Chapitre XXXIV
Ce sont des rayons de soleil qui me font réveiller. Emmitouflée dans une couette, j'ouvre péniblement les yeux et tâtonne de l'autre côté du lit avant de sentir sous mes doigts un corps tout chaud.
Non, ce n'était pas un rêve cette fois-ci.
Je regarde Angelo qui dort encore et j'observe cette bague de fiançailles, ma bague de fiançailles. Les petits diamants scintillent sous les rayons du soleil tandis qu'un sourire étire mes lèvres.
Mon Dieu, c'est bien vrai.
Tout était vrai.
Maintenant, je suis la fiancée du mafieux Angelo Canzano.
— Elle te va à ravir, future madame Canzano.
Je me retourne vers Angelo et remarque que celui-ci me fixe depuis un certain moment.
— J'ai l'impression d'être dans un rêve, je lui avoue.
— Tout est bien réel, cara. Cette nuit a été réelle.
— Angelo, tu penses que...
— Oui, Daniela, tu es la femme qu'il me faut. Je vais te répéter sans cesse mais je ne regrette jamais mes choix. J'ai réfléchi assez longtemps avant de faire cette demande et maintenant, je veux qu'une seule chose, c'est que tu deviennes officiellement ma femme.
Je fond à ses mots et lui souris.
Il promène ses doigts sur mon bras avant de caresser ma clavicule. Je m'approche de Angelo avant de poser ma tête sur son épaule. Il entrelace nos doigts et je voudrais que ce moment dure jusqu'à une éternité.
Je ne me suis jamais sentie si aimée à ce point.
Je me sens tellement bien avec lui.
Mais au bout d'un moment, on est obligés de se lever et préparer. J'ai totalement zappée la soirée d' hier soir et j'ai lâché Enzo et Emilia.
Angelo revient vers moi et me tend une pile de vêtements. Cet homme m'impressionnera toujours.
— Comment ça se fait que tu as toujours des vêtements de femme sur toi ? je lui demande, curieuse.
J'attrape la pile de vêtements et en même temps, je tiens fermement le drap qui couvre mon corps nu.
— Ma cousine vivait avec moi et elle faisait la même taille que toi. Tu ne pensais pas que ces tenues appartenaient à...
— À tes sextoys ambulants ? Non, bien sûr que non...
Il lève les yeux au ciel avec un sourire amusé.
— Je t'attends ici à moins que tu veuilles que je t'aide à te préparer...
Je me lève rapidement et secoue ma tête sous son rire grave. Je me réfugie dans la salle de bain et m'appuie contre la porte. Je lève une nouvelle fois ma main et observe cette magnifique bague. Mon cœur se gonfle de joie.
Je ne sais pas comment expliquer à quel point je suis heureuse, excitée, je suis folle de joie.
Cette bague est splendide. L'anneau est incrusté de petits diamants et un diamant beaucoup plus gros trône au milieu. Elle est assez discrète dans l'ensemble mais la signification de cette bague la rend encore plus exceptionnelle à mes yeux.
Angelo m'aime, il me l'a avoué.
J'ai cru qu'au départ il me disait ça parce qu'il a bu quelques verres, mais il était sérieux.
Il veut que je devienne sa femme, ça veut donc dire qu'il envisage un futur avec moi. Un avenir.
Je réprime mon envie d'éclater de rire et m'approche du miroir. Je fixe mon reflet et pour la première fois, après le décès de ma mère et de mon frère, je me trouve différente. Je retrouve quelque chose d'étrange et de beau sur mon visage. Ce sourire est différent des autres sourires .
Je me prépare rapidement avant de rejoindre Angelo. Il m'embrasse avant que nous partions prendre notre petit-déjeuner. À notre arrivée, le salon est rangé et propre comme si rien ne s'était passé. Nous traversons le salon pour aller sous la véranda et je découvre une table gracieusement garnie de délices. Un bouquet de fleurs est disposé sur une chaise et Angelo se hâte à le récupérer avant de me le donner.
— Maintenant, je découvre un Angelo romantique ? Tu m'impressionnes de jour en jour...
— Et t'as encore rien vu. Je peux être doux quand il le faut.
Il me fait un clin d'œil exagéré et m'incite à m'asseoir. Il s'assoit à côté de moi et nous commençons à manger en parlant de tout et de rien.
Malgré un mois passé, j'arrive à trouver le tact à lui parler et le temps défile rapidement à ses côtés. Angelo s'ouvre à moi et me parle de ses craintes mais il discute d'un sujet qui plombe un peu l'ambiance.
— Où étais-tu le mois dernier ? Je t'ai téléphoné et le déménagement soudain d'Enzo... qu'est-ce qu'il s'est passé ?
Je dépose lentement ma fourchette avant d'ancrer mon regard dans le sien.
– À la veille de mon départ, avec Enzo et Bianca on s'est fait agressé par un type mais tout va bien maintenant. Il est mort entre mes mains.
Il ne s'attendait pas du tout à ce que je lui révèle tout ça et ne n'insiste pas sur ce sujet.
— Et j'ai perdu un proche... c'est pour cela que tu ne m'as pas vu pendant un mois. J'étais dans mon pays d'origine.
Je sens des larmes monter aux yeux et Angelo serre ma main dans la sienne. Cela m'apaise un peu.
— Et c'est à partir de là que tu as commencé à rejouer du violon. C'était le déclencheur et tu cherches à te réfugier dans la musique. Tu essaies de guérir, devine-t-il avec une voix douce.
Je hoche la tête, les yeux baissés sur mon assiette.
Ça ne m'étonne plus qu'il sache lire en moi. Je n'ai pourtant rien dit sur ce sujet mais il a deviné.
— D'un côté, ça me fait du bien de rejouer au violon, en plus c'est mon premier violon. Il a toujours était avec moi mais d'un autre côté, ça me fait toujours mal... il me guérit pas totalement.
— Tu dois tourner la page, Daniela. Ce violon est ton passé et il ne t'empêche pas d'avancer. Tu rejoues avec cet instrument qui regorge de souvenirs, qui te rappelle des choses que tu devrais oublier. Il faut écrire une nouvelle page avec un nouveau stylo, avec quelque chose de nouveau, déclare-t-il nostalgiquement.
Attendez... il essaie de me dire que je dois m'acheter un nouveau violon pour que je guérisse ?
Oui mais non... mon violon est important pour moi. Il était avec moi depuis mes dix ans, je ne peux pas le balancer à la poubelle et le remplacer par un autre.
J'ai pris mes repères avec celui-ci... non, Angelo a tort.
J'entends des pas venir dans notre direction et je pivote sur ma chaise avant de découvrir trois hommes.
Et parmi ces trois hommes, il y en a un qui me hérisse les poils sur la nuque.
— Vous ici ? Vous n'étiez pas censés être aux Canaries ? questionne Angelo, intrigué.
Aux... Canaries ?
Les hommes s'arrêtent devant nous et je me tends quand je croise le regard de Matteo. Il penche sa tête dans ma direction et je détourne vite les yeux.
Calme-toi, Sara... Pas de meurtre.
— C'était le cas, s'exclame Lukas. On est arrivé hier soir à Sicile mais nous avons eu un problème...
Tous les regards se tournent dans ma direction et je déglutis difficilement. Pourquoi ils me regardent comme ça ? Ils ont trouvé qui je suis ?
— Vous pouvez parler de ça devant Daniela, déclare durement Angelo.
— Eh bien, pour faire bref : on a trouvé Isidro Hernandez et on l'a kidnappé... Cependant, il a réussi à s'échapper une fois quand on est arrivé à Sicile.
Je ne manque pas de m'étouffer avec ma salive et je fais des efforts pour ne pas crier d'horreur.
Isidro Hernandez ?
Papa ?
Mais... qu'est-ce qu'il fait dans cette histoire et pourquoi ils l'ont kidnappé ?
Attendez, s'il a réussi à s'échapper, ça veut dire qu'il est dans la nature et qu'il peut être près de moi, prêt à foutre ma mission en l'air ?
Je sens mon visage devenir livide et je cache mon malaise en buvant le reste de mon jus de fruit.
Angelo se lève furieusement et fait les cent pas avec les mains dans les poches.
— Mais comment ça se fait qu'il a réussi à s'échapper ? Vous deviez être plus prudents ! rugit Angelo.
Je sens sa colère et je m'enfonce plus sur ma chaise en évitant à tout prix de croiser son regard.
— Il doit sûrement avoir des alliées ou pire ! Sara Moretti l'a peut-être aidé, suppose Fabio en haussant les épaules.
— C'est impossible. Sara et son père ne s'entendent pas, précise Matteo.
Je souris ironiquement. Eh bien, il connaît beaucoup de choses sur moi... Une preuve qu'il est le meurtrier de mon frère.
— Mais pourquoi kidnappé Isidro Hernandez ? je demande subitement.
— Les Moretti cherchent à voler ma mafia. En faisant cela, la petite Sara sortira de sa cachette. Elle a beau détester son père mais c'est sa dernière famille, siffle Angelo. Une fois qu'elle se montrera, je la tuerai.
Il sort une arme à feu et la glisse sur la table. Le canon se dirige dans ma direction et j'ai l'impression que mon cœur va me lâcher.
Déjà, j'ai rien à cirer de mon père. Ils peuvent le vendre sur un trafic d'être humain, ça m'est égal. Je m'en fous complètement de son sort !
Je prends soudainement conscience que la situation devient trop complexe.
Papa est le connard qui pourrait offrir son enfant comme une offrande au diable. Il pourrait me dénoncer à Angelo.
Mais cette demande de mariage... pourquoi j'ai accepté ?
Angelo saura ma vraie identité, c'est une question de temps. J'ai l'impression qu'une personne a renversé un seau d'eau glacé sur moi.
J'ai épousé l'homme qui a commandité le meurtre de mon frère.
Je me sens de plus en plus mal.
Je me lève précipitamment, attirant tous les regards sur moi.
– Je dois vous laisser. Enzo a sûrement besoin de moi...
– Tu nous caches quelque chose, Daniela ? me demande Lukas avec un regard lourd.
Je soutiens son regard pendant un moment.
– Laisse-la tranquille, Lukas, intervient Angelo en prenant ma main. Préparez la réunion de crise.
Les trois hommes acquiescent et nous laissent seuls. Je parviens à distinguer de l'inquiétude dans les prunelles brun d'Angelo mais je le rassure.
— Je vais bien. Je devrais retourner chez Enzo, je le rassure avec un sourire.
Un sourire qui ne parvient pas à mes yeux.
— Tu devrais rejoindre les autres, Angelo. Je me débrouillerai pour le transport...
— Non, Nathan te déposera chez toi, m'annonce-t-il. Fais attention sur la route.
Il pose son front contre le mien avant de m'embrasser une dernière fois. Il me tourne le dos et rejoint ses amis.
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