Bonjour! Me revoilà avec un chapitre "bonus", en attendant une vraie sortie (vite, si je ne suis pas trop malade)
Il se passe directement après le chapitre se nommant "la porte". inutile de tenter un lien avec le reste, il n'y en a pas.

Elle venait de franchir la porte, et un nouveau paysage se matérialisa.
Elle n'était désormais plus dans la forêt, mais...sur un parking ?
Oui, un parking, comme on en trouve partout dans notre monde. Il ne lui fallut que quelques secondes pour être trempée par une pluie diluvienne. Le ciel était noir d'orage, et dans le lointain se dressaient de grandes formes rectangulaires.
Mais si le lieu, singulier au vu des conditions, attira tout d'abord son attention, Victoria la reporta finalement sur ce qu'il s'y passait.
À une vingtaine de mètres se trouvaient deux hommes.
L'un, brun, physique somme toute banal, marchait pesamment, comme attiré par une force de gravité trop importante. Les mains dans les poches, il soupirait.
Le visage de l'autre homme était presque entièrement caché par un grand parapluie noir.
L'homme au physique banal commença à parler, et ses mots étaient aussi lourds que ses pas.

"-Tu sais..."
Dit-il en regardant les grattes-ciel, au loin.
"-Je..j'aimerai me jeter du haut de l'un de ces buildings"

Si l'homme au parapluie parut surprit, il tenta pourtant de ne rien laisser paraître.

"-Mais...Tu as une famille, et il y a quelques jours encore, tu souriais à la vie."

Il haussa simplement les épaules
"-Plus aujourd'hui, il faut croire que mon humeur va avec le temps."

Bien que tout bon ami aurait sans doute tenté une méthode diplomatique, aurait cherché à convaincre le suicidaire que la vie en valait la peine, ce ne fut en rien la réaction de l'homme au parapluie.
Il se contenta de sourire. Victoria le voyait à peine, mais elle était certaine qu'il souriait.

"-Si tel est ton souhait....je ne t'en empêcherai pas. Simplement, je veux que tu me montres."
Il pointa du doigt une marche, deux pas devant eux.
"-Si tu me fais un beau saut du haut de cette marche, alors je te laisserais sauter"

Le premier homme avança d'un grand pas, monta sur la marche. Il prit une très grande inspiration et se jetta en avant.
Le temps sembla se figer durant sa courte chute. Il tomba, tête la première contre le goudron froid et humide. Ce qui ne dura qu'un petit instant parut en durer un million.
Quand enfin il toucha le sol, il ne se releva pas.
L'homme au parapluie le regarda. Il ne dit rien. Un nouveau rictus.
Victoria s'était approchée, presque en courant. Envie morbide, peut-être non sens, elle avait pourtant la profonde impression de comprendre la réaction de cet étrange homme. Les mots s'étouffaient dans sa gorge. Elle voulait lui parler.
Le parapluie tomba, lentement, laissant apercevoir le visage de l'homme, souriant.* Et puis, elle aperçut sur son visage des larmes... ou peut être était-ce seulement la pluie.
À cet instant là, Victoria le toucha, du bout des doigts.
Mais quand le parapluie toucha le sol, tout disparut, comme balayé par le soleil naissant derrière les nuages.
Ne restait dans l'air que son sourire, que sa bouche figée comme pour dire un mot qu'il ne prononcerait jamais.
Et son regard, si profond... Elle était sûre que c'était elle qu'il regardait.
Ils n'appartenaient pas au même monde... Mais elle était certaine qu'elle le recroiserait, quelque part, dans un autre univers.

*Donner une description subjective de cet homme aurait était triste. Je pense qu'il est bien qu'il reste différent pour tous.
Aussi je vous donne à vous, chers lecteurs, la tâche de l'imaginer.