'a pas de prix.

J'assimile leurs paroles. Pendant leur discours je n'ai pas pu les regarder. J'ai gardé ma tête baissée et j'ai fixé mes mains qui serraient mes genoux. J'ai imaginé la souffrance, la rage qu'ils ont dû ressentir en perdant leur père. Les mêmes sentiments que j'ai ressenti en perdant ma mère adorée. Leur résignation à vivre comme ils font. D'un côté, je comprends pourquoi ils ont agis comme ça. C'est vrai, techniquement tout le monde a droit au bonheur. Mais de l'autre, je leur en veux. Si ils m'aiment ils auraient dû me le dire. Ils n'ont pas confiance en moi ?... Mais comment j'aurais réagis ? Sans doute comme maintenant...

- Dis quelque chose, s'il te plaît... me supplie l'un d'eux.

- Vous dites... commençais-je en cherchant les mots. Vous dites que vous avez été séparés... au niveau du visage... Pourquoi vous n'avez aucune cicatrice ?

- On utilise un charme créé par Polyussica pour la masquer.

- Je veux voir ! exigeais-je en relevant la tête.

Les deux hochent la tête, résignés, et récupèrent un objet dans une poche de leur pantalon. Ils vont le déposer plus loin puis reviennent. En me refaisant face, je comprends mieux son utilité. L'un a une cicatrice au niveau de l'œil droit tandis que l'autre l'a au niveau de l'œil gauche. Compliqué de se faire passer pour une même personne avec un signe distinctif aussi apparent... Mais je ne peux pas m'empêcher de me dire que cette marque leur donne un certain charme.

- Mon ange ?

- Belle étoile ?

Tous les deux m'appellent par un surnom différent... Pourquoi mon cœur s'emballe en les entendant alors que je sais qu'ils sont deux dorénavant ? Non... ils ont toujours été deux en fait. Je suis vraiment amoureuse de Luxus et Laxus alors ? Le barrage des larmes que je retenais cède soudainement. Elles inondent mes joues. La seconde qui suit, je sens leurs bras autour de moi. Ils me prodiguent une chaleur réconfortante. La même que celle que je ressens quand je dors contre eux...

- Lucy... Il y a une dernière chose que tu dois savoir, me prévient Luxus d'une voix douce à mon oreille.

- Tu vas devoir faire un choix, poursuit Laxus sur le même ton contre mon épaule. Maintenant que tu sais tout... Nous ne pouvons pas plus nous cacher et... sortir avec une femme qui ne voudrait pas de nous deux n'est pas envisageable... Mais toi, est-ce que tu serais prête à nous accepter tels que l'on est ? À être notre petite-amie, à Luxus et à moi ?

J'entends ce qu'ils disent, mais je ne veux pas l'accepter. Je ne veux pas avoir à faire ce choix. J'étais si bien encore hier... Pourquoi ils me demandent ça ?!

- Je veux rentrer... sanglotais-je.

C'est les seuls mots que j'arrive à prononcer. Je veux être seule. C'est beaucoup trop à digérer d'un coup... Leur étreinte se desserre à contrecœur. J'en profite pour me lever d'un bon et me précipiter hors de chez eux. Je cours dans les rues sans faire attention aux gens autour de moi. Je ne sais pas comment j'ai fais mais à travers mes larmes j'ai réussis a retrouvé le chemin de mon appartement. J'entre en trombe à l'intérieur et fonce dans ma chambre après avoir refermé à clé. Je verrouille la fenêtre au cas où, ferme les rideaux dans un geste rageur et désespéré, et me laisse choir sur mon lit qui porte encore leur parfum, pour y déverser toute ma peine.

Chez les jumeaux...

On a regardé Lucy s'enfuir sans la retenir. Laxus est dans le même état que moi. Il ne parle pas, il fixe simplement la porte. Qu'est-ce qu'on croyait aussi ?... Quelle nous aurait renvoyé sur les roses en nous traitant de malades ? Qu'elle allait revenir presque immédiatement pour sauter dans nos bras ? Dans le premier cas ça ne colle définitivement pas à son caractère et dans le second, ça aurait été trop beau pour être vrai... Mais nous, que doit-on faire ? La laisser se débattre avec son esprit tourmenté ou la poursuivre ?...

Mon frère a dû arriver à la même conclusion. Il me lance un regard entendu et nous nous mettons en mouvement. Je me saisis d'une de ses épaules et nous changeons en éclair pour arriver sur le toit de son immeuble. On a pas l'intention de nous imposer mais on a besoin de savoir quelle est en sécurité chez elle. À cause de notre ouïe surdéveloppée nous entendons ses pleurs. Ses sanglots déchirants tout comme les hurlements qu'elle tente apparemment d'étouffer dans son oreiller. Ils nous brisent le cœur... Mais on mérite un tel châtiment. Elle a raison de nous repousser comme elle l'a fais... On a tenté d'être heureux à notre manière tout en sachant que ça ne pourrait pas durer indéfiniment... C'est simplement le revers de la médaille. Notre punition, c'est la douleur qu'elle ressent. C'est également notre culpabilité car c'est notre faute si elle souffre.

Mais on ne peut pas renoncer à elle tant qu'elle ne nous aura pas dis clairement que c'est fini entre nous. En attendant, nous la veillerons comme deux dragons gardant un trésor... Comme deux dragons essayant de protéger ce qu'ils ont de plus précieux au monde...

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top