épilogue

PDV Sara

11 ans plus tard.

J'écoute attentivement la mélodie qui commence à raisonner dans la pièce puis je me laisse bercer par ce simple morceau mais des fausses notes cassent l'ambiance et j'ouvre péniblement les yeux. Ma nièce s'arrête quand elle remarque mon regard lourd et elle grimace avant de hausser les épaules.

— C'est trop dur, tía Sara ! râle-t-elle en tapant furieusement son pied contre le carrelage.

Dur ? Laissez-moi rire.

— Tu te fous de moi ? Aller, Hortensia, je te demande de jouer Sur le Pont d'Avignon, pas du Chopin !

Elle grimace et je me lève de la chaise pour m'approcher d'elle.

— Attends, tiens comme ça. Pose tes doigts juste ici et essaie à nouveau, je lui indique en l'aidant.

Je m'éloigne d'elle et elle se concentre sur son violon avant de jouer à nouveau. Je l'écoute en faisant les cent pas et cette fois-ci elle arrive à jouer sans faire de fautes. Je l'observe avec un sourire de fierté et je remarque qu'Elina s'approche de nous, son regard posé sur sa fille. Ses yeux brillent de fierté et une fois qu'Hortensia termine de jouer, ma belle-sœur et moi applaudissons exagérément ce qui fait rougir ma nièce.

– C'était magnifique ! Je suis tellement fière de toi ! s'écrit Elina avant de prendre sa fille entre ses bras.

– Maman ! Lâche-moi ! Arrête de me câliner comme si j'avais deux ans !

– Fais pas ta rabat-joie ! Tu as treize ans et tu resteras toujours un petit bébé pour moi, taquine Elina.

Hortensia souffle et elle réussit à se dégager de l'emprise de ma mère. Elle me tend mon violon avec un sourire gêné.

— C'était terrible.

— C'était parfait, Hortensia, dis-je avec sourire aux lèvres. J'ai eu l'honneur d'être ton premier public et je trouvais que tu jouais très bien.

— C'était qui ton premier public ? me demande-t-elle innocemment.

Mon sourire se perd et je lance un regard dans la direction d'Elina. Une voile de tristesse passe sur son visage et je prends une grande inspiration.

– Ton père. Il était mon premier public et il était fier de moi. Crois-moi, où il se repose, il est aussi fier de toi. Après tout, tu as réussi à jouer une comptine.

Je caresse ses cheveux roux et ses yeux se mettent à pétiller de joie.

Ma nièce est mon ombre et ma successeuse. C'est à partir de ses dix ans qu'on a commencé à la former car selon la tradition de notre famille, une femme doit gérer la mafia Moretti. Mes cousins, cousines et moi n'avons pas de fille alors, la mafia reviendra à Hortensia.

J'avoue que ça me fait un peu chier et malgré qu'elle nous persuade qu'elle ne se sent pas forcée, je n'aime pas lui imposer ces traditions. Mes oncles et tantes sont des personnes conservatrices et dans mes souvenirs quand Santos m'avait remplacé, ça dérangeait plusieurs personnes.

Mon but est alors de former Hortensia. Elle deviendra comme moi, une assassin, une mafieuse. Mais si plus tard, elle refuse d'accepter ce rôle, je ne lui forcerai pas mais par contre je serai dans une merde bien profonde.

Je ne veux pas continuer à être la cheffe de cette mafia. Plus tard, je voudrais profiter pleinement de la vie avec ma petite famille.

— Au moins, je pourrai jouer ce morceau dans les oreilles d'Alessio et il me laissera tranquille, dit-elle avant de rire.

— Ne provoque pas le petit diable, il trouvera un moyen pour se venger, réprimande Elina en grondant faussement sa fille.

Je lève les yeux au ciel et en même temps, des pleurs se font entendre dans le babyphone qui est accroché à mon jean. Je le prends et pousse un soupir.

— Je dois vous laisser, le devoir de mère m'appelle. D'ailleurs, si vous voyez Alessio, dites-lui de faire ses devoirs sinon ça va barder pour lui.

Elles rigolent et opinent.

Je les quitte et monte rapidement à l'étage avant de me retrouver dans la chambre d'un de mes fils. Je m'approche doucement du berceau et retrouve Loan jouer joyeusement avec ses peluches moches que ma cousine lui a offertes. Ses petits yeux bleus tombent sur moi et un adorable sourire fend sur ses lèvres fines , dévoilant aussi ses premières petites dents.

C'est tellement mignon, je craque.

— Eh bien, je vois que tu t'es réveillé de bonne humeur, je chuchote avant de le prendre entre mes bras.

Ses petites mains potelées se posent sur mes joues et son sourire s'agrandit quand je lui parsème de bisous sur son visage d'ange. Je sors de la chambre avec Loan et nous partons au jardin où son grand frère doit sûrement se cacher.

Avec Angelo, nous avons eu deux fils. Le premier est Alessio, est un vrai petit diable qui adore me faire sa victime pour ses farces à la noix. Du haut de ses huit ans, cet enfant arrive à nous faire voir de toutes les couleurs. Alessio est un artiste dans l'âme. Les murs de la maison sont gribouillés par des petits personnages à la tête d'un animal imaginaire. Il ressemble plutôt à Angelo que moi. Attendez, je me rectifie : c'est le portrait craché d'Angelo. Des yeux gris-bleus qui étincellent de la malice, des cheveux noirs ébènes et sa tendance à donner des ordres à tout le monde. Ouais, c'est Angelo tout craché.

Loan, quant à lui, il me ressemble un peu et j'en suis fière. Il a les mêmes yeux que son grand frère et des cheveux châtains. Mes deux fils ont hérité la couleur des yeux de ma mère et pour moi, c'est le plus beau cadeau que le destin puisse m'offrir. On m'a toujours demandé si mes enfants étaient réellement nos fils car Angelo et moi avons des yeux bruns. Cette question m'a toujours agacé mais aujourd'hui, je ne prends même plus la peine d'y répondre. Ce sont mes fils, je le sais puisque c'est moi qui les ai expulsés de mon ventre.

Pendant ma deuxième grossesse, j'avais espéré que ça soit une fille, mais le destin a choisi autrement. J'avoue que je voulais une petite fille qui me ressemblait moi et Angelo mais j'ai eu deux magnifiques fils dont un adore tester mes nerfs.

Mais comme je n'ai pas de fille, alors la mafia familiale sera à Hortensia, la fille de mon frère et je ferai tout mon devoir pour la former.

Une fois sous le gazebo, je dépose Loan au sol avant qu'il se mette à ramper vers ses jouets qui sont dans un caisson. Je consulte mon téléphone et réponds à un message d'America.

— BOUH !

Je sursaute, faisant tomber mon téléphone sur le bois.

Une petite silhouette apparaît dans mon champ de vision et elle éclate de rire.

Alessio, toujours lui.

Cette fois-ci, j'ai failli perdre mon cœur.

— Petit monstre ! Cette fois-ci, je t'aurai !

Je tente de l'attraper mais Alessio réussit à s'échapper entre mes bras. Je m'apprête à le suivre mais la présence d'Angelo m'arrête tout de suite dans ma lancée. Il arque un sourcil et Alessio qui est caché derrière les jambes de son père me nargue en montrant sa langue.

— Tu ne vas quand même pas entrer dans le délire d'Alessio, Sara ?

— Je... il a commencé !

Super, j'ai l'impression de retourner dans mon enfance. Je me sens mal à l'aise et Angelo éclate de rire jusqu'à avoir la larme à l'œil. Il m'attrape et pose un chaste baiser sur mes lèvres. Je le serre dans mes bras pendant quelques secondes avant de m'éloigner de lui.

— Où étais-tu ?

Il s'assoit sur le canapé en résine tressé et Alessio rejoint son petit frère. Je m'assois près de mon mari et pose ma tête sur son épaule tandis qu'il passe un bras autour de ma taille.

— Alessio voulait à tout prix assister à un ballet. Du coup, on est parti voir Casse-Noisette.

Je laisse un rire franchir entre mes lèvres.

— Il est devenu fan depuis qu'on l'a emmené avec nous à un ballet à Sicile.

— Et puis Hortensia l'a fait entrer dans son délire de danseuse étoile, s'esclaffe Angelo avant de prendre ma main dans la sienne.

Ça fait maintenant presque dix ans qu'on est marié. Après la demande de mariage d'Angelo, nous avons dû régler beaucoup de choses avant de tirer un trait définitif sur le passé. La mission, lui, et la vraie moi, Sara. Je devais me présenter à nouveau à lui et ça me tenait à cœur qu'il sache tout de moi. Mon passé, mes peurs, mon enfance. Je n'avais plus rien à lui cacher et si je voulais que notre relation parte loin, les mensonges et les secrets étaient à bannir.

Je voulais qu'il sache qui est vraiment Sara Moretti. Sara Moretti n'était pas Daniela Aledosi. Cette fille n'a jamais existé.

Aujourd'hui nous vivons heureux. Souvent, nous sommes en désaccord mais ce n'était rien d'important. Notre vie est entre la Sicile et l'Espagne. Nous ne sommes jamais à la même place. Dans quelques jours, nous repartirons pour la Sicile car Angelo et moi aurons une réunion avec nos alliés.

Avec Angelo, nous discutons de notre journée tout en jetant des coups d'œil sur nos fils et Hortensia arrive et me tend mon violon et son archet.

— Qu'est-ce qu'il y a, Hortensia ?

— Ça fait longtemps que tu n'as pas joué un morceau. J'ai vraiment envie de t'écouter et t'es beaucoup plus belle quand tu joues, me dit-elle avec un sourire.

J'avoue que ça fait quelques semaines que je ne joue plus au violon à cause d'un manque de temps et ça me manque un peu.

— Bon si tu veux.

Je prends mon violon et me lève en ajustant les cordes. Quand je me fais face à Hortensia et Angelo, je remarque que tout le monde s'est rassemblé sur le canapé. Alessio est assis à côté de sa cousine et Loan est sur les genoux de son père. Même Elina est présente et m'observe avec sourire aux lèvres.

Toute ma famille au complet.

Je positionne l'instrument au-dessous de mon menton et croise le regard amoureux d'Angelo. Il me regarde comme si j'étais sa pierre précieuse.

Je voudrais qu'il ait le même regard jusqu'à ma mort, je ne me lasserai jamais de lui.

Jamais.

Je prends un grand souffle et quelques notes se glissent dans l'air avant qu'une mélodie joyeuse se fait entendre.

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