Chapitre XXXII
PDV Sara
Angelo, en face de moi.
Plusieurs sentiments contradictoires se confrontent en moi et je me perds de plus en plus dans son regard brun.
Aucun de nous parle mais nos yeux parlent pour nous.
Je dépose mon violon sur le matelas et me lève, mal à l'aise.
— Qu'est-ce que tu fais ici ? je demande, embarrassée.
— Enzo... m'avait invité mais il ne m'a pas dit que tu serais de retour. Tu vas bien, cara ?
Cara...
Ce surnom me procure des milliers de frissons et vivement, je hoche la tête, incapable de dire un mot.
Tout à coup, Angelo s'approche de moi et je recule jusqu'à mes jambes touchent le bord du lit. Je perds l'équilibre mais Angelo m'attrape à temps et me serre dans ses bras. J'essaie de me dégager de son emprise en refoulant mes sentiments mais j'abandonne vite la guerre et cède à cette envie de rester auprès de lui.
Je pose ma tête contre sa poitrine et écoute son cœur battre de manière frénétique. J'entoure mes bras autour de son large dos en appréciant peut-être ce dernier tête-à-tête.
La prochaine fois qu'il me verra, ce n'est plus pour s'embrasser mais c'est pour régler nos différends. On aura tous les deux une arme pointée sur l'un et l'autre.
Angelo pose son menton sur le haut de mon crâne tandis que sa main caresse mon dos. Je ferme les yeux, en essayant de m'imprégner de son odeur, de son toucher pour une dernière fois.
— Je sais que tu ne vas pas bien et je ne vais pas te forcer à me le dire. Mais n'oublie pas que je suis toujours là pour toi, me chuchote-t-il sincèrement. Je n'oublierai jamais notre promesse.
Je pince mes lèvres en m'insultant intérieurement. Cette promesse.
Le jour qu'Angelo saura qui je suis réellement, il brisera cette promesse. Il voudra me tuer et je devrai le tuer.
— Merci de ne pas poser trop de questions, je souffle en m'éloignant de lui. J'avais besoin de rester seule.
Son regard promène sur ma silhouette. À travers mon jean, il peut remarquer à quel point j'ai maigri.
— Et tu as réussi à surmonter ta peur, Fossettes ?
Et voilà, qu'il recommence avec ce fichu surnom !
Je souris et suis son regard qui est posé sur le violon abîmé.
— Une personne m'a dit qu'il faut battre contre sa peur, réponds-je avec un regard profond. Angelo, je te présente mon premier violon. Ne te méfie pas de son apparence, il marche encore.
J'avoue que mon violon a pris un coup de vieux et la petite fissure qu'il a ne cesse de s'agrandir. Il va bientôt casser et quand ce jour va arriver, ça va me rendre encore plus triste que d'habitude.
Angelo attrape mon instrument et l'analyse dans ses moindres détails.
— Je suis fière de toi, Daniela.
Je me pince les lèvres tandis que mon regard se brouille, émue.
Bordel, satanée de sentiments !
— Arrête, tu vas me faire pleurer.
— Alors ne te retiens pas. Pleurer n'est pas une honte.
Je lève les yeux au ciel et essuie à revers mes larmes.
— Qu'en dis-tu de venir chez moi ? On pourrait rattraper le moment perdu.
— Je ne peux pas, dis-je beaucoup trop rapidement. Angelo, il vaut mieux qu'on arrête tout. Ça ne peut pas marcher entre nous.
Je baisse honteusement mes yeux sur mes chaussures. Si je dois lui dire qui je suis réellement, il préférable que je cesse cette relation entre nous deux.
— Comment ça ? gronde Angelo en me forçant à le regarder droit dans les yeux.
Je prends une grande respiration pour trouver du courage.
— Arrêtons tout.
Il reste silencieux et essaie de me lire en moi. Ses yeux deviennent sombres et presque terrifiants. Il s'éloigne douloureusement de moi.
— Pourquoi ? Tu vois une autre personne ? Tu t'es assez bien amusée avec moi ?
— Assez, Angelo ! Tu crois que c'est facile pour moi ?! Je tiens beaucoup à toi, mais je dois le faire.
Mais il ne veut pas comprendre.
Angelo rit sarcastiquement et il s'approche de la porte avant de l'ouvrir.
— On s'est fait une promesse, Daniela, et je compte la tenir. Je te laisserai pas partir ! Tu es trop importante pour moi, m'annonce-t-il sûr de lui.
Je pivote dans sa direction avec les sourcils froncés.
— Tu changeras d'avis.
Il m'envoie un dernier regard froid avant de s'en aller furieusement.
Tu vas changer d'avis quand tu sauras réellement qui je suis.
**
48...49...50...
J'arrête ma série d'abdos et me laisse tomber sur le tapis, toute transpirante.
— Enzo, j'arrête. J'ai mal partout !
— T'as tenue que trente minutes !
— Et c'est déjà pas mal, je peste en me tournant vers lui. Ce n'est pas toi qui vas te réveiller avec des courbatures.
Enzo rit avant de retrouver son sérieux.
Pendant que je me lève, le téléphone d'Enzo se met à sonner. Il s'éloigne de moi pendant quelques minutes et je prends mon temps pour reprendre mon souffle.
Je m'étire une dernière fois et Enzo revient vers moi avec un sourire qui ne présage rien de bon.
— Mon Dieu... qu'est-ce que tu mijotes encore ?
— On va sortir avec les filles et tu vas venir avec nous. Il y a une petite soirée au bar et il y aura tout le monde.
Je hausse un sourcil mais ne refuse pas son offre. Je commence à me remettre en forme et bizarrement, j'ai envie de voir du monde. J'en ai marre de rester cloîtrer dans le loft et si je dois terminer une fois pour toute cette mission, je dois changer rapidement de mentalité.
Enzo me laisse du temps pour me préparer et une fois prête nous partons à pied tous les quatre jusqu'au bar.
— Ce bar ? je demande, presque déçue.
C'est le bar qui se trouve en face de son ancien appartement.
— On dirait que tu t'attendais à autre chose, fait remarquer Enzo.
— Pas du tout, je chuchote, dégoûtée.
J'entre en première et cherche une table libre. Les autres me rejoignent quelques secondes après. Une serveuse vient vers nous et nous commandons nos boissons avant qu'elle nous laisse tranquille.
— J'aime cet endroit, annonce Enzo avec sourire.
Il aime tout.
— Pourquoi donc ? je questionne, curieuse.
Il attrape la main de sa petite-amie et la serre affectueusement. Pour une fois, Bianca sourit sincèrement.
— C'est ici que j'ai rencontré pour la première fois Bianca. Elle était avec sa famille.
Avec Emilia, nous échangeons un regard presque complice. Je comprends finalement pourquoi Enzo a choisi ce bar. Il voudrait faire parler sa petite-amie et lui montrer qu'elle n'est pas seule à surmonter cette douleur.
— Tu te faisais tellement remarquer et mon frère t'a giflé, chuchote Bianca. Il t'aurait fallu presque un an pour que mon père t'accepte.
— Comment ils sont adorables ! complimente Emilia. Tout cet amour me donne envie de gerber.
Pour une fois je rigole mais ma situation amoureuse passe vite dans ma tête et je perds ma bonne humeur.
Non, Sara ! Pense à autre chose.
Je dois guérir. La mort de mon frère me fait toujours mal mais je commence à vivre avec...
Mais cette séparation avec Angelo... c'est comme s'il avait emporté avec lui un morceau de mon cœur.
— Emilia, l'amour est compliqué. Tu me comprendras quand tu tomberas amoureuse, lui dis-je.
Elle roule des yeux et s'excuse avant de se réfugier dans les toilettes.
Je me tourne vers les deux tourtereaux et me sens à part. Ils commencent à s'embrasser avec fougue et je me sens mal à l'aise. Je quitte aussi la table et m'approche du comptoir pour attendre notre commande mais une main se pose au creux de ma hanche.
Je n'ai pas besoin de me retourner. Je reconnais entre mille cette personne que j'essaie d'oublier depuis des jours.
— Alors, c'est comme ça tu passes à autre chose ? Tu cherches un homme avec qui tu pourras m'oublier ?
Je n'aime pas la manière dont il me parle. Il me parle comme si j'étais son plan cul ou un truc de ce genre.
— Je ne suis pas comme ça, Angelo. Et si tu regardais bien, je suis avec ma famille.
Le mafieux s'adosse contre le comptoir et j'ose lever mon regard dans sa direction. Il porte une paire de lunettes de soleil mais pourtant je sens toujours son regard intense. Il penche sa tête sur le côté.
— Tu es infernale comme fille, tu sais ? On dirait que tout ce qui s'est passé entre nous ne t'a rien fait, articule-t-il froidement. Je vais croire que tu t'es jouée de moi...
Je pousse un soupir. Il m'agace, vraiment.
— Angelo, je ne suis pas comme ta Paola ou l'autre chose...
— Mais tu as joué avec mes sentiments, Daniela, crache-t-il. Tu as peur de quoi, cette fois-ci ?
Oui, j'ai joué avec ses sentiments... mais ceci n'est que le début de la révélation.
Je reste silencieuse et observe mes doigts qui tapotent nerveusement le comptoir.
— Tu comprendras plus tard que je ne suis pas une bonne personne, Angelo. Je n'ai jamais joué avec tes sentiments, je ne suis pas comme ça. Je t'ai... j'ai des sentiments pour toi aussi mais... c'est compliqué.
Il rit comme s'il refusait de me croire.
— Je ne vais pas t'abandonner, Daniela. N'oublie pas notre promesse. Je compte la respecter si toi, tu ne veux pas, me chuchote-t-il près de mon oreille.
Des frissons parcourent le long de mes bras et je sens une tension monter entre nous. Dieu merci, Emilia vient me sauver et pose un bras sur mes épaules.
— Angelo ? Qu'est-ce que tu fais ici ? questionne Emilia, curieuse.
— J'essaie d'inviter ta sœur à ma soirée mais elle est coincée du cul.
Je m'étouffe avec ma salive tandis qu'Emilia éclate de rire. Soirée ? Quelle soirée ?
Et pourquoi il décide de m'inviter une fois qu'Emilia est avec moi ?
— Coincée du cul ? je répète, énervée.
Angelo sourit d'un air taquin. Il me provoque !
— Voyons, Angelo. Daniela vient tout juste d'arriver, me défend Emilia.
— Mais une soirée ne se refuse pas. Vous êtes tous conviés mais Daniela ne veut pas venir. Elle est vraiment compliquée ta sœur !
Compliquée ?
Je rigole amèrement.
C'est quoi son délire ?
— D'accord, je viendrai à ta stupide soirée, j'annonce subitement. Envoie l'adresse à Enzo, je prendrai un plaisir à me joindre à vous.
Un sourire satisfait ourle ses lèvres et bordel, je n'aime pas quand il fait ça. Il jubile à ma défaite.
— Alors, à ce soir, Fossettes, déclare-t-il avec son foutu sourire.
Il caresse ma joue avant de s'en aller.
— Je pense qu'il est temps qu'on te cherche une tenue, m'annonce Emilia, excitée à cette idée.
Je roule des yeux en me maudissant.
Et comme d'habitude, je tombe dans les filets d'Angelo.
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