- Quoi ?

C'est la seule chose qu'est capable de dire Luxus. Il fixe son frère, abasourdi par ce qu'il vient de lui apprendre, n'osant pas y croire. C'est également mon cas d'ailleurs. Cette nouvelle balaie toutes les idées salaces qu'il pouvait avoir et le fait se lever précipitamment, oubliant totalement sa nudité et celle de son frère. Il prend son jumeau par la nuque et colle son front au sien, lui ordonnant de lui jurer que ce n'est pas une farce. Sa voix est hésitante, remplie d'émotions qu'il avait dû refouler depuis des années. Laxus l'agrippe de la même manière et lui confirme que ce n'est pas une blague. Le Maître a rassemblé tout le monde après que le Conseil ai été réformé une nouvelle fois sur ordre du Roi, bannissant l'intimidation et les massacres, mais aussi les recrutements forcés, les rendant intouchables. Ils vont pouvoir se montrer ensemble en public, faire des missions en fratrie, ne plus avoir à dissimuler leur vrai visage...

Je ne me suis pas rendue compte sur l'instant que je m'étais mise à pleurer doucement en les voyant aussi bouleversés. Avec leurs pouces, ils ont récolté mes larmes salées en comprenant ce à quoi je pensais. J'allais pouvoir être avec eux deux, et pas seulement un, à la vue de tous. J'allais essuyer les critiques mais je m'en moque. L'amour est un sentiment qui ne se contrôle pas. J'ai la chance d'être aimée par deux hommes et de pouvoir répondre à leur amour dans une relation à trois où jamais aucun des deux ne sera jaloux de son jumeau.

- Lucy... ma belle étoile. Il faut s'habiller. Notre présence est requise maintenant qu'il leur a tout dis.

- Et ne t'inquiète pas mon ange, on restera avec toi.

J'acquiesce et me laisse entraîner dans la salle de bain. Je prends ma douche avec Luxus. Rien de sexuel, seulement un moment de tendresse tandis qu'il me lave tendrement les cheveux avant de les rincer et de m'offrir un doux baiser rassurant. Laxus prend notre place tandis qu'on va s'habiller. Je ne sais pas quoi mettre ceci dit... Laxus revient dans la chambre que je ne suis toujours pas décidée. J'ai seulement enfilé des sous-vêtements. Finalement c'est eux qui choisissent pour moi. Ils me présentent un haut manches longues de couleur rose pâle dévoilant mes épaules mais cachant la plus grande partie des preuves de notre passion nocturne ainsi qu'un short noir et mes bottes de la même couleur. Eux se sont rhabiller comme la veille, n'ayant pas d'autres affaires.

- Prête ? me demande Laxus. Ou tu veux te maquiller ?

- Je vais juste mettre un peu de rouge à lèvres, lui indiquais-je en retournant dans la salle de bain.

Mais finalement, par automatisme sans doute, je me maquille comme à mon habitude sans rien oublier. Je ressors et vois les deux m'attendre patiemment avec un doux sourire. Ils relèvent la tête et me font signe qu'on y va. J'attrape mes clés et mon fouet que j'accroche à ma ceinture et les suis. Dans la rue les deux me prennent la main et je ne me soustrais pas à eux en dépit des gens qui nous dévisagent. L'annonce comme quoi Luxus a un jumeau a déjà dû faire le tour de la ville. Ils ne sont pas choqués de les voir, mais ils le sont en voyant nos doigts entrelacés. On fait un crochet par chez eux pour qu'ils se changent puis, à mesure qu'on se rapproche de la guilde mon cœur bat plus fort. J'ai l'impression qu'il va jaillir de ma poitrine et que mon estomac va se tordre. J'appréhende. Nous arrivons rapidement aux portes qui me paraissent encore plus grandes qu'à l'accoutumée. Les deux m'embrassent l'un après l'autre, sans doute pour me donner du courage et pour retrouver le leur, puis ils les ouvrent avec leur pieds, comme à leur habitude.

Tout le monde se retourne vers nous. J'essaye de garder un visage impassible comme mes dragons. Je vois bien que certains sourient, l'équipe des Raijins par exemple, tandis que d'autres nous dévisagent comme si nous étions des monstres, les Strauss en tête de liste. Mes amants resserrent leurs doigts sur les miens et avancent en direction de l'étage. Personne ne parle. Je n'ai jamais entendu la guilde aussi silencieuse. Nous montons tous les trois les escaliers sous les regards lourds de reproches de plusieurs de nos camarades et entrons dans le bureau du Maître. Celui-ci relève sa tête de sa paperasse et nous accueille avec un grand sourire, nous demandant de refermer la porte.

- Salut le vieux, disent-ils en même temps que je l'appelle « Maître » une fois qu'on lui a obéis.

- Alors c'est vrai ? Ça se passe réellement ? poursuit Luxus.

- Oui. C'est réel. Le Roi a enfin ouvert les yeux sur les agissements du Conseil et a décrété que ça devait cesser. Toutes les guildes ont reçu un communiqué très tôt ce matin. Une bonne chose de faite...

- Avoue que tu en as eu marre d'attendre patiemment qu'il se bouge, le taquine Laxus.

- Je paris que tu as mis ton grain de sel dans ses affaires pour le faire aller dans ton sens, n'est-ce pas, papi ? demande Luxus sur un ton moqueur.

- Je ne peux décidément rien vous cacher sales garnements... Et toi Lucy ? demande-t-il en reportant son attention sur moi. Je suis content de constater que tu as choisi d'accepter mes petits-fils .

- Oui, même s'il m'a fallu un peu de temps avant de me rendre compte de ce que je ressentais vraiment. Mais je voulais vous remercier de m'avoir fais promettre de les écouter. J'ai compris, en les voyant, que vous ne parliez pas d'écouter les réponses que j'attendais, mais de les écouter eux, d'écouter leur histoire. Ça m'a beaucoup retourné sur le coup et j'avoue que je me suis lâchement enfuie. Mais cette semaine loin d'eux m'a fait réfléchir... Ils m'ont horriblement manquée, dis-je avec une émotion certaine en resserrant ma prise sur leur bras. Cependant, je leur en veux toujours un peu de me l'avoir caché.

En disant cela je les dévisage et ils m'adressent tous deux un sourire contrit. Je ne vais pas rester fâchée contre eux bien longtemps. Il faut bien que je leur fasse comprendre que c'est fini les cachotteries.

- Très bien. L'important c'est que vous soyez heureux. Je compte sur toi pour prendre soin de mes deux garçons.

Tout en parlant il s'est levé et nous a fait signe de l'accompagner. Nous sommes sortis de son bureau à sa suite et sommes redescendus au bar. Il commande trois bières et un jus de fruit à Kinana avant que je ne puisse enfin lui répondre à voix basse.

- Je suis amoureuse de vos petits-fils, c'est normal de prendre soin d'eux... dis-je faiblement, rouge de gêne de devoir afficher mes sentiments de cette manière.

En disant ces mots, je pensais que personne d'autre que le Maître et mes dragons m'entendraient. Malheur m'en a pris. J'aurais dû regarder plus attentivement les personnes présentent dans la salle car à peine ai-je dis ça que je me suis raidie en sentant une chaleur anormale dans mon dos.

- Amoureuse, tu parles, réplique une voix que je connais trop bien sur un ton mordant. Tu disais la même chose pour moi.

Mes deux compagnons se retournent en grondant méchamment contre lui. Contre Natsu. Ils n'ont jamais caché leur jalousie envers celui qui a été mon premier, surtout qu'il s'agit aussi d'un dragon. Je ne l'avais pas revu depuis notre séparation il y a plusieurs mois maintenant. Il était constamment en mission, et le peu de fois où on aurait pu se croiser je ne venais pas à la guilde. Notre amitié est morte en même temps que notre amour. Aucun de nous deux n'a essayé d'arrondir les angles après notre rupture. Ses yeux, que je comparais souvent à la couleur de l'onyx, me fixent aujourd'hui, furieux.

- Un problème la flammèche ? demande Laxus en fronçant les sourcils.

- Ouais, j'ai un problème, répond-il en se levant après avoir frappé son poing enflammé sur la table. Savoir que vous êtes passés après moi me dérange. Elle a mis combien de temps à vous laisser la baiser comme une chienne ? Mira vous a tous les trois surpris dans son lit ce matin et elle a précisé que vous ne portiez rien. On est tous au courant et les paris sont ouverts. Vous vous y êtes pris comment ? Elle a écarté les cuisses pour que vous y passiez chacun votre tour ? Ou elle kiffe se faire baiser en bouffant la bite de l'autre ?

Je suis choquée par les mots qui sortent de sa bouche, lui qui est d'habitude si « innocent », encore si « enfant ». Jamais il n'a parlé comme ça. Jamais il n'a fait preuve d'un si grand manque de respect. Du moins à ma connaissance. Notre séparation l'a-t-elle changé à ce point ?

- Natsu tu vas trop loin, le prévient le Maître alors que je retiens mes dragons d'intervenir. Je ne tolérerai pas que tu parles de cette manière.

- Je suis d'accord, ce qu'ils font... ne nous regarde pas, déclare Erza en se levant à son tour tout en essayant de rester digne malgré son teint qui commence à se confondre avec sa chevelure flamboyante.

- Moi ça me regarde je vous signale, insiste t'il. Elle m'a largué pour se taper deux autres dragons.

- Tu n'as pas ton mot à dire sur mon nouveau style de vie, répliquais-je en essayant de garder mon calme malgré les jumeaux qui continuent de gronder, prêts à se jeter sur lui pour lui faire regretter sa façon de parler. Ne fais pas le mec jaloux alors qu'en réalité tu t'en fiches ! Tu t'en prends à nous mais je ne suis pas aussi bête que tu crois. J'ai bien compris que si tu agis comme ça c'est tout simplement à cause de Lisana. Mira, Elfman et elle détestent les jumeaux à cause de ce qu'il s'est passé il y a dix ans. Tu ne peux qu'être que de leur côté vu ta relation avec Lis'. C'est ta meilleure amie depuis l'enfance. Tu as été là pour elle quand elle a perdu ses parents et c'est louable. Mais je te rappelle qu'on a rompu ! Nous deux c'est fini ! Je n'ai pas à me justifier auprès de toi mais sache que je ne les ai connu qu'après notre rupture ! J'étais de nouveau célibataire. Je n'ai donc rien à me reprocher !

Chacun médite sur mes paroles, Natsu préférant se murer dans un silence inquiétant pour me dévisager. J'ai l'impression que s'il le pouvait, il nous sauterait dessus. Sa position, ses poings serrés, sa mâchoire contractée, ses yeux... Tout en lui hurle la colère qu'il ressent à notre égard. Une voix douce intervient, le coupant dans son élan alors qu'il avait fait un pas dans notre direction.

- Juvia pense que Lucy a raison, dit-elle. Sa vie privée ne te regarde plus Natsu, essaye t'elle de le raisonner en douceur.

- Elle n'a pas tord, renchérit Gray en se tournant vers lui. Lucy est libre de ses choix. On a pas notre mot à dire et ils n'ont pas besoin de ta permission pour faire ce qu'ils veulent en privé.

J'en entends certains parler à voix basse, disant qu'effectivement je suis dans mon droit de vivre ma vie comme j'en ai envie. Ce qui a l'air de déranger la plupart de nos camarades c'est plutôt le lourd passé des jumeaux et la tragédie qui a frappé la guilde. En revanche...

- N'empêche Lucy, on ne te pensait pas comme ça, fait remarquer Macao en restant évasif.

- C'est vrai. On t'a toujours pris pour une jeune femme propre sur toi, avec certaines valeurs et une éducation privilégiée. Même si tu as abandonné cette vie pour suivre celle des mages, ça se ressentait. Pour nous, te faire deux mecs c'est pas ton genre, confirme Wakaba en fumant sa pipe. Tu nous déçois un peu sur ce coup.

- Pff. C'est n'importe quoi... souffle Gadjeel. Un mec qui s'envoie en l'air avec plusieurs nanas c'est un héros mais une femme qui aime deux hommes et qui couche avec, dans le contexte actuel, c'est une salope ? Si c'est ça votre façon de penser, bravo. Franchement respect les mecs. Votre connerie atteint des sommets.

- Les relations polyamoureuses existent. Si ça leur convient vous n'avez pas à vous en mêler ! s'exclame Reby pour soutenir l'avis de son compagnon.

Je suis estomaquée de constater que plusieurs d'entre eux me voient comme Gadjeel l'a dis. Je m'y attendais mais en même temps je ne voulais pas le croire. Au fond de moi je pensais que les liens que j'avais tissé avec eux seraient plus forts que ça... Les jumeaux sont énervés. Ils pourraient facilement se dégager de mon étreinte avec leur force mais je les tiens si désespérément qu'ils comprennent que j'ai besoin d'eux pour ne pas craquer et m'effondrer.

- Moi, c'est pas le fait que tu t'envoies en l'air avec deux hommes qui me dérange... Tu croyais qu'on allait te féliciter de ta mise en couple avec des meurtriers ? Eh bien non. Tu te fourres le doigt dans l'œil. Je ne leur pardonne pas d'avoir blessé mes amis et pire.

- Cana ma chérie, tu ne devrais pas parler ainsi à ton amie, la gronde Guildarts. Elle a le droit d'aimer qui elle veut. Moi je l'admire en un sens. Elle ne s'arrête pas aux histoires qu'elle a entendu. Elle a appris à les connaître et elle s'est fait sa propre opinion. Lucy, sache que moi je vous soutiens. Fais ce que tu veux de ton corps avec eux ! ajoute-t-il un sourire pervers aux lèvres.

- Euh... Merci ? C'est gênant... dis-je sans trop savoir comment réagir alors que sa fille lui envoie sa choppe en pleine figure et que mes dragons affiche un sourire suffisant mais discret.

- Dire que Natsu se sentait coupable... dit soudainement Lisana en se pinçant l'arrête du nez à une table un peu plus loin. Et moi encore plus...

- Ne dit rien, ça n'en vaut pas la peine, la coupe sèchement le concerné, réagissant enfin.

- De quoi tu parles ? demandais-je en ignorant délibérément Natsu.

- Ne dis rien Lis' ! lui ordonne t'il d'une voix plus ferme.

Elle me regarde d'un œil mauvais avant de lâcher une bombe qui surprend tout le monde, faisant fi de l'avis de Natsu.

- Avant que tu le quittes, lui et moi on a fait une mission de deux semaines si tu te rappelles. Quand elle s'est terminée on a fêté ça et l'alcool nous est monté à la tête. Natsu t'a trompé avec moi. Dès le lendemain il s'en est voulu mais il n'arrivait pas à te l'avouer. Je m'en voulais aussi et pour ne pas que tu t'en rendes compte on a multiplié nos missions. Il cherchait un moyen de se faire pardonner mais il avait tellement peur de gaffer qu'il s'est détaché de toi. Quand tu as rompu il s'est renfermé sur lui-même mais ça tu en avais rien à faire. Tu n'étais pas là pour le voir, trop occupée à flirter avec ton « homme mystère » dont tu refusais de dire l'identité ! C'est moi qui ai passé des heures à le consoler. Je comprenais ta décision mais là, te savoir avec les assassins de mes parents... Tu ne mérites même pas tous les égards que j'ai eu pour toi pour éviter de te faire souffrir. Tu ne méritais pas Natsu !

Ce qu'elle dit devrait me blesser non ? Mais en réalité ça ne me fait ni chaud ni froid. Je me fiche de ce qu'il a bien pu faire avec elle. Ils auraient pu remettre ça autant de fois qu'ils voulaient ça aurait été pareil. Combien de fois j'ai essayé de rassembler les morceaux brisés de notre relation et qu'il ne faisait aucun effort ? Leur silence m'a fait douter et souffrir mais au final ça a été bénéfique.

- La bonne blague ! se met à rire Laxus, le visage à moitié camouflé par sa main, rapidement imité par Luxus.

Sauf que ce n'est pas un rire joyeux. C'est un rire dans lequel on peut ressentir leur exaspération et leur colère.

- Vous avez fais ça pour lui éviter des souffrances ? T'es sérieuse ? Aucun de vous deux n'a eu le courage de lui avouer ! Tout ce qu'elle voulait c'était que Natsu s'intéresse à elle au lieu de la délaisser, qu'il fasse des efforts. Vous avez seulement cherché à vous protéger vous-mêmes ! hurle Luxus. Et d'après ce que je peux sentir, vous ne vous gênez pas pour vous faire plaisir. Ta manière de le consoler est très physique on dirait.

- Ma petite sœur n'a pas de justification à donner à une traînée et à ses gigolos, dit froidement Mira en nous fusillant du regard.

- Va baiser, ça te détendra ! lui balance Laxus sans aucune gêne avant qu'elle ne se mette à l'insulter copieusement.

- Ça suffit ! crie le Maître. Je ne veux plus entendre aucune insulte ! Nous faisons tous parti d'une seule et même famille. Celle de FairyTail. Je sais que la plupart d'entre-vous en veulent toujours à mes petits-fils. Je le redis, c'était un accident. Un tragique et malheureux accident ! La colère avait prit le pas sur leur raison et leur magie les a dominé. Mira, si je me souviens bien, quand tu étais enfant c'était la peur de ton pouvoir qui te transformait en démon petit à petit. Tu l'as laissé te changer avant de le dompter. Pour eux, la perte de leur père, de mon fils, était insupportable. Ils ont perdu le contrôle de leurs émotions et de leur magie. Ça se résume uniquement à ça et ça aurait pu arriver à n'importe qui !

- Le Maître a totalement raison Mira. Tu dois faire ton deuil ou tu seras rongée par tes sentiments négatifs toute ta vie, déclare Freed en lui souriant tendrement. Ne sacrifie pas ton amitié avec Lucy uniquement a cause de ça. L'amour ne se commande pas.

Mes deux dragons inclinent la tête vers lui en guise de remerciement et moi je lui adresse un sourire sincère. Au moins certains comprennent et acceptent cette situation. Je me retourne vers tous ceux assis et me lance.

- Vous pouvez nous détester les jumeaux et moi, m'insulter ou même me rabaisser parce que je sors avec eux, je m'en moque... Je ne vous en veux même pas, déclarais-je calmement. Je suis contente que mes amis, les vrais, ne nous tournent pas le dos et sont compréhensifs, c'est tout ce qui compte pour moi, ajoutais-je avant de m'adresser au grand-père des jumeaux. Je quitte officiellement mon équipe Maître.

- Je m'en doutais depuis un moment mais... commence t'il.

- Ne t'en fais pas le vieux, le coupe Luxus en ayant deviné ce qu'il s'apprêtait à dire. Elle a trouvé sa place.

- On en a déjà discuté avec notre équipe. Lucy rejoint les Raijins à compter d'aujourd'hui, annonce Laxus. On en a parlé en chemin et elle est d'accord.

- Bienvenue dans l'équipe Lucy ! crient Evergreen et Bixrow depuis la rambarde de l'étage où ils sont accoudés.

- Je serais plus la seule femme à devoir supporter toute cette testostérone ! s'extasie Ever en levant les bras au ciel.

- Non mais y'aura une personne en plus qui devra te supporter toi, rigole Bixrow avant de se prendre un coup de coude dans les côtes.

- Lucy, excuse ces deux idiots. Ils ne sont pas sortables, dit Freed comme si de rien était. Bienvenue dans l'équipe.

Un grand fracas met un terme aux conversations animées. Les portes de la guilde se sont refermées en claquant sur le passage de mon ex. Même si ça ne lui plaît pas ce n'est plus mon problème. La famille Strauss s'est réunie dans un coin et nous dévisage en fulminant. Reby, Gadjeel, Wendy, Gray et Juvia s'approchent avec Erza pour nous féliciter, du moins c'est ce qu'on arrive à comprendre vu que notre rousse butte sur chaque mot.

Ça me fait chaud au cœur de voir que certains ne me laisse pas de côté à cause de mes fréquentations. C'était ce dont j'avais le plus peur. Je libère mes dragons de mon étreinte et prends Erza dans mes bras, des larmes silencieuses coulant sur mes joues. Elle referme les siens sur moi et nous restons ainsi quelques secondes avant que je la sente relever la tête. Je suis transférée dans d'autres bras que je reconnais comme étant ceux des jumeaux. Je relâche toute la pression contre leur chemise. Le barrage qui retenait mes pleurs a cédé et mes yeux se sont transformés en fontaine.

L'un de mes amants me soulève et me cale contre lui pour monter les escaliers, me murmurant à l'oreille que je serais plus tranquille. J'entends le second dire à la guilde qu'ils peuvent continuer à les traiter comme avant, quasiment en paria, que ça ne changera rien à leur vie, mais qu'en aucun cas ils doivent s'en prendre à moi s'ils ne veulent pas tâter de leur foudre.

Laxus s'installe sur une banquette, moi sur ses genoux. Il me caresse le dos et embrasse mes cheveux. Son frère nous rejoint juste après, me disant que quelqu'un voudrait me parler. En tournant mes yeux rougis vers lui je vois Happy, tout penaud, qui le suit. Je m'écarte de Laxus et ouvre grand mes bras pour réceptionner la boule de poils qui n'attendait que ça.

- Ça veut dire que t'es plus ma maman ? demande-t-il en sanglotant.

- Je n'ai jamais été ta maman Happy. Ça a toujours été Lisanna.

- Moi je veux mes deux mamans...

Je me mords la lèvre ne sachant comment gérer le petit Exceed. Même s'il lui arrive de faire des blagues perverses, il est trop petit pour comprendre réellement la scène qui a eu lieu.

- Tu sais quoi Happy ? Même si je ne suis plus ta maman, je t'aime toujours autant. Ne plus être avec Natsu ne signifie pas qu'on ne pourra plus passer de temps ensemble toi et moi. Tu pourras venir en mission avec nous si Laxus et Luxus sont d'accord.

- C'est vrai ?

- Tu pourras venir. Pas tout le temps mais de temps en temps. On est pas des monstres non plus, confirme Luxus.

Le chaton est resté avec nous un moment puis est reparti, rassuré. Mes dragons lâchent un soupire et m'installent correctement sans demander mon avis. Je me retrouve assise sur les cuisses de Luxus, mes jambes en travers de celles de Laxus. C'est dans cette position que leur équipe, ou plutôt ma nouvelle équipe, nous découvre avant de s'installer à la même table en face de nous.

- J'ai sélectionné une mission. Elle n'est pas de rang S mais elle permettra d'évaluer tes capacités et de créer une cohésion dans notre groupe. Ça vous convient ?

- C'est parfait Freed. Merci, répond Laxus.

- La mission consiste en quoi ? demandais-je avec curiosité.

- Nous devons retrouver un criminel qui a échappé au Conseil. Ce n'est pas très loin. Une journée de marche environ.

- Vous pouvez y aller en train. On vous rejoindra avec notre foudre.

- Dans ce cas il faut nous dépêcher de faire nos sacs, le dernier train part dans deux heures, fait remarquer Ever.

Alors que je cherche à me lever pour imiter mes nouveaux coéquipiers qui vont faire les leurs, mes dragons me retiennent.

- On a dis qu'on y allait avec notre foudre, me rappelle Luxus.

- Mais moi je manipule pas la foudre, râlais-je. Je dois aller prendre mes affaires.

- Pas si vite belle étoile... Tu vas tester notre moyen de transport personnel. Ça nous laisse le temps pour... autre chose, murmure Laxus à mon oreille.

- C'est vrai qu'on a été interrompu alors que ton corps réclamait notre attention tout à l'heure. On va se rattraper bel ange.

L'instant d'après j'ai dû fermer les yeux à cause de la lumière soudaine. Je les rouvre en me sentant basculer en arrière. Je reconnais mon matelas et ma chambre avant que tous mes sens ne soient assaillis par deux dragons qui se jettent sur moi pour me combler comme eux seuls savent le faire...