Chapitre XXVI
Toujours plaquée contre ce mur, je pose une main devant ma bouche pour étouffer mon cri.
Ils savent tout. Presque tout. Désormais pour moi, il est question de temps. Le temps qu'Angelo et ses amis sachent que c'est moi qu'ils cherchent, je ne sortirai pas vivante.
Je me suis toujours demandée comment Angelo le prendrait s'il sait que c'est moi Sara Moretti, mais j'ai eu ma putain de réponse.
Il veut me tuer et il va me tuer... à moins que je retarde ce moment.
Discrètement, je sors de ma cachette et quitte la maison sur le champ.
La sécurité d'Enzo et de ses proches n'est plus valable. Je dois avant tout, les informer et les préparer.
J'arrive au loft en taxi et lorsque je pénètre dans le salon, mon sang se glace.
— Voici la tant attendue, Sara ! s'exclame Adam avec un sourire sadique. Ne prends pas cette mine, c'est toi qui as foiré.
Enzo et Bianca sont ligotés contre des chaises et mon regard plutôt s'attarde sur la rousse qui perd énormément de sang. Enzo bouge et menace Adam mais celui-ci cogne son poing contre son visage.
— Ta gueule, mangeur de pizza. C'est à cause d'elle si vous êtes dans cet état !
— Adam, tu as trois secondes pour partir d'ici, je le menace avec une voix terrifiante.
Il a osé frapper Enzo et Bianca.
Une chose est sûre : il ne va pas ressortir vivant de cette putain de pièce . Je dégaine mon arme et enlève la sécurité avant de la pointer sur lui. Adam rigole, amusé de la situation mais quand je charge l'arme, il perd rapidement son sourire.
— Tu as tué mon père, Sara ! Pourtant on fait partie du même clan. On veut tous la défaite des Canzano ! Tu ne peux pas retourner ta veste, Carlos---
— Putain, je m'en fous de Carlos ! Vous m'avez menti depuis le début ! crie-je en tirant une balle près de son oreille. Ton père est un putain de misogyne ! Vous n'étiez jamais dans mon camp... vous avez toujours voulu voir Carlos ou mon père au pouvoir.
Adam sort sa dague de son étui et le passe sous le cou d'Enzo. Mon visage blêmit tandis que la fureur ne cesse de s'agrandir en moi.
– Ta mère ne savait même pas gérer toute seule ! Carlos mérite ta place ! Crois-tu qu'il sera fier de toi s'il sait que tu es dans le camp de ces italiens ? demande-t-il avec un sourire espiègle. Un pas de plus, Sara, et c'est ton pote qui crève.
– Alors, c'est vrai ? Carlos savait que ce n'est pas le père d'Angelo qui a tué ma mère ? Il le savait ?
— Je ne sais pas ce que tu racontes, Moretti ! Mais une chose est sûre, tu vas le regretter. Tu es dans le mauvais camp et Santos t'en voudra ainsi que ton parrain...
Je sens l'adrénaline dans chaque veines et dans une rapidité hallucinante, je saute sur Adam avant de le cogner avec mon poing. Une rage immense s'immisce sous chaque passerelle de ma peau et j'inflige avec rage d'autres droites dans la mâchoire de cet enfoiré. Tandis qu'il est sonné, j'attrape le dague d'Adam et libère Enzo et sa petite-amie.
— Emmène Bianca à l'hôpital, je lui ordonne.
– Mais toi ? demande-t-il, hésitant.
Je jette un coup d'œil dans la direction d'Adam.
— Je gère avec perfection la situation. Maintenant dégage !
Enzo obéit et porte la rousse entre ses bras avant de nous laisser seuls dans le loft. Pendant ce temps, j'enlève ma veste en tournant autour d'Adam, comme une féline.
Cette envie revient à la surface et cette fois-ci, je ne vais pas la refouler. L'envie de tuer.
— J'étais formée dans une des prestigieuses écoles d'assassin. Mon maître était un homme malin et remarquable. Alors si tu crois que moi, Sara Moretti vais crever si facilement... Tu te trompes mon cher.
Adam se lève et court comme une fusée de ma direction. D'un mouvement fluide, je me retrouve de l'autre côté de la pièce. Le blond observe autour de lui avant de remarquer où je suis.
À l'École du Dragon, on m'a appris l'art de se déplacer très vite et je trouve enfin l'utilité de ces cours.
— Alors, on se dégonfle, Adam ?
Adam pousse un cri de rage et attrape sa dague qui trainait au sol avant de la lancer dans ma direction. Je lève mon bras et récupère la lame entre deux doigts. Adam ouvre grands les yeux et se met à bégayer. Je m'avance dans sa direction. À chaque pas que je fais, il recule.
— Tu as fait du mal à mes amis et pour ça, je ne vais pas te pardonner. Tu devrais être de mon côté mais à la place, tu as participé aux coups bas de mon parrain. Toi comme ton père doivent mourir. Je hais les traîtres.
Je plante la dague dans le mur et saute sur Adam qui tombe à la renverse. Il me bouscule sur le côté pour récupérer une arme à feu. J'inflige d'un coup de pied à sa main et l'arme valse plus loin. Adam me gifle et un peu sonnée, il se positionne sur moi avant de m'étrangler.
– Sale chienne ! Tu as tué mon père ! hurle-t-il tandis que je me débats. Tu vas bientôt rejoindre ta connasse de mère !
Avec la respiration coupée, je lui assène un coup de genoux entre ses jambes et il pousse un cri de douleur. En même temps, il desserre son emprise de mon cou et je saisis l'occasion pour me lever. Je n'ai pas l'intention de laisser ma vie entre ses mains. Il y aura une seule personne qui va mourir dans cette pièce et c'est lui.
Je me positionne sur Adam et incapable de se défendre, il se laisse faire, les mains toujours sur son entre jambe.
— On se reverra aux enfers, Adam, je chuchote d'une voix sombre.
D'un geste brusque, j'attrape sa tête et la tourne brusquement sur le côté. Un brisement d'os se fait attendre avant qu'un silence règne dans le salon. Je me lève, essoufflée et observe avec satisfaction la dépouille d'Adam.
Maintenant que faire ?
La vérité me frappe en plein visage et mes jambes ne supportent plus mon poids. Je m'appuie contre un mur avec les mains dans les cheveux.
Je dois arrêter de mentir à moi-même. Angelo a raison. Nos familles sont liées et au fond de moi, Carlos le sait. Cet homme avait toute ma confiance, je le considérais comme mon père. Carlos veut prendre la place de ma mère. Il le convoite tant, comme mon père.
Cet homme m'a menti... Si Adam avait l'occasion de me tuer, il le ferait et s'il le faisait c'est parce que Carlos l'a ordonné.
Je ne dois pas rester une minute de plus. À l'heure qui est, Angelo va bientôt savoir qui je suis réellement et Enzo... oh mon Dieu, je ne veux pas qu'il lui arrive quelque chose !
Je cherche mon téléphone et le récupère près du canapé. Avec inquiétude, je compose son numéro et espère qu'il va répondre. Ce mec a un téléphone de secours dans sa voiture, il doit répondre.
Après quelques secondes qui me semblent une éternité, j'entends enfin sa voix épuisée.
— Comment va Bianca ?
— On vient tout juste de la prendre en charge, me répond-t-il. Sara...
C'est la première fois qu'il m'appelle par mon vrai prénom. Et il a raison, notre couverture va prendre fin.
— Écoute-moi Enzo. Vous n'êtes plus en sécurité à Sicile. Angelo sait tout. Il sait que je suis ici et peut-être dans quelques heures, il connaîtra la vérité. Un mec a survécu à l'explosion et il va tout répéter.
— Non, sérieusement ? Putain...
Je réprime mon envie de pleurer et fais les cent pas dans le salon qui est dans un bazar.
— Pars très loin avec Bianca et Emilia. Ne me contactez jamais...
— Mais toi Sara ? Qu'est-ce que tu vas faire ? Avec Bianca on a déjà préparé un plan et--
— Je vais retourner en Espagne. Je dois entretenir une conversation avec ma famille. Enzo, prends soin de toi, lui dis-je sincèrement.
— Attends ! Ce type qui a survécu à l'explosion... il est dans quel hôpital ? me demande-t-il subitement.
Je m'adosse contre le mur en poussant un long soupir.
— Je m'en rappelle plus trop... l'hôpital Gigio, réponds-je en me massant la tempe. Enzo, qu'est-ce que tu vas faire ? Il est trop tard.
— Crois-moi Sara, notre fin n'a pas encore sonné. Je vais la retarder...
— Enzo ! Pas de connerie ! On a assez d'emmerdes alors, n'en rajoute pas une couche.
Il reste silencieux et à contrecœur je mets fin à l'appel. Après deux mois, la mission va prendre fin. Au fond de moi, je savais que cela se finirait ainsi. Qu'est-ce que je m'attendais ? Qu'Angelo m'accepte aussi facilement et qu'il va oublier que je lui ai menti depuis le début de notre rencontre ?
Je ne devais pas me leurrer, je ne devais pas espérer... La fin approche et je sais qu'elle sera douloureuse pour beaucoup de personnes.
Je termine à régler quelques détails pour mon départ avant de poser mon téléphone sur le sol. Je prends mon arme à feu et tire trois balles sur l'écran avec le cœur vide.
Maintenant, la réunion familiale.
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