IX - Love me, I'm crazy
Je le repousse, évidemment. Et aussitôt je me sens stupide de l'avoir fait. Mais je dois savoir être forte. Pourquoi, au fait ? La question me frappe avec la force d'un baiser ou d'une gifle. Pourquoi je dois ? Je dois rien à personne ! Mes yeux doivent s'écarquiller, Sirius fronce légèrement les sourcils, l'air déçu. Mon cœur bat dans ma gorge, tout mon corps palpite à mort, et sans réfléchir je lâche :
"J'ai besoin de réfléchir !"
Et c'est vrai, même si je n'ai fait que ça ces derniers jours. Je me barre en courant vers ma chambre, ignorant la règle universelle qui veut qu'on ne court pas dans une bibliothèque.
Une fois dans ma chambre, je glisse les mains dans mes cheveux, grimace et maudis ma propre stupidité quand elles se coincent dans des noeuds, tout en réfléchissant à toute allure. Pourquoi je ne pourrais pas, au fond ? Par fierté ? Ouais, j'ai ma fierté. C'est vrai que ça serait reconnaître que Sirius Black n'est pas juste un abruti, qu'il me fait rire parfois, qu'on joue super bien en équipe au Quidditch, que ses yeux sont sublimes et tout un tas de choses que je ne suis pas prête à reconnaître. Encore que... le formuler mentalement, comme ça, ça compte ? À voir.
Peut être aussi parce qu'il ne tient pas à moi, mais au fond ce n'est pas vraiment un argument, et je refuse de penser à ça parce que si on tombait amoureux de tous les gens qu'on embrasse un été, on aurait le cœur brisé si souvent... Oui, mais c'est Sirius Black. Donc possible que ça compte. À voir.
Je n'ai jamais été masochiste, alors si ça me fait quelque chose de le repousser et qu'en plus, je dois me priver de quelque chose de délicieux, pourquoi le repousser ? Aucune raison. Ou plutôt si, plusieurs, mais les autres ne sont pas assez fortes pour que je tranche, dans un sens ou dans l'autre. Je doute. Je préfère repousser ces réflexions et aller dîner. D'ailleurs c'est ce que je ferais si ma chouette ne s'était pas posé à l'instant sur l'appui de ma fenêtre. Je soupire et l'ouvre. Des lettres d'Alice et Dorcas.
Je les pose sur mon lit et décide de les lire plus tard.
Sirius me scrute quand j'entre dans la salle à manger. James lâche :
"Woah. C'est joyeux, l'ambiance, ce soir.
- Tu connais la blague du mec qui met les pieds dans le plat ?" je réplique avec sarcasme.
James a le bon goût de ne pas relever.
Et effectivement, c'est joyeux, à peu près autant que l'enterrement de ma grande-tante. Finalement, je retourne dans ma chambre et me vautre sur mon lit (et par extension sur les lettres posées dessus). Je me soulève juste assez pour les attraper et décachette d'abord celle d'Alice.
Salut Marly !
Mis à part que tu me cache un truc et que Dorcas ne parlera pas, tout va bien. On passe presque tout notre temps à la piscine ou à s'entraîner à des sortilèges, à croiser Franck "par hasard" et à partir en randonnée. J'ai la flemme de t'écrire une longue lettre, j'ai commencé le devoir de vacances de McGo et écrit à Lily, je te dis pas la crampe de l'écrivain !
Allez, bisous Marly !
Alice, la seule et l'unique.
Je souris toute seule à la réponse de mon amie et saisis la lettre de Dorcas, pas sûre de vouloir ses conseils finalement. Et finalement j'ouvre l'enveloppe pour découvrir l'écriture ronde et appliquée de Dorcas.
Marlène, tu sais, je ne sais pas quoi te dire. Tu sais très bien comment Sirius fonctionne et que tu sois amoureuse ou pas ça te ferais du mal. D'un autre côté, tu es l'une des personnes les plus Gryffondor que je connaisse. Savoir prendre des risques, c'est aussi du courage, et c'est un des plus développés chez toi (un peu trop d'après moi mais étant donné qu'on ne t'as pas encore retrouvée égorgée dans une ruelle sombre je suppose que je ne peux rien dire). Donc, il faut savoir si tu es prête à prendre un risque.
Je t'embrasse,
Dorcas
Je prends une seconde pour me dire que c'est un excellent conseil, une deuxième pour me rappeler que je suis rarement les conseils, surtout les bons. Ensuite je n'ai plus vraiment de réflexion intelligente, à peine la capacité de me mettre en tenue de nuit et de me glisser sous la couette.
OoOoOo
Les moldus diraient que la nuit porte conseil. Moi je dis : bullshit. Et, non, je ne développerai pas. La nuit porte repos, parfois rêves chelous et souvent haleine pâteuse au réveil, mais pas conseil. Et dans l'affaire, j'ai quand même développé ma pensée. M'en fous je fais ce que je veux. C'est mon cerveau, mon histoire prise de tête avec un garçon sublime et mon dilemme cornélien ! Toujours pas résolu, d'ailleurs. Mais l'appel du petit déjeuner se fait plus fort que mon côté drama-queen et je descends dévorer un bol de muesli accompagné d'un jus de citrouille. Je remonte le laver les dents, avec du dentifrice au citron, parce que c'est le seul que je supporte au goût. L'art de se compliquer la vie. Je lave ma brosse à dents et m'apprête à me rincer la bouche lorsque Sirius entre dans la salle de bain avec sa trousse de toilette. Torse nu. Les cheveux fous. Sublime, en un mot comme en cent. Avec son putain de regard gris posé sur moi. Morgane, sauvez moi. Et j'ai du dentifrice au coin des lèvres.
"Désolé, je t'avais pas vu. Merlin. Je vais... sortir."
Je le regarde fixement une seconde. Puis je me rince la bouche. Et je lâche finalement un :
"C'est bon, tu peux y aller," en espérant de ne pas trop fixer son torse nu, pâle et presque glabre aux abdos profonds absolument parfaits... Bref. J'essaie, mais je m'en sors pas.
"Marlène ? Est-ce que tu as... réfléchi ?
- Ouais. Mais, on pourra en parler quand tu seras habillé ?"
Pour ma santé mentale. S'il te plaît. Il acquiesce et s'écarte de l'ouverture de la porte. Et en passant près de lui, soi que je réfléchisse pas, où que je sois au contraire très très lucide, mais je me met sur la pointe des pieds et lui chuchote à l'oreille :
"On pourrait peut-être parler du résultat de mes réflexions..."
Et je le laisse planté là. Il a l'air troublé et l'idée de troubler Sirius Black comme ça, en une phrase, me fait un petit frisson le long de la colonne vertébrale. Bien, maintenant, trancher sur cette putain d'affaire à laquelle je pense depuis des jours en dix à vingt minutes. Ça passe crème !
Basicly, je voulais pas couper là. Mais je voulais pas vous pondre un immense chapitre pour un retour à des petits formats qui vous auraient p'tet déçus. En plus je voulais publier ce soir donc j'ai coupé le chapitre en deux, ce qui donne ceci. Ça vous plaît quand même, même si mise à part une mini-altercation y'a pas beaucoup de Sirius... Et que en fait rien n'avance beaucoup... Mais c'est le calme avant la tempête, les loulous !
Ama'
(PS : la phrase "Moi je dis : bullshit" est tirée du VDF. Encore une fois... Parce que la citation m'est venue en force au moment de l'écriture d'une Marlène mal réveillée et pas plus avancée.)
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