XIII - P.F.H.
Je soupire, sachant très bien que ce n'est pas en écoutant des chansons mélancoliques en boule sur mon lit que je vais régler le problème. Et le problème est que je n'ai pas l'impression que Sirius se soucie de moi. De qui je suis vraiment, de mes sentiments et de ma façon d'être. En fait, j'ai l'impression d'avoir été naïve. Si il m'appréciait, je l'aurai remarqué, vu le nombre d'années où on a été ennemis tous les deux.
Le mot possessivité vient de possessions. Nos possessions, c'est nos objets, nos affaires, n'est-ce pas ? Et bien, je n'ai pas envie d'être un objet. Je ne suis pas à lui, et il va falloir qu'il le comprenne, si il veut que le quelque chose qui est en train de se créer entre nous puisse durer. Je rejette ma couette, prise d'un certain agacement. Depuis le début je suis passée par trois mille émotions, j'ai l'impression d'être une héroïne de roman harlequin sérieux. Mais il y a un moment, discuter c'est bien aussi. Les mots, les phrases, tout ça. Je sors donc demain chambre, avec une conviction : une mise au point s'impose.
J'ouvre la porte de la chambre d'à côté, où les gars font une partie d'échecs sorciers, et attrape Sirius par le bras pour le lever et le tirer dehors.
"Hé !
- Il y a un problème ?" s'inquiète James.
- Absolument pas ! Joue tout seul, il te rejoint."
Je ferme la chambre derrière nous et me tourne vers Sirius, les bras croisés. Il me regarde avec un air vaguement inquiet, ne comprenant pas trop mes actes.
"Bon," je commence," on va la faire courte. Je ne te suis pas acquise. Je le serai jamais. Je suis bourin, tactile, j'ai un humour stupide, je suis distraite, j'ai des amis garçons et ça ne va pas changer."
Parler est facile, en fait, les mots sortent tous seuls et je réalise à quel point c'est important pour moi. Important de lui dire, de me préserver mais aussi de préserver ce truc entre nous, que je me suis toujours refusée à nommer.
"Je ne vais pas changer pour tes beaux yeux, Sirius. Je vais rester comme je suis, Léo va rester mon ami, je vais continuer à prendre des risques en balai ou à râler en permanence, peu importe que tu trouves ça insupportable ou que ça te rende jaloux. Si tu ne le comprends pas, on ferait mieux de laisser tomber maintenant."
Il soupire et passe la main dans ses cheveux. Le silence dure, le silence est dur. J'ai un immense talent pour les jeux de mots. Je pense n'importe quoi pour meubler et ne pas paniquer, là en fait. Par le poisson rouge de Merlin tu va répondre abruti ?!
"Hé. J'adore ton caractère, ok ? Tes blagues pourries me font rire - et elles sont moins douteuses que les miennes. Je m'en fiche que tu oublie plein de trucs, j'adore que tu sois aussi Gryffondor, que tu prennes des risques en balai et que tu me remette à ma place. Et je connais Léo, maintenant. Je vais certainement pas laisser tomber."
Là je beug. Totalement. Ça doit se voir, vu comment il sourit. Je secoue la tête.
"Attend, attend. On arrête le lyrisme, là. C'est une déclaration ?
- Oui.
- Une vraie déclaration ?
- Totalement."
J'éclate de rire, en espérant que ça ne sonne pas trop hystérique. Il rit aussi, avant de me regarder avec sérieux - autant qu'il puisse en avoir avec les yeux encore brillant de rire.
"Je t'aime, Marlène McKinnon. Pour de vrai.
- Merde... Il a fallu que tu le dise pour que je m'en rende compte..."
Vrai. Parce que c'est ça, le truc. Ça s'appelle être amoureuse, stupidement, et complètement. Et je devais un peu le savoir, au fond. On a quand même perdu du temps. On s'est gueulé dessus, tourné autour, cherché l'un l'autre, le tout avec des non-dits de chaque côté. Sans compter que je me suis menti à moi-même une bonne partie du temps. Je soupire.
"Je suppose que c'était logique. Vu qu'on est, et bien, nous.
- T'a trouvé ça toute seule ?
- Tu vois très bien ce que je veux dire.
- Ouais. PFH.
- Quoi ?
- PFH. Putain de Facteur Humain. C'est une expression de Rémus."
Je ris. Rémus Lupin... C'est totalement son style. Je regarde Sirius, avec son visage charmant barré par un grand sourire, ses yeux gris et ses cheveux aux épaules. Lui. Lui m'aime. Je souris comme une perdue. Je réalise la valeur de cela, de ce truc, un peu plus à chaque seconde. Et je l'embrasse, au milieu du couloir, à perdre haleine. Les bras enroulés autour de son cou, avec le coeur qui bat à dix mille à l'heure et ses lèvres contre les miennes, je me sens désespérément heureuse.
"Je t'aime."
Les mots sont sortis tous seuls, alors que je croise ses yeux en me détachant de lui. Et j'ai beau l'avoir admit à demi-mots deux minutes plus tôt, mon cœur bat comme un dingue. J'espère qu'il va pas lâcher, ça m'ennuierait de vivre avec un besmaker à vie parce que je suis tombée amoureuse.
Sirius sourit - est-ce qu'un jour je vais arrêter d'hyperventiler chaque fois qu'il sourit comme ça ? - il s'apprête à répondre alors que James ouvre la porte.
"Marlène ? Dis-moi que tu n'a pas tué mon meilleur pote.
- Nan nan, je viens de l'embrasser."
James s'étouffe et Sirius éclate de rire à côté de moi. Je chope sa main et me tourne vers James.
"On avait pas prévu un Quidditch cet aprèm' ?"
Ok. Ok. Je suis tout ému. C'est le dernier chapitre les gars ! Après y'a qu'un tout petit épilogue, c'est la fin pour de vrai. J'espère que vous n'êtes pas déçus, que ça vous paraît pas expéditif ou quoi, j'ai essayé de la rendre crédible, c'est une réaction qui vu le personnage de Marlène est logique.
Allez, Bbye, on se retrouve pour l'épilogue !
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